Comme je l'avais dit dans le topic
Prometheus, je me suis revu donc récemment 3 des 4 films de la saga
Alien. Rare bonheur de fan mais aussi toujours la joie de remarquer les petits détails d'univers qu'on aurait pourtant tendance à connaître sur le bout des doigts.
"Ici Ripley, dernière survivante du Nostromo..."
Le premier
Alien (1979) reste incroyable. La direction artistique est à elle seule une oeuvre d'Art, parfait signe d'un Scott en pleine grâce durant ses premiers films.
33 ans plus tard donc,
Alien reste ce classique plus inquiétant qu'effrayant (sauf si vous le voyez pour la première fois de votre vie et là oui, la fameuse scène de naissance de la bête risque de sérieusement vous retourner). Scott joue la carte d'un quasi-perfectionnisme tant dans le visuel (du vaisseau terrien comme du vaisseau extraterrestre qui continue encore aujourd'hui de ne ressembler pratiquement à rien de connu, sans oublier la bête elle-même) que d'un point de vue sonore (le livre de Ian Nathan,
Alien : génèse d'un mythe révèle d'ailleurs que sur ce point, Jerry Goldsmith avait crée une première bande originale très travaillée mais relativement classique dans sa forme, ce que Scott, presqu'au point de se brouiller avec son compositeur refusa violemment. Finalement, Goldsmith, excédé, créa très rapidement (*) une composition qui tient plus selon lui de la musique contemporaine et Scott adora. Il est vrai que de nos jours, on a du mal à imaginer une composition classique pour ce volet) ou de pure mise en scène (Scott avait d'ailleurs chronométré patiemment la partie finale, quand Ripley se retrouve à fuir un Nostromo en voie d'auto-destruction).
Là où le film reste encore brillant, c'est en instaurant un climat oppressant, riche, toujours inattendu et à la limite du malsain que ça en devient fascinant. Les allusions sexuelles voulues ou non affluent. Les détails abondent, toujours et toujours à chaque visionnage. Comme Sir Ridley Scott le disait dans une récente interview, le scénario est des plus basiques à la base (tellement basique que David Cronenberg se sentit pillé littéralement par un Dan O'Bannon qui avait dû visiblement voir et comprendre ses 2 premiers long-métrages qu'il était impossible de ne pas y voir effectivement du coup une certaine influence (**)) mais le tout fut adroitement dirigé vers une direction artistique de qualité qui fit nettement la différence.
(*) "ça m'a pris 10 minutes", raconte t-il en soupirant." (Alien, génèse d'un mythe - Ian Nathan, éditions Huginn & Muminn).
(**) Lire le sympathique Entretiens avec David Cronenberg de Serge Grünberg, éditions Cahiers du cinéma.
==========
"Eh mec, je sais pas si t'as bien regardé le match à la télé mais on vient de se faire torcher le cul."
Au risque d'énoncer une évidence bête et crasse mais là encore le film n'a pratiquement pas vieilli et reste cette monstrueuse bombe sans quasi aucun temps mort (il y a bien des moments de calme mais Cameron fait en sorte de doser habilement le film au montage et tout s'équilibre génialement. D'ailleurs vous en connaissez beaucoup des gens qui s'ennuient sur ce film ?). En dotant ce second volet d'un petit "s" après le mot Alien, James Cameron a tout dit et va multiplier et les créatures, et l'action tout en approfondissant subtilement la saga de deux manières.
Premièrement, en creusant le personnage de Ripley (jusqu'à l'évocation d'une fille que Ripley ne put jamais revoir dans la version longue et ainsi accentuer le côté maternel déjà tracé simplement mais d'une assez belle manière quand même dans la version courte). Deuxièmement, en essayant d'approfondir des questions soulevées par le précédent volet. Si l'on ne sait pas pour l'instant d'où venait le vaisseau ou quel était son but (Prometheus se charge sans doute d'apporter une petite réponse mais chut. A noter que l'épave du Derelict, le vaisseau extraterrestre abandonné ressurgit dans la version longue justement), Cameron se pose judicieusement la question : d'où viennent les oeufs ? Or chaque oeuf a forcément une origine. Et la Reine Alien de devenir la plus belle pierre à l'édifice qu'apporte Cameron à la saga. Et si tout le film est une pure bombe, toute la dernière demi-heure en devient carrément atomique (au propre comme au figuré d'ailleurs).
==========
"Mettons fin aux rumeurs, voici les faits."
Alien 3 en plus de connaître une génèse assez chaotique, eut une production mouvementée (David Fincher se fit virer avant la fin) et demeura pendant un temps l'épisode mal aimé... Avant qu'
Alien Resurrection et bien plus sûrement les bidules
Alien vs predator (

) ne le fasse réévaluer. Mais respectivement (il fut mon épisode préféré avec le premier pendant longtemps) on peut comprendre ce qui déplut à une grande partie du public lors de sa sortie. Non seulement la noirceur était plus que totale (les survivants d'Aliens ? Ejectés nets dès le départ, hasta la vista) mais l'absence de happy-end et un aspect quasi-mystique durent en achever certains. Et pourtant, même charcuté, l'oeuvre tient miraculeusement sur ses jambes et s'inscrit dans une suite assez logique : Là où Ripley se révélait mère pour combattre une autre sorte de mère (en partant de la version longue d'aliens évidemment), elle avait cette fois la reine-mère alien en elle. Cette fois le combat s'inscrira dans un renoncement en forme de sacrifice (les plans finaux de ce troisième volet que je trouve assez émouvant au fond). Alien resurrection réintroduira une reine alien, mais qui donnera forme cette fois à un nouveau type d'Alien, Ripley redevant la mère qu'elle aurait pu être sauf que ce n'est plus la même Ripley...
Comme souvent dans la saga, un épisode s'inscrit dans le prolongement d'un autre (et ce même si dans l'ensemble chacun des réalisateurs a pu développer un style et une esthétique qui lui est propre) et apporte de nouvelles questions, de nouvelles surprises et réponses. Ici, l'alien n'attaque pas Ripley, sentant (suggestion d'un lien d'ordre télépathique entre les créatures, ce qui sera approfondi dans le volet suivant) qu'elle est elle-même parasitée de l'intérieur par une volonté plus qu'étrangère. La créature dans son traitement redevient plus bestiale, développant une intelligence qu'elle ne semble n'assumer que dans son individualité (en groupe comme dans Aliens, ils attaquent en masse mais sans spécifiquement se déployer un peu n'importe où même si certains, isolés, piègeaient assez facilement les égarés). Même son crâne redécouvre ce globe étrange occultant son cerveau et ses nerfs que Cameron avait retiré sur les aliens de LV4-26 (sans doute pour des raisons d'adaptation). Enfin, l'Alien s'adaptant le mieux à son environnement (il court sur toutes les parois comme s'il était doté de ventouses hyper puissantes le bougre), Fincher (j'ose penser que c'est lui) à l'ingénieuse idée de nous faire bénéficier de sa "vision" subjective étalée comme en 16/9e pour mieux nous immerger. Enfin esthétiquement, ça reste du bel ouvrage, de la SF soignée même si le réal', assez dégoûté commença à se méfier des gros studios comme la peste, jurant qu'on ne l'y reprendrait plus...
...Avant de mettre tout le monde à genoux avec
Se7en l'année d'après. Mais ça, c'est une autre histoire.
Sinon donc, pas vu
Alien resurrection, manque de temps et aussi d'envie tout bonnement.
