Prisonnier de la peur (Fear strikes out) - 1957)
Pour son premier long-métrage après plusieurs années de formation à la télévision, Mulligan s'est vu confier (le couteau sous la gorge ?) le biopic de Jimmy Piersall, un joueur de baseball des années 50 dont le parcours erratique avait déjà fait l'objet d'un téléfilm deux ans plus tôt. Incarné par Anthony Perkins, il montre un jeune homme doué mais très perturbé, subissant depuis l'enfance la pression d'un père rêvant d'un fils champion et qui alors qu'il a enfin réussi à intégrer la prestigieuse équipe des Red Sox de Boston péta les plombs en plein match pour finir en HP, dépressif et schizophrène avant de revenir (avec succès) sur le terrain. Bref : l'archétype du biopic édifiant comme l'aiment les Américains.
Et le résultant est chiantissime, énième méfait du "
based on a true story". Je ne sais pas si c'est parce que le décidément bien gauche(r) Perkins dut s'entraîner à jouer de la main droite comme son modèle mais je ne suis pas parvenu une seconde à m'intéresser à son cas, pas plus qu'à ses relations avec son père pourtant interprété par le grand Karl Malden. Ni avec sa fiancée puis jeune épouse, plus transparente qu'une présentatrice de pub lessivière. Ni enfin avec son compréhensif psychiatre interprété par Adam Williams (ça fait bizarre de voir dans ce rôle cet habitué des emplois de
bad guy qui fut entre autre Larry Gordon, le complice de Lee Marvin dans
Règlement de comptes et l'un des hommes de main de James Mason dans
La mort aux trousses).
Autant dire qu'il est très difficile d'entrevoir la patte du grand et très sensible réalisateur que deviendra Mulligan (pour cela, il faudra attendre le film suivant,
Les pièges de Broadway en 1960).
Une seule séquence m'a fait lever un sourcil, malheureusement au tout début, quand le père propose à son gamin d'échanger quelques lancers. Séquence cruelle où l'adulte inconscient de sa force ne réalise pas que chaque choc dans le gant de son fils lui fait serrer les dents. Le garçon doit profiter d'une balle perdue pour s'isoler et gémir de douleur hors du regard paternel.
Petit élément original : alors qu'en général les biopics de sportifs attendent que ceux-ci soient retraités (ou morts), le véritable Jimmy Piersall était non seulement encore sur les terrains mais joua jusqu'en 1967. Les faits dramatiques relatés dans le film (qu'il n'aima pas du tout) s'étaient déroulés au début de sa carrière en 1952.
A noter que le film fut produit par un autre débutant : Alan J. Pakula, qui par la suite produira plusieurs autres (mais grands, eux) films de Mulligan avant de passer à la réalisation.