Erotik topic

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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johell
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Re: Erotik topic

Message par johell »

HARCELEE! (Osou!) de Yasuharu Hasebe (1978)

Kumiko, pervenche de son état, est amoureuse de Tamura, le chef de service de son commissariat. Mais Tamura, homme à femmes, lui préfère ses petites collègues secrétaires. Terriblement frustrée, Kumiko finit par être harcelée par ses propres fantasmes : chaque fois qu’elle pense à Tamura, elle s’imagine en train d’être sauvagement agressée par un violeur invisible. Jusqu’au jour où elle est victime d’un viol bien réel. Tamura mène l’enquête, et c’est l’occasion rêvée pour Kumiko de se rapprocher de lui…

Un an après avoir mis en scène LE VIOLEUR A LA ROSE qui inaugurait le « roman porno violent », Yasuharu Hasebe récidive avec une nouvelle histoire de viols à l’aide, cette fois-ci des accords symphoniques de Beethoven. Loin de se répéter, le réalisateur se sert de sa thématique de prédilection pour décortiquer les propres désirs qui tourmentent une jeune contractuelle.

Caméra à l’épaule, le cinéaste distille une ambiance héritée du giallo avec son inquiétant assaillant dont on ne voit jamais le visage. On distingue des mains gantées qui se pose sur la victime pour la menotter, lui mettant aussi du ruban adhésif sur la bouche pour l’empêcher de crier et lui couvrir les yeux pour ne pas être reconnu. Pas de viol stylisé, la mise en scène se fait chaotique et souvent dans la pénombre. Si bien que l’on n’en voit pas grand-chose… Et à chaque fois, on use de la même technique pour abuser de Kumiko. D’où découle un léger sentiment de répétition.

Asami Ogawa interprète la pauvre « victime » qui ne semble guère traumatisée par ce qui lui arrive… Et si, finalement, l’acte du viol en lui-même lui permettait de se libérer sexuellement? Dans ce scénario fantasmée, difficile de distinguer ce qui est vrai ou non. Et le visage vide et sans émotion de l’actrice ne facilite pas une identification déjà pénible pour cette héroïne qui semble traverser les événements sans qu’ils aient la moindre emprise sur elle.

Si l’intrigue de HARCELEE! n’est pas des plus simple à décortiquer, Hasebe nous gratifie heureusement d’une mise en scène souvent très réussie et énergique. Particulièrement dans sa séquence d’introduction où Kumiko, au volant de son automobile, se voit prise en chasse par un camion de transport. Au niveau de l’action, tout ceci est quand même nettement plus convaincant à voir que les retombées psychologiques que ces actes de dépravations ont pour effet sur la femme-flic. Et puis il y a aussi l’usage de la musique classique qui insuffle au long-métrage une émotion qu’il parviendrait difficilement à obtenir sans ce support musical.

Au final, ce film de Yasuharu Hasebe n’est de loin pas aussi prenant que sa précédente œuvre à la thématique similaire. La faute sans doute à une histoire aux partis pris nébuleux, aux séquences sexuelles répétitives et dont la résolution finale ne convainc pas. La faute en incombe peut-être à sa très peu réactive actrice principale qui n’aide pas vraiment à nous impliquer davantage dans cette bizarre histoire de viol libérateur.
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magobei
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Message par magobei »

johell a écrit :
Je n'aime pas cette forme de ghettoïsation d'un certain type de cinéma. Même si c'est bien de savoir à quoi on a affaire, cela a souvent tendance à brimer ce genre de films alors qu'il y a souvent de véritables merveilles à découvrir.
D'accord avec toi. Mais en même temps, c'est aussi cette "ghettoïsation" qui permet à ces films leur liberté formelle et thématique... Ils ne seraient jamais sortis, n'auraient jamais eu un financement dans un circuit mainstream.
johell a écrit :
Les POISONOUS SEDUCTRESS, c'est très bon aussi. INOSHIKA OCHO également. J'adore ces films! :D
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"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Erotik topic

Message par johell »

magobei a écrit :
johell a écrit :
Je n'aime pas cette forme de ghettoïsation d'un certain type de cinéma. Même si c'est bien de savoir à quoi on a affaire, cela a souvent tendance à brimer ce genre de films alors qu'il y a souvent de véritables merveilles à découvrir.
D'accord avec toi. Mais en même temps, c'est aussi cette "ghettoïsation" qui permet à ces films leur liberté formelle et thématique... Ils ne seraient jamais sortis, n'auraient jamais eu un financement dans un circuit mainstream.
Oui, c'est vrai. En fait, je faisais surtout référence aux éventuels spectateurs qui jugent souvent ce genre de films sans les avoir vus. Sinon, je te rejoins complètement, la liberté formelle et thématique en fond clairement des oeuvres à part. Et c'est aussi pour ça que j'aime autant ce cinéma. Car c'est un véritable champ d'expérimentations, osant franchement beaucoup de choses que l'on ne verrait jamais ailleurs. C'est souvent très surprenant et original. Même si des fois cela ne dépasse pas le stade de l'idée déviante ou de l'exécution formelle bon marché voir ratée, on essaie toujours d'offrir quelque chose qui sort de la norme!
magobei a écrit :
johell a écrit :
Les POISONOUS SEDUCTRESS, c'est très bon aussi. INOSHIKA OCHO également. J'adore ces films! :D
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hellrick
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Message par hellrick »

Jordan White a écrit :
Defiance of good (1974)
Réalisé par Armand Weston
Durée : 71 min
Avec Jean Jennings
Day Jason
Fred J Lincoln
Holly Lands


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Spoiler (cliquez pour afficher)
Soupçonnée par sa mère d'être une toxicomane, la jeune Kathy est placée dans un centre spécialisé. Là, elle va subir de terribles sévices physiques et sexuels de la part des autres patients. Transferée dans un autre établissement, elle va y rencontrer un disciple du marquis de Sade...

Exemple atypique de ce qui s'est fait de mieux dans les années 70, Defiance of good est un film à mon sens vraiment à part, au sein même de la production de l'âge d'or du cinéma pornographique américain, entre 1973 et 1979, même si les classiques arrivent vraiment entre 1975 et 1978 je trouve. Defiance of good est le premier film que je vois en intégralité depuis au bas mot quatre ans, et il est un des rares que je qualifierais de chef-d'oeuvre intemporel, après l'avoir présentement découvert des années après en avoir longuement entendu parler. Je suis très réservé sur l'accueil fait à certains films qualifiés de classiques, le cas le plus parlant étant celui du très mineur Debbie does Dallas. En revanche, les galons du genre et le sommet esthétique me paraissaient avoir été atteints avec la trilogie de Metzger, composée de The Private Afternoons of Pamela Mann, The Opening of Misty Beethoven et Barbara Broadcast. Defiance of good va plus loin dans une certaine esthétique bondage, tout en s'appuyant sur un vrai récit de cinéma traditionnel, le film ressemblant d'ailleurs à un film des années 70 dans lequel aurait été injecté des séquences hard et pas l'inverse, ce qui représente sans doute 90/95 % des films actuels, et de films il s'agit pour l'essentiel de vidéos pour le marché DVD et Blu-ray. Defiance of good est un film bipolaire, à la fois terriblement glacial voire clinique (et on comprend pourquoi dès l'intro) et extrêmement sensuel et érotique. Le chaud et le froid soufflent constamment sur cette oeuvre ambitieuse, dont la durée très courte ne doit pas faire oublier l'audace et le côté aventureux, convoquant le cinéma fantastique, quasiment impossible à reproduire de nos jours (esthétique, format, production, jeu d'acteurs). Il y a un avant et un après Defiance of Good. C'est comme si Vol au dessus d'un nid de coucous rencontrait Les chiens de paille durant les vingt premières minutes, vingt premières minutes angoissantes, suffocantes, réservées à un public averti, durant lesquelles se cotoîent la folie rampante, une idée de le renonciation (via la perte) de l'innocence, et un décorum aussi excitant que ne le seront plus tard les décors de Café Flesh, film d'anticipation et de science-fiction dont le but avoué n'était pas forcément de susciter l'excitation sexuelle chez le spectateur mais de le confronter à un univers singulier, et foncièrement original.

Sur le seuil de la porte du domicile familial, une jeune fille, Kathy (incroyable Jean Jennings, qui m'a rappelé Marilyn Burns) quitte le cocon (en fait pas vraiment, vu le climat de suspicion qui y règne) pour aller en hopital de soins et de redressement. Les lèvres sont pincées, les parents dépassés et le regard de la demoiselle hagard. Ce qui trouble n'est pas forcément la discussion qui porte sur les opiacés consommés et sur la dérive possible car cauchemardée du comportement de l'adolescente qui se croyait naïve mais est fautive pour ses parents (charge religieuse, bigoterie affichée, carcan de la morale). Kathy est coupable de mal agir, et son père s'en va benoîtement rejoindre son canapé, sa mère s'empressant non pas de le traiter d'incapable mais de peureux ("He doesn't have the stomach for that"). Vous êtes comme Kathy prévénus. Il va falloir avoir de l'estomac pour aller au bout de ces vingt minutes sur lesquelles une chape de plomb s'est apesantie, sur laquelle les remords comme la culpabilité pèsent. Et Kathy de devoir faire avec, et de retrouver le bon chemin. Ce qui trouble voire dérange clairement, ce n'est pas tant le discours asséné à coups de pioche par les parents qui représentent la famille américaine puritaine par excellence (laquelle a aussi le droit de s'inquiéter quand elle voit sa fille consommer de la coke). Ce qui est troublant c'est l'âge de l'héroïne, sa petite jupe écossaise, ses cheveux lâchés, sa blondeur d'adolescente nubile, ses traits juvéniles qui la rapprochent d'une Lolita. Et à laquelle les pires outrages vont être administrés, sous couvert de soins médicaux. Ainsi les scènes dans l'hopital sont parmi les plus abruptes, frontales et difficilement soutenables qu'ils m'aient été donné de voir. Weston (auteur et réalisateur) filme caméra à l'épaule à la façon d'un documentaire, les acteurs semblant se perdre dans les couloirs et dans la pièce d'isolement. Leur regard vitreux, la photographie livide renforcent un côté oppressant qui imprègne la pellicule. Le tout souligné par une musique au diaposon, désaccordée, flippante. A noter d'ailleurs que le film s'ouvre sur une musique beaucoup plus douce, très soignée, comme la plupart des films de l'époque, qui mettaient l'accent sur cette partie en composant des musiques travaillées, comme celles de The Opening of Misty Beethoven, remarquable. Kathy confrontée à ses démons, déboussolée est dès lors victime d'un viol par les patients lors d'une séquence qui rappelle fortement celle de Les chiens de paille, sans l'ambiguité légendaire de celle-ci, en particulier la deuxième.

Laminée, écoeurée, humiliée dans sa chair, la Kathy du début, pas forcément très enthousiaste à l'idée de se faire interner, n'est alors plus que l'ombre d'elle-même. Cheveux hirsute, mine déconfite, la jeune fille (quel âge a-t'elle véritablement ? Est-elle majeure ? L'ambiguité géniale du film vient aussi de là) dont le personnage pourrait prêter au scandale, comme celui qui fit de Traci Lords une légende (films tournés alors qu'elle n'avait que dix sept ans), semble perdue et vouée à poursuivre sa vie dans cet asile qui ne dit pas son nom lorsqu'arrive le docteur Gabriel. L'ironie du nom du personnage (un prénom d'archange) est en fait le second moteur du film et conduit celui-ci à un changement radical de ton et de style visuel. La photographie blafarde, couleurs ternes cède la place à une photographie plus lumineuse aux tons beaucoup plus dorés. Ce docteur est en réalité un initiateur, autoproclamé gourou qui accompagne la libération de Kathy, laquelle se transforme alors de l'état d'adolescente en plein émoi psychologique en jeune femme et ce par le fouet, la domination mais aussi l'exploration et la libération de la sexualité. Dans son manoir (dans les chateaux bourgeois chez Dorcel, ou dans les lofts californiens dans le gonzo américain), le docteur Gabriel organise des orgies auxquelles va participer Kathy. Celle-ci passe d'abord par une phase de préparation, dont une séquence d'anthologie de fessée administrée au fouet sous la férule d'une domina qui deviendra bientôt sa maîtresse. Le film prend dès lors une toute autre tournure : il est entièrement orienté vers la recherche du plaisir de son héroïne, auparavant cloîtrée dans son silence, qui là prend conscience de la possibilité de jouir via la connaissance de son intimité. Ce qui lui était interdit, car considéré comme tabou lui est alors permis, et mieux lui est demandé. On peut rigoler, s'amuser tout du moins du jeu du Docteur Gabriel, dont les traits sont cachés sour un regard ténébreux et une barbe drue. Mais les premiers mots qu'il dit à sa "protégée" sont ceux qui expriment l'idée de se débarasser d'un carcan idéologique pour atteindre au plaisir physique. Lui-même d'ailleurs contrairement aux hommes qui ont abusé physiquement de Kathy n'aura aucune relation sexuelle avec elle, tout en l'observant quasi systématiquement.

La maîtrise et la beauté plastique du film fait que celui décolle à partir de la demi-heure pour ne plus jamais redescendre, allant même de crescendo en crescendo jusqu'au final. Ici ce ne sont plus les références au cinéma de Forman ou Peckinpah qui frappent, ce sont plutôt celles à Damiano et Sade pour le plaisir des (sado)masochistes. L'histoire (car il y en a une) se suit avec de plus en plus d'intérêt bien servie par l'interprétation des comédiens, tous géniaux (dont le docteur Gabriel, déjà vu dans La dernière maison sur la gauche, ici en gourou ayant une ressemblance étrange avec Möise), excellemment servie par une bande-son au diapason aux tonalités psychédéliques. Les séquences fantastiques, oniriques, érotiques s'enchaînent les uns après les autres, chacune représentant un sommet. C'est le cas pour l'incroyable séquence de masturbation féminine, durant laquelle Kathy découvre la partie la plus intime de son être avant de prendre un plaisir aussi violent que libérateur, puis la première scène lesbienne, admirablement filmée, et ensuite les séquences d'orgies. Une forme d'humour s'invite même dans ces ébats, le personnage de Gabriel, restant dans l'ombre, tel un témoin, témoin de l'initiation et de la transformation d'une poupée auparavant trop fragile métamorphosée en femme d'une sensualité et d'une explosivité rares. Comme dans The Opening of Misty Beethoven, qui racontait la transformation d'une jeune femme en muse et femme de la société sous le regard de son Pygmalion, Defiance of Good, raconte celui de la perte d'une innocence pour la victoire du désir sur celui de la peur. La chute du film qui tend à reconsidérer ce qui précède apporte un élément ludique supplémentaire. Defiance of good est un classique, certes un peu difficile d'accès au début, mais dont la puissance et l'originalité (audace du fond et de la forme, montage alterné dans l'orgie finale à la façon du Caligula version intégrale sur le bateau) en font un incontournable. J'ai pensé à toi johell, la figure de l'innocence virginale, les séquences oniriques devraient a priori te toucher, et si tu ne l'as déjà vu, c'est l'occasion de le découvrir.

Le film est difficilement trouvable en DVD (sorti chez VCX en 2006) voire VHS. Mais il a fait son apparition sur le site xvideos dans la rubrique vintage, accolé aux mots-clés bondage, sm, cruelty, whip, etc. C'est sans doute celui qui a ouvert la voie au genre SM tel qu'il est connu aujourd'hui et tourné et une des illustrations les plus fortes des écrits de Sade via le medium du cinéma. La cassette Scherzo étant quasiment introuvable il n'y a guère qu'en ligne et en version originale non sous-titrée (mais relativement simple à suivre) qu'on peut le voir.
Je l'ai revu, cette fois en VF...c'est un film complètement à part dans le domaine du porno, encensé par exemple par Gaspard Noé. La première partie est malsaine et glauque à souhait, avec une ambiance particulière complètement non érotique qui culmine dans la scène du premier viol avec les cris de l'actrice qui répondent à la musique rock...c'est vraiment fort efficace, c'est du vrai cinéma, pas juste du cul. Ensuite j'ai beaucoup moins été intéressé, comme la première fois d'ailleurs, c'est nettement plus classique avec quelques scènes X assez traditionnelles...mais les 40 premières minutes (sur 70) valent vraiment le coup...contrairement à Café Flesh il y a une volonté d'être sexy dans cette seconde moitié...Je dois être stupide car je n'ai toujours pas compris le twist final :|
Le tout rappelle un peu Femme ou Démon voire L'enfer pour Miss Jones par son climat pesant. C'est clairement au-dessus de 95% de ce qui s'est fait dans le genre durant les 40 dernières années mais je reste moins enthousiaste que Jordan...n'empêche c'est à découvrir pour les curieux.
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Message par Jordan White »

hellrick a écrit : Ensuite j'ai beaucoup moins été intéressé, comme la première fois d'ailleurs, c'est nettement plus classique avec quelques scènes X assez traditionnelles...mais les 40 premières minutes (sur 70) valent vraiment le coup...contrairement à Café Flesh il y a une volonté d'être sexy dans cette seconde moitié...
Je suis dans la situation inverse. J'ai d'ailleurs failli décrocher très rapidement durant les séquences d'hôpital psychiatrique, car l'ambiance y est effectivement ultra glauque et malsaine, et donc j'étais pris au dépourvu et je me demandais où le cinéaste voulait en venir. Ensuite le ton devient plus "léger", plus érotique donc, et beaucoup plus stylisé. Les séquences SM sont oniriques, poétiques et le travail de cadrage, de montage (image et son) y est parmi les plus beaux du cinéma de l'age d'or X US. Il n'y a que Story of Joanna de Damiano et Barbara Broadcast (notamment l'avant dernière scène SM stupéfiante entre Jamie Gillis et Constance Money qui se retrouvaient donc après The Opening of Misty Beethoven) pour tutoyer les sommets de Defiance of Good (que je n'ai vu qu'en VO)
Je dois être stupide car je n'ai toujours pas compris le twist final :|
Je te rassure moi non plus. Mais j'aime le mystère et je ne suis pas sûr de vouloir vraiment le comprendre (et pourtant j'ai regardé la séquence quatre ou cinq fois)...
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Message par johell »

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LE PARFUM DE MATHILDE de Marc Dorcel & Jean Rollin (1994)

Revoir ce long-métrage qui date déjà de pratiquement 20 ans d'âge, cela ramène à la surface une tripotée de souvenirs. Mais avant les rêveries humides qu'a pu provoquer en son temps LE PARFUM DE MATHILDE sur votre aimable chroniqueur, il faut d'abord savoir qu'il s'agissait du tout premier film X français sorti en DVD chez Marc Dorcel. Il y a un peu plus de dix ans de cela... L'éditeur profitait de ce nouveau support "révolutionnaire" qui en était alors à ses balbutiements pour proposer cette production luxueuse dans une qualité bien meilleure qu'une VHS, sortant les atouts du multi-langages (voir le film dans son doublage allemand, anglais et même italien) et le garnir de petit bonus divers qui ferait gentiment sourire le consommateur d'aujourd'hui tandis qu'il garde intacte toute sa valeur de bon porno bourgeois. On n'en dira pas plus de la qualité technique de la galette, dont la pixellisation apparente laisse grandement à désirer! En tant qu'œuvre sexuellement explicite, cela reste néanmoins un divertissement qui possède de nombreuses qualités autant pour le pornocrate averti que pour l'amateur éclairé des productions fantastiques fauchées.

Durant le générique du film, il est crédité "Scénario de Jean Rollin"! Oui, il s'agit bien là de l'auteur, réalisateur et écrivain de ces histoires surréalistes où déambulent d’étranges créatures venues de la nuit et qui peuplent les images envoûtantes de films tels que LE VIOL DU VAMPIRE, LA VAMPIRE NUE et autres récits poétiques qui a dérouté plein d'un spectateur. A l’époque, depuis l'avènement de la vidéo et l'arrivée de la pornographie dans le salon du consommateur, les récits concoctés par Rollin pour le cinéma ne valaient alors plus un kopeck. Du coup, celui-ci s'est reporté durant plusieurs années sur l'industrie du films pour adultes en pure réflexe de survie. Avec LE PARFUM DE MATHILDE, on retrouve donc Jean Rollin à la fin de sa période X avec cet ultime long-métrage pornographique qu'il a tout d'abord écrit et ensuite codirigé - bien qu'il ne soit aucunement crédité en tant que tel - avec Marc Dorcel.

En connaissant son goût pour les histoires fantasmatiques, c'est un réel plaisir de (re)découvrir le film avec un œil nouveau, non seulement toujours lubrique mais attentif de ses petites touches surréalistes comme le réalisateur les affectionne... Un ancien château qui s'impose en pleine campagne, une jeune vierge qui débarque un peu perdue, découvrant à petits pas apeurés les lieux de sa nouvelle demeure, un nain voyeur qui parcours les alentours de la propriété; accompagné ou non d'un gigantesque doberman... Le film regorge de plans empreint d'une poésie toute "rollinienne". Bien entendu, on reste dans le domaine d'une production X standardisée mais celle-ci révèle ici de grandes qualités plastiques. Marc Dorcel étant quand à lui un professionnel de la pornographie mise en scène avec une certaine classe. Le bonhomme sait soigner son esthétique et ses choix de décors, qu'ils soient naturels ou alors conçus comme un intérieur garni d'un beau mobilier très siècle passé, il filme de la baise qui se déroule toujours dans des conditions très « bourgeoisantes » . Toilette du matin d'une soubrette dans une immense baignoire de pierres ou encore une sodomie profonde pour la Tante Anna devant la somptueuse Rolls-Royce familial, Dorcel compose une sexualité classique dans un environnement "supérieur". Et c'est ainsi que dans cette histoire particulière, le scénario nous fait découvrir Eva, "jeune brebis" innocente aux socquettes blanches promise à un mariage arrangé dont l’événement se déroulera parmi une horde de "loups", une caste d'hommes et de femmes qui peuplent la demeure en fête en tant qu'invités privilégiés.

Sir Remy, le veuf éploré qui pleure encore sa regrettée épouse Mathilde, a choisit Eva pour être sa seconde femme dont elle est le parfait sosie. Tout ceci fait partie d'un plan calculé car Mathilde fut une immense salope qui a détruit la vie de son mari; infligeant à son époux de multiples tourments alors qu'elle se laissait prendre par tous les hommes qui la désiraient, domestiques y compris! Ainsi, en méditant sur une vengeance post-mortem coïtal contre sa belle défunte, Sir Remy espère pouvoir ainsi reprendre dès aujourd'hui son pouvoir de mâle dominant sur la jeune Eva qui personnifie l'innocence même, bien loin des délires et autres orgies sexuelles dont s'adonnent les habitants du château. Pourtant, à force d'exploration dans ce nouveau domaine, entre une servante bienveillante et des invités qui s'organisent des séances de triolismes sous le regard bienveillant du châtelain, tandis que des parties de lesbianismes se déroulent derrières les parois cloisonnées de la demeure, Eva va inconsciemment s'instruire elle-même en tant que spectatrices de nouvelles perversions qui vont régir sa nouvelle vie...

Dans le double-rôle de Eva/Mathilde, la comédienne serbo-croate nommée Draghixa y trouve probablement le meilleur rôle de toute sa carrière de pornstar! A juste titre puisque celui-ci lui rapportera un « Hot D’Or », suprême récompense à l’image des César/Oscar d’un cinéma plus traditionnel. Son physique de jouvencelle fait des merveilles lorsqu’elle interprète Eva l’ingénue qui a encore tout à découvrir de sa sexualité. En petite jupette noire, ses souliers vernis et son chemisier d’une blancheur immaculée, elle représente parfaitement la pureté qu’on s’apprête à souiller. D’un autre côté avec le personnage de Mathilde, elle peut se laisser aller à ses penchants plus salaces où elle n’hésite pas à se faire tringler sur une table, la culotte à peine retirée; ou encore à se faire prendre debout dans les escaliers du château ou encore en sandwich entre deux domestiques. Le travail de caractérisation visuel étant très sommaire, chevelure naturellement bouclée pour Eva, perruque raide à l’image d’une séduisante prédatrice pour la perverse Mathilde. Mais cela fonctionne grâce au(x) charme(s) naturel(s) de Draghixa, dont tout le talent à l’écran est d’offrir deux personnages que tout oppose, offrant un travail remarquable tout en regards subtils qui en disent long sur la transformation psychologique à travers la débauche qui s’opère en elle et dont le point culminant sera un rite sadique qui se retournera contre Sir Remy!

Proche d’un rite païen où la jeune vierge se voit offrir au « démon » devant ses adorateurs, LE PARFUM DE MATHILDE nous montre une veillée nocturne où les hôtes, armées de flambeaux traversent la nuit pour emmener la jeune mariée à son lit pour une nuit de noces voyeuristes où chaque spectateurs de l’événement est muni d’un masque, ce qui n’est pas sans rappeler le dernier film de Stanley Kubrick EYES WIDE SHUT réalisé 5 ans plus tard. Un final en forme de morceau de bravoure sexuelle comme l’œuvre en contient quelques autres comme cette spectaculaire orgie où l’ensemble de la distribution s’amuse à s’enfiler et à sucer tout ce qui se trouve à leur portée. Il y a aussi quelques belles séquences de sodomie pour les amateurs où les donzelles ne refusent jamais à s’enquiller de bons membres dans leurs fondements. Dorcel et son équipe prend aussi un soin particulier à choisir la garde-robe de ses comédiennes. Entre les porte-jarretelles, talons aiguilles, gants de cuir, chapeau à voile, c’est un véritable travail de fétichiste qui s’affiche à l’écran. Je retiendrai surtout les robes vaporeuses de Draghixa - l’une blanche, l’autre noire - qui ne cache pratiquement rien de sa superbe plastique, permettra à l’actrice d’offrir au spectateur/voyeur deux splendides stripteases qui compteront parmi les scènes les plus sexy du long-métrage.

Si le personnage de Eva représente l’éveil à une certaine forme de sensualité, la pornographie « dure » s’affiche surtout à travers le rôle de la soubrette toujours bien contente de se faire besogner par son patron ou ses collègues. A ce titre, Sophie, l’initiatrice de Eva, se voit offrir une punition royale sous la forme d’une baise sauvage où la belle métisse subit les assauts de deux hommes particulièrement bien montés. Un triolisme puissant où la comédienne Julia Chanel se distingue par un appétit hors-norme pour la chair chaude et bien raide, que ce soit au fond de sa gorge ou dans les tréfonds de son sexe et entre ses fesses. Gorge profonde, pénétration anale plutôt brutale, éjaculation faciale… L’actrice se donne sans compter et dans LE PARFUM DE MATHILDE elle en voit de toutes les couleurs, n’hésitant jamais à avaler le sperme de son maître de maison, qu’elle ne manque jamais à lui prodiguer de somptueuses fellations, même parfois cachée sous la table de la salle à manger. Une performance à saluer autant que celle de Draghixa. Parmi les autres beauté dans la salle, à signaler les visages connues d’autres jeunes femmes comme Maeva, Elodie Chérie et Erica Bella qui participent toutes à la fête de ce mariage qui ne ressemble à aucun autre!

Malgré les nombreuses qualités long-métrage, autant scénaristiques que plastiques, celui-ci échoue à développer le fond bien pervers de son intrigue. La transformation de timide ingénue à la perverse avide de sexe s’opère hélas bien trop rapidement dans la toute dernière partie du film. Bien entendu, ici on s’occupe davantage de sexualité graphique que psychologique mais c’est tout de même dommage de ne pas avoir davantage exploré cet aspect d’un scénario qui présentait les prémices d’une véritable plongée dans la psyché d’une femme à l’aube de découvrir les possibilités que lui offre son corps. A ce titre, voir Draghixa désormais transformé en maîtresse sadomasochiste avec son fouet devant le maître des lieux prête davantage à sourire qu’à être totalement fasciné. Finalement, LE PARFUM DE MATHILDE montre que le pouvoir demeurera toujours entre les mains des femmes, aussi diabolique que peuvent être les plans de l’homme qui souhaite la façonner à sa manière. En l’état, l’œuvre de Marc Dorcel et Jean Rollin reste un long-métrage pornographique très soigné, agréable, excitant et jamais ennuyeux. Rien que cela… Ce qui n’est déjà pas si mal!


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Message par hellrick »

IN THE SIGN OF THE LION, LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS
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Le cinéaste Werner Hedman demeure dans l’histoire du cinéma comme le principal responsable de la saga dite du « Zodiaque ». Lancée en 1973 par Finn Karlsson via son CLUB PRIVE POUR VIERGES SUEDOISES, la série va être reprise l’année suivante par Werner Hedman. Celui-ci proposera cinq nouveaux long-métrages bâtis sur un modèle similaire : des comédies érotiques enlevées, ponctuées de brèves scènes hardcore, dont les titres se réfèrent, à chaque fois, à un signe du zodiaque. Réalisés avec des moyens conséquents et sortis dans le circuit traditionnel (ah la légendaire permissivité nordique !), ces productions danoises témoignent d’une époque, aujourd’hui complètement révolue, où la pornographie, loin d’être un but en soi, se mettait au service d’un scénario solide et plaisant à suivre. Mis bout à bout (hum !), les passages X de ces BELLES DAMES DU TEMPS JADIS doivent totaliser environ 5 minutes de projection…pour 80 minutes de pure comédie, soit l’inverse exact des productions actuelles.

Deux dames d’un âge respectable, Soffy et Rosa, écrivent de sirupeuses sagas familiales pour occuper la quiétude de leurs après-midi. Hélas, ces probables chefs d’œuvres de niaiseries ne trouvent aucune maison d’édition pour les accueillir. Suite à une discussion avec le facteur, les deux retraitées décident d’y adjoindre un élément supplémentaire susceptible d’attirer les foules : du sexe. Pour imaginer les scènes érotiques de leurs romans, Soffy et Rosa puisent simplement dans leurs souvenirs car, sous leur apparence respectable, elles eurent une jeunesse dissolue et s’amusèrent beaucoup auprès du châtelain local, le débauché comte Johan. Nos grand-mères trouvent rapidement un éditeur en la personne d’Anton Moller, lequel souhaite rencontrer l’auteur de ce recueil de mémoires osées. Gênées, Soffy et Rosa refusent toutefois d’en endosser la paternité et affirment qu’il a été écrit par leur neveu, le timide Toni Bram. Rapidement, ce-dernier attire l’attention des demoiselles de la région, décidées à épingler ce grand séducteur débauché à leur tableau de chasse intime. Mais Toni, peu à l’aise avec la gent féminine, s’offusque de voir son nom associé à un livre qu’il imaginait historique et chaste et qui, en réalité, détaille les turpitudes familiales avec force détails croustillants.

Quatrième volet de la saga du « Zodiaque », ces BELLES DAMES DU TEMPS JADIS sont un petit régal pour l’amateur de comédie polissonne. Une large portion de l’intrigue se déroule au cours des années ’30 et concerne les aventures galantes de deux grands-mères dont les souvenirs ont nourris un roman à succès. Le long-métrage alterne donc les moments plus portés sur l’érotisme (relatés en flashbacks) et ceux de pure comédie situés dans les années ’70, conférant un rythme constant à une intrigue bien servie par l’abatage des excellents comédiens.

La partie « historique » bénéficie, elle, d’un soin stupéfiant et, aujourd’hui, totalement impensable : costumes, décors, musique, photographie,…tout y est classieux, douceâtre, beau et de bon goût, une véritable ode à la volupté et à la sensualité. Nulle trace de vulgarité dans les épisodes érotiques, y compris lors des brefs plans hardcore, qui refusent les conventions habituelles du genre (pas de sodomie ou de cum shot, par exemple!) pour privilégier une bonne humeur revigorante et une sexualité enthousiaste.

Par sa construction habilement non linéaire, LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS évite, en outre, tout sentiment d’ennui et se révèle franchement amusant. Sans provoquer de véritables éclats de rire, la comédie alterne des dialogues réussis, des quiproquos de Vaudeville et un burlesque maîtrisé qui donnent au spectateur le sourire durant toute la projection. La qualité du long-métrage lui aurait d’ailleurs permis de jouer uniquement la carte de la comédie mais l’option choisie par Werner Hedman, à savoir une fusion d’humour et d’érotisme hard, fonctionne de manière surprenante sans que jamais l’une des composantes ne prenne le pas sur l’autre.

Acteur phare de la série, l’excellent Ole Soltoft s’en donne, une nouvelle fois, à cœur joie dans le rôle d’un jeune homme timide et gaffeur considéré comme un tombeur depuis la publication de son livre de souvenirs érotiques, en réalité écrit par ses tantes délurées. Les acteurs sont d’ailleurs le point fort de « la saga du Zodiaque » puisque les principaux protagonistes ne participent pas aux ébats érotiques et font preuve d’une réelle aptitude à la comédie. Ils campent des personnages bien typés et crédibles qui rendent le métrage réellement divertissant et lui confèrent une indéniable respectabilité. Les nymphettes danoises ne sont cependant pas en reste et démontrent non seulement leur talent de comédienne mais, également, leur appétit sexuel. Nettement plus porté sur l’érotisme raffiné que sur les plans hardcore (peu nombreux), le cinéaste détaille toutefois les anatomies parfaites de ces demoiselles, à la fois naturelles et volontaires, et donne aux passages sexy un côté plaisant, esthétique et joyeux de bon aloi.

Amusant, bien écrit, raffiné, luxueux, réalisé avec goût et interprété par des acteurs aussi convaincants qu’agréables à regarder, LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS constitue une jolie réussite de la comédie érotique et pornographique. A l’heure ou de grands cinéastes tentent de marier, de manière plus ou moins intéressante, le cinéma traditionnel et le porno, se pencher sur ce film démontre qu’il est tout à fait possible de proposer une œuvre bien menée, drôle et cependant gentiment excitante, dénuée du moindre temps mort et dans laquelle le spectateur n’est jamais tenté d’user de l’accéléré. Dans son genre, il s’agit d’un exploit et LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS mérite donc largement la redécouverte, y compris par un public habituellement réfractaire à l’érotisme ou au porno.
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Raah, les productions Dorcel!

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johell a écrit :Image
LE PARFUM DE MATHILDE de Marc Dorcel & Jean Rollin (1994)

Revoir ce long-métrage qui date déjà de pratiquement 20 ans d'âge, cela ramène à la surface une tripotée de souvenirs. Mais avant les rêveries humides qu'a pu provoquer en son temps LE PARFUM DE MATHILDE sur votre aimable chroniqueur, il faut d'abord savoir qu'il s'agissait du tout premier film X français sorti en DVD chez Marc Dorcel. Il y a un peu plus de dix ans de cela... L'éditeur profitait de ce nouveau support "révolutionnaire" qui en était alors à ses balbutiements pour proposer cette production luxueuse dans une qualité bien meilleure qu'une VHS, sortant les atouts du multi-langages (voir le film dans son doublage allemand, anglais et même italien) et le garnir de petit bonus divers qui ferait gentiment sourire le consommateur d'aujourd'hui tandis qu'il garde intacte toute sa valeur de bon porno bourgeois. On n'en dira pas plus de la qualité technique de la galette, dont la pixellisation apparente laisse grandement à désirer! En tant qu'œuvre sexuellement explicite, cela reste néanmoins un divertissement qui possède de nombreuses qualités (...)
Et un avis tout aussi expert qui me ferait presque retourner fouiller dans mes vieux cartons de boulards au grenier -du moins dans ceux qu'il me reste et qu'on ne m'a pas volé ou emprunté sans jamais me les rendre (ça se tâche pas de honte pourtant un boitier de dividi) :?
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LES FILLES DU SCORPION

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La saga du « Zodiaque » consiste en une série de six comédies érotiques danoises (dont cinq furent tournées par Werner Hedman) datant de la seconde moitié des années ’70. La particularité de ces films est de combiner, de manière réussie et naturelle, humour et érotisme (lequel comprend d’ailleurs des passages hardcore) sur des scénarios développés et toujours plaisants à suivre. Témoignage charmant d’une époque révolue, les « films du Zodiaque » sont, en réalité, de véritables long-métrages, pensés, écrits, joués et réalisés avec soin, à la manière d’œuvres « traditionnelles », puis épicés de scènes chaudes justifiées par l’intrigue. Ce cinquième épisode, un poil moins convaincant que les précédents, abandonne le cadre historique de l’entre-deux guerres pour une histoire alors contemporaine, située dans le Danemark de la fin des seventies, qui parodie joyeusement l’espionite à la James Bond.

Tout va mal au Danemark ! Une organisation criminelle dirigée par l’infâme Scorpion menace la paix mondiale et tente de s’emparer d’une formule révolutionnaire capable de changer l’eau en pétrole. Heureusement, les services secrets danois ont rassemblés tous les documents dans un microfilm, lui-même dissimulé dans un petit pain, qu’ils veulent offrir à la CIA. Un code est établi pour la transaction mais, par erreur, l’incapable Jense, alias Agent 69, remet le précieux microfilm à Arnold, un baba cool pacifiste désireux d’assister à un séminaire de relaxation. L’agent 69, escorté de la sublime espionne Penny, tente de récupérer le microfilm avant qu’il ne tombe entre les mains des agents ennemis. Pendant ce-temps, le fourbe Scorpion négocie la vente du microfilm à un Emir très chaud lapin qui parle impeccablement le français…

LES FILLES DU SCORPION a été produit par la firme « Happy Films » et cet intitulé donne immédiatement le ton employé, à savoir une volonté de proposer un spectacle joyeux, sans vulgarité ni passages vraiment hard, contrairement à la majorité de la production pornographique (ni cumshot, ni sodomie, ni SM,…). Si la saga du Zodiaque, débutée par Finn Karlsson en 1973 avec LES BELLES DEMOISELLES D’ANTAN (alias "I Jomfruens Tegn" ou encore "In the sign of the Virgin"), comprend six films, ceux-si sont, pour la plupart, indépendants. Seuls les deux derniers épisodes sont, en effet, liés et situés dans un cadre contemporain, reprenant les mêmes personnages dans des intrigues parodiant les super-espions à la James Bond. Toutefois, le personnage d’Ole Soltoft, acteur cabotin et déjanté, rapproche davantage ces FILLES DU SCORPION de la PANTHERE ROSE, en particuliers lors d’une scène où notre gaffeur se promène dans un beau château avec un fléau médiéval capable de gros dégâts.

Venu du cinéma classique, Ole Soltoft, né en 1941 et décédé en 1999, apporte son jeu outré mais très drôle à la saga, aux côtés de Poul Bundgaard, autre routinier du « Zodiaque ». Dans le rôle de la peu farouche espionne Penny, le cinéphile aura la surprise de découvrir la plastique avantageuse d’Anna Bergman, fille du cinéaste Ingmar Bergman. Apparemment doublée pour les scènes hardcore, la belle apporte toutefois un charme et un naturel réjouissant à ces FILLES DU SCORPION. Enfin, dans le rôle de l’Emir bien membré et adepte des polissonneries acrobatiques, nous retrouvons le français André Chazel, lequel alterna apparition dans des films classiques (LE COUP DU PARAPLUIE, L’ETUDIANTE), des téléfilms de prestige (« les rois maudits », « Maigret ») et des rôles dans le X. Parmi les hommes de main du Scorpion, on remarque également l’inévitable nain adepte des arts martiaux, ici joué par Torben Bille, vu dans le « culte » THE SINFUL DWARF.

Pas toujours très finaude, la comédie rappelle parfois Benny Hill, dont ce long-métrage constitue, en quelque sorte, une version plus leste. L’humour ne vole, par conséquent, pas très haut et une bonne partie des gags tombent lamentablement à plat même si d’autres s’avèrent réussis et décrocheront sans problème un sourire aux plus réticents.

Moins convaincant que LES BELLES DAMES DU TEMPS JADIS ou SPECIALITES DANOISES, cet épisode reste, cependant, largement au-dessus du tout-venant érotico-pornographique. Le spectateur contemporain, habitué aux gonzo alignant les scènes X toutes les dix minutes sera d’ailleurs surpris du soin apporté à l’ambiance, aux décors et à l’intrigue, les passages hard, souvent brefs, n’intervenant que par intermittence sans jamais parasiter inutilement le scénario, simple mais cohérent et plaisant. Peu nombreuses durant la première heure (où on dénombre surtout de l’érotisme soft et de rares plans explicites), les scènes chaudes se multiplient néanmoins dans la dernière demi-heure ou André Chazel se livre à quelques acrobaties sensuelles, aidé par ses gardes du corps qui positionne adroitement son ardente partenaire.

La version jadis éditée en vidéo par Alpha France avait, en outre, été littéralement massacrée, omettant le prologue de six minutes (pourtant essentiel à la compréhension de l’intrigue !), divers passages humoristiques et toute la scène finale pour y adjoindre dix minutes supplémentaires de scènes porno. La version danoise originale est autrement plus convaincante et divertissante : d’une durée de 89 minutes, elle mêle érotisme, hardcore et humour avec beaucoup plus de finesse et d’à-propos.
Aujourd’hui impensable, LES FILLES DU SCORPION témoigne d’une époque pas si lointaine où certains cinéastes parvenaient à faire cohabiter comédie burlesque, érotisme joyeux et pornographie bon enfant avec un certain talent et un réel sens de la mise en scène. L’intrigue, minimaliste mais sympathique est, pour sa part, bien servie par une distribution solide qui comprend des comédiens traditionnels crédibles (lesquels ne participent pas aux moments chauds) et des nymphettes sublimes au corps parfaitement naturel.

Le résultat, pas très subtil, n’en est pas moins amusant, sexy, excitant et jamais ennuyeux, ce qui, dans le X, relève quasiment de l’exploit puisque, à aucun moment, le spectateur n’est tenté d’user de l’avance rapide. Une certaine idée du bonheur, à découvrir avec le sourire.
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LA VIE INTIME DU DOCTEUR JEKYLL
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Réalisé en 1972, LA VIE INTIME DU DOCTEUR JEKYLL témoigne d’une époque charnière au cours de laquelle les productions érotiques devenaient de plus en plus explicites, anticipant la déferlante du « hardcore » qui allait révolutionner l’industrie dans les mois suivants. Avant le passage au porno pur et dur, les spécialistes de la sexploitation se prennent d’intérêt pour les classiques et pratiquent d’incroyable détournement qui se proposent de narrer les aventures sexuelles de divers héros de notre enfance comme les trois mousquetaires ou Zorro. Dans le cas qui nous occupe, le roman de Robert Louis Stevenson se voit ainsi épicé de nombreux passages « chauds », lesquels ponctuent une intrigue minimaliste des plus classiques. A la même époque devait d’ailleurs sortir le similaire THE JEKYLL AND HYDE PORTFOLIO (également avec René Bond et Jane Louise) et le plus modéré DOCTEUR JEKYLL AND SISTER HYDE de la Hammer qui change, lui-aussi, le docteur en femme.

Le docteur Leeder, plutôt que soigner ses patients, préfère lutiner son insatiable secrétaire (et on le comprend puisqu’il s’agit de René Bond, légende du cinéma sexy américain à l’opulente poitrine complètement refaite…une précurseur on vous dit !) avant de convoler en justes noces avec sa fiancée, Cynthia, qui l’ennuie visiblement. Un jour, le médecin repère dans l’échoppe d’un brocanteur le mythique journal intime du docteur Jekyll et, à la nuit tombée, il s’introduit dans le magasin, étrangle le propriétaire et s’empare du précieux. Rentré chez lui, il décide d’en reproduire la fameuse formule chimique…l’opération réussi et Leeder se transforme aussitôt en un être lubrique et sadique, Mr Hyde, qui chasse les prostituées pour les fouetter, les violer puis les tuer. Après une overdose du produit magique, Leeder se transforme en femme…Mary Hyde, toute aussi assoiffée de sexe et de violence que son alter-égo mâle.

Produit par l’esthète David F. Friedman (LES AVENTURES AMOUREUSES DE ROBIN DES BOIS, ILSA LOUVE DES SS, LA CHEVAUCHEE AMOUREUSE DE ZORRO, 2000 MANIACS !, LOVE CAMP 7, BLOOD FEAST,…), véritable monument du cinéma d’exploitation, LA VIE INTIME DU DOCTEUR JEKYLL constitue un curieux mélange d’horreur et d’érotisme, ce-dernier étant souvent brutal voir légèrement malsain. L’intrigue s’arrête ainsi toutes les dix minutes pour caser un passage sexy (ou voulu comme tel car la plupart sont surtout réfrigérants) généralement empreint de sadisme : le docteur Jekyll fouette une de ses partenaires, en viole une autre et, transformé en femme (Jane Louise, actrice dans près de 40 titres érotiques en cinq ans), expérimente une séance lesbienne forcée avec René Bond avant de castrer un marin excité de la braguette. Du grand art !

Le passage le plus réussi reste cependant celui où une demoiselle, excitée par un livre d’anatomie (sic !) se caresse dans sa chambre éclairée de manière très contrastée, à la manière d’un film gothique des sixties. Jekyll, qui l’observait jusqu’alors derrière une fenêtre, surgit, l’attache et la viole avant de lui fracasser l’entre-jambe et le crane à l’aide d’un bloc de marbre, recouvrant la pièce d’éclaboussures écarlates. Le film atteint là un équilibre fascinant entre l’horreur, bien sanglante, et l’érotisme pervers sublimé par une photographie convaincante qui transcende les évidences limites budgétaires. Malheureusement, LA VIE INTIME DU DOCTEUR JEKYLL ne retrouvera jamais cette sauvagerie par la suite, devenant, au fil des séquences, un banal récit érotique à peine épicé d’un soupçon d’horreur. Seul le final, au cours duquel Miss Hyde drague un marin avant de lui trancher sa virilité (remplacée par un très visible godemichet) retrouve un peu de nerf et sort le spectateur de sa torpeur. Pendant ce temps, un flic mène mollement l’enquête et soupçonne immédiatement le docteur Leeder d’avoir commis les crimes qui ensanglantent la ville. Devant le cadavre d’un brocanteur étranglé les forces de l’ordre s’exclament en effet: « à la position des mains sur la gorge on voit que l’assassin est un médecin ». Apparemment, Leeder est le seul praticien de la cité…Qui a besoin des experts ou de Sherlock Holmes avec de tels spécialistes ?

Dans le rôle du médecin possédé par les expériences du docteur Jekyll, le moustachu John Barnum manque franchement de conviction (et même de virilité…sans être méchant, le bougre n’a pas grand-chose pour lui) mais son apparence, typique du « hardeur » des seventies, ancre immédiatement l’entreprise dans son époque. René Bond (né en 1950 et précocement décédée en 1996) incarne pour sa part sa secrétaire toujours en chaleur (« si tu ne me baise pas je me tire, je n’aime pas rester sans rien faire »). Actrice dans 90 long-métrages tournés durant les seventies, René Bond met du cœur (et le reste) à l’ouvrage pour satisfaire son amant. Malheureusement, les scènes « sexy » se succèdent de façon parfois lassante : un passage chaud entre Barnum et Bond se prolonge par exemple par une douche…laquelle donne lieu à une nouvelle séance de frotti frotta pas franchement excitante.

Partagé entre l’horreur à petit budget et l’érotisme assez corsé mais sans jamais sombrer dans la pornographie, LA VIE INTIME DU DOCTEUR JEKYLL manque d’intérêt pour maintenir l’intérêt du spectateur mais sa courte durée (80 minutes) et quelques passages réussis en font une vision acceptable pour les inconditionnels de la sexploitation sadique des seventies. Cela ne fait d’ailleurs probablement pas grand monde…
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IN THE SIGN OF THE GEMINI
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Sorti en 1975, IN THE SIGN OF THE GEMINI est le troisième volet de la fameuse série de comédies érotiques (pornographiques) danoises dites du “Zodiaque”. Quoique les différents longs-métrages ne soient pas connectés entre eux (excepté les cinquième et sixième situés dans un cadre contemporain et parodiant les « James Bonderies »), on y retrouve, à chaque fois, un casting récurent et une semblable approche : de l’humour, pas toujours très fin mais indéniablement efficace, et de l’érotisme, guilleret et sans vulgarité en dépit des scènes hardcore d’ailleurs relativement rares et discrètes.

Dirigé par Werner Hedman, les films (excepté, on le répète, les deux derniers) se situent aux débuts du vingtième siècle et développent des intrigues astucieuses, régulièrement ponctuées de comédie burlesque et d’intermèdes sexy souvent fort bien intégrés au scénario et jamais gratuits. Difficile, aujourd’hui, d’imaginer pareilles productions, lesquelles étaient réellement conçues comme des films traditionnels ensuite « épicés » de moments pornos…et non comme une suite de saynètes hardcore vaguement relayées par une intrigue prétexte. Les moments chauds, brefs, ne totalisent d’ailleurs qu’une infime portion du temps de projection (moins de dix minutes placés bout à bout) et la série du Zodiaque connu, dans les permissifs pays nordiques, une exploitation tout à fait traditionnelle dans les salles de cinéma « classiques ». La distribution, elle aussi, innove en faisant se côtoyer des acteurs professionnels issus de la production « mainstream » (lesquels ne participent aucunement aux scènes X) et d’enthousiastes nymphettes.

IN THE SIGN OF THE GEMINI constitue un nouvel exemple de la « manière Herdman » et s’intéresse au conflit opposant deux compagnies de disques. La première, dirigée par le tout puissant et libidineux Anthon Master (l’inévitable Ole Søltoft), tente de signer une chanteuse de cabaret nommée Dolores Rossi, laquelle intéresse également la firme concurrente, Onofon, présidée par Ulrik Ulverstein. Master, persuadé du potentiel de la belle, s’apprête à lui offrir un plantureux contrat mais les affaires de sa compagnie ne sont pas florissantes et Onofon pourrait constituer, au final, une meilleure opportunité pour la chanteuse. Celle-ci, incapable de choisir à qui confier son avenir professionnel, décide de jouer son contrat au poker : elle défie Master et Ulverstein à la battre, le gagnant pouvant, ensuite, la signer dans sa compagnie. Peu confiant dans ses talents de joueur, Ulverstein décide de recourir à deux petits truands, Max et Walthers, lesquels kidnappent Master et le retiennent prisonnier dans leur repère secret, situé dans un train fantôme, afin bien sûr d’avorter le défi et d’amener Dolores à signer chez Onofon. Cependant, Max et Walthers, gourmands, envisagent à leur tour une petite arnaque maison : ils envoient une demande de rançon à la famille de Master en espérant toucher ainsi le gros lot…Heureusement, Anthon Master possède un frère jumeau, Benny, perdu de vue depuis 10 ans, retrouvé miraculeusement par un débrouillard serviteur. Benny, se faisant passer pour son frère, mène à sa place les négociations afin de modifier la situation et d’emporter le fameux contrat avec Dolores…

Complexe et délirant, le scénario d’IN THE SIGN OF THE GEMINI s’inscrit dans la lignée des meilleures comédies et avance à un rythme soutenu, multipliant les gags, quiproquos et autres retournements de situation. Bien aidé par l’abattage impressionnant des comédiens, le cinéaste joue la carte de l’absurde et de l’outrance, ce qui permet de digérer sans difficulté les situations parfois stupides ou les exagérations de l’intrigue. L’humour est d’ailleurs varié, alternant le comique un peu lourdingue (proche, pour employer une comparaison facile, de Benny Hill) et des gags plus finauds et originaux, lesquels passent notamment par divers personnages secondaires bien typés. Un inventeur excentrique vient, par exemple, régulièrement proposer ses trouvailles à Ulverstein (disque vinyle long format, enregistreur à bandes, amplification stéréo,..) mais ce-dernier les dédaigne en affirmant qu’elles n’ont aucun avenir. Les grands standards du burlesque sont, bien sûr, eux-aussi de la partie, notamment dans une longue scène renouvelant habilement le traditionnel schéma de « l’homme déguisé en femme », le pauvre travesti éprouvant ici bien des difficultés à garder son impassibilité devant les galipettes effectuées par les demoiselles dénudées.

Si les interprètes cabotinent avec bonne humeur, ils livrent cependant de belles performances, sans doute guère orthodoxes dans leur manière d’en rajouter sans compter (on frise le concours de grimaces et d’expressions caricaturales) mais, en tout cas, parfaitement adaptées au propos. Les jeunes beautés danoises, pour leur part, sont naturelles et pleines d’entrain, conférant à IN THE SIGN OF THE GEMINI un parfum suranné de sexe joyeux et plaisant, loin de la mécanique routinière des pornos actuels. Une combinaison gagnante entre des comédiens peut-être un peu limité dans leur jeu mais indéniablement doués pour la comédie et des hardeuses nettement plus à l’aise dans les acrobaties physiques. En clair, chacun son métier et le spectateur, lui, en ressort gagnant et satisfait sur tous les tableaux.

Enfin, les « production values » sont élevées et classieuses : costumes, décors, reconstitution historique, figuration,…Tout est soigné, bien mis en valeur et filmé avec adresse, le film n’ayant, à ce niveau, absolument rien à envier aux productions traditionnelles.

Tout comme les autres épisodes de la « saga », IN THE SIGN OF THE GEMINI est une plaisante comédie en costume, souvent réellement drôle et au scénario toujours enlevé, rythmé et agréable. Les passages hardcore paraitraient, de leur côté, presqu’accessoires s’ils ne participaient pas, à leur manière, à l’enthousiasme et la bonne humeur générale. Au final, ce plaisant divertissement témoigne d’une époque aujourd’hui totalement révolue qu’il importe, parfois, de se remémorer, celle d’un cinéma X de qualité pouvant rivaliser avec le « mainstream ». A redécouvrir.
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LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES

Durant plus de quarante ans, Joseph W. Sarno fut, aux Etats-Unis, un des principaux pionniers et pourvoyeurs de l’érotisme. Né en 1921, il se lance dans la fiction au début des années ’60 et assiste aux différentes (r)évolutions du cinéma sexy, de la « sexploitation » au hardcore. Il travaille ainsi avec les différentes starlettes du genre, comme Dyanne Thorne (ensuite célèbre pour son rôle de ILSA LA LOUVE DES SS), la Suédoise Christina Lindberg (actrice du brutal THRILLER : CRIME A FROID) ou encore Georgina Spelvin, révélée par L’ENFER POUR MISS JONES, sans oublier des hardeuses comme Seka ou Annie Sprinkle.

Le cinéaste décroche un premier grand succès en 1968 avec INGA, tourné en Suède et affublé, aux USA, d’un infâmant classement X. Apparemment peu intéressé par le porno, le cinéaste va cependant se plier, contraint et forcé, aux standards du hardcore lorsque celui-ci envahit complètement le marché au début des seventies. En 1973, Sarno signe son premier porno, SLEEPY HEAD, suivi de bien d’autres, souvent sous pseudonyme, mais réalise également GORGE PROFONDE 2 qui, contrairement à l’original, est un softcore. Comme la plupart des metteurs en scène spécialisés dans l’érotisme, Joseph W. Sarno sombre dans les années ’80 dans la routine des vidéos X et enchaîne les tournages bâclés pour satisfaire un marché en pleine explosion. A son décès, survenu en avril 2010, à l’âge respectable de 89 ans, il laisse derrière lui 120 réalisations dont environ 75 eurent droit à une sortie dans les salles de cinéma. Jadis décrié, Sarno a, depuis, été réévalué par la critique et eut même droit à un hommage à la prestigieuse Cinémathèque française.

Datant de 1973, LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES constitue une des rares tentatives de Sarno de mélanger l’érotisme au fantastique traditionnel, voir à l’épouvante gothique. Le résultat, malheureusement, n’est guère convaincant tant la fusion des genres ne s’opère jamais harmonieusement. S’inscrivant dans la lignée des populaires films de vampires lesbiens du début des années ’70 (comme VAMPYROS LESBOS, VAMPYRES, THE VAMPIRE LOVERS, LES LEVRES ROUGES ou encore les nombreux essais de Jean Rollin), LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES fut entrepris à l’initiative de son producteur, Christian Nebe, lequel souhaitait tirer parti d’un château médiéval bavarois en sa possession pour tourner un film érotique. Très vite, la tentation du gothique surgit dans l’esprit de l’équipe, soucieux d’exploiter le potentiel de ce lugubre décor. L’intrigue, minimaliste, suit par conséquent les codes du genre et présente une secte aux noirs desseins, une sorcière ayant juré de se venger par delà la mort, une peinture à la maléfique influence et une poignée de demoiselles prêtes à succomber à la tentation. Le fatras fantastico-sexy coutumier des long-métrages italiens de la décennie précédente mais, malheureusement, l’atmosphère ne fonctionne pas dans le cas de ce bien ronronnant CHÂTEAU DES MESSES NOIRES.

Dans le château maudit de Varga, une secte d’adoratrices de Satan tente de ramener à la vie la sorcière Varga, une baronne exécutée des siècles plus tôt pour ses actes impies. Wanda Krog, chef de la sororité démoniaque, tente parallèlement de trouver une descendante de la baronne afin que cette dernière puisse se réincarner et répandre le mal à l’époque contemporaine. Elle invite par conséquent deux jeunes filles, Monika et Helga, dans le castel hanté. Peu après, un accident de voiture conduit Peter Manacca et sa sœur, Julia, dans le même lieu sinistre. Or, il apparait que Julia, titillée par des désirs incestueux envers son frangin, n’est autre que la descendante d’Ulla, sœur et ennemie de la sorcière jadis carbonisée. Les envies lubriques de ce petit monde vont, dès lors, s’éveiller et l’horreur ne va pas tarder à se déchaîner…enfin, façon de parler car, en réalité, il faut attendre le dernier quart d’heure pour que le film daigne s’animer quelque peu, Joseph Sarno meublant le reste du temps de projection par de très longues et répétitives danses lascives suivies d’étreintes saphiques prolongées.
Petite consolation pour le public, LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES n’est pas avare de nudité ni de demoiselles souvent charmantes aimant s’occuper seules, en couple ou à plusieurs, trouvant toujours d’intéressantes utilités à divers objets, en particuliers les bougies, lorsque leurs doigts ou leur langue sont fatiguées de s’acharner sur l’intimité de leur compagne. C’est plaisant à l’œil mais aussi, rapidement lassant, le film restant toujours dans le softcore même si celui-ci se révèle relativement épicé.

En dépit de ses faiblesses, LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES offre néanmoins quelques innovations bienvenues, comme ces étranges talismans protecteurs qui remplacent avantageusement les crucifix ou l’utilisation d’une bande sonore envoutante laissant la part belle aux percussions tribales puissamment sensuelles. Cela ne suffit pas, toutefois, à compenser un manque de rythme criant qui laisse souvent le spectateur partagé entre assoupissement et ennui profond, le recours à la touche « accéléré » pouvant, heureusement, lui sauver la mise jusqu’au final un poil plus intéressant. Quelques séquences laissent également songeur et se révèlent, selon le degré de tolérance « nanar » du spectateur, gentiment évocatrices ou complètement ridicules, à l’image de cette victime persécutée par des chauves-souris invisible. Economie quand tu nous tiens !

Les éclairages adroits, un certain soin dans la composition des scènes, une poignée de clichés horrifiques et un souci esthétique évident élèvent le produit mais ne suffisent pas à le sauver de la vacuité. D’une durée de près d’une heure quarante cinq minutes, LE CHÂTEAU DES MESSES NOIRES s’avère, en outre, nettement trop long pour maintenir l’intérêt étant donné le peu de substance de son intrigue prétexte. L’aspect fantastique devant se contenter de la portion congrue, seuls les inconditionnels de jeunes filles dénudées apprécieront cette production globalement languissante et ratée. Il existe de bien meilleur films d’épouvante gothique et de bien plus sensuels films érotiques pour trouver un réel intérêt à cette œuvre bâtarde à réserver essentiellement aux cinéphages curieux.

Zone 2 dispo chez Artus :wink:
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Message par hellrick »

LE SEXE QUI PARLE

Reliquat du bref âge d’or du porno français des années ’70, LE SEXE QUI PARLE fut, accessoirement, un des derniers grands succès populaires du genre, par la suite remaké par TomDeSimone avec une version américaine « soft », CHATTERBOX. Une suite, nettement moins réputée, suivi également en 1978 : LE SEXE QUI PARLE 2. L’argument, complètement loufoque, est aujourd’hui connu et d’ailleurs annoncé dès le titre qui s’impose pratiquement comme un résumé complet du propos: l’intimité de Joelle, une jeune femme frustrée et malheureuse en couple, dispose soudain du pouvoir saugrenu de parler. Rapidement, la chatte manifeste ses envies, réclame des caresses et commente bruyamment les vices de son entourage. La vie de Joelle devient dès lors un enfer, d’autant qu’une de ses amies averti la presse de son incroyable particularité. Devant le « scoop du siècle » et « l’événement le plus important depuis que l’homme a posé le pied sur la lune », Joelle fuit cette gênante célébrité…

Avec son argument saugrenu emprunté, sans doute par alibi culturel, à un roman libertin publié anonymement par Diderot (« les bijoux indiscrets »), LE SEXE QUI PARLE témoigne d’une époque aujourd’hui révolue, celle d’un porno rigolo, iconoclaste et inventif, loin des mornes performances du gonzo actuel. Le parisien Claude Mulot (décédé accidentellement en 1986) s’était imposé, généralement sous le pseudonyme de Frédéric Lansac, comme le chantre de ce porno joyeux au travers de quelques classiques aux arguments déjantés (SHOCKING) ou de science-fiction (LA FEMME OBJET, son chef d’œuvre). On lui doit également une tentative intéressante d’épouvante romantique, LA ROSE ECORCHEE, et un piètre giallo avec Brigitte Lahaie, LE COUTEAU SOUS LA GORGE, ainsi que de nombreux scénario de navrantes comédies franchouillardes aujourd’hui heureusement oubliées.

Dans LE SEXE QUI PARLE, le cinéaste suit le parcours émancipateur de Joelle, incarnée par Penelope Lamour (dont ce fut l’unique rôle) et par la nymphette Béatrice Harnois pour les nombreux flashbacks juvéniles qui occupent la seconde partie du métrage. Moins délirantes mais plus « classiquement » érotiques, ces saynètes montrent l’éducation sexuelle de la jeune fille aux mains d’un adolescent tennisman, d’un surveillant d’école surnommé « Grosse queue » ou d’un prêtre lubrique excité par les confessions impudiques de la gamine. Citons encore la scène célèbre au cours de laquelle Joelle découvre une utilité toute particulière à un pantin de bois représentant Pinocchio dont le grand nez sera employé à bon escient.

Mené à bon rythme, LE SEXE QUI PARLE relance régulièrement son intérêt par quelques rebondissements et sous-intrigues (même si certaines sont anecdotiques) et maintient un bon équilibre entre les scènes de pure comédie et les passages hardcore. Le film fut d’ailleurs également exploité en version « soft », nouvelle preuve qu’il se « tient » honnêtement même délesté de ses images explicites. On privilégiera toutefois, bien évidemment, la version porno intégrale, d’autant que les passages X sont sympathiques, court, nombreux et bien filmés avec toutes les variantes attendues : duo, solo, trio, sodo, lesbo, etc.

Sans rivaliser avec les pornos américains de la grande époque, disposant de davantage de moyens et de soins (on pense surtout aux classiques de Gerard Damiano, Henry Paris ou Alex de Renzy, définitivement au-dessus de la mêlée), LE SEXE QUI PARLE reste, avec les œuvres de Francis Leroi (ici producteur) et Gérard Kikoïne un des meilleurs exemples de cinéma X de qualité, constamment plaisant et jamais ennuyeux. A redécouvrir.
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Re: Erotik topic

Message par 1kult »

J'adore ce film ! Assez féministe par certains aspects (il est question de frustrations d'une femme dans une société qui ne la laisse pas s'exprimer, sans aller chercher midi à quatorze heures)...

Sinon je me permets : on est vendredi, les enfants sont pas là, c'est détendu... Notre interview dudit Gérard Kikoïne :

http://www.1kult.com/2010/07/30/gerard- ... interview/

OK Patrong ! :mrgreen:
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Re: Erotik topic

Message par hellrick »

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PARTIES DE CHASSE EN SOLOGNE
D’abord exploité sous le titre plus frontal de « la grande mouille » et présenté comme une parodie de LA GRANDE BOUFFE, ce modeste porno français gagna, par la suite, sa notoriété sous le titre plus consensuel de PARTIES DE CHASSES EN SOLOGNE. Au fil du temps, il devint un « classique » autoproclamé du genre et un de ses représentants les plus connus. Pourtant, à sa vision, l’amateur ne peut que déchanter tant le produit fini se révèle médiocre et insipide.
Le scénario, ou plutôt l’argument, convie une bande de joyeux bourgeois dans une maison de campagne pour, surprise, une partie de chasse en Sologne. Cette partie de chasse devient rapidement prétexte à partouze, les chiens étant moins nombreuses que les chiennes. La suite du long-métrage consiste dès lors en une morne succession de galipettes sexuels peu variées et peu excitantes, entrecoupées de pénibles scènes de chasse à la volaille dont l’unique intérêt est de permettre au cinéaste (le mot est ici bien galvaudé) d’atteindre la (courte) durée réglementaire. Plutôt que de flinguer le canard, les participants préfèrent tirer les dindes et les soixante minutes suivantes vont permettre à chacun de fourrer sa chacune dans une certaine bonne humeur typiquement post-soixante-huitarde libérée, quasiment l’unique qualité d’un métrage paresseux.

Sans doute en grande partie improvisées, ces PARTIES DE CHASSE EN SOLOGNE fatiguent les plus indulgents par leur routinière banalité. Années ’70 oblige, les hommes sont, forcément, moustachus et les chattes poilues, les interprètes n’étant pas toujours très agréables à regarder dénudés. Brigitte Lahaie, mise en vedette par l’affiche, doit, pour sa part, se contenter d’un rôle secondaire et démontre surtout ses capacités buccales, à l’image de l’autre grande star féminine du porno français, Marylin Jess, qui apparait brièvement, elle aussi, en soubrette.

Claude-Bernad Aubert (caché sous son pseudonyme coutumier de Burd Tranbaree) dirige le tout sans la moindre conviction et les faux raccords sont innombrables, tout comme les plans mal choisis à l’érotisme proche du zéro absolu. Les quelques tentatives d’humour tombent à plat et le tout donne furieusement envie d’user de la touche « accéléré » de sa télécommande pour atteindre un passage un minimum sexy. Peine perdue, le film se termine après une bonne heure d’ennui persistant.

Inexplicablement auréolé d’une réputation flatteuse, PARTIES DE CHASSE EN SOLOGNE constitue quasiment le degré minimum du porno français de consommation courante : mal filmé, mal joué, sans scénario, sans humour, sans enjeux et, pire que tout, absolument pas excitant. Excepté pour les courtes apparitions de Lahaie et Jess, bien mieux mises en valeurs dans d’autres productions, ce piteux long-métrage peut donc s’éviter sans le moindre regret.
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