Dans Temps et Récit No 2, Paul Ricoeur comparait très joliment la Recherche à une ellipse dont les premier et dernier volumes, Du côté de chez Swann et Le Temps retrouvé, donc, seraient les deux centres de gravité, et les cinq volumes intérieurs la nébuleuse qui les fait se rejoindre et leur donne forme et sens.
Donc, non seulement le roman a bien un début et une fin, mais ce début et cette fin ont une importance particulière.
La logique voudra donc qu'on commence par le début pour terminer par la fin.
Je fais cependant une exception correspondant à mon expérience. Je fais partie de ceux qui ont longtemps lu les cinquante premières pages sans avoir le courage d'aller plus loin. Le style de Proust n'est pas des plus faciles et il faut un certain temps pour céder au charme de la lecture.
Un amour de Swann, seconde partie du premier volume, est peut-être plus faible, mais surtout plus facile à lire. C'est un important retour en arrière, donc la lire avant la première partie ne nuit pas. C'est la seule partie du livre à être écrite à la troisième personne, ce qui suffit aussi à la mettre un peu à part. Elle est très intéressante et révèle la plupart des thématiques et elle a assez de charme pour qu'on reprenne ensuite la lecture du début, avec un plaisir cette fois décuplé.
De même, pour les cinq volumes intérieurs, certains passages peuvent lasser, et il ne faut pas hésiter à les lire en diagonale pour éviter quand même de sauter un passage réellement important. Comme tous les grands chef d’œuvres, on les lit généralement plusieurs fois dans une vie, et ce qui ennuie un jour peut passionner quelques années plus tard. L'important, c'est le plaisir, même s'il est exigeant et si tu disais plus tard que tu as commencé par La prisonnière parce que tu trouvais ça érotique, je dirai que c'est très bien et que le principal c'est de l'avoir lu et d'avoir aimé
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- méfies-toi quand même de ce dernier conseil, c'est pas vraiment torride, c'est de l'érotisme très cérébral
