Je n'oblige personne à aimer le film autant que moi, hein, raison pour laquelle je parle en mon nom propre en conclusion, d'autant que je sais à quel point c'est un cinéma auquel l'accès n'est pas immédiat ni facile (là encore, je le redis, j'ai fui ses films pendant des années, convaincu que ce n'était pas pour moi). D'autant que, contrairement à la critique du Monde, tu me sembles pas être complètement passé à côté

Je ne sais pas si ton ami pense spécifiquement à Tchekhov (c'est celui que je connais le moins mal), mais j'y avais fortement pensé pendant Winter Sleep, avant de découvrir que le film était inspiré par certaines de ses nouvelles.Alexandre Angel a écrit : ↑26 juil. 23, 12:16 Un ami avec qui j'ai vu le film me disait que peu de cinéastes contemporains peuvent être capables de filmer la neige et de capter une lumière de cette façon et que ce cinéma pourrait bien constituer l'équivalent d'une certaine littérature russe du XIXème, avec son amertume et son côté métaphysique
Il me semble que c'est la volonté même du cinéaste (voir entretien dans le dernier Positif). Il dit assez peu, finalement, de ses intentions, mais ce qu'il dit suffit à percevoir cette volonté d'ouvrir le champ des perspectives.Alexandre Angel a écrit : ↑26 juil. 23, 12:16 Pour me résumer, je dirais que la grande force du film est de se tenir à la confluence de différents niveaux de lecture dont aucun ne cherche à primer sur l'autre.
Je me suis déjà fait cette réflexion, très intéressante : les films qui confinent le mieux à l'universel sont parfois, paradoxalement (en tout cas en apparence), ceux qui semblent le plus profondément ancrés dans la spécificité de leur cadre (spatio-temporel, culturel, social...). Le film qui a le plus changé ma vie et ma façon de percevoir l'existence est l'histoire très anecdotique d'un coiffeur qui veut ouvrir une entreprise de nettoyage à sec, en Californie, dans les années 40...Alexandre Angel a écrit : ↑26 juil. 23, 12:16 je me suis senti constamment balloté entre particularismes sociétaux, qu'on ne peut s'empêcher de rattacher au contexte sociétal turc contemporain, comme d'autres films peuvent l'être de façon plus explicite, et un constat moral plus universel où l'on se dit que le personnage de Samet ne déparerait pas dans une fiction, mettons française, décrivant les déboires existentiels d'un prof en banlieue.