Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Chip
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Chip »

Tout à fait d'accord en ce qui concerne JANIS CARTER, mais ce n'est pas Brion qui vante le potentiel de l'actrice, mais Robert (Bob)Porfirio dans sa critique " Encyclopédie du film noir " (édition Rivages) (page 373).
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Profondo Rosso
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Profondo Rosso »

Chip a écrit : 10 févr. 21, 08:58 Tout à fait d'accord en ce qui concerne JANIS CARTER, mais ce n'est pas Brion qui vante le potentiel de l'actrice, mais Robert (Bob)Porfirio dans sa critique " Encyclopédie du film noir " (édition Rivages) (page 373).
Oui il faisait certainement référence à ce texte, mais au moment d'écrire c'est le commentaire de Brion en bonus qui m'est revenu :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Profondo Rosso »

Lutte sans merci de Philip Leacock (1962)

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Agressé et blessé par cinq loubards, l'ingénieur Walt Sherill exige justice. L'enquête de la police étant trop lente à son goût, il prend les choses en main. De plus en plus aveuglé par une soif de vengence, il va perdre son emploi et mettre ses proches en danger...

Lutte sans merci est une œuvre qui anticipe en quelque sorte les films de "vigilante" et d'auto-justice qui fleuriront lors de la décennie suivante dans le sillage du controversé Un Justicier dans la ville de Michael Winner. Adapté d'un roman noir de Leigh Brackett, il s'agit de l'avant-dernier film d'un Alan Ladd en bout de cours tant commercialement que physiquement. Cela joue également sur son personnage, vulnérable, vieillissant et diminué face à la brutalité de ses agresseurs et qui retrouve peu à peu la vigueur de ses grandes interprétations viriles du western ou film noir quand il cherchera à se venger par lui-même. La mise en scène un peu molle de Philip Leacock (les affreuses poursuites en voiture accélérées) peine à installer le climat de menace urbaine qu'on attend dans ce type de récit, ce qui tombe finalement bien puisque ce n'est pas le propos du film. Si la violence qui se heurtera au héros est également sociale, elle ne viendra pas comme c'est souvent le cas des couches défavorisées de la société mais plutôt de jeunes nantis au sentiment de toute puissance et d'impunité. Cet état se prolonge à la nature de leur parent plein de mépris et de défiance face à la police représenté par Rod Steiger, et du coup à l'humiliation dans sa virilité ressentie par Alan Ladd s'ajoute cette injustice sociale. Le récit met donc en parallèle deux notions de justice, celle légale, minutieuse et (trop) lente du flic Rod Steiger et l'autre expéditive, personnelle et vengeresse d'Alan Ladd. On arrivera finalement à la même conclusion et les mêmes coupables, mais quand la quête "neutre" de la police maintien une certaine idée de l'ordre public celle d'Alan Ladd lui fait perdre progressivement son humanité. Son intervention causera une suite de dommage collatéraux chez ceux qu'il traque mais également dans son entourage avec sa femme (Dolores Dor) qui assiste médusée à la métamorphose de l'homme qu'elle aime. C'est plutôt sur ce conflit moral que le film fonctionne, même si l'on reste néanmoins frappé par quelques fulgurantes montées de violence. Le tabassage arbitraire d'Alan Ladd en ouverture fait son petit effet, ou même la tentative de viol de Dolores Dor qui annonce les gros dérapages putassiers de Michael Winner. Une œuvre imparfaite mais plutôt intéressante donc. 4/6
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Ce film est d’une étonnante modernité. Son scénario montrant la violence gratuite d’une bande de jeunes désœuvrés semble avoir dix à quinze ans d’avance sur son époque. On est à mi-chemin entre La fureur de vivre et Un justicier dans la ville (avec Mad Max en ligne de mire). Ce qui en fait un film très intéressant et un produit hybride puisque visuellement il ressemble à un film des années 50.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Supfiction »

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Supfiction »

Supfiction a écrit : 7 août 21, 10:18
Federico a écrit : 17 janv. 12, 21:24
Les Ruelles du Malheur est un Ray mineur mais sociologiquement intéressant. Et il contient la première réplique rock'n'roll de l'histoire du cinoche... 6 ans avant l'heure officielle. :wink:
Un « film tract » pas désagréable mais convenu et trop didactique (racontant l’itinéraire complet d’un petit voyou) en dépit d’une fin élégante et plutôt inhabituelle. Bogart et John Derek très convaincants. Allene Roberts aux allures de Cathy O’Donell est malheureusement sous-exploitée. Je ne vois pas à quelle réplique Federico faisait allusion.
Actuellement sur Mycanal.
A propos de John Derek, il est très bien également, cette fois du bon côté de la barrière, dans L’inexorable enquête aux côtés d’une excellente Donna Reed et face à un Broderick Crawford impressionnant (la scène de confrontation finale sous une lampe faisant un va et vient d’ombre et de lumière est grandiose).

Derek avait bon goût, le bougre, en plus d’être beau gosse et bon acteur. Il était photographe pour Playboy, et en particulier de ses épouses, à commencer par Bo Derek.
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Re: Kiss the blood off my hands « Les amants traqués” (1948)

Message par Supfiction »

Vœux exaucé !
Sortie en Octobre du BR de ce formidable film: https://www.fnac.com/a16129536/Les-Aman ... er-Blu-ray

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Supfiction a écrit : 20 mars 14, 21:15 Kiss the blood off my hands
« Les amants traqués” (1948, de Norman Foster)
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"Kiss the blood off my hands", quel formidable titre de film !

Ce film est l’occasion de voir pour l’unique fois à l’écran un couple magique, en tous cas sur le papier: Burt Lancaster + Joan Fontaine. Deux légendes mais surtout deux tempéraments à l’écran que tout oppose à priori.

Mais qu’en est-il réellement ?

Avant tout il faut signaler que le réalisateur Norman Foster (Rachel et l’étranger) offre un rôle très intéressant à Joan Fontaine pour l’une des deux incursions de l’actrice dans le genre du film noir (avant Beyond a reasonnable doubt de Fritz Lang).
Si elle incarne une nouvelle fois une jeune femme fragile et quelque-peu vieille fille (et qu’on imagine plutôt frustrée sexuellement), contre-pied totale à la femme fatale, son personnage évolue progressivement au cours du film.
Elle est tout d’abord effrayé par l’irruption chez elle en pleine nuit d’un Burt Lancaster animal (et forcément inquiétant). Craintive, elle ne fait pourtant rien pour prévenir la police et le laisse passer la nuit chez elle, ce qui dénote un certain anticonformisme et/ou une âme particulièrement charitable. Celui-ci, reconnaissant, et sans doute attiré par la jeune femme, cherchera dès lors à la revoir.
Au fil de leurs nouvelles rencontres, tiraillée entre la crainte et la séduction, elle lâchera prise progressivement, cédant à ses pulsions sexuelles/amoureuses, au point d’être finalement prête à tout quitter pour le suivre sur un bateau en partance pour l’autre bout du monde.
La rédemption par l’amour pour l’un et l’autre.

Le contraste entre la fragilité de Joan et la brutalité animale de Burt Lancaster est saisissant. Et de fait, l’alchimie de ce couple inédit fonctionne à merveille.
Lancaster excelle dans ce type de rôle ambigüe (c’était le cas par exemple dans Sorry Wrong Number face à Barbara Stanwyck), dans lequel on s’interrogeait sur sa dualité : tantôt avenant et charmeur, attirant naturellement la sympathie ; tantôt sanguin, inquiétant et incontrôlable. Incontrôlable c’est bien le cas ici tant le moindre antagonisme, la moindre contrariété ou situation conflictuelle le met hors de lui. Comme cet épisode dans le train où un passager qu’il a réussit à faire jouer et parier lui refuse une seconde partie après avoir gagné, le laissant de fait avec ses pertes. Mais quand on contrarie Burt, ça cogne sec ... Un côté Hulk avant l’heure.. attention, il ne faut pas le chercher Burt, sinon il part en sucette! C’est bien de la rage qu’il semble avoir en lui, et l’on sent tout le poids d’un passé douloureux dans ce comportement névrotique.
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Côté ambiance, l’action se passe dans un Londres poisseux et lugubre. La photographie très sombre ne laisse planer aucun doute, on est bien dans un film noir.

La nuit et la brume enrobent les rues obscures et angoissantes. Les intérieurs sont peu attrayants et peu ou pas du tout éclairés. On s’y faufile par effraction ou on s’y cache (dans une pièce ou derrière un escalier.. il y a d’ailleurs une scène identique à une scène de Mark Dixon Detective). Les attitudes et jeux de cache-cache de Burt Lancaster avec la police rappellent d’ailleurs beaucoup Dana Andrews dans le film de Preminger. Les deux personnages ont d’ailleurs en commun la même brutalité instinctive et la même incapacité à retenir leurs coups, ce qui n’est jamais sans conséquence. Ce sont des individus en marge, l’un est un ancien soldat (et ancien prisonnier de camp allemand), sans doute abimé par les épreuves de la guerre, solitaire et inadapté social (on apprendra qu’il a fuit toute sa vie) qui ne trouve pas sa place dans le monde d’après guerre, l’autre est un flic violent, toujours sur la brèche, et en bisbille avec son patron.
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Et c’est d’ailleurs sur un même postulat que l’intrigue commence : un coup de poing qui part un peu trop vite et une mort accidentelle.
De fait, la diligence de Burt Lancaster à donner du coup de poing lui cause beaucoup d’ennuis et il n’y a que Joan Fontaine pour lui apporter un peu de répit, notamment dans une très belle scène romantique. Elle lui trouve même un travail après sa sortie de prison après qu’il se soit fait arrêter. Mais entre la police et un maître chanteur qui tente de l’écarter du droit chemin en l’obligeant à voler des produits pharmaceutiques pour les écouler sur le marché noir, le répit est de courte durée.

Si quelques artifices de mise en scène m’ont paru quelque-peu grossiers (comme la scène du zoo qui met Lancaster dans tous ses états, parce qu’il ne supporte pas de voir d’ « autres » fauves en cage), et certains personnages stéréotypés et faciles (le maitre chanteur), cela n’est pas préjudiciable au plaisir du film. Car l’ambiance noire, proche du réalisme poétique et de son fatalisme, est réussie et le rythme plutôt haletant, allant même en s’accélérant à mesure de la fuite en avant de cet antihéros à la dérive dont la naïveté et les maladresses font prédire une fin funeste. A moins que…
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Allez, comme j’aime bien citer en référence d’autres films, je rajouterai que cette fin en forme fuite en avant m’a rappelé celle de Carlito’s way/ L’impasse de De Palma (bien que 45 ans les séparent). Le héros, sans cesse sur ses gardes, tente désespérément d’accéder à son idéal (partir avec la femme qu’il aime et trouver enfin le repos). Mais pour s’en sortir il devra s’extraire au préalable des différents obstacles mis sur sa route et échapper au sort funeste qui lui semble promis.

A signaler que la bande-originale est signée Miklós Rózsa, célèbre compositeur hongrois connue ses musiques de péplums (dont celle de Ben-Hur, Le Roi des rois, Le Cid) ou de film noir (Assurance sur la mort, Les Tueurs) et pour des cinéastes de premier ordre comme Fritz Lang, Hitchcock, Billy Wilder.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

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Si non :? , selon la formule consacrée: part delà les ténèbres, peux-tu nous désigner ton assassin ??

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Je pencherais pour le troisième :wink: (il a un noeud pap)

Dans l'espoir de te lire à nouveau ici, toi ou ton fantôme.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Chip »

On aimerait bien le relire aussi sur WM :wink:
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Chip a écrit : 8 nov. 21, 09:50 On aimerait bien le relire aussi sur WM :wink:
WM :?:
Wild Motors :?:
Un forum de tuning :?:

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Dernière modification par moonfleet le 8 nov. 21, 18:40, modifié 1 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

Western Movies
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Aaaaaah d'accord. Merci.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

A part ça Moonfleet, très sympa ton commentaire spécial Kiemavel ! :)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Tu as reconnu le film ??
Attention ==> ceci n'est pas un jeu.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

Ben non, c'est limite trop pointu pour moi.

Sinon, j'ai un petit faible pour Neville Brand (peut-être parce que c'est celui que j'ai intégré à l'univers du film noir assez tardivement, par rapport aux autres).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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