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Ikebukuro
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Message par Ikebukuro »

Jack Burns a écrit : 26 août 20, 14:06 Merci pour ce retour positif , cette histoire de la révolution avec un coté romanesque me tente bien aussi ..

Je viens de terminer ce roman
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C est l histoire d un homme d affaires proche d Obama en plein succès au début du roman qui va voir cruellement le mécanisme de sa vie se dérégler ...
un portrait glaçant de l Amérique actuelle ( antisémitisme , racisme , réseaux sociaux , lynchage médiatique)meme s il y a beaucoup d humour .
Un pavé de 700 pages que j ai lu d une traite .
C'est moi ou on dirait l'équivalent 2010 de "Le bûcher des vanités"?
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Shinji
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Message par Shinji »

Adapté en manga, ce roman raconte les basses besognes que doit accomplir un homme à l'imposante carrure mais naïf pour rembourser ses dettes : recouvrement, transport de "marchandises", escort girls...

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Jack Burns
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Message par Jack Burns »

Ikebukuro a écrit : 26 sept. 20, 17:35
Jack Burns a écrit : 26 août 20, 14:06 Merci pour ce retour positif , cette histoire de la révolution avec un coté romanesque me tente bien aussi ..

Je viens de terminer ce roman
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C est l histoire d un homme d affaires proche d Obama en plein succès au début du roman qui va voir cruellement le mécanisme de sa vie se dérégler ...
un portrait glaçant de l Amérique actuelle ( antisémitisme , racisme , réseaux sociaux , lynchage médiatique)meme s il y a beaucoup d humour .
Un pavé de 700 pages que j ai lu d une traite .
C'est moi ou on dirait l'équivalent 2010 de "Le bûcher des vanités"?


Seth Greenland est considéré comme le " nouveau Tom Wolfe " par les critiques aux Etats Unis ....
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Sysy Imperator
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Message par Sysy Imperator »

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Dans Death of the Planet of the Apes, Andrew Gaska explique ce qu'il se passe entre les deux premiers films de la saga originale de La Planète des Singes, résout tous les blancs qui se trouvent dans le deuxième film Beneath the Planet of the Apes et donne une crédibilité au démarrage du troisième film.

Gaska est habitué à cet exercice puisqu'il a déjà écrit le roman Conspiracy of the Planet of the Apes dans lequel il raconte les derniers jours de Landon, l'autre astronaute survivant au début du premier film. Dans Conspiracy (que je n'ai pas encore lu) Gaska créé plusieurs personnages et approfondi l'univers de base, dans Death on retrouve les personnages de son premier roman et il les lie avec les personnages du film.
Vu comme ça ça pourrait passer pour une fan fiction, sauf qu'il s'agit de Andrew Gaska, probablement la personne qui connaît le mieux au monde cet univers. Il nous pond un roman de 700 pages dans lequel il mélange complot, origins storie, aventure, comédie etc etc

Bien que l'histoire soit très bien écrite je l'ai trouvé un poil indigeste, tout doit être raconté et détaillé (un peu le syndrome Solo quoi) et pour cela il a besoin de structurer son récit en donnant un point de vue différent dans chaque chapitre. J'ai vite trouvé un genre de patern dans la structure et je dois avouer avoir survolé nombre de chapitres révélant le passé de Taylor ainsi qu'une histoire parallèle sous forme d'hommage à Terror on the Planet of the Apes (un comicbook paru dans les 70's qui est considéré comme le 6eme film de la saga par nombres de fans).
Malgré ça je dois avouer que toute cette histoire est fichtrement bien fichue et prenante.

Si tout cela vous intéresse je vous invite à écouter le super podcast de Cornélius & Zira consacré au roman d'Andrew Gaska dans lequel le Dr Zaius nous explique tout ça d'une bien meilleure façon que moi !

Quoi qu'il en soit, si vous aimez beaucoup beaucoup la saga originale ce roman vaut le détour :wink:
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poet77
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Message par poet77 »

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Il y a des rencontres qui paraissent impossibles, tant le fossé qui sépare les personnes est profond, creusé par des années de méfiance, d’hostilité et même de haine. Dans les pages finales de ce roman de Joyce Carol Oates, publié pour la première fois aux États-Unis en 2017 et venant de paraître, chez nous, en édition de poche, ce sont deux jeunes femmes qui ont de bonnes raisons de rester éloignées l’une de l’autre, tant les blessures dont elles ont été marquées sont encore vives. L’une a pour prénom Naomi et décide d’entreprendre la réalisation d’un documentaire, d’abord sur le parcours de son père, puis sur le milieu de la boxe féminine. L’autre, prénommée Dawn et ayant pour surnom rien moins que Le Marteau de Dieu, évolue précisément en tant que boxeuse. Entre les deux, ce qui les sépare à priori irrémédiablement, ce n’est rien moins que l’assassinat du père de Naomi, Gus Vorhees, par le père de Dawn, Luther Dunphy. Le contentieux est si important qu’il semble ne jamais pouvoir être surpassé. Néanmoins, chez Naomi en tout cas, à la répulsion éprouvée à l’encontre de celle qui est devenue boxeuse s’adjoint une étrange attirance. Et l’inconcevable peut survenir, nous laissant, nous lecteurs, aussi éberlués que si nous venions d’assister à un véritable match de boxe se résolvant de manière inattendue.
Pour en arriver là, il faut plus de 800 pages à Joyce Carol Oates, la très prolifique romancière américaine, qui signe là un de ses romans les plus vertigineux, pour décortiquer, comme elle sait si bien le faire, non seulement la société de son pays, mais le mal (ou les maux) qui la ronge au point de la faire basculer facilement (beaucoup trop facilement) dans des accès de haine et de violence. Dans le livre, ce sont deux événements qui en sont les apogées. D’une part, lorsque, le matin du 2 novembre 1999, Luther Dunphy, ayant préparé minutieusement son coup, abat froidement deux hommes devant un Centre d’accueil d’une petite ville de l’Ohio où sont pratiqués, entre autres, des avortements. L’un des deux hommes abattus se nomme Gus Vorhees et il est considéré comme un « médecin avorteur », donc coupable aux yeux des nombreux militants pro-life qui s’assemble tous les jours devant le Centre pour manifester leur opposition à ce qui s’y pratique. Tous sont des chrétiens (protestants, évangéliques, catholiques) fanatisés, incapables de percevoir la détresse des femmes qui veulent avorter. Pour Luther Dunphy, tuer Gus Vorhees se justifie au nom de la légitime défendre : les fœtus avortés n’ayant pas la possibilité de s’auto-protéger, il convient de le faire à leur place. Telle est la logique de celui qui se considère comme un « soldat de Dieu ».
Mais, d’autre part, Joyce Carol Oates propose une autre apogée de violence, tout à fait légale celle-là, du moins dans certains états des États-Unis : la peine de mort par injection létale. Et qu’importe que Gus Vorhees, l’homme assassiné, ait été un farouche adversaire d’un tel châtiment ! La romancière décrit, par le menu, les conditions de détention subies par Luther Dunphy, son procès, les nombreux reports de peine puis, en fin de compte, la procédure d’exécution. Luther a beau se soumettre, se considérant, quoi qu’il arrive, entre les mains de Dieu, sa mise à mort n’en revêt pas moins tous les aspects d’une scène de terreur. Le personnel médical refusant de participer à un tel acte, c’est un surveillant pénitentiaire incompétent, maladroit, qui doit se charger de la procédure. Luther ne meurt qu’au bout de deux heures et seize minutes de souffrances atroces !
Dans ce prodigieux roman, Joyce Carol Oates convoque, en quelque sorte, deux visages de l’Amérique : l’un, ultraconservateur et ultrareligieux ; l’autre, progressiste et plutôt laïc, voire athée. Mais la romancière se garde de simplement les opposer frontalement, de façon manichéenne. Son livre est bien plus subtil. En donnant la parole, tour à tour, à chacun des deux partis, celui des Vorhees, celui des Dunphy, elle en fait comprendre les motivations et les failles, d’un côté comme de l’autre, sans s’ériger ni en moraliste ni en juge. C’est à nous, lectrices, lecteurs, qu’il revient de tirer éventuellement des leçons de ces récits. Il ne suffit pas de condamner, il faut tenter de comprendre les motivations d’autrui, quel qu’il soit. Et surtout, il importe d’oser la rencontre, l’écoute et, si possible, la réconciliation. 9/10
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Ikebukuro
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Message par Ikebukuro »

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"Splendeurs et misères des courtisanes" de Balzac.
Un des livres les plus connus de Balzac, avec le "Père Goriot", mais que je n'ai pas aimé pour plusieurs raisons :
1 - si vous n'avez pas lu auparavant "Illusions perdues", comme moi, vous allez être perdu
2- beaucoup trop de personnages et d'intrigues, faisant références à quantité d'autres livres de "La comédie humaine" : c'est un tourbillon de personnages, c'est fatiguant
3- je n'ai pas retrouvé la simplicité de "Eugénie Grandet", "Ursule Mirouet" ni la finesse psychologique de "Le lys dans la vallée"
4 - trop de descriptions du système judiciaire de l'époque, du monde des juges, du bagne etc etc

Mais, j'avoue, là j'ai aimé, le personnage de Vautrin : impérial, diabolique, manipulateur... quel tableau d'un prince du mal!
Si vous êtes sensible à ce personnage, regardez le film du même nom, de 1945 je crois, avec Michel Simon dans le rôle titre : quel p****n d'acteur!!!!!!!!!!!!
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Message par poet77 »

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Comment s’y prendre pour trouver un peu de consolation ou simplement adoucir l’épreuve que nous subissons du fait de la pandémie de COVID-19 ? Peut-être, pourquoi pas, en nous plongeant dans une histoire encore plus cataclysmique et qui, par comparaison, nous fera trouver bien minimes les tracas qui sont les nôtres aujourd’hui. Dans le registre qu’on appelle généralement post apocalyptique, les romans ne manquent pas, au point que certains se contentent de répéter ad nauseam une recette à succès.
Heureusement, il est aussi des auteurs qui, tout en restant fidèles à ce genre, trouvent des moyens d’échapper aux conventions ou, en tout cas, de proposer quelque chose de suffisamment original pour sortir du lot commun. C’est le cas, sans nul doute, de la romancière canadienne Emily St John Mandel qui, en 2014, avec Station Eleven, proposait, pour la première fois dans sa carrière, un roman d’anticipation.
Dans ce récit, c’est précisément une pandémie qui est la cause d’un désastre planétaire, une pandémie, par conséquent, bien plus terrifiante encore que celle nous connaissons actuellement, puisque seule une toute petite partie des humains a pu échapper à la mort. En un rien de temps, une maladie foudroyante appelée grippe de Géorgie a décimé l’humanité et, du coup, provoqué l’arrêt total de toutes les technologies, faisant basculer les quelques survivants dans un monde nouveau, un monde à se réapproprier.
Cette base, en soi, ne se démarque pas des archétypes du genre post apocalyptique, mais si Emily St John Mandel parvient à éviter l’académisme, c’est, entre autres, parce qu’elle jongle habilement avec la temporalité. Plusieurs niveaux de temporalité se chevauchent, faisant naviguer, en quelque sorte, le récit du monde d’après le désastre causé par la grippe de Géorgie (20 ans après) à celui d’avant le cataclysme en passant par la catastrophe elle-même. La romancière réussit même à intégrer dans son roman un récit dans le récit, l’un des personnages ayant créé une BD (qui donne d’ailleurs son titre, Station Eleven, à l’ouvrage).
Ces allers et retours temporels ne sont nullement une gêne pour le lecteur. Au contraire, ils enrichissent le récit et donnent l’opportunité à la romancière d’aborder des sujets qui nous interpellent. Elle le fait en s’attachant à une galerie de personnages, certains ayant connu le monde d’avant la catastrophe, d’autres non. Ceux qui sont au cœur de l’ouvrage se sont rassemblés pour former une troupe de théâtre et de musiciens itinérante. Ils vont d’un lieu à un autre, tout en évitant de sortir des limites d’un territoire qu’ils connaissent, jouent des pièces de Shakespeare et interprètent des œuvres musicales. Il leur faut constamment rester sur leurs gardes, car les dangers sont nombreux, ne serait-ce que parce que des rescapés se sont constitués en sectes fanatisées.
La romancière mène avec brio son roman, maîtrisant parfaitement l’art de tenir en haleine le lecteur. Et puis, et ce n’est pas la moindre qualité du livre, elle nous invite à apprécier encore davantage le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Car un des points forts du livre, c’est le souvenir du monde passé, donc de celui dans lequel nous vivons, nous les lecteurs. Pour ceux qui, dans Station Eleven, survivent 20 ans après le cataclysme qui a ravagé la Terre, tout ce qui a disparu semble prodigieux : pour eux, il n’y a plus d’électricité, plus d’avions dans le ciel, plus de ramassage d’ordures, plus d’internet…, précise l’écrivaine. Tout ce dont nous nous servons aujourd’hui avec tant de facilité et sans y songer tient, pour eux, du miracle ! Ce n’est pas banal, me semble-t-il, un roman post apocalyptique qui nous invite à nous émerveiller du monde qui est le nôtre ! 8/10
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Message par poet77 »

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La musicothérapie : soigner des malades par la musique ! Peut-on prendre au sérieux une telle démarche, surtout lorsqu’elle est exclusive ? Bien sûr, la musique, dans la mesure où elle apporte apaisement et réconfort, peut être un allié précieux dans un processus de soin. Personne n’en doutera. Mais quant à en faire un instrument de fanatisme, c’est autre chose…
Or, c’est ce qui se produit dans ce premier roman publié par Benjamin Wood, roman écrit comme un conte à la fois moderne et presque hors du temps par certains de ses aspects, conte hypnotique rédigé avec un soin, un souci de la précision qui, même si le récit semble parfois s’étirer plus qu’il ne faudrait, crée une sorte d’envoûtement qui fait qu’on ne le lâche pas.
L’impression d’étrangeté véhiculée par l’histoire proposée par Benjamin Wood vient, entre autres, de son cadre et du milieu social dans lequel évoluent la plupart des personnages. Nous sommes à Cambridge et tout commence le jour où Oscar, jeune homme de milieu modeste travaillant dans une maison de retraite, alors qu’il passe par le campus de la fameuse université, perçoit les sons puissants d’un orgue et des chants provenant d’une chapelle. Subjugué, il y entre pour être aussitôt happé par quelque chose comme une extase. Mais ce n’est pas seulement la musique qui fait effet sur lui, c’est également la silhouette d’Iris, jeune fille qui n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose.
C’est ainsi qu’Oscar, déjà amoureux, est introduit dans un milieu qui n’est pas le sien, celui d’un groupe d’étudiants et étudiantes de la bonne société et, à l’occasion, de leur famille. Chez ces gens-là, et Benjamin Wood se plaît à le répéter, pour ne donner qu’un exemple, on fume des cigarettes à clou de girofle ! Mais surtout, et c’est ce que perçoit rapidement Oscar, ce groupe semble s’être constitué en une sorte de cénacle ayant comme chef Eden Bellwether, l’organiste féru de musique baroque.
Ce dernier se révèle bientôt, aux yeux d’Oscar, comme une personnalité trouble, énigmatique, inquiétante et manipulatrice. Sa passion pour l’orgue, il l’utilise pour des séances pour le moins étranges, voire carrément dangereuses. On l’a compris, c’est lui, Eden, qui veut persuader son monde que la musique peut guérir tous les maux. Oscar, de son côté, se confie volontiers au Dr Paulsen, un des résidents de la maison de retraite où il travaille, ainsi qu’à Hebert Crest, un spécialiste des troubles de la personnalité.
Mais jusqu’où peut aller la folie d’Eden, jusqu’à quelles extrémités ? C’est ce que narre ce roman qui met en présence, en somme, deux êtres antinomiques : Eden, jeune homme imbu de lui-même et de ce qu’il considère comme ses pouvoirs, âme noire qui détruit son entourage, et Oscar, jeune homme troublé, déstabilisé, mais s’efforçant de garder sa droiture et de soigner vraiment les gens, de leur faire du bien. Une dualité que Benjamin Wood s’est gardé de rendre trop rudimentaire, préservant ainsi la complexité de chacun des personnages du roman, y compris des deux personnages principaux. Jusqu’à la fin, par exemple, on se demande si Eden est réellement fou ou si l’on a affaire à un homme qui cache habilement son jeu. C’est tout l’art d’un bon conteur que de maintenir son lecteur en haleine. 7,5/10
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Message par poet77 »

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Paru en 2000 et traduit en français dès 2001, Mort d’une Héroïne Rouge est le premier d’une série de onze romans policiers ayant pour personnage dominant l’inspecteur principal Chen Cao de la brigade de police de Shangaï. Une ville et un pays, la Chine, que l’auteur connaît bien puisque, né en 1953, il y a vécu jusqu’à son départ pour l’université Washington de Saint-Louis dans le Missouri en 1988 et sa décision de ne pas regagner son pays d’origine à la suite des manifestations de la place Tian’anmen de 1989.
C’est donc depuis les États-Unis que le romancier a entrepris, par le biais de récits policiers, de décortiquer, autant qu’il est possible, la complexité de la Chine contemporaine. Comme il l’expliquait, dans une interview au Parisien en 2001, on peut résumer les choses ainsi : « Autrefois, le peuple chinois croyait en Confucius. Puis il a cru en Mao. Aujourd’hui, le seul idéal qu’il lui reste, c’est l’argent, et ça pose quelques problèmes. » C’est cette réalité-là que l’écrivain observe et critique de manière avisée par le truchement de ses personnages de roman et, en particulier, l’inspecteur Chen.
Membre du Parti (par obligation plus que par conviction), ce dernier, de ce fait, bénéficie de quelques privilèges, ce qui peut entraîner, on le devine, des jalousies ou des frustrations chez certains de ses collaborateurs. Dans le même temps, on comprend rapidement que tout est verrouillé et que les moindres fait et gestes des policiers peuvent être observés et produire des effets ou positifs ou négatifs. Pas facile de mener une enquête dans ces conditions, surtout quand on a affaire au meurtre d’une jeune femme sacrée « Travailleuse Modèle de la Nation ».
Bientôt, les investigations de Chen mettent à jour des réalités cachées bien moins reluisantes que celles qu’on se plaît à exposer au grand jour. Derrière les apparences, derrières les expressions ronflantes, derrière les idéaux, se dissimulent, plus ou moins bien, pas mal de turpitudes. Qui était vraiment Hongying, la femme assassinée, qui étaient ceux qui gravitaient autour d’elle et qui est celui qui s’est rendu coupable du crime ? Pour résoudre ces mystères, Chen n’est pas au bout de ses peines. Bien des embûches surviennent, la première d’entre elles se présentant sous forme d’un dilemme dont la teneur est résumée à la page 475 : « En tant qu’inspecteur principal, il était censé servir la justice en punissant tout meurtrier. En tant que membre du Parti, il savait ce qu’il devait faire. C’était la première leçon du Programme d’éducation du Parti. Un membre du Parti doit servir avant tout les intérêts du Parti. » Mais quand la justice et les intérêts du Parti se télescopent, que faire ?
Pour terminer, il faut souligner l’originalité très grande du personnage de Chen, tel que Qiu Xiaolong l’a imaginé. Car il en a fait un féru de littérature (il traduit en chinois des œuvres d’écrivains étrangers) et, en particulier, de poésie. Comme Sherlock Holmes est un mélomane et un violoniste accompli, l’inspecteur Chen voue une véritable passion pour la poésie, au point de susciter la critique de ses collègues qui le considèrent comme « trop poète pour être flic ». Et, de fait, les poèmes imprègnent tout le roman. Les citations y abondent, même parfois en pleine investigation, alors qu’on s’y attend le moins : « S’extasier sur un poème de la dynastie des Tang en pleine enquête sur un meurtre, c’était du Chen tout craché. » En fait, on comprend que, dans l’idéal, ce dernier aurait aimé pouvoir ne se consacrer à rien d’autre qu’à la poésie et que, s’il fait le métier de flic, ce n’est pas par passion mais pour pouvoir gagner sa vie. Ce qui ne l’empêche pas d’être un enquêteur obstiné, bien décidé à aller jusqu’au bout d’une affaire. Mais un flic poète, tout de même, ça ne manque pas de singularité ! 7,5/10
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Alexandre Angel
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Message par Alexandre Angel »

poet77 a écrit : 31 oct. 20, 16:30 Image
Il leur faut constamment rester sur leurs gardes, car les dangers sont nombreux, ne serait-ce que parce que des rescapés se sont constitués en sectes fanatisées.
............
Tout ce dont nous nous servons aujourd’hui avec tant de facilité et sans y songer tient, pour eux, du miracle ! Ce n’est pas banal, me semble-t-il, un roman post apocalyptique qui nous invite à nous émerveiller du monde qui est le nôtre ! 8/10
Au cinéma, cela donne The Omega man, (1ère proposition) et Soylent Green (2ème proposition)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jean-Pierre Festina
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Message par Jean-Pierre Festina »

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Ca envoie bouler Joyce Carol Oates et Mao-Tsé Toung tranquilou.
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
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Mama Grande!
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Message par Mama Grande! »

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A travers ce roman d'inspiration autobiographique, Fatou Diome nous raconte l'immigration subsaharienne depuis son point de vue de "self-made woman" cultivée et de celui de son petit frère (réel ou fictif je n'en sais rien), qui depuis l'île sénégalaise de Niodior rêve de rejoindre une France fantasmée où l'argent et la gloire coulent à flots. Ecrit dans un style riche (parfois un peu ampoulé mais pour un premier roman c'est tout à fait pardonnable), rempli d'images fortes, la romancière franco-sénégalaise raconte la tragédie de ces hommes aveuglés par le rêve français et qui, souvent, s'y brûlent les ailes. Elle admet aussi ses propres contradictions en tant qu'exilée ("chez soi partout, enracinée nulle part") qui souhaiterait convaincre son frère (et la jeunesse sénégalaise) qu'elle est mieux au pays mais n'arrive pas à s'appliquer cet adage à elle-même. Qui n'est plus chez elle dans son village natal mais que personne n'attend dans son appartement.
Si vous souhaitez lire un roman bien écrit qui apporte sur un des grands sujets de notre monde un regard que l'on n'est pas habitués à entendre, je vous le recommande chaudement.

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Malheureusement réservé à qui lit l'anglais ou le japonais (en attendant une traduction chez nous), ce roman par l'auteur de Silence est un bijou. Centré autour de la vivisection de prisonniers américains au Japon pendant la 2nde Guerre Mondiale, ce court roman explore les souvenirs d'un médecin (alors encore étudiant en médecine), ainsi que les confessions de l'assistant et de l'infirmière. Comment des personnes a priori normales sous tout rapport ont pu commettre ces atrocités sans en éprouver le moindre remords ou cas de conscience? Shusaku Endo semble y répondre par la mentalité japonaise, qui encourage l'indifférence au lieu de la révolte, et par conséquent l'aveuglement plutôt que la compassion. C'est d'une cruauté inouie pour ses compatriotes, venant d'un écrivain qui, par sa foi chrétienne, devait se sentir à part et observer son pays avec distance. Quoi qu'il en soit, la maîtrise de la narration, qui part du trivial pour nous amener peu à peu à l'horreur, laisse une forte impression. J'espère bientôt pouvoir me procurer sa suite.

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Une bouleversante histoire d'amitié fusionnelle entre deux jeunes enfants, puis femmes, dans une localité noire de l'Ohio. Sula, la sorcière, la trop libre, l'individualiste, et Nel, la sage, la bien rangée, la mère de famille. S'étalant de 1918 à 1965, raconté comme un récit légendaire qui ne s'attarderait pas sur le quotidien de ses personnages (on sait que Sula et Nel sont deux amies qui partagent tout, mais on lit très peu de passages racontant un de ces moments de partage), Toni Morrison utilise son talent de conteuse pour brosser le portrait de ces deux femmes et de leur soif de liberté. Bien-sûr, elle pose la question de la liberté pour deux femmes noires de l'Amérique ségrégationniste, et le sens particulier qu'elle revêt. Mais cette histoire peut évidemment toucher n'importe qui ayant eu un grand ami que le temps a éloigné, ou qui a dû se confronter au choix d'une stabilité rassurante face à une liberté solitaire mais puissante. Mon premier Toni Morrison et certainement pas mon dernier.
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Message par poet77 »

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Si, parmi tous les romans qui ont été exposés sur les étals des libraires au mois de septembre, il en est un à côté duquel je ne pouvais passer, c’est celui de Laurent Petitmangin qui, à 55 ans, publie là son premier livre (déjà couronné, d’ailleurs, de deux prix). À cela deux raisons. D’abord son titre en qui j’ai reconnu une citation de Jules Supervielle (1884-1960), en l’occurrence le premier vers d’un superbe poème (Vivre encore), mis en musique et chanté, d’ailleurs, par ce talentueux chanteur méconnu qu’était Jean Vasca (1940-2016). Ensuite, la teneur du roman, son contenu, son action, qui se déroule pas bien loin de ma région d’origine, autrement dit dans le nord de la Lorraine, à une quinzaine de kilomètres du Luxembourg.
On ne peut s’y tromper quand on a vécu soi-même dans ce coin-là. Dès les premières pages du roman de Laurent Petitmangin, on a le sentiment d’y être, on reconnaît l’accent, les tournures de phrases, les expressions propres à cette région frontalière où se mélangent allègrement un français plus ou moins arrangé et quelques mots d’allemand et où l’on met systématiquement un article devant tous les prénoms (sauf, éventuellement, quand on a affaire à quelqu’un qui n’est pas du pays).
C’est l’histoire d’une famille que raconte Laurent Petitmangin, en la plaçant dans la bouche du père, un homme qui travaille à la SNCF mais qui se passionne d’abord pour le football. Il a deux fils, Gillou et Fus, ou plutôt le Gillou et le Fus, ce dernier étant surnommé ainsi précisément à cause du football (Fußball en allemand). Quant à sa femme, il ne l’appelle pas autrement que la moman, une femme qui, malade d’un cancer, ne quitte pas le lit et, à 44 ans, en fait 20 ou 30 de plus. Le père tient le coup comme il le peut, mais, bientôt, la moman doit être hospitalisée et, après avoir subi 3 ans de maladie, elle meurt.
Elle n’en reste pas moins présente, d’une certaine façon, car, souvent, face à des événements imprévus, le père pense à elle et à ce qu’elle aurait fait ou à ce qu’elle aurait dit en certaines circonstances. Voilà, en effet, le père devant élever seul ses deux garçons et, bientôt, déboussolé, incapable de réagir à bon escient, comme s’il était paralysé. Alors que le Gillou réussit, de son côté, à se faire admettre dans une école à Paris, le Fus, lui, délaisse de plus en plus ses anciens copains pour leur préférer une bande de militants du FN.
Pour le père, c’est pire qu’un séisme. Lui, qui est toujours resté fidèle au PS, voir l’un de ses fils traîner avec des fachos ! On a beau lui dire que, malgré tout, le Fus reste un bon gars, un gars qui n’est pas à une contradiction près (il continue d’écouter les chansons de Jean Ferrat tout en relayant les propos de ses nouveaux potes), le père a honte et, plutôt que d’affronter son fils, se réfugie dans le silence.
Il n’est pas au bout de ses peines, le malheureux ! Car, quand on fait partie d’une bande aussi typée que celle des militants du FN, il peut survenir des rencontres qui dégénèrent en pugilats. Et quand le Fus est tabassé au point d’être hospitalisé, c’est le début d’un engrenage qui conduit à la prison en passant par un assassinat, un premier jugement, puis un jugement en appel. Tous ces événements, terribles, le père, s’il se contente, dans un premier temps, de les subir, parce qu’il est trop sonné pour réagir, dans un deuxième temps, les affronte ou se confronte avec eux, à sa manière. Son regard change, et sur son entourage, et sur son fils incarcéré. Quand il rend visite au père de Krystyna, la petite amie du Fus, lui-même militant facho, ce qu’il voit, d’abord, c’est un pauvre type. En fin de compte, se dit le père, tout est affaire de petits riens qu’on ne maîtrise pas. Un petit rien, pas grand-chose, et une vie bascule et le « bon gars » devient taulard.
Ce roman, court, sans chichis, qui prend parfaitement en compte des réalités de ce coin de Meurthe-et-Moselle proche du Luxembourg, de cette région sinistrée, traditionnellement bien ancrée à gauche, mais avec, dorénavant, une forte emprise du FN, ce roman, d’un bout à l’autre, sonne juste, si l’on peut dire. Et, malgré sa brièveté, il induit plus d’une réflexion, plus d’une interrogation. Comment se fait-il que des « bons gars » comme le Fus soient si facilement séduits par la propagande du FN ? Gardons-nous de donner une réponse simpliste. 8/10
Dernière modification par poet77 le 20 nov. 20, 08:28, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Vos dernières lectures

Message par Jeremy Fox »

Je recommence à lire l'intégrale de la comédie humaine de Balzac mais cette fois par ordre chronologique d'écriture. Je ferais un recap dans quelques années des romans qui m'ont le plus passionné. J'entame donc avec le splendide Les Chouans et on se retrouve en 2030 :mrgreen:

* Les Chouans : 8.5/10
* La Maison du chat qui pelote : 7/10
* El Verdugo : 6.5/10
* La Vendetta : 7.5/10
* Le Bal de Sceaux : 7/10
* Étude de femme : 5/10
* Une Double famille : 7.5/10
* Gobseck : 7/10
* La Paix du ménage : 6.5/10
* Une Passion dans le désert : 5/10
* Adieu : 5.5/10
* La Peau de chagrin : 8/10
* Sarrasine : 6.5/10
* Le Chef d’œuvre inconnu : 6/10
* Les Proscrits : 4.5/10
* Le Réquisitionnaire : 6/10
* L'auberge rouge : 7/10
* L’élixir de longue vie : 4/10
* Jésus Christ en Flandres : 4.5/10
* L'enfant maudit : 8/10
* Madame Firmiani : 6.5/10
* Le Curé de Tours : 7/10
* Louis Lambert : 6.5/10
* Maître Cornelius : 7/10
* La Bourse: 5.5/10
* Le Colonel Chabert : 7/10
* La Femme abandonnée : 7.5/10
* La Grenadière : 7/10
* Le Message : 5.5/10
* Eugénie Grandet : 7.5/10
* Le Médecin de campagne : 4.5/10
* La Femme de 30 ans : 7.5/10
* Ferragus : 7.5/10
* La Duchesse de Langeais : 7/10
* La Recherche de de l'absolu : 7.5/10
* Les Marana : 6.5/10
* Un drame au bord de la mer : 4.5/10
* Seraphita : 4/10
* Le Contrat de mariage : 7/10
* Le Père Goriot : 9/10
* La Fille aux yeux d'or : 7/10
* Melmoth réconcilié : 6.5/10
* Illusions perdues : 7/10
* La Messe de l'athée : 6/10
* Facino Cane : 4/10
* Cesar Birotteau : 5/10
* Gambarra : 6/10
* Une fille d'Eve : 6.5/10
* La Maison Nucingen : 4/10
* Les Employés : Abandon
* Le Cabinet des Antiques : 6/10
* Splendeurs et misères des courtisanes : Abandon
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Ikebukuro
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Re: Vos dernières lectures

Message par Ikebukuro »

ATTENTION : il faut lire "Les illusions perdues" avant "Splendeurs et misères des courtisanes" sinon on ne comprend rien au deuxième!!!!!!!!!!!!!!!!!

"Michel Stroggoff" de Jules Verne.
Bon roman, pas extraordinaire mais 20 000 lieux au dessus de "20 000 lieux sous les mers".
Personnages basiques (les bons sont TRES bons, les méchants TRES méchants (mode Louis de Funès)), c'est plus un roman de voyage voir de géographie sur la Sibérie et la Russie que d'aventures mais c'est plaisant à lire; on aime ou pas les dizaines voir centaines de noms de localités mais on voyage :mrgreen:
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