Supfiction a écrit : ↑2 févr. 21, 21:56
Oui Valery Inkijinoff est impressionnant et particulièrement malsain. Bien vu pour le rapprochement avec le Lang (que je n’apprécie pas plus que ça non plus d’ailleurs, ceci expliquant peut-être cela). Par contre, plusieurs seconds rôles jouent de façon très empesée et laborieuse, très à l’ancienne. Et le fait que les scènes tirent en longueur accentue cette impression.
Je ne connais pas le terme technique pour les transitions d’où cette facilité de langage anachronique pour parler de balayages latéraux. Mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres des qualités indéniables de mise en scène de Duvivier. C’est la direction d’acteurs qui pêche pour moi et peut-être le rythme. Harry Baur est trop en retrait à mon goût, comparé aux futurs Maigret plus attachants et plus en rondeur (Gabin et Kremer en tête).
La seule scene qui est un peu longue est celle ou Radek rends visite aux Ferriere. Et encore, c’est ici que la folie du personne eclate, que le coté autodestructeur apparaît et que se signe son destin. Alors oui, c’est laborieux, penible mais c’est coherent de ce moment particulier. La scene en boite de nuit et la suite est tres reussie. Jusqu’à la course finale, typique du muet, et les derniers plans assez choquant du gars écrasé sous la voiture.
Au milieu du film, j’ai beaucoup aimé le passage avec la prostituée. Ici comme dans le reste du film, il y a une attention particulière donnée aux corps, aux physiques,... qui structure le film. Ce n’est pas pour rien que le film s'ouvre sur un travelling sur les chaussures.
Duvivier mixte une science fine des lieux, des espaces, le café, la salle du quai des orfevres, le garnis miteux, le comissariat, et une rendus des corps, des presences physiques,... D’un coup je pense au Kurosawa du chien enragé.
J’ai dit dans les pages precedentes pourquoi la scene avec Damia m’a marqué : ce coté « vecu » de la « fete » avachie, désœuvrée et alcoolisée,... avec ces couples improbables, saisis, regroupés et non receuillis autour de la chanteuse vautrée sur un lit.
Je ne trouve pas que c’est mal joué ou que la direction d’acteur soit faible. Il y a des codes d’epoque, des postures sociales, des physiques, ...
Quand j’ai decouvert les romans de Maigret ce qui m’a frappé est finalement le fait que Maigret ne fait rien ou si peu, sa presence suffit comme catalyseur d’une situation, provoque reactions et denouement. Je trouve que Harry Baur par son physique et son jeu rends admirablement cet aspect du personnage de Simenon.
Un dernier detail qui m’a emu: le jeune inspecteur qui dort sur l’epaule de Ferriere dans la boite de nuit