Je ressors de la séance du
Sommet des dieux de Patrick Imbert qui vient illico et in extremis rafler la place de film du mois de Septembre, un peu pauvre en découvertes malgré quelques bonnes surprises (
Y aura t'il de la neige à Noël,
La Montagne sacrée et
Calamity).
Adaptation du manga en 5 tomes de
Jiro Taniguchi (que je n'ai pas lu) dont le scénario a été retravaillé pour pouvoir raconter cette histoire en 1h30.
Une histoire d'hommes, un en particulier qui ayant goûté à la montagne, de celles qui culminent à des milliers d'altitude et qui nécessitent des mois voir des années de préparation pour réussir l'ascension, de connaissances techniques d'escalade alpine et d'équipement allant avec, n'a plus d'autres raisons de vivre que celle de gravir l'Everest en solitaire dans des conditions extrêmes, repoussant toujours les limites du try hardeur cumulant contraintes de temps (imparti et météorologique), difficultés de parcours, d'oxygène, etc.
Se joue en sous marin pour cet homme hors du commun une histoire de rédemption, d'inaptabilité aux relations humaines (prenant racine dans le même terreaux que le personnage de Lucy dans
Pale Blue Dot malheureusement pas assez exploité) et d'une recherche de transcendance de la condition humaine permettant de venir côtoyer le fameux sommet des Dieux, et d'obtenir après moultes bravades le Graal de la cime, paradis où nuages et pics s'étendent à perte de vue
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- et dont le dernier souffle représente le prix du ticket. Icare shit. Tiens c'est d'ailleurs le titre d'un one shot de... Jiro Taniguchi
C'est bien scénarisé, monté (beaucoup d'excellentes idées de cadres, je pense notamment à la scène de grimpette entre Habu et le petit), on est littéralement plongé dans l'univers des grimpeurs, également d'un point de vue fédération sportive et de sa dimension compétition dont j'ignorais tout, la direction artistique est très belle bien que je ne sois pas fan de cette 3d utilisée pour l'animation des persos de plus en plus présente dans le cinéma d'animation (et même dans le monde de l'animé plus globalement), l'alliance avec les tableaux dessinés/peints d'arrières plans fonctionne admirablement bien et surtout avec cohérence visuelle (là où je trouve par exemple que ça jure bien dégueu dans les 3 films Berserk du studio 4c), nous en mettant à plusieurs reprises plein les yeux de paysages détaillés.
On a droit à un boulot incroyable de minutie dans les expressions faciales soutenues par un doublage VF de qualité (coucou le doubleur de Matt Damon).
C'est je pense une très belle relecture de l'oeuvre de Taniguchi dont on sent même si son trait a aussi été remanié toute la puissance narrative et illustrative.
Mention spéciale pour la bande son d'Amine Bouhafa, peut être la plus grosse surprise du film, qui m'a emporté tout du long et que je ne manquerais pas de réécouter à la maison.
Un studio à suivre dont j'attends avec impatience le prochain projet, en espérant que d'autres prendront exemple et puiseront à leur tour dans cette mine d'or ne demandant qu'à être piochée qu'est la bd japonaise (sans dire que je boude les productions originales et sans exclure le patrimoine bd d'autres nationalités).
Très satisfait d'avoir fais mon retour en salle avec ce film la.
"Puisqu'il y a des hommes qui s'unissent pour faire le mal, pourquoi n'y en auraient ils pas qui s'unissent pour faire le bien ?"