(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)
Terminator
Un postulat classique mais renouvelé par la sécheresse de son traitement, une intrigue minimale chauffée à blanc, un sens de l’espace et du découpage assez prodigieux : à trente ans, Cameron accouche d’un modèle de maîtrise et d’efficacité, qui gagne sur terrains jouxtés de la SF et du film d’action. En contre-point à l’austérité brute et angoissante de son atmosphère (un Los Angeles noir, mécanisé, filmé le plus souvent de nuit) filtre, par le biais de son histoire d’amour (
J’ai traversé le temps pour toi, Sarah), une sensibilité sentimentale qui ne fera que s’épanouir dans les films suivants.
5/6
Aliens, le retour
Pas facile de prendre le relais du film exemplaire de Ridley Scott, mais la saga
Alien se prête aux déclinaisons personnelles. Exemple-type avec cet opus apocalyptique et démesuré, qui troque le principe de rétention du précédent pour une surenchère pyrotechnique, une véritable
ride d’action pure au cœur d’un enfer tout à la fois métallisé, organique et mécanique. Cameron a également la judicieuse idée d’approfondir la personnalité de Ripley en la déplaçant sur son terrain : à la fois guerrière et protectrice, mère aussi coriace que la Reine à laquelle elle s’oppose.
5/6
Abyss
Formes luminescentes et graciles, apparitions poétiques dont la beauté émerveille, suprême fascination d’un élément (l’eau, sous toutes ses formes) que Cameron filme comme personne. Retour aux origines de la vie (la scène où Bud respire de l’eau, complètement whaou !!!), à une immensité vierge qui envoûte autant que l’espace de Kubrick. Exaltation de la puissance du groupe et de l’amitié, soudés face au danger. Histoire d’amour qui renaît au travers de détails infimes et parlants (l’alliance qui sauve littéralement la vie), un lien plus fort que tout, traversant l’obscurité de l’abysse (
I love you, wife) ou arrachant, avec la puissance d’un miracle, une vie à la mort. Cette œuvre absolument sublime n’est pas seulement la plus belle, délicate, émouvante et fragile de son auteur, c’est aussi l’un de mes films de chevet : j’en suis éperdument amoureux.
6/6
Terminator 2 : le jugement dernier
Suite et approfondissement de l’argument mis en place dans le premier du nom, ce film trempé dans l’acier en perfectionne l’esthétique avec rigueur, élégance et précision. Ses halos bleutés, l’ampleur de ses scènes d’action (pures leçons de montage et de mise en scène), la poésie inédite de ses images (ici les ballets glissants du métal fluide, là une rose rouge piétinée au ralenti par le Terminator) y vont de pair avec un propos inquiet sur notre monde menacé par la puissance technologique, l’inconscience humaine, l’apocalypse nucléaire – un monde où, cependant, un robot est soudain capable de comprendre pourquoi un ado se met à pleurer.
5/6
True lies
Toujours plus haut, toujours plus fort dans la démesure : si Cameron bat une nouvelle fois un record de déploiement logistique, il l’inscrit dans une mécanique comique hautement réjouissante, une veine vaudevillesque du meilleur aloi. Schwarzie s’auto-parodie avec un humour décapant, Jamie Lee Curtis rivalise de drôlerie piquante, le délire conjugal (et toujours très tendre dans la dérision) s’invite à la fête d’un film époustouflant de brio, de rythme et d’efficacité : le divertissement est total, euphorisant, irrésistible.
5/6
Titanic
Donner à un spectacle grandiose une respiration presque intimiste, retrouver le rayonnement d’un mythe universel (celui du naufrage le plus célèbre du monde) pour l’inscrire dans un geste cinématographique qui en retrouverait la magie évocatrice, le souffle romanesque, la dimension légendaire et intemporelle : voici ce que réussit Cameron à travers ce superbe mélo romantique. Même au sein du tumulte, lorsqu’il invente des visions dantesques et des tableaux d’apocalypse, le cinéaste reste fixé sur le cœur battant du drame, et parvient à faire communion avec son histoire et ses personnages. Lyrique, poignant, populaire dans le plus beau sens du terme, le film est à la hauteur de sa réputation.
6/6
Avatar
Douze ans plus tard, Cameron témoigne d’une inspiration renouvelée avec cette épopée SF à l’ancienne, qui assemble des influences diverses (Miyazaki, Van Vogt,
Pocahontas) en un univers très cohérent et l’impose une nouvelle fois comme l’un des plus grands
entertainers d’Hollywood. Du côté du spectacle, le film atteint sans problème la hauteur assez vertigineuse de ses ambitions. Sur le fond, il décline les marottes cameroniennes avec une intelligence sensible, parfois un peu appuyée, non exempte d’une certaine ambiguïté (ce qu’il laisse percevoir du conflit entre le réel et le virtuel me gêne quelque peu), mais rattrapée par des pics d’émotion (tels le superbe
I see you).
5/6
Pas vu :
Piranha 2.
Mon top :
1.
Abyss (1989)
2.
Titanic (1997)
3.
Terminator 2 : le jugement dernier (1991)
4.
Terminator (1984)
5.
Aliens, le retour (1986)
J’adore Cameron, peut-être le seul réalisateur aujourd’hui capable d'imposer la singularité de sa vision au cœur des plus imposantes machines hollywoodiennes. Une maîtrise impressionnante à tous les niveaux, un sens de l'efficacité technique et un véritable génie logistique (au sens large) qui ne seraient rien sans cette sensibilité à fleur de peau, parfois bouleversante, qui frémit dans la plupart de ses films.