Mon historique perso pour expliquer d'où vient mon avis :
Matrix premier du nom reste encore une date. Les scènes d'action ne sont plus aussi intéressantes que le fond du film, juste assez dévoilé pour questionner sans asséner. Audio-visuellement, ça reste du grand cinéma populaire, la BO de Don Davis est énorme. 7,5/10
Matrix Reloaded : une horreur, laide, mal fagotée, dévoilant un univers étendu inintéressant au possible et niant toute la conclusion du premier film. Risible. 2/10
Matrix Revolutions : la même chose, assourdissante, bêtifiante, un finish béat-niais incroyable. Un 180% total des possibilités du premier film. Risible. 2/10
Quant à ce nouveau film, je n'y allais pas pour le défoncer, la bande annonce me laissait 50% de chances d'apprécier le film.
- Or, tout ce qu'elle peut avoir de simili-intrigant se retrouve parachuté dans le premier acte. Premier mauvais point. La volonté de revisiter le passé de la franchise aurait pu donner quelque chose de vertigineux et de ludique, assez proche de ce que Zemeckis fit avec Retour vers le futur 2 en un sens. Quitte à faire fi des règles et arcs narratifs traditionnels, le film aurait dû s'en affranchir totalement, aller vers quelque chose d'expérimental. Or, la nouvelle itération de la matrice ne change la donne que sur de la micro-variation un peu fan service et du dialogue meta-pouet ("wow, ils ont débinné Warner et ses tactiques marketing, osé") vite évacuée pour retrouver un confort absurde de storytelling plat.
- Deuxième mauvais point : le film est un tunnel de dialogues qui n'en finit pas. Une loooooooongue scène d'exposition lénifiante si vous voulez, explicitant encore si possible ce que vous pouviez ne pas avoir compris du premier coup. L'impression très désagréable d'être devant une mauvaise série télé, voire un sitcom (non, je n'en rajoute pas).
- Troisième mauvais point : c'est über boring. Le côté un tant soit peu visionnaire du premier film (voire même un peu de l'énergie du deuxième, je suis grand seigneur) est tellement loin... Les quelques scènes d'action sont de simples rabâchages, assez peu lisibles et sans concept fort. Yuen Woo-Ping n'est définitivement plus de la partie, ce qui explique sans doute la pédale douce niveau combats, mais ça n'aurait pas été un souci si à côté il y avait des idées de mise en scène. Eh bien non, tout est plat et sans vie.
- Quatrième mauvais point : c'est souvent très vilain. Il y a deux DPs sur le film, John Toll n'est crédité qu'en deuxième position, et je serai curieux de savoir qui a fait quoi. Certaines scènes de conversations sont plutôt bien éclairées, mais les passages plus mouvementés donnent l'impression d'avoir été filmés avec un autre type de caméra, avec une cadence d'image différente, pour un rendu très cheapouille. Carton rouge aux multiples ralentis de post-prod que j'aurai déjà conchiés circa 2005.
- Cinquième mauvais point : aucun acteur n'a l'impression d'y croire, si ce n'est peut-être Jessica "cheveux bleus" Henwick, qui semble avoir encore un peu de vie en elle. Au passage, je me suis aperçu pendant le générique de fin que Christina Ricci jouait dans le film
Quelqu'un peut me dire qui elle joue ?
- Sixième point (qui rejoint le premier en une belle boucle matricielle) : j'ai assez vite arrêté de compter les facilités scénaristiques, à base de personnages qui peuvent, ne peuvent plus, veulent, ne veulent plus... un peu au gré du vent. Sans compter encore des absurdités du genre Neo peut dévier des missiles et stopper 200 personnes (d'ailleurs appelées "bots", ref. à tchi-tcha, je ne le verrai plus du même œil) du petit doigt mais le scénario lui interdit de voler, parce que. La symétrie forcée dans le destin des personnages entre ce quatrième film et les précédents est encore un point de paresse, fort déplaisant.
La seule vraie surprise vient du mix audio, très très calme et assez chiche en effets. Ça change des agressions perpétuelles, et le film le fait même remarquer à un moment. Le contrecoup, c'est que cette pauvreté sonore joue également en sa défaveur quand le visuel ne suffit pas à prendre le spectateur par la main.
Pour résumer, tout cela se veut très malin, mais finit par être pathétique, ennuyeux et ridicule. Pour moi, c'est aussi nul que les 2 et 3, même si je ne les accuserai pas des mêmes défauts. Désabusé, d'autant qu'il y avait vraiment matière à revenir à quelque chose de passionnant.
Affligeant.