Requiem a écrit :L'Esquive est le deuxième film d'Abdellatif Kechiche, après La Faute à Voltaire sorti il y a déjà deux ans. Dans L'Esquive, Kechiche prend à contrepied la représentation habituelle de la Cité puisqu'il nous la présente à travers ses habitants quand la télévision et la grande tradition du "film de banlieue" prennent le parti de nous dépeindre ces derniers qu'à travers le prisme de la Cité. Pour ce faire, Abdellatif Kechiche nous compte une histoire d'adolescents, simple, déjà vue. L'Esquive, c'est celle de Krimo et Lydia. Krimo est timide, il veut sortir avec Lydia qui ne sait trop quoi faire de ce prétendant tandis qui va jusqu'à la retrouver dans ce qui occupe ses après-midi désoeuvrés, les répétitions du Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux que sa classe présentera sur scène. Ici, point d'histoire de tournantes, de deal, de dérives de la banlieue. Kechiche met de côté le decorum et filme, capte ce jeu amoureux vieux comme le monde qui excite les esprits de tout le petit microcosme qui gravite autour de Lydia et Krimo, copains, copines, parents à l'arrière plan. Tandis que les temperaments ne cessent de s'entrechoquer, sa camera saisit les echanges verbaux, dans leur violence et leur âpreté apparentes, mais aussi dans leur drôlerie, dans la sensibilité qu'ils cachent. On est à mille lieux des clichés et des poncifs sur le monde des cités, ce qui est ici dépeint transcende le décor affligeant qui améne par exemple Krimo à se réfugier dans des rêves de voiliers, d'îles, de tours du monde qu'il étaye au moyen des dessins d'esquifs que son père lui fait parvenir de prison. Il n'y a pourtant nul miserabilisme dans L'Esquive, juste la représentation d'adolescents (interprétés par des acteurs amateurs parmi lesquels se révèlent Sarah Forestier et Sabrina Ouazani dont le talent explose litteralement à l'écran) qui vivent dans un univers particulier, trop souvent caricaturé dans ses représentations habituels, des adolescents qui comme tous les autres s'ennuient, se cherchent, se frolent s'esquivent.
L'Esquive est donc une oeuvre à la fois drôle et touchante qui, sans concessions mais avec beaucoup de pudeur, renouvelle la représentation de la banlieue au cinéma en y posant un regard que l'on a envie de croire d'une grande justesse tant cette oeuvre a du charme. Un bijou.
5.5/6
je viens de le voir, et je signe des deux mains tes propos, une merveille de simplicité et d'une rare justesse, le genre de film qui nous fait sortir de la salle heureux d'avoir pu partager ses moments avec Krimo, Lydia et ses copines
un immense bonheur et premiere enorme claque de l'année 2004
6/6
PS : meme si pour la scene des flics, je serai de l'avis de Pancake (??), l'interpretation qu'en fait Requiem se tient
je suis vert de ne pas avoir vu la seance vendredi ou le realisateur etait present pour presenter le film (à Bron), j'aurai pu lui demander le pourquoi de cette scene
