Conan ver.2011 (Nispel - 2011).
La nouvelle version de
Conan a fait couler beaucoup d'encre. Difficile de passer après la version de Milius de 1982 qui proposait d'emblée un personnage fort complexe et charismatique et pourtant très éloigné du barbare stéréotypé auquel on peut généralement penser (il faut voir les très nombreux plans où Conan-Schwarzy reste pensif). Alors Nispel et toute son équipe décident de repartir des écrits de Robert E.Howard où le personnage pourrait presque se résumer à "Avance femme", "ta gueule, femme" et "je vis, je tue, ça me suffit" (répliques entendues aussi dans le nouveau film, si, si).

Mais bon là aussi, ce serait réduire un peu la portée de l'oeuvre de l'écrivain on est d'accord.
Hein, que tu veux rejoindre le club des gothiques barbares babyloniens ? Dis non et j'te marave ta race.
_ Ah euh... ben... oui... c'est une bonne idée...
En fait, le principal reproche qu'on pourrait adresser à ce film, c'est de vouloir essayer de se donner des ambitions qu'il ne peut assumer. En gros, porter le nom de
Conan, c'est déjà partir dans l'erreur et décevoir pas mal de personnes dès le départ. Le film aurait dû avoir un autre titre, certes moins porteur, mais il n'y aurait sans doute pas eu déception de la part des cinéphiles. Par contre, si on prend le film à part, en ne tenant ni compte du film de Milius (je sais c'est dur), ni de la suite et en se focalisant sur les écrits d'Howard, on se rapproche de quelque chose. Jason Momoa en ce sens est un Conan des plus crédibles. C'est malheureusement le seul qui s'en sort honorablement bien là dedans.

Les décors sont quand même pas mal.
Pourtant, même en ne tenant compte que du présent film, on ne peut éviter d'être largement déçu aussi.
Si les décors sont magnifiques (matte-paintings et créations virtuelles du plus bel effet, les captures pourront vous en convaincre) et que les costumes sont des plus soignés, le film accumule les défauts sans jamais chercher à les corriger, voulant miser à tout pris sur l'efficacité et la rapidité. Or l'efficacité c'est aussi prendre son temps. Pour raconter une histoire, dévoiler des personnages, leurs doutes, leurs tourments, leurs rêves, leurs aspirations. Or, jamais les personnages ne respirent ou ne vivent (ce qui semble le défaut des nouveaux remakes ou recréations de nouvelles oeuvres inspirées d'autres plus anciennes. Je ne vous ai pas parlé du remake de
The Thing vu en octobre mais là aussi, il y avait un sacré hic avec tous ces personnages inexistants au possible...) et l'on ne s'attarde jamais vraiment sur eux. Du coup l'histoire en devient terne au possible, une petite "série B du samedi soir" pour reprendre Rose McGowan dans le commentaire audio.

Et même parfois, l'histoire multiplie le n'importe quoi (alors que faire une histoire de fantasy adulte et sanglante sans tomber dans le cliché est déjà un casse-tête en soi) et le spectateur se demande si il ne regarde pas directement un gros navet de luxe. Ainsi cette scène inutile et laborieusement gratuite d'hommes de sables crées par la fille-sorcière. Sorcière qui pourtant jusqu'ici restait crédible parce qu'elle pratiquait une sorcellerie à hauteur d'homme (le fait de renifler les odeurs ou les auras, de goûter le sang pour savoir sa pureté ou non, on se rapproche un peu du chamanisme), sans trop en rajouter, juste ce qu'il faut. Et hop, j'te crée des hommes des sables en soufflant une petite poignée.
WTF ?
* Detecteur de Navets enclenché*
Et je passe d'autres incohérences qui donne envie de rire un bon coup (la stratégie de Conan pour libérer des esclaves : faire tomber des grosses pierres sur le campement. Hop ça tue les gardes. Hop, ça tue aussi les esclaves. Bravo mon gars, t'es mûr pour faire bidasse toi

). Et c'est dommage parce qu'en contrepoint du bourrinage sans réflexion de Nispel, la photographie, les costumes et décors sont assez soignés comme je l'ai dit. Mais c'est tout. C'est bien pauvre et limité.
Bref, pas un grand film, pas même une purge mais bien effectivement le petit film du samedi soir. Vite vu et vite oublié hélas. Du mauvais pop-corn.
2/6.