Rudolph Maté (1898-1964)
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Rudolph Maté (1898-1964)
Je n'ai pas trouvé de topic sur ce brillant chef opérateur et réalisateur (à part le topic spécifique de Mort à l'Arrivée). J'en profite donc.
Union Station (Midi, gare centrale - 1950)
Dans un train vers Chicago, Joyce Willecombe pense que deux occupants de son Wagon, dont l'un est armé, pourraient être dangereux. En gare, elle les signale au Lieutenant William Calhoun, qui se rend vite compte que "sa gare a été choisie par ces malfaiteurs pour être le lieu de négociation d'une demande de rançon. La jeune fille kidnappée, Lorna, est la fille de l'employeur de Joyce.
En lisant ce résumé, on prend vite conscience de l'unique défaut de Union Station, un point de départ parfaitement ubuesque, fait d'invraisemblables coïncidences. Pourtant, il serait dommage de s’arrêter à cette première impression. En quelques minutes, cette situation est posée et les enjeux sont clairs. William Calhoun (William Holden), en collaboration avec la police de la ville menée par l'inspecteur Donnelly (Barry Fitzgerald) tentent d’arrêter la machine mise en marche par les malfaiteurs menés par Joe Beacom (Lyle Betger). On peut oublier les circonstances de départ.
Nous voici alors lancé dans un film noir nerveux et particulièrement efficace. Maté tire grandement partie des excellents décors qui lui sont proposé, notamment celui de la gare, très belle et qu'il exploite parfaitement. Union Station est truffé de scènes d'actions particulièrement bien troussées, notamment la première poursuite dans le métro aérien, qui se termine de manière particulièrement brutale. Une grande tension parcours tout le film, chaque scène la renouvelle et la précision de la mise en scène de Maté notamment très habile dans la description géographique de la situation et du dispositif policier, permet de se concentrer pleinement sur le suspense.
Union Station flirte avec le procédural, décrivant de manière très intéressante les méthodes d'observation et de filature policières mais reste bien ancré dans le film noir. Les caractères des deux policiers sont très intéressants. Calhoun, flic roi, au service de sa gare avant d'être à celui de la justice ("pourquoi avez-vous choisi cette gare" demande-t-il a l'un des complices), il règne sur son territoire, comme obsédé. Donnely quant à lui ne crois plus en rien, il est persuadé que la victime est déjà morte, il recherche la vengeance, la punition, et n’hésite devant rien. Alors qu'il questionne un suspect, il suggère de le lancer sous un train en approche et donne pour consigne à ses hommes: "que ça ait l'air accidentel". Deux flics étranges, fascinants, qui feront tout de même triompher la justice, mais à la psychologie particulière, qui rappelle que les années 70, qui verront se multiplier ces personnages, n'ont rien inventé.
Holden est très convainquant dans le rôle de Calhoun, mais c'est Fitzgerald qui impressionne le plus, habité par son rôle. Dans l'ensemble le cast est d'ailleurs très réussi. Seule Nancy Olson (qui interprète Joyce Willecombe) semble un cran en dessous, mais son rôle, utilitaire, s'en porte tout de même très bien.
L'ensemble est vraiment prenant. Pas une seconde d'ennui, des scènes marquantes, une mise en scène habile et des personnages bien dessinés, Maté livre là un excellent polar.
Union Station (Midi, gare centrale - 1950)
Dans un train vers Chicago, Joyce Willecombe pense que deux occupants de son Wagon, dont l'un est armé, pourraient être dangereux. En gare, elle les signale au Lieutenant William Calhoun, qui se rend vite compte que "sa gare a été choisie par ces malfaiteurs pour être le lieu de négociation d'une demande de rançon. La jeune fille kidnappée, Lorna, est la fille de l'employeur de Joyce.
En lisant ce résumé, on prend vite conscience de l'unique défaut de Union Station, un point de départ parfaitement ubuesque, fait d'invraisemblables coïncidences. Pourtant, il serait dommage de s’arrêter à cette première impression. En quelques minutes, cette situation est posée et les enjeux sont clairs. William Calhoun (William Holden), en collaboration avec la police de la ville menée par l'inspecteur Donnelly (Barry Fitzgerald) tentent d’arrêter la machine mise en marche par les malfaiteurs menés par Joe Beacom (Lyle Betger). On peut oublier les circonstances de départ.
Nous voici alors lancé dans un film noir nerveux et particulièrement efficace. Maté tire grandement partie des excellents décors qui lui sont proposé, notamment celui de la gare, très belle et qu'il exploite parfaitement. Union Station est truffé de scènes d'actions particulièrement bien troussées, notamment la première poursuite dans le métro aérien, qui se termine de manière particulièrement brutale. Une grande tension parcours tout le film, chaque scène la renouvelle et la précision de la mise en scène de Maté notamment très habile dans la description géographique de la situation et du dispositif policier, permet de se concentrer pleinement sur le suspense.
Union Station flirte avec le procédural, décrivant de manière très intéressante les méthodes d'observation et de filature policières mais reste bien ancré dans le film noir. Les caractères des deux policiers sont très intéressants. Calhoun, flic roi, au service de sa gare avant d'être à celui de la justice ("pourquoi avez-vous choisi cette gare" demande-t-il a l'un des complices), il règne sur son territoire, comme obsédé. Donnely quant à lui ne crois plus en rien, il est persuadé que la victime est déjà morte, il recherche la vengeance, la punition, et n’hésite devant rien. Alors qu'il questionne un suspect, il suggère de le lancer sous un train en approche et donne pour consigne à ses hommes: "que ça ait l'air accidentel". Deux flics étranges, fascinants, qui feront tout de même triompher la justice, mais à la psychologie particulière, qui rappelle que les années 70, qui verront se multiplier ces personnages, n'ont rien inventé.
Holden est très convainquant dans le rôle de Calhoun, mais c'est Fitzgerald qui impressionne le plus, habité par son rôle. Dans l'ensemble le cast est d'ailleurs très réussi. Seule Nancy Olson (qui interprète Joyce Willecombe) semble un cran en dessous, mais son rôle, utilitaire, s'en porte tout de même très bien.
L'ensemble est vraiment prenant. Pas une seconde d'ennui, des scènes marquantes, une mise en scène habile et des personnages bien dessinés, Maté livre là un excellent polar.
Dernière modification par Rick Blaine le 5 juil. 12, 13:13, modifié 1 fois.
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Oh que oui ; probablement son meileur film.
Tiens comme par hasard, la troisième partie de mon parcours westernien va commencer par son meilleur western : Le souffle de la violence avec Glenn Ford
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)

Marqué au Fer (Branded, 1950) de Rudolph Maté
PARAMOUNT
Avec Alan Ladd, Mona Freeman, Charles Bickford, Robert Keith, Joseph Calleia, Tom Tully
Scénario : Sydney Boehm & Cyril Hume d'après une histoire de Max Brand
Musique : Roy Webb
Photographie : Charles Lang
Une production Mel Epstein pour la Paramount
Sortie USA : 23 décembre 1950
Les gros bénéfices de Whispering Smith (dont je n'arrive toujours pas à comprendre pour quelles raisons il n'a jamais été considéré comme un classique du genre) remirent Alan Ladd en selle pour Branded qui fut également un gros succès commercial. En cette fin d'année 1950, on découvre à cette occasion le premier western d'un réalisateur que nous aurons l'occasion de croiser à de nombreuses reprises dans le courant de la décennie, un honnête artisan de la série B qui ne nous laissera aucun film vraiment marquant même s'ils demeurent dans l'ensemble pour la plupart plutôt plaisants.





Choya : "My guns."
Dad Travis : "Kinfolk?"
Choya : "My horse."
Ruth Lavery : "What's your name?"
Choya : "Choya."
Ruth Lavery : "That's Spanish for cactus. Why do they call you that?"
Choya : "Ever tried to pick one?"
Dans le rôle de Choya, aventurier solitaire ne s'en laissant pas compter, Alan Ladd qui, au vu de sa petite taille et son aspect de gringalet, ne semblait pas avoir la prestance requise pour ce type de personnages, s'en sort une nouvelle fois après Whispering Smith relativement bien ; sa voix grave, son apparente sincérité et son sérieux le rendent très convaincant notamment lors de la séquence ou, auprès du véritable fils, il opère son examen de conscience, en proie au remords et pratiquement au bord de la dépression : " All my life, I've been a snake. I've lived by my wits. I've gotten what I've wanted anyway I wanted it. Just lately I've been wondering just for once if I couldn't do something straight... do something a little decent." Il sait parfois aussi s'avérer inquiétant notamment lorsqu'il fait parler Robert Keith en lui tirant dessus avec son six coups dans lequel il a placé une balle (une sorte de roulette russe avant l'heure). Et il arrive à nous toucher lorsque nous constatons qu'il commence à devenir irritable et agressif du fait de ne pas pouvoir dire à Ruth qu'elle l'attire. A ses côtés, un Robert Keith tout aussi probant en salaud n'hésitant pas à tirer dans le dos de son plus ancien acolyte pour doubler sa mise, une Mona Freeman tout à fait charmante, un Charles Bickford toujours à l'aise dans la peau de gros éleveurs de bétails et un Joseph Calleia attachant dans le rôle du père adoptif fou de rage à l'idée que son 'fils' puisse préférer rejoindre ses parents de sang.

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Le Siège de la rivière rouge (The Siege at Red River - 1954) de Rudolph Maté
20TH CENTURY FOX
Avec Van Johnson, Joanne Dru, Richard Boone, Milburn Stone, Jeff Morrow
Scénario : Sydney Boehm
Musique : Lionel Newman
Photographie : Edward Cronjager (Technicolor 1.37)
Un film produit par Leonard Goldstein pour la 20th Century Fox
Sortie USA : 02 avril 1954
Novembre 1864 à Greensburg dans l’Ohio. Des espions confédérés commandés par le Capitaine Simmons (Van Johnson), volent un prototype de mitrailleuse à l’armée unioniste, espérant grâce à cette nouvelle arme tirant 250 coups à la minute faire pencher la balance de la victoire du côté de leur camp actuellement en mauvaise posture. Les soldats Nordistes partent à la poursuite des détrousseurs mais retrouvent vide d’armes et d’hommes le chariot ayant servi à transporter le ‘Gatling Gun’. La mitrailleuse a en fait été cachée dans un piano que transportent deux colporteurs qui ne sont autres que Simmons et le Sergent Guderman (Milburn Stone) se faisant passer pour messieurs James Farraday et Benjy Thompson. Ils espèrent ainsi traverser les États-Unis incognito jusqu’à ce qu’ils atteignent leur but. Pour trouver leur chemin, ils passent de ville en ville pour vendre un élixir médical ‘miracle’ qu’ils vantent à l’aide d’une chanson (‘Tapioca’) qui est en fait un code grâce auquel ils sont reconnus par des ‘sympathisants Sudistes’ leur glissant en échange un papier sur lequel sont indiquées des instructions pour leur prochaine destination. En arrivant dans l’Ouest, ils aident une infirmière, Nora Curtis (Joanne Dru), dont le chariot s’était embourbé et l’accompagnent jusqu’à Baxter Springs où ils font une nouvelle halte. Simmons est attiré par la jeune femme qui lui apprend que son mari est un officier Yankee. Dans cette ville, nos héros vont être inquiétés par un détective de l’agence Pinkerton, Frank Kelso (Jeff Morrow), à la recherche de l’arme dérobée, alors qu’ils trouvent en Manning (Richard Boone) un associé prêt à les aider à mettre en lieu sûr leur précieux chargement et à les conduire jusqu’à leur objectif, derrière les lignes ennemies. Mais font-ils bien de faire confiance à cet homme odieux et brutal qui semble ami avec les faméliques indiens sur le pied de guerre ?


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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Je n'ai vu que D.O.A qui est effectivement un cran en dessous, même s'il me plait bien.Jeremy Fox a écrit :Oh que oui ; probablement son meileur film.
Je ne me suis pas encore interessé à ses western, je profiterais peut-être de ta chronique pour découvrir Le Souffle de la Violence.
- Jeremy Fox
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)

Horizons Lointains (Far Horizons - 1955) de Rudolph Maté
PARAMOUNT
Avec Charlton Heston, Donna Reed, Barbara Hale, Fred MacMurray, William Demarest, Alan Reed
Scénario : Winston Miller & Edmund H. North d'après un roman de Della Gould Emmons
Musique : Hans J. Salter
Photographie : Daniel L. Fapp (Technicolor 1.85)
Un film produit par William H. Pine & William C. Thomas pour la Paramount
Sortie USA : 20 mai 1955
Marqué au Fer (Branded) et Le Souffle de la Violence (The Violent Men) nous avaient laissé une agréable impression mais c’était surtout grâce à de solides scénarios et une bonne interprétation d’ensemble. La mise en scène en revanche ne nous avait guère enthousiasmé. Horizons Lointains vient nous prouver qu’effectivement, ce grand chef-opérateur n’était par ailleurs qu’un bien piètre réalisateur même si l’on peut compter quelques petites pépites à son actif, notamment dans le domaine du film noir. C’est un comble qu’une des expéditions les plus épiques de l’histoire américaine ait accouché d’un film aussi peu ample et vigoureux, aussi mollasson et intempestivement bavard, le souffle de l’aventure étant irrémédiablement absent d’une œuvre dont c’était pourtant la vocation première. Bref, on l'aura compris : sans un scénario qui tient la route et sans une troupe de comédiens motivée, Rudolph Maté, pas assez doué, est incapable de parvenir à sauver les meubles de n'importe quelle entreprise. Pour The Far Horizons, sa mise en scène est aussi terne et dénuée d’inventivité que quasiment tout le reste. L'expédition de Lewis et Clark avait déjà lointainement inspirée Howard Hawks pour The Big Sky (La Captive aux Yeux Clairs) ; on retrouve dans les deux films les mêmes paysages, les mêmes costumes, les mêmes embarcations, voire les mêmes personnages (celui de l’indienne dans le film de Hawks aurait d’ailleurs pris pour modèle Sacajawea, le personnage réel mis en scène dans The Far Horizons) ; et certains plans sont vraiment ressemblants comme ceux de la file d’indiens sur les berges ou bien les hommes en train de hâler le bateau lorsque le lit de la rivière est trop bas… le tout cette fois en Technicolor. Les paysages sont magnifiques et dépaysants mais l'on reste à cent coudées au dessous du film de Hawks qu’on aurait rêvé du coup voir en couleurs.


Dans la réalité, Meriwheter Lewis, Capitaine de l'armée américaine, devint secrétaire du Président Thomas Jefferson en 1801. Il planifia une expédition qui devait explorer les territoires à l'Ouest du Mississippi et trouver un passage pour arriver jusque sur les côtes de l'Océan Pacifique. Avec son ami, le Lieutenant Clark, ils partirent de St Louis (Missouri) en mai 1804 et atteignirent les côtes de l'Oregon en novembre 1805. Lewis, en plus de commander la troupe, accompli un travail de naturaliste tandis que Clark s'occupa de cartographier les régions traversées. Un voyage qui dura presque un an et demi avec une seule perte à déplorer parmi les soldats constituant la troupe. Cette dernière, en empruntant une route plus au Sud, regagna sa base de départ en mars 1806 pour arriver à bon port seulement 6 mois plus tard. Lewis fut ensuite nommé gouverneur de la Louisiane mais se suicida peu après, en 1809. C'est Clark qui fut responsable de la publication de leur journal de bord écrit durant l'expédition qui compta effectivement l'indienne Sacajawea (également nommée Birdwoman) qui non seulement guida les troupes mais œuvra en tant que 'diplomate' auprès des diverses tribus indiennes rencontrées au cours de leur périple. Contrairement à sa situation dans le film où elle tombe amoureuse de Clark, elle fut accompagnée durant tout le voyage par le trappeur canadien Toussaint Charbonneau qu'elle avait épousé avant le départ et qui, contrairement à sa description dans le film, était loin d'être antipathique. Les historiens ou les lecteurs du journal de Lewis & Clark édité encore de nos jours diront que les faits relatés dans le film sont assez éloignés de la réalité. Mais on sait ce que pense Hollywood de la véracité historique et nous ne nous en offusquerons pas une fois de plus. L'important aurait été d'avoir un film épique à l'image de cette grandiose aventure ; ce qui est fort loin d'être le cas.



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Le Souffle de la violence (The Violent Men, 1955) de Rudolph Maté
COLUMBIA
Avec Glenn Ford, Barbara Stanwyck, Edward G. Robinson, Dianne Foster, Brian Keith, Richard Jaeckel
Scénario : Harry Kleiner
Musique : Max Steiner
Photographie : W. Howard Greene & Burnett Guffey (Technicolor 2.55)
Un film produit par Lewis J. Rachmil pour la Columbia
Sortie USA : 26 janvier 1955
L’année 1955 aux USA débute à la Columbia en matière de western avec le deuxième signé Rudolph Maté, cinq ans après son premier essai dans le genre, le plaisant Marqué au fer (Branded) dont le rôle principal était tenu par Alan Ladd. Comme ce dernier film, même si une fois encore les amateurs d’action n’ont pas été oubliés (incendies en cascades, fusillades, Stampede…), Le Souffle de la violence est avant tout un western psychologique et mélodramatique, cependant nettement moins naïf (cette naïveté participant néanmoins du charme de Branded) et aussi beaucoup plus violent que son prédécesseur comme l’indique son titre tout à fait justifié. Il s’agit une nouvelle fois d’un western distrayant mais, au vu du casting prestigieux et de la richesse des personnages décrits au sein d’un scénario pourtant bien conventionnel, on pouvait raisonnablement s’attendre à beaucoup mieux ; en effet, à cause principalement du réalisateur, le film n’arrive jamais vraiment à décoller, à trouver son souffle. Pour autant, il ne nous procure pas la moindre seconde d’ennui ; et c’est déjà beaucoup !





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Terre sans pardon (Three Violent People - 1957) de Rudolph Maté
PARAMOUNT
Avec Charlton Heston, Anne Baxter, Gilbert Roland, Tom Tryon, Forrest Tucker
Scénario : James Edward Grant
Musique : Walter Scharf
Photographie : Loyal Griggs (Technicolor 1.85)
Un film produit par Hugh Brown pour la Paramount
Sortie USA : 09 février 1957
Quelques semaines après la sortie de Drango (Le Pays de la haine) réalisé par Hall Bartlett, voici à nouveau un western ayant pour toile de fonds une période qui a immédiatement suivie la Guerre de Sécession, celle dite de ‘la reconstruction’ ; une ère heureusement de courte durée au cours de laquelle, après la mort de Lincoln, un gouvernement provisoire s’est installé et a envoyé des ‘Carpetbaggers’ essayer de s’approprier toutes les terres des ex-confédérés en les pressant de taxes colossales dont il était quasiment impossible de s’acquitter. Three Violent People est le dernier des six westerns signés par Rudolph Maté. On peut désormais affirmer preuves à l’appui que cet immense chef-opérateur n’aura pas spécialement brillé en tant que réalisateur, tout du moins dans le genre ; on se souviendra de lui surtout grâce au film noir. Néanmoins, il ne nous aura pas moins délivré quelques plaisants westerns à commencer par son premier essai, Marqué au fer (Branded) avec Alan Ladd, mais aussi, toujours dans le drame westernien familial et psychologique, peut-être sa plus belle réussite, Le Souffle de la violence (The Violent Men) avec Glenn Ford. Dans le domaine du western fantaisiste, les plutôt bien rythmés Le Siège de la rivière rouge (Siege at Red River) avec Van Johnson et surtout Les Années sauvages (The Rawhide Years) avec Tony Curtis, nous auront également grandement diverti. Un cursus finalement pas désagréable si ce n’est mémorable, simplement ‘gâché’ par un western d’aventure sans souffle et totalement raté, Horizons lointains (The Far Horizons), ainsi que par un troisième mélodrame westernien, celui qui nous concerne ici, pas spécialement mauvais mais franchement très moyen, en tout cas sacrément décevant. Charlton Heston, tête d’affiche de ces deux films, n’aura pas vraiment porté chance au cinéaste.




- Profondo Rosso
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Hop je remet ça ici
Le Choc des Mondes (1951)

D'après les calculs du professeur Bronson du Cap, la planète Bellus fonce vers la Terre. Alerté par le savant, le professeur Hendron de l'observatoire de New York confirme ses prévisions : il reste moins de 8 mois avant l'inévitable collision avec Bellus, 12 fois plus grosse que la Terre, et la fin du monde est proche. Pourtant les Nations unies, incrédules, refusent d'engager la moindre action. Grâce aux capitaux du banquier Sydney Stanton, un petit groupe dirigé par Hendron décide alors de construire un vaisseau spatial afin de coloniser le satellite de Bellus, Zyra, dont l'atmosphère est similaire à celle de la Terre et qui devrait réchapper du choc entre la Terre et Bellus. Si cette « Arche de Noé » interplanétaire est achevée à temps, 40 hommes et femmes, tirés au sort parmi des profils sélectionnés (ingénieurs, techniciens, agriculteurs, etc.), pourront échapper à la catastrophe et perpétuer l'espèce sur Zyra.

Le Choc des Mondes est une sorte d’ancêtre à nos récents Armageddon et autres Deep Impact mêlant éléments de science-fiction et argument qui feront le sel du genre du film catastrophe dans les 70’s mais pas encore d. Produit par Georges Pal dont le savoir-faire n'est plus à démontrer en la matière (réalisateur de La Machine à Explorer le Temps et producteur à la Paramount de la célèbre version de La Guerre des Mondes dans 50’s) et réalisé par le solide artisan Rudolph Maté, le film offre une tenue visuelle des plus satisfaisante et remportera même l'Oscar des meilleurs effets spéciaux cette année-là.
Dans la plus pure tradition du genre, l’intrigue mêle grands sentiments et effets spectaculaires avec justesse, rendant toute la première partie du film précédent la catastrophe tout à fait prenante. On suit dans un premier temps les tentatives désespérées des scientifiques pour avertir un monde incrédules, puis le récit narre la longue préparation au départ financée par des milliardaires philanthropes, s'attardant parallèlement sur le destin de quelques personnages.

On sent tout de même le grand produit familial sans aspérité dans le manque d'approfondissement de certains thèmes, de certains moments qui pourraient orienter le projet vers plus de noirceur. Ainsi lorsque les héros vont approvisionner quelques survivants en hélicoptère après le premier impact, ceux-ci les remercient chaleureusement et ne tentent de s'enfuir de force avec eux ou encore le tournant violent que prend le tirage au sort des désignés pour l'arche tourne court alors qu'on pouvait imaginer de vraies émeutes sanglantes.

Seul le personnage de milliardaire joué par John Hoyt voulant à tout prix sauver sa peau et le héros incarné par Richard Derr ne s'estimant pas digne d'être sauvé amène quelques rebondissements moins prévisibles.L'histoire d'amour avec Barbara Rush et la rivalité amoureuse sont ainsi lisses au possible mais suffisamment bien traités pour qu'on ne sombre pas dans l'horreur lacrymale d'un Deep Impact justement, la courte durée du film (79 minutes à peine) aidant bien également. Les effets spéciaux de l'époque sont remarquables de bout en bout, que ce soit le festival de destruction massive très impressionnant (les maquettes sont splendide), les beaux matte painting nous montrant les grandes cités sous les eaux ou encore l'envol de la fusée « arche de Noé ». On reprochera juste un matte painting des plus grossiers pour l'arrivée finale sur la planète Zyra, à l'origine destiné à la promo et que George Pal souhaitait remplacer par une maquette mais la Paramount sorti le film avant qu'il ait pu terminer.

Comme souvent dans les productions de Pal, le ton religieux est particulièrement prononcé, ici accentué par la punition divine que constitue en quelque sorte le désastre imminent. Le film s'ouvre donc carrément sur une image de la bible avec citation de l'ancien testament. Le score gorgé de Leith Stevens gorgés de chœurs emphatique en rajoute une couche tandis que l'arrivée finale sur Zyra (avec David et Joyce débarquant les premiers en nouveau Adam et Eve) dévoile un décor rococo et kitsch qui fleure bon le nouveau jardin d'Eden. Des touches un peu trop marquée et qui prêtent à sourire, mais qui n’enlèvent en rien le plaisir pris devant ce petit classique SF (même si on est loin d’œuvres plus profondes comme Le Jour où la Terre s’arrêta) des 50’s.4,5/6

Non ceci n'est pas une image issue d'une brochure de témoin de Jéhovah
Le Choc des Mondes (1951)

D'après les calculs du professeur Bronson du Cap, la planète Bellus fonce vers la Terre. Alerté par le savant, le professeur Hendron de l'observatoire de New York confirme ses prévisions : il reste moins de 8 mois avant l'inévitable collision avec Bellus, 12 fois plus grosse que la Terre, et la fin du monde est proche. Pourtant les Nations unies, incrédules, refusent d'engager la moindre action. Grâce aux capitaux du banquier Sydney Stanton, un petit groupe dirigé par Hendron décide alors de construire un vaisseau spatial afin de coloniser le satellite de Bellus, Zyra, dont l'atmosphère est similaire à celle de la Terre et qui devrait réchapper du choc entre la Terre et Bellus. Si cette « Arche de Noé » interplanétaire est achevée à temps, 40 hommes et femmes, tirés au sort parmi des profils sélectionnés (ingénieurs, techniciens, agriculteurs, etc.), pourront échapper à la catastrophe et perpétuer l'espèce sur Zyra.

Le Choc des Mondes est une sorte d’ancêtre à nos récents Armageddon et autres Deep Impact mêlant éléments de science-fiction et argument qui feront le sel du genre du film catastrophe dans les 70’s mais pas encore d. Produit par Georges Pal dont le savoir-faire n'est plus à démontrer en la matière (réalisateur de La Machine à Explorer le Temps et producteur à la Paramount de la célèbre version de La Guerre des Mondes dans 50’s) et réalisé par le solide artisan Rudolph Maté, le film offre une tenue visuelle des plus satisfaisante et remportera même l'Oscar des meilleurs effets spéciaux cette année-là.
Dans la plus pure tradition du genre, l’intrigue mêle grands sentiments et effets spectaculaires avec justesse, rendant toute la première partie du film précédent la catastrophe tout à fait prenante. On suit dans un premier temps les tentatives désespérées des scientifiques pour avertir un monde incrédules, puis le récit narre la longue préparation au départ financée par des milliardaires philanthropes, s'attardant parallèlement sur le destin de quelques personnages.

On sent tout de même le grand produit familial sans aspérité dans le manque d'approfondissement de certains thèmes, de certains moments qui pourraient orienter le projet vers plus de noirceur. Ainsi lorsque les héros vont approvisionner quelques survivants en hélicoptère après le premier impact, ceux-ci les remercient chaleureusement et ne tentent de s'enfuir de force avec eux ou encore le tournant violent que prend le tirage au sort des désignés pour l'arche tourne court alors qu'on pouvait imaginer de vraies émeutes sanglantes.

Seul le personnage de milliardaire joué par John Hoyt voulant à tout prix sauver sa peau et le héros incarné par Richard Derr ne s'estimant pas digne d'être sauvé amène quelques rebondissements moins prévisibles.L'histoire d'amour avec Barbara Rush et la rivalité amoureuse sont ainsi lisses au possible mais suffisamment bien traités pour qu'on ne sombre pas dans l'horreur lacrymale d'un Deep Impact justement, la courte durée du film (79 minutes à peine) aidant bien également. Les effets spéciaux de l'époque sont remarquables de bout en bout, que ce soit le festival de destruction massive très impressionnant (les maquettes sont splendide), les beaux matte painting nous montrant les grandes cités sous les eaux ou encore l'envol de la fusée « arche de Noé ». On reprochera juste un matte painting des plus grossiers pour l'arrivée finale sur la planète Zyra, à l'origine destiné à la promo et que George Pal souhaitait remplacer par une maquette mais la Paramount sorti le film avant qu'il ait pu terminer.

Comme souvent dans les productions de Pal, le ton religieux est particulièrement prononcé, ici accentué par la punition divine que constitue en quelque sorte le désastre imminent. Le film s'ouvre donc carrément sur une image de la bible avec citation de l'ancien testament. Le score gorgé de Leith Stevens gorgés de chœurs emphatique en rajoute une couche tandis que l'arrivée finale sur Zyra (avec David et Joyce débarquant les premiers en nouveau Adam et Eve) dévoile un décor rococo et kitsch qui fleure bon le nouveau jardin d'Eden. Des touches un peu trop marquée et qui prêtent à sourire, mais qui n’enlèvent en rien le plaisir pris devant ce petit classique SF (même si on est loin d’œuvres plus profondes comme Le Jour où la Terre s’arrêta) des 50’s.4,5/6

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Re: Rudolph Maté (1898-1964)

Les Années sauvages (The Rawhide Years – 1956) de Rudolph Maté
UNIVERSAL
Avec Tony Curtis, Arthur Kennedy, Peter Van Eyck, Colleen Miller
Scénario : Earl Fenton, D.D. Beauchamp & Robert Presnell Jr.
Musique : Frank Skinner & Hans J. Salter
Photographie : Irving Glassberg (Technicolor 1.37)
Un film produit par Stanley Rubin pour la Universal
Sortie USA : 15 juin 1956
En cette année 1956, nous ne savons plus sur quel pied danser concernant Rudolph Maté. Marqué au Fer (Branded) et Le Souffle de la Violence (The Violent Men) nous avaient laissé une agréable impression mais c’était surtout grâce à de solides scénarios et à une très bonne interprétation d’ensemble. Mais Horizons Lointains (Far Horizons) venait en revanche nous démontrer que ce grand chef-opérateur n’était par ailleurs qu’un bien piètre cinéaste. C’était effectivement un comble qu’une des expéditions les plus épiques de l’histoire américaine ait accouché d’un film aussi peu ample et vigoureux, aussi mollasson et intempestivement bavard, le souffle de l’aventure étant irrémédiablement absent d’une œuvre dont c’était pourtant la vocation première. Qu'allait-on donc trouver en découvrant son avant dernier western, The Rawhide Years, d'autant que les enjeux de son scénario étaient loin d'être aussi adultes et captivants que ceux des premiers westerns cités au début du paragraphe, que l'intrigue ne reposait cette fois sur rien de vraiment sérieux, que la psychologie des personnages était ce coup-ci volontairement délaissée, la vitesse et le pittoresque semblant primer sur le reste ? L'espoir était alors assez faible de tomber sur un western efficace et divertissant puisque le cinéaste n'avait encore jamais été très convaincant dans le domaine de la légèreté...





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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Et ça aussi !
La Bataille des Thermopyles (1962)

La Bataille des Thermopyles relate la Bataille des Thermopyles (480 av. J.-C.) qui vit 300 soldats spartiates, dirigés par le roi grec Léonidas, défendre le territoire grec contre les hordes perses de 1 000 000 de combattants. La défense héroïque des Spartiates permit aux Grecs de reconstituer une armée pour repousser les Perses. La bravoure, la loyauté et détermination des Spartiates sont les qualités soulignées par le récit.
La Bataille des Thermopyles est pour un bon moment désormais dans l’inconscient collectif associé à la vision discutable et réactionnaire du comics de Frank Miller 300 et de l’adaptation à succès qu’en tira Zack Snyder. Hollywood alors en pleine vague péplum proposa pourtant une assez remarquable et différente version au début des années 60 avec le film de Rudolph Maté. Si la bataille en elle-même fut peu abordé au cinéma , d'autres oeuvres s'attachèrent à dépeindre cette période des Guerres Médiques comme La Bataille de Marathon (1959) de Jacques Tourneur.
Ici, Maté prend le temps de dépeindre le contexte géopolitique, d'exposer les forces en présence (Grèce en infériorité, armée Perses monstrueuse) et les conflits qui les déchirent (Grèce difficilement unie, notable de Sparte préférant l'isolationnisme) tout en esquissant l'aura mythique qui entourent les spartiates. Considérés comme des dieux de la guerre dans toute la Grèce, respecté et craint de tous, ils s'avèrent la seule solution possible à une victoire ou du moins une résistance crédible.
Cet aspect politique se croisant à une dimension plus mythologique est parfaitement incarné par les acteurs, Ralph Richardson en politicien calculateur contrebalançant avec la prestation habitée dAnna Synodinou en Reine de Sparte. Dans cet équilibre idéal en grandeur et ambition bien humaine, la sous intrigue qui voit le parcours d'un jeune spartiate déchu laver son honneur au combat aidé de son amour semble déplacée et niaise, constituant la seule lourdeur du film, et la seule privilégiant un destin individuel.
En effet, le film tend plutôt à sublimer le symbole d'unité que constitue l'armée spartiate face au division diverse, la seule capable de faire face à l'ennemi. Spectaculaires, stratégiques les impressionnantes scènes de batailles où les troupes perses en surnombres sont décimées par les 300 spartiates définit clairement ceux-ci comme de véritable surhommes, génies de l'art de la guerre. Les différentes astuces pour gérer la manœuvre et vaincre malgré leur infériorité numérique sont excellentes et constamment inventives.
La réalisation de Maté illustre de manière idéale les batailles en privilégiant l'aspect d’entité collective de l'armée spartiate parfaitement coordonnées, regroupée et solidaire. Le brio à dépeindre cet aspect revient aux choix intelligents de la production. Tourné en Grèce sur l'impressionnant site de Marathon, l'armée grecque est sollicitée à la figuration mais également le Major grec Cléanthis Damianos parfaitement érudit sur les manoeuvres de combats de spartiates et qui s'avéra un conseiller précieux pour un résultat brillant à l'écran. Le fait que Richard Egan manque un peu de charisme en Leonidas (on est loin du Gerard Butler hurleur et débordant de testostérone de 300) s'avère donc idéal puisque malgré son statut de chef, il ne s’impose pas et se fond parfaitement dans cette notion de collectif. Une notion qui prend tout son sens lors du final où une fois mort ses troupes défendent sa dépouille avec une hargne légendaire, protégeant leur chef dans leur impénétrable phalange. Le souffle épique est tel que même en connaissant l’issue, l'assaut final désespéré laisse croire un instant qu'ils ont une chance, la fin tragique sous les flèches ennemies constituant un sommet d'héroïsme pour cet Alamo antique.
Parmi les quelques réserves, on aura un David Farrar qui contrebalance la fadeur d’Egan par un jeu trop excessif en Xerxès (même si une nouvelle fois comparé à 300 cela parait bien sobre mais les élans comic book de ce dernier autorisait plus les débordements), l'armée des Immortels qui aurait pu être plus impressionnante, et la traitrise qui cause la défaite est assez maladroitement amenée. Sinon un beau péplum méconnu et une galvanisante ode au courage toujours aussi efficace. 4,5/6
La Bataille des Thermopyles (1962)

La Bataille des Thermopyles relate la Bataille des Thermopyles (480 av. J.-C.) qui vit 300 soldats spartiates, dirigés par le roi grec Léonidas, défendre le territoire grec contre les hordes perses de 1 000 000 de combattants. La défense héroïque des Spartiates permit aux Grecs de reconstituer une armée pour repousser les Perses. La bravoure, la loyauté et détermination des Spartiates sont les qualités soulignées par le récit.
La Bataille des Thermopyles est pour un bon moment désormais dans l’inconscient collectif associé à la vision discutable et réactionnaire du comics de Frank Miller 300 et de l’adaptation à succès qu’en tira Zack Snyder. Hollywood alors en pleine vague péplum proposa pourtant une assez remarquable et différente version au début des années 60 avec le film de Rudolph Maté. Si la bataille en elle-même fut peu abordé au cinéma , d'autres oeuvres s'attachèrent à dépeindre cette période des Guerres Médiques comme La Bataille de Marathon (1959) de Jacques Tourneur.
Ici, Maté prend le temps de dépeindre le contexte géopolitique, d'exposer les forces en présence (Grèce en infériorité, armée Perses monstrueuse) et les conflits qui les déchirent (Grèce difficilement unie, notable de Sparte préférant l'isolationnisme) tout en esquissant l'aura mythique qui entourent les spartiates. Considérés comme des dieux de la guerre dans toute la Grèce, respecté et craint de tous, ils s'avèrent la seule solution possible à une victoire ou du moins une résistance crédible.
Cet aspect politique se croisant à une dimension plus mythologique est parfaitement incarné par les acteurs, Ralph Richardson en politicien calculateur contrebalançant avec la prestation habitée dAnna Synodinou en Reine de Sparte. Dans cet équilibre idéal en grandeur et ambition bien humaine, la sous intrigue qui voit le parcours d'un jeune spartiate déchu laver son honneur au combat aidé de son amour semble déplacée et niaise, constituant la seule lourdeur du film, et la seule privilégiant un destin individuel.
En effet, le film tend plutôt à sublimer le symbole d'unité que constitue l'armée spartiate face au division diverse, la seule capable de faire face à l'ennemi. Spectaculaires, stratégiques les impressionnantes scènes de batailles où les troupes perses en surnombres sont décimées par les 300 spartiates définit clairement ceux-ci comme de véritable surhommes, génies de l'art de la guerre. Les différentes astuces pour gérer la manœuvre et vaincre malgré leur infériorité numérique sont excellentes et constamment inventives.
La réalisation de Maté illustre de manière idéale les batailles en privilégiant l'aspect d’entité collective de l'armée spartiate parfaitement coordonnées, regroupée et solidaire. Le brio à dépeindre cet aspect revient aux choix intelligents de la production. Tourné en Grèce sur l'impressionnant site de Marathon, l'armée grecque est sollicitée à la figuration mais également le Major grec Cléanthis Damianos parfaitement érudit sur les manoeuvres de combats de spartiates et qui s'avéra un conseiller précieux pour un résultat brillant à l'écran. Le fait que Richard Egan manque un peu de charisme en Leonidas (on est loin du Gerard Butler hurleur et débordant de testostérone de 300) s'avère donc idéal puisque malgré son statut de chef, il ne s’impose pas et se fond parfaitement dans cette notion de collectif. Une notion qui prend tout son sens lors du final où une fois mort ses troupes défendent sa dépouille avec une hargne légendaire, protégeant leur chef dans leur impénétrable phalange. Le souffle épique est tel que même en connaissant l’issue, l'assaut final désespéré laisse croire un instant qu'ils ont une chance, la fin tragique sous les flèches ennemies constituant un sommet d'héroïsme pour cet Alamo antique.
Parmi les quelques réserves, on aura un David Farrar qui contrebalance la fadeur d’Egan par un jeu trop excessif en Xerxès (même si une nouvelle fois comparé à 300 cela parait bien sobre mais les élans comic book de ce dernier autorisait plus les débordements), l'armée des Immortels qui aurait pu être plus impressionnante, et la traitrise qui cause la défaite est assez maladroitement amenée. Sinon un beau péplum méconnu et une galvanisante ode au courage toujours aussi efficace. 4,5/6
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Ca m'a l'ait en effet plus qu'intéressant. Tout comme le choc des mondes. (en faisant une recherche sur ce film, j'ai vu qu'il y avait eu un remake en 2012. C'est moi ou ce n'est pas -encore ?- sorti en salles en France?)
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Pas entendu parler non plus ça arrivera ces prochains mois sans doute, en salle ou dtv. De tout façon c'est un peu le modèle de tout ces gros films catastrophes choral. Pour ce qui est de Maté Rick m'a bien donné envie de jeter un oeil à ses films noir je vais tenter ça...riqueuniee a écrit :Ca m'a l'ait en effet plus qu'intéressant. Tout comme le choc des mondes. (en faisant une recherche sur ce film, j'ai vu qu'il y avait eu un remake en 2012. C'est moi ou ce n'est pas -encore ?- sorti en salles en France?)
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
THE DARK PAST (LA FIN D'UN TUEUR). 1949
Avec William Holden, Lee J. Cobb, Nina Foch, Adele Stevens et Lois Maxwell
Résumé :
Dans un commissariat (ou une école de police), un certain nombre de repris de justice sont alignés. Le cas de l'un d'eux, agé de 18 ans mais ayant déjà fait l'objet de nombreuses condamnations
est évoqué par un flic et un psychiatre. Pour le flic, le jeune homme est irrécupérable. Le psy tente d'expliquer qu'il est possible de soigner ces délinquants, y compris les plus dangereux. Pour cela,
il évoque une expérience personnelle vécu quelques années plus tôt lorsque lui, sa famille et un groupe d'amis avaient été pris en otage par un tueur et sa bande...
Commence un long flashback qui occupe la presque totalité du film.
Al Walker (W. Holden) s'évade de prison avec l'aide de plusieurs complices, rapidement il abat le gardien qu'il avait pris en otage. Toute la bande a prévu d'attendre le bateau qui doit les emporter
loin de la police qui les recherche dans un chalet qui borde le lac.
Le chalet appartient à un professeur de psychologie. Il a prévu d'y passer le week-end en famille et avec quelques amis et 2 domestiques. A peine arrivés sur place, ils sont pris en otage par la bande.
Les otages sont envoyés dans les différentes pièces de la maison sous la surveillance des membres du gang. Dans la pièce principale, commence le duel du psychiatre et du psychopathe...
C'est l'intérêt principal du film, l'évolution des rapports entre Holden et Cobb. Les autres personnages sont plutôt négligés. On ne les suit que par intermittence sauf celui interprété par Nina Foch
(la petite amie du tueur) qui est intéressant car elle révèle au psy. les fragilités d'Holden.
La présence d'un enfant, notamment, aurait pu stimuler l'imagination du scénariste ou du metteur en scène, mais ce n'est pas le cas. Alors que Hathaway, par exemple, dans un noir/western intéressant,
Rawhide, avait su tirer parfaitement parti de la présence d'une petite fille.
On assiste à une attaque/défense tout de même intéressante. Le dialogue est assez brillant, par contre le jeu des 2 acteurs est un peu monocorde, au moins dans la première partie du film.
Cobb est sobre (Si, si c'est vrai...). Alors que la panique s'est emparé de la maisonnée, lui est d'une parfaite sérénité. Pendant une bonne moitié du film, on le voit en permanence tirer sur sa pipe (çà doit faire
partie de la panoplie du psychanalyste). Il ne quitte pas des yeux Holden, étudiant son comportement ce qui exaspère ce dernier. Après un certain temps, Cobb tire la conclusion qu'Holden est un grand malade
au bord de la folie mais qu'il pourrait le soigner. Fureur d'Holden qui refuse d'entendre çà. Par la suite, un rêve, ou plutôt un cauchemar occupera une place centrale mais je ne veux pas en dire plus...Si ce
n'est que l'interprétationnite et la psychanalyse (vue par Hollywood) est ici plutôt plus convaincante qu'a l'ordinaire. En tout cas, le tout n'est pas ridicule.
Mise en scène d'une grande platitude mais 3 séquences sortent tout de même du lot.
La scène d'ouverture, filmée en caméra subjective. C'est l'arrivée du psychiatre à son bureau. On "est" le regard de Cobb, dans la rue, dans le bus qui le conduit au commissariat. Ses commentaires sur
les quidams croisés en chemin, dont il interprète le comportement, permettent de situer le personnage...
La séquence du rêve ou plutôt du cauchemar...dont je ne dirais rien...
Et enfin, celle de la résolution du dit cauchemar, l'événement survenu dans l'enfance d'Holden qui l'explique...dont je dirais tout autant
Pas de DVD du commerce à ma connaissance, nulle part. Je crois que le film n'était pas sorti en France à l'époque.
A t'il été diffusé à la TV chez nous ? Je l'ignore. La copie que j'ai récupéré a une origine exotique. Un cinéphile de ma connaissance en a
fait le sous-titrage.
Pas un chef d'oeuvre mais se regarde avec plaisir et pourtant je suis plutôt assez réservé sur les polars à implications psychanalytiques.
Avec William Holden, Lee J. Cobb, Nina Foch, Adele Stevens et Lois Maxwell
Résumé :
Dans un commissariat (ou une école de police), un certain nombre de repris de justice sont alignés. Le cas de l'un d'eux, agé de 18 ans mais ayant déjà fait l'objet de nombreuses condamnations
est évoqué par un flic et un psychiatre. Pour le flic, le jeune homme est irrécupérable. Le psy tente d'expliquer qu'il est possible de soigner ces délinquants, y compris les plus dangereux. Pour cela,
il évoque une expérience personnelle vécu quelques années plus tôt lorsque lui, sa famille et un groupe d'amis avaient été pris en otage par un tueur et sa bande...
Commence un long flashback qui occupe la presque totalité du film.
Al Walker (W. Holden) s'évade de prison avec l'aide de plusieurs complices, rapidement il abat le gardien qu'il avait pris en otage. Toute la bande a prévu d'attendre le bateau qui doit les emporter
loin de la police qui les recherche dans un chalet qui borde le lac.
Le chalet appartient à un professeur de psychologie. Il a prévu d'y passer le week-end en famille et avec quelques amis et 2 domestiques. A peine arrivés sur place, ils sont pris en otage par la bande.
Les otages sont envoyés dans les différentes pièces de la maison sous la surveillance des membres du gang. Dans la pièce principale, commence le duel du psychiatre et du psychopathe...
C'est l'intérêt principal du film, l'évolution des rapports entre Holden et Cobb. Les autres personnages sont plutôt négligés. On ne les suit que par intermittence sauf celui interprété par Nina Foch
(la petite amie du tueur) qui est intéressant car elle révèle au psy. les fragilités d'Holden.
La présence d'un enfant, notamment, aurait pu stimuler l'imagination du scénariste ou du metteur en scène, mais ce n'est pas le cas. Alors que Hathaway, par exemple, dans un noir/western intéressant,
Rawhide, avait su tirer parfaitement parti de la présence d'une petite fille.
On assiste à une attaque/défense tout de même intéressante. Le dialogue est assez brillant, par contre le jeu des 2 acteurs est un peu monocorde, au moins dans la première partie du film.
Cobb est sobre (Si, si c'est vrai...). Alors que la panique s'est emparé de la maisonnée, lui est d'une parfaite sérénité. Pendant une bonne moitié du film, on le voit en permanence tirer sur sa pipe (çà doit faire
partie de la panoplie du psychanalyste). Il ne quitte pas des yeux Holden, étudiant son comportement ce qui exaspère ce dernier. Après un certain temps, Cobb tire la conclusion qu'Holden est un grand malade
au bord de la folie mais qu'il pourrait le soigner. Fureur d'Holden qui refuse d'entendre çà. Par la suite, un rêve, ou plutôt un cauchemar occupera une place centrale mais je ne veux pas en dire plus...Si ce
n'est que l'interprétationnite et la psychanalyse (vue par Hollywood) est ici plutôt plus convaincante qu'a l'ordinaire. En tout cas, le tout n'est pas ridicule.
Mise en scène d'une grande platitude mais 3 séquences sortent tout de même du lot.
La scène d'ouverture, filmée en caméra subjective. C'est l'arrivée du psychiatre à son bureau. On "est" le regard de Cobb, dans la rue, dans le bus qui le conduit au commissariat. Ses commentaires sur
les quidams croisés en chemin, dont il interprète le comportement, permettent de situer le personnage...
La séquence du rêve ou plutôt du cauchemar...dont je ne dirais rien...
Et enfin, celle de la résolution du dit cauchemar, l'événement survenu dans l'enfance d'Holden qui l'explique...dont je dirais tout autant
Pas de DVD du commerce à ma connaissance, nulle part. Je crois que le film n'était pas sorti en France à l'époque.
A t'il été diffusé à la TV chez nous ? Je l'ignore. La copie que j'ai récupéré a une origine exotique. Un cinéphile de ma connaissance en a
fait le sous-titrage.
Pas un chef d'oeuvre mais se regarde avec plaisir et pourtant je suis plutôt assez réservé sur les polars à implications psychanalytiques.
Dernière modification par André Jurieux le 14 juil. 12, 15:55, modifié 1 fois.
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
FORBIDDEN (DOUBLE FILATURE). 1953
Avec Tony Curtis, Lyle Bettger et Joanne Dru.
Résumé :
Eddie Darrow (Tony Curtis) a été chargé par des membres de la pègre de Philadelphie, de retrouver et d'y ramener la veuve (Joanne Dru) d'un de leurs associés.
Il l'a retrouve à Macao, devenu la petite amie du propriétaire d'un cabaret aux activités plus ou moins louches (Lyle Bettger).
Un petit polar Universal pas extraordinaire. Je livre quelques indices qui permettront de se faire une idée sur les possibilités de l'intrigue :
Le chasseur et la chassée, Tony Curtis et Joanne Dru ont jadis été amoureux l'un de l'autre.
Tony Curtis est lui même surveillé et suivi par un autre employé des mafieux qui se méfient de lui (d'ou le titre français "Double filature")
Joanne Dru détient des informations compromettantes pour les employeurs de Curtis.
Les péripéties de l'intrigue sont sans grands reliefs et on s'ennuie un peu.
Tony n'est pas mal mais parmi les petits polars qu'il tourna à l'époque, on pourra préférer (c'est mon cas), par exemple, les 2 films de Joseph Pevney, FLESH AND FURY et
SIX BRIDGES TO CROSS (la police était au rendez-vous).
Lyle Bettger, par contre, est un méchant intéressant, à l'apparence douce et sirrupeuse.
Un seul personnage secondaire présente un peu de relief. Le pianiste chinois du cabaret qui informe, conseille, et protège secrètement Tony Curtis.
Mise en scène sans relief de Rudolph Maté pour un polar secondaire et facultatif.
Avec Tony Curtis, Lyle Bettger et Joanne Dru.
Résumé :
Eddie Darrow (Tony Curtis) a été chargé par des membres de la pègre de Philadelphie, de retrouver et d'y ramener la veuve (Joanne Dru) d'un de leurs associés.
Il l'a retrouve à Macao, devenu la petite amie du propriétaire d'un cabaret aux activités plus ou moins louches (Lyle Bettger).
Un petit polar Universal pas extraordinaire. Je livre quelques indices qui permettront de se faire une idée sur les possibilités de l'intrigue :
Le chasseur et la chassée, Tony Curtis et Joanne Dru ont jadis été amoureux l'un de l'autre.
Tony Curtis est lui même surveillé et suivi par un autre employé des mafieux qui se méfient de lui (d'ou le titre français "Double filature")
Joanne Dru détient des informations compromettantes pour les employeurs de Curtis.
Les péripéties de l'intrigue sont sans grands reliefs et on s'ennuie un peu.
Tony n'est pas mal mais parmi les petits polars qu'il tourna à l'époque, on pourra préférer (c'est mon cas), par exemple, les 2 films de Joseph Pevney, FLESH AND FURY et
SIX BRIDGES TO CROSS (la police était au rendez-vous).
Lyle Bettger, par contre, est un méchant intéressant, à l'apparence douce et sirrupeuse.
Un seul personnage secondaire présente un peu de relief. Le pianiste chinois du cabaret qui informe, conseille, et protège secrètement Tony Curtis.
Mise en scène sans relief de Rudolph Maté pour un polar secondaire et facultatif.
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Un autre polar de Maté peut être intéressant, il s'agit du film LE GANTELET VERT. The green glove avec Glenn Ford, Cédric
Hardwicke et George Macready.
Quelqu'un sait-il si le film a été diffusé sur une chaine française ?
Hardwicke et George Macready.
Quelqu'un sait-il si le film a été diffusé sur une chaine française ?
- Jeremy Fox
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Re: Rudolph Maté (1898-1964)
Le western du week-en le premier de Rudolph Maté, Branded, présent dans un DVD somptueux.
- Jeremy Fox
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