PODIUM DE JANVIER
1-
Il faut voir et revoir ce merveilleux portrait générationnel (de ceux qui sont nés vers 1930) pétillant, sensuel, truffé de théâtre, de jazz et de notations inoubliables (ah, le vieux conservateur de musée qui réclame son eau gazeuse..). Le Paris de l'après-guerre est là, devant nous, à portée de mirettes.
2-
Magistrale et émouvante création d'Alfonso Cuaron, qui étonne par le choix du sujet, le ton impressionniste du récit et l'originalité du parti-pris, entre chronique et spectacle.
Travail extraordinaire sur la patine du noir et blanc. Le
running gag du garage trop petit pour la limousine familiale, et dont le sol est régulièrement maculé de crottes de chien, est génial.
3- ex-aequo
Belle découverte que ce film rare où Gabin compose un aveugle absolument crédible. Le traitement de ce sujet dangereux par Georges Lacombe est exemplaire de sobriété, de lyrisme contenu, de précision artisanale. Un exemple parfait de cinéma imbibé d'imaginaire français comme une partition de Dutilleux.
On est stupéfait par l'audace du sujet (l'adultère pris comme "une chose qui arrive" sans leçon de morale), mais plus encore par la façon dont les choses sont exprimées (Kirk Douglas qui annonce à Kim Novak qu'il veut faire l'amour avec elle).
En épouse tendue, inquiète puis meurtrie, Barbara Rush est impressionnante de justesse et de sensualité bafouée.
J'adore la réplique de Kirk Douglas la première fois qu'il aborde Kim Novak (
"Vous n'êtes pas si belle" ) qui résonne comme le
"Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas, je ne vous aime pas" de Danielle Darrieux dans
Madame De...
Un film subtil et élégant.