Oui, un bon film celui-là, dont on peut dire qu'il aurait pu être un très grand film si Welles avait été seul aux commandes.bruce randylan a écrit : Pour les curieux courageux, le film est diffusé en ce moment sur Ciné + classic qui diffuse en parallèle un autre film dans lequel Orson, l'acteur, a rapidement vampirisé le réalisateur officiel : Cagliostro, un titre loin d'être parfait mais souvent prenant et parfois très excitant visuellement. J'en avais plus longuement parlé dans le dossier consacré à Welles et la magie
Orson Welles (1915-1985)
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Re: Orson Welles (1915-1985)

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Re: Orson Welles (1915-1985)
Avec un peu plus de préparation (et de budget), ça aurait pu être grandiose en effet.
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Re: Orson Welles (1915-1985)

THIS IS ORSON WELLES - Clara Kuperberg et Julia Kuperberg (2015) découverte
Documentaire classique, trop classique. Pour qui n'a jamais rien lu/vu autour d'Orson Welles (mais où étiez vous ?), il n'est pas inutile de faire chauffer le magnéto mais pour les autres, This Is Orson Welles enfile des perles. Rien de méchant, juste l'impression de réentendre les mêmes anecdotes (parfois peu en rapport avec le sujet comme lorsque Peter Bogdanovich ressort son histoire avec John Ford), de passer à côté d'un Welles méconnu, humain et plus destructeur ou carrément de passer à côté d'une partie de sa filmographie. On sent que le doc vise les américains et perpétue la légende de l'homme d'un seul film (devinez lequel), préférant s'attarder sur sa période américaine quitte à survoler voir oublier ses films européens. Martin Scorsese parle d'injustice mais le doc s'en fout et n'évoque jamais Macbeth, Othello, Le Procès, Une histoire immortelle ou F for Fake. Malgré cela, This Is Orson Welles reste tout de même intéressant sur de nombreux points : Scorsese est comme d'hab lyrique à souhait (même si l'interviewer au sortie d'un repas avec quelques renvois, ça le fait moyen), les enregistrements audio sur le tournage de Citizen Kane passionnants et l'entretient où Welles, les larmes aux yeux, parlent d'une erreur au sujet de sa carrière de réalisateur, émouvant. Entre fromage et le dessert, pourquoi pas.
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Re: Orson Welles (1915-1985)
Three cases of murder (1955)

Dans la série "Je suis seulement acteur mais j'aimerai bien regarder dans le viseur de la caméra s'il vous plait. Merci, maintenant poussez-vous", il y a le film à sketch Three cases of murder qui comme on s'en doute est composé de 3 histoires, chacune de trente minutes. Welles apparait dans le dernier épisode "Lord Mountdrago" initialement tourné par George More O'Ferrall mais qui laissa de bon cœur la réalisation à Welles au bout de 3 jours après que les conseils et remarques que celui-ci proposait dès le début du tournage.
L'histoire : un député conservateur voit ses rêves hantés par un opposant politique qu'il a ridiculisé et qui a juré de se venger.
Avec un budget restreint, Welles ne fait pas non plus de miracles et si on peut deviner son style au travers du choix des focales et de plusieurs contre-plongée, ses figures de styles sont assez peu prononcées pour que cela saute au yeux, d'autant que la photo est assez plate. Ca reste donc plutôt académique et sage mais il y a une séquence qui ne manque pas d'intensité dramatique lors du deuxième rendez-vous chez le psychanalyste où la patte fiévreuse de Welles est autrement plus palpable avec des travellings bien exploités et une très belles utilisation des perspectives de l'espace. Le final est pas trop mal et rappelle les déambulations de Charles Foster Kane après sa déchéance dans sa demeure vide.
Mais surtout, il y a une fantastique séquence d'une soirée mondaine fantasmée où Welles se lâche totalement pendant 2-3 minutes avec caméra à l'épaule frénétique, montage super nerveux (jump cut inclus) et autres tour de passe-passe. Grisant et je me demande si ce n'est pas la première fois que Welles expérimente ces techniques !
Bout à bout, ses moments ne représente que 5-6 minutes sur les 30 minutes mais quand on est fan du monsieur, c'est très précieux. Avis aux amateurs donc. Il va sans dire que son interprétation est excellente, avec quelques pointes d'humour plus proche de ses travaux pour la télé. Il y pousse même une entraînante chansonnette.
Cela dit, le meilleur épisode de ce film est le premier : In The Picture de Wendy Toye. Une petite merveille qui pourrait prendre place parmi les meilleurs épisodes de la 4ème dimension ou du film Ealing Au coeur de la nuit. Ici, un homme sort d'un étrange tableau gothique et cherche à y inviter le guide du musée.
La première moitié est assez spirituelle et savoureuse avec son dandy d'un autre temps avant que l'histoire prenne place dans le tableau même avec des décors expressionnismes du meilleur cru pour une atmosphère malsaine, macabre et vénéneuse. Le plan-séquence (
) où l'on pénètre dans le tableau est un impressionnant tour de force technique aussi fascinant qu'hypnotique ou troublant. Rien que cette partie justifie l'achat du DVD.
Je ne connaissais pas sa réalisatrice avant de découvrir ce film et ça rend forcément très curieux de sa carrière très riche d'actrice, danseuse, chorégraphe, réalisatrice de théâtre/opéra/cinéma.
Si je n'ai pas parlé du second sketch (You Killed Elizabeth par David Eady), c'est parce qu'il n'y a pas grand chose à dire fondamentalement. Un p'tit whodunit/thriller sympatoche mais sans caractère ni personnalité, bien que le dernier tiers ne manque pas d'intérêt dans la direction du scénario.
Il existe un DVD anglais malheureusement sans sous-titres. Pas trop gênant pour les deux premiers, mais celui avec Welles est un peu chaud à comprendre à cause de l'accent. L'image est assez brute et pas vraiment restaurée mais les contrastes semblent okay.


Dans la série "Je suis seulement acteur mais j'aimerai bien regarder dans le viseur de la caméra s'il vous plait. Merci, maintenant poussez-vous", il y a le film à sketch Three cases of murder qui comme on s'en doute est composé de 3 histoires, chacune de trente minutes. Welles apparait dans le dernier épisode "Lord Mountdrago" initialement tourné par George More O'Ferrall mais qui laissa de bon cœur la réalisation à Welles au bout de 3 jours après que les conseils et remarques que celui-ci proposait dès le début du tournage.
L'histoire : un député conservateur voit ses rêves hantés par un opposant politique qu'il a ridiculisé et qui a juré de se venger.
Avec un budget restreint, Welles ne fait pas non plus de miracles et si on peut deviner son style au travers du choix des focales et de plusieurs contre-plongée, ses figures de styles sont assez peu prononcées pour que cela saute au yeux, d'autant que la photo est assez plate. Ca reste donc plutôt académique et sage mais il y a une séquence qui ne manque pas d'intensité dramatique lors du deuxième rendez-vous chez le psychanalyste où la patte fiévreuse de Welles est autrement plus palpable avec des travellings bien exploités et une très belles utilisation des perspectives de l'espace. Le final est pas trop mal et rappelle les déambulations de Charles Foster Kane après sa déchéance dans sa demeure vide.
Mais surtout, il y a une fantastique séquence d'une soirée mondaine fantasmée où Welles se lâche totalement pendant 2-3 minutes avec caméra à l'épaule frénétique, montage super nerveux (jump cut inclus) et autres tour de passe-passe. Grisant et je me demande si ce n'est pas la première fois que Welles expérimente ces techniques !
Bout à bout, ses moments ne représente que 5-6 minutes sur les 30 minutes mais quand on est fan du monsieur, c'est très précieux. Avis aux amateurs donc. Il va sans dire que son interprétation est excellente, avec quelques pointes d'humour plus proche de ses travaux pour la télé. Il y pousse même une entraînante chansonnette.
Cela dit, le meilleur épisode de ce film est le premier : In The Picture de Wendy Toye. Une petite merveille qui pourrait prendre place parmi les meilleurs épisodes de la 4ème dimension ou du film Ealing Au coeur de la nuit. Ici, un homme sort d'un étrange tableau gothique et cherche à y inviter le guide du musée.
La première moitié est assez spirituelle et savoureuse avec son dandy d'un autre temps avant que l'histoire prenne place dans le tableau même avec des décors expressionnismes du meilleur cru pour une atmosphère malsaine, macabre et vénéneuse. Le plan-séquence (

Je ne connaissais pas sa réalisatrice avant de découvrir ce film et ça rend forcément très curieux de sa carrière très riche d'actrice, danseuse, chorégraphe, réalisatrice de théâtre/opéra/cinéma.
Si je n'ai pas parlé du second sketch (You Killed Elizabeth par David Eady), c'est parce qu'il n'y a pas grand chose à dire fondamentalement. Un p'tit whodunit/thriller sympatoche mais sans caractère ni personnalité, bien que le dernier tiers ne manque pas d'intérêt dans la direction du scénario.
Il existe un DVD anglais malheureusement sans sous-titres. Pas trop gênant pour les deux premiers, mais celui avec Welles est un peu chaud à comprendre à cause de l'accent. L'image est assez brute et pas vraiment restaurée mais les contrastes semblent okay.

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Re: Orson Welles (1915-1985)
J'ai écouté ce matin avec bonheur la rediffusion d'une émission des "Chemins de la philosophie", Cinéphilo, consacrée aux programmes de radio fiction concoctés par Orson Welles et le "Mercury Theatre on the air", avec des extraits de Dracula et bien sûr de La Guerre des Mondes
Je me demande d'ailleurs si Dracula est disponible en cd ?? A voir.
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... des-mondes

Je me demande d'ailleurs si Dracula est disponible en cd ?? A voir.
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... des-mondes
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Re: Orson Welles (1915-1985)
Des nouvelles, plus ou moins récentes, d'une probable et prochaine édition Criterion de The Other Side Of The Wind :
https://twitter.com/thecinemadoctor/sta ... 9090421768
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Othello (1951)
Texte déplacé ici.
Dernière modification par Thaddeus le 13 sept. 24, 16:18, modifié 3 fois.
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Re: Othello (1951)
Il faudrait d'ailleurs un jour, mais peut-être que cela a été fait, se pencher sur cette stylistique qui a imprégné, à un moment, un certain cinéma américain : celui des iconoclastes, pour reprendre la terminologie de Scorsese dans son Voyage à travers le cinéma américain, ceux qui bataillaient régulièrement avec les producteurs pour parvenir, souvent en vain, à livrer un film selon leur cœur.
Cette tournure filmique décadrée, de biais, allusive, flottante, qui consiste à déporter l'axe de la gestuelle d'un personnage, d'ignorer de façon lunaire la sacro-sainte logique du champ-contre-champ et du raccord dans l'axe, elle est présente chez d'autres qu'Orson Welles.
On trouve cette manière rêveuse d'écriture cinématographique chez le Robert Aldrich de Bronco Apache, par exemple, ou le Nicholas Ray de La Forêt interdite, voire le Samuel Fuller de The Naked Kiss ou d'Underworld USA.
L'influence de Welles fut-elle patente pour ces gens-là ? Je n'en serais pas tout à fait étonné.
On trouve également des manières similaires chez Edgar G.Ulmer quand il filme un personnage qui regarde, hors contre-champ classique, un autre en train de parler.
J'ai une grande tendresse personnelle pour ces coquetteries d'une autre époque, qui n'en sont pas vraiment, parce qu'elle relève plus d'une conception très libre de la mise en scène, affranchie de la pesanteur d'un tournage.
Ces réalisateurs peignaient avec leur caméra. Dans le cas d'Aldrich, je crois même que c'est Claude Chabrol qui parlait de truelle.
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Re: Othello (1951)
Je peux te confirmer que ces trois cinéastes ont été directement influencés et ont admiré le cinéma d'Orson Welles.Alexandre Angel a écrit : ↑5 avr. 22, 00:53 [
On trouve cette manière rêveuse d'écriture cinématographique chez le Robert Aldrich de Bronco Apache, par exemple, ou le Nicholas Ray de La Forêt interdite, voire le Samuel Fuller de The Naked Kiss ou d'Underworld USA.
L'influence de Welles fut-elle patente pour ces gens-là ? Je n'en serais pas tout à fait étonné.


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Re: Othello (1951)
Alex : je voulais juste te dire que je te trouve absolument passionnant (des fois).Alexandre Angel a écrit : ↑5 avr. 22, 00:53Il faudrait d'ailleurs un jour, mais peut-être que cela a été fait, se pencher sur cette stylistique qui a imprégné, à un moment, un certain cinéma américain : celui des iconoclastes, pour reprendre la terminologie de Scorsese dans son Voyage à travers le cinéma américain, ceux qui bataillaient régulièrement avec les producteurs pour parvenir, souvent en vain, à livrer un film selon leur cœur.
Cette tournure filmique décadrée, de biais, allusive, flottante, qui consiste à déporter l'axe de la gestuelle d'un personnage, d'ignorer de façon lunaire la sacro-sainte logique du champ-contre-champ et du raccord dans l'axe, elle est présente chez d'autres qu'Orson Welles.
On trouve cette manière rêveuse d'écriture cinématographique chez le Robert Aldrich de Bronco Apache, par exemple, ou le Nicholas Ray de La Forêt interdite, voire le Samuel Fuller de The Naked Kiss ou d'Underworld USA.
L'influence de Welles fut-elle patente pour ces gens-là ? Je n'en serais pas tout à fait étonné.
On trouve également des manières similaires chez Edgar G.Ulmer quand il filme un personnage qui regarde, hors contre-champ classique, un autre en train de parler.
J'ai une grande tendresse personnelle pour ces coquetteries d'une autre époque, qui n'en sont pas vraiment, parce qu'elle relève plus d'une conception très libre de la mise en scène, affranchie de la pesanteur d'un tournage.
Ces réalisateurs peignaient avec leur caméra. Dans le cas d'Aldrich, je crois même que c'est Claude Chabrol qui parlait de truelle.
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Re: Orson Welles (1915-1985)
En passant, si quelqu’un sait trouver la reference de la mention de la supposée admiration de Welles pour Duvivier, ca m’intéresse…
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Re: Orson Welles (1915-1985)
The Eye Of Doom a écrit : ↑5 avr. 22, 20:59 En passant, si quelqu’un sait trouver la reference de la mention de la supposée admiration de Welles pour Duvivier, ca m’intéresse…
Ce n'est pas supposé. C'était de notoriété publique. Welles a profité d'Alexander Korda, qui produisait à la fois The Third Man et Anna Karenina, pour organiser une rencontre avec Duvivier, qu'il voulait voir car il avait beaucoup aimé ses films français des années 30.
L'historien Jean Tulard l'a confirmé.

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Re: Orson Welles (1915-1985)
Merci pour cette info !
Je ne connaissais pas cette rencontre en marge du tournage d’Anna Karenine.
Sur le fond, cela ne m’étonne pas. La science du cadrage et du travelling chez le Duvivier des années 30, le facon de filmer au plus pres des corps, …. ont certainement seduit Welles. Cela m’avait frappé avec le travelling sous les chaises dans La tete d’un homme par exemple.
Je ne connaissais pas cette rencontre en marge du tournage d’Anna Karenine.
Sur le fond, cela ne m’étonne pas. La science du cadrage et du travelling chez le Duvivier des années 30, le facon de filmer au plus pres des corps, …. ont certainement seduit Welles. Cela m’avait frappé avec le travelling sous les chaises dans La tete d’un homme par exemple.
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Re: Orson Welles (1915-1985)
The Eye Of Doom a écrit : ↑6 avr. 22, 07:34 Merci pour cette info !
Je ne connaissais pas cette rencontre en marge du tournage d’Anna Karenine.
Sur le fond, cela ne m’étonne pas. La science du cadrage et du travelling chez le Duvivier des années 30, le facon de filmer au plus pres des corps, …. ont certainement seduit Welles. Cela m’avait frappé avec le travelling sous les chaises dans La tete d’un homme par exemple.

Et pour l'anecdote, Duvivier a été impressionné par Citizen Kane et admirait beaucoup Welles en retour.

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