Le Samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)
Découvert cet aprèm, c'est un film qui m'a sidéré, tellement il est parfait.
Je comprends la froideur du film comme caractéristique de Costello, c'est dire si ça ne m'a pas gêné. En outre, on a droit à une interprétation fabuleuse de Delon (son meilleur rôle), où le calme de son personnage a quelque chose d'incroyable quand il fait régner un certain désordre (la scène où il cherche calmement une clé dans un trousseau, alors qu'il pique une bagnole et qu'il a tué sa cible, est sidérante, dans ce qu'elle fait passer dans le regard bleu acier de Delon).
Dès la garde à vue, il y a quelque chose d'implacable dans a destinée, la traque se faisant de plus en plus importante, ce qui vaut des acteurs aussi formidables (la scène au-dessus du métro a quelque chose de Westernien). Et on reconnait plein de choses du cinéma de Melville (il y a une femme noire, le décor a déjà été utilisé dans d'autres de ses films, les références au cinéma américain), mais sublimés à un haut niveau.
On ne voit vraiment pas le temps passer dans ce film, tellement il est prenant, tellement les acteurs sont grandioses, et dans une atmosphère grise, assez sombre, qui culminera avec la dernière scène avec la pianiste, où l'on comprend enfin le sens du titre (et le code de l'honneur du samouraï).
Je comprends la froideur du film comme caractéristique de Costello, c'est dire si ça ne m'a pas gêné. En outre, on a droit à une interprétation fabuleuse de Delon (son meilleur rôle), où le calme de son personnage a quelque chose d'incroyable quand il fait régner un certain désordre (la scène où il cherche calmement une clé dans un trousseau, alors qu'il pique une bagnole et qu'il a tué sa cible, est sidérante, dans ce qu'elle fait passer dans le regard bleu acier de Delon).
Dès la garde à vue, il y a quelque chose d'implacable dans a destinée, la traque se faisant de plus en plus importante, ce qui vaut des acteurs aussi formidables (la scène au-dessus du métro a quelque chose de Westernien). Et on reconnait plein de choses du cinéma de Melville (il y a une femme noire, le décor a déjà été utilisé dans d'autres de ses films, les références au cinéma américain), mais sublimés à un haut niveau.
On ne voit vraiment pas le temps passer dans ce film, tellement il est prenant, tellement les acteurs sont grandioses, et dans une atmosphère grise, assez sombre, qui culminera avec la dernière scène avec la pianiste, où l'on comprend enfin le sens du titre (et le code de l'honneur du samouraï).
- Watkinssien
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Un film important, combinaison brillante de références américaines et de stylisation purement melvillienne.
On apprécie la virtuosité de la photo et les impeccables performances d'Alain Delon et de François Périer.
Mais ce qu'il faut voir, c'est que Melville arrive à une épure, voire une abstraction dans sa mise en scène, tout à fait fascinante qui culminera dans Le Cercle Rouge en 1970.
Pavés humidifiés par la pluie, omniprésence de la solitude, fatalisme, l'atmosphère du film est inégalable et l'on sent constamment un sens du détail méticuleux et parfaitement maîtrisé.
Un chef-d'oeuvre absolu !
On apprécie la virtuosité de la photo et les impeccables performances d'Alain Delon et de François Périer.
Mais ce qu'il faut voir, c'est que Melville arrive à une épure, voire une abstraction dans sa mise en scène, tout à fait fascinante qui culminera dans Le Cercle Rouge en 1970.
Pavés humidifiés par la pluie, omniprésence de la solitude, fatalisme, l'atmosphère du film est inégalable et l'on sent constamment un sens du détail méticuleux et parfaitement maîtrisé.
Un chef-d'oeuvre absolu !
Dernière modification par Watkinssien le 3 janv. 12, 08:50, modifié 1 fois.

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- Demi-Lune
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Melville me réserve encore une superbe découverte ce mois-ci avec son Samouraï. De la première à la dernière image du film, tout paraît mû par un degré de maîtrise tel qu'il est quasi impensable de changer en mieux la moindre chose. D'une histoire relativement simple, le réalisateur tire une ode hyponique et crépusculaire à la méticulosité, au professionnalisme, exercés par des forces de l'ombre selon un rapport dual mais non manichéen. En effet, le Bien - le commissaire de police - et le Mal - le tueur à gages - procèdent tous deux de la même fascination de Melville pour les hommes expérimentés et tous entiers dévoués à l'accomplissement de leur tâche, avec des facettes plus ou moins reluisantes dans un cas comme dans l'autre.
L'ancrage de l'action dans un cadre urbain parisien morne crée une ambiance d'agonie et de fatalisme, à l'aide d'une certaine esthétique de la mélancolie, qui contribuent toutes deux à mettre en valeur la force mentale des protagonistes : la fidélité à leurs principes ou à leur métier (quelles qu'en soient les implications les plus déplaisantes) s'apparente à une bouée de secours au sein d'une société que Melville dépeint sous des allures désespérantes et isolantes. La caractérisation melvillienne du personnage par la manière dont il mène à bien ses tâches, trouve peut-être ici son écrin le plus parfait. Jeff Costello en est la synthèse : mutique, froid, concentré, sang-froid total, impénétrable, stoïque, ce sont ses actes et ses choix qui le déterminent, rien d'autre ; au-delà de ça, il reste une énigme vivante.
Plus largement, l'intransigeance des personnages melvilliens envers leurs principes, ou envers la désagréable besogne qui leur incombe et qu'ils mèneront jusqu'à terme, leur confèrent l'aura fascinante d'obstinés régis par un éventail de codes, dont la noblesse apparaît d'autant plus intrigante qu'elle est souvent plus l'apanage de ceux qui sont en marge. Il y a bien évidemment le comportement de Delon (avec la parabole chevaleresque du samouraï), mais il y a aussi celui de sa petite amie, qui le protège envers et contre tout malgré les menaces du commissaire, ou celui de la pianiste noire, dont on ne saura jamais vraiment avec certitude si son faux témoignage est plus motivé par une complicité à la machination, ou par une reconnaissance implicite et désintéressée envers Delon pour l'avoir épargnée.
D'ailleurs, ce qui est remarquable c'est que cette ambiance froide, grâce à l'épure de la mise en scène et l'abstraction des personnages et de leurs motivations, en devient magnifique. Comme dans L'Armée des Ombres, le voile glacé jeté sur le film n'empêche en rien l'émotion. Au contraire, elle s'en retrouve sublimée. Il faut vraiment féliciter les comédiens parce qu'ils investissent totalement leurs personnages (difficiles car offrant peu de prises), et leur donnent l'humanité nécessaire à l'empathie du spectateur pour un drame qui, en surface, peut paraître hâtivement glacial, ascétique. Si l'on accepte d'être emporté par le rythme singulier du film, on se rendra compte qu'il n'en est rien. C'est quand même magnifique qu'avec une expression faciale et son regard légendaire, Delon arrive autant à captiver et irradier l'écran. Périer est excellent aussi ; j'ai également beaucoup aimé les scènes avec Nathalie Delon.
A l'aide d'un rythme trouvant son point d'équilibre entre une certaine lenteur mortifère et une mécanique sans chichis, sans superflu, Melville compose une sorte de longue marche funèbre, et un très grand polar.
L'ancrage de l'action dans un cadre urbain parisien morne crée une ambiance d'agonie et de fatalisme, à l'aide d'une certaine esthétique de la mélancolie, qui contribuent toutes deux à mettre en valeur la force mentale des protagonistes : la fidélité à leurs principes ou à leur métier (quelles qu'en soient les implications les plus déplaisantes) s'apparente à une bouée de secours au sein d'une société que Melville dépeint sous des allures désespérantes et isolantes. La caractérisation melvillienne du personnage par la manière dont il mène à bien ses tâches, trouve peut-être ici son écrin le plus parfait. Jeff Costello en est la synthèse : mutique, froid, concentré, sang-froid total, impénétrable, stoïque, ce sont ses actes et ses choix qui le déterminent, rien d'autre ; au-delà de ça, il reste une énigme vivante.
Plus largement, l'intransigeance des personnages melvilliens envers leurs principes, ou envers la désagréable besogne qui leur incombe et qu'ils mèneront jusqu'à terme, leur confèrent l'aura fascinante d'obstinés régis par un éventail de codes, dont la noblesse apparaît d'autant plus intrigante qu'elle est souvent plus l'apanage de ceux qui sont en marge. Il y a bien évidemment le comportement de Delon (avec la parabole chevaleresque du samouraï), mais il y a aussi celui de sa petite amie, qui le protège envers et contre tout malgré les menaces du commissaire, ou celui de la pianiste noire, dont on ne saura jamais vraiment avec certitude si son faux témoignage est plus motivé par une complicité à la machination, ou par une reconnaissance implicite et désintéressée envers Delon pour l'avoir épargnée.
D'ailleurs, ce qui est remarquable c'est que cette ambiance froide, grâce à l'épure de la mise en scène et l'abstraction des personnages et de leurs motivations, en devient magnifique. Comme dans L'Armée des Ombres, le voile glacé jeté sur le film n'empêche en rien l'émotion. Au contraire, elle s'en retrouve sublimée. Il faut vraiment féliciter les comédiens parce qu'ils investissent totalement leurs personnages (difficiles car offrant peu de prises), et leur donnent l'humanité nécessaire à l'empathie du spectateur pour un drame qui, en surface, peut paraître hâtivement glacial, ascétique. Si l'on accepte d'être emporté par le rythme singulier du film, on se rendra compte qu'il n'en est rien. C'est quand même magnifique qu'avec une expression faciale et son regard légendaire, Delon arrive autant à captiver et irradier l'écran. Périer est excellent aussi ; j'ai également beaucoup aimé les scènes avec Nathalie Delon.
A l'aide d'un rythme trouvant son point d'équilibre entre une certaine lenteur mortifère et une mécanique sans chichis, sans superflu, Melville compose une sorte de longue marche funèbre, et un très grand polar.
Dernière modification par Demi-Lune le 6 juin 13, 21:21, modifié 1 fois.
Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
UP !
DVDClassik met à jour sa chronique du chef-d'oeuvre de Melville.
La nouvelle page s'occupe bien sûr de tester la nouvelle édition Blu-ray Pathé qui fait tant jaser. Et justement, une petite surprise apparaît aujourd'hui sur le forum pour faciliter les comparaisons.
Le Samouraï
DVDClassik met à jour sa chronique du chef-d'oeuvre de Melville.
La nouvelle page s'occupe bien sûr de tester la nouvelle édition Blu-ray Pathé qui fait tant jaser. Et justement, une petite surprise apparaît aujourd'hui sur le forum pour faciliter les comparaisons.



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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Lors de son séjour à Bruxelles, Dunn a apporté son BD du Samourai et nous avons comparé le BD avec le DVD René Château (emprunté à la Médiathèque) et le Criterion que j'ai acheté via le site amazon.co.uk chez Seedhouse-Rare-Movies.
On vous parlera peut-être un jour de cette comparaison (les premières minutes de chacun des supports) mais je poste par rapport à une question que Dunn se pose apr rapport à mon Criterion. Hormis le fait qu'il y a un logo "René Château" au lancement du film, le format 1,77 et les bonus sont bien ceux du Criterion.
Toutefois le fait que la pochette soit en Coréen et qu'il y a des sous-titres coréens intrigue Dunn.
Quelqu'un a-t-il connaissance d'une telle édition par Criterion ou bien s'agit-il d'un "faux" ?
Voici le visuel (cliquer pour avoir une image plus grande):

On vous parlera peut-être un jour de cette comparaison (les premières minutes de chacun des supports) mais je poste par rapport à une question que Dunn se pose apr rapport à mon Criterion. Hormis le fait qu'il y a un logo "René Château" au lancement du film, le format 1,77 et les bonus sont bien ceux du Criterion.
Toutefois le fait que la pochette soit en Coréen et qu'il y a des sous-titres coréens intrigue Dunn.
Quelqu'un a-t-il connaissance d'une telle édition par Criterion ou bien s'agit-il d'un "faux" ?
Voici le visuel (cliquer pour avoir une image plus grande):

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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Wontolla je t'avais déjà dit dans le sujet "nos achats" qu'il s'agit d'une contre-façon...
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
- Dunn
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Ca me semblait évident comme je lui ai dit, criterion n'a pas d'edition "etrangère" de ses films!Akrocine a écrit :Wontolla je t'avais déjà dit dans le sujet "nos achats" qu'il s'agit d'une contre-façon...
Elever des enfants c'est comme ranger sa collection de films : c'est pas comme on voudrait mais c'est bien quand même.
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Ok. Je n'avais pas pigé ou fait attention.Akrocine a écrit :Wontolla je t'avais déjà dit dans le sujet "nos achats" qu'il s'agit d'une contre-façon...
Je suppose que c'est peine perdue de réagir!
EDIT: Je postais depuis une salle UGC avant le film!
Vérification faite, je n'avais pas vu et donc pas lu ton intervention.
Et il est probable que cette contre-façon - contrairement aux médicaments - est identique au DVD original (hormis les sous-titres coréens !).
J'ai retrouvé la référence de ce DVD sur un site coréen.
Ne me reste donc plus qu'à commander le BD ?!
Je ne me vois pas introduire un recours chez Amazon UK alors que je suis nul en anglais !
EDIT 2:
Bizarre: Un autre vendeur sur la plateforme Amazon UK précise ceci:
NEW/SEALED REGION 2 COMPATIBLE (REGION FREE / ALL REGION COMPATIBLE) Official Korean import (exactly as pictured) that plays on all DVD players worldwide. French Dolby Digital Sound with optional English or Korean subtitles. English DVD menu.
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Criterion c'est réservé au marché américain donc il n'y a rien d'officiel dans ce DvD 

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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Oui, j'avais saisi; le bizarre que je relevais était qu'Amazon laisse passer la chose sur son site.Akrocine a écrit :Criterion c'est réservé au marché américain donc il n'y a rien d'officiel dans ce DvD
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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Je ne te visais pas, au contraire c'est rageant pour les consommateurs qui se font berner
Après Amazon peut pas non plus lire toutes les annonces..

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Re: Le samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Très fortement stylisé, cadré à la perfection, pas un bout de gras qui dépasse ; nous sommes bien chez Melville. Sans quasiment pas ouvrir la bouche, Delon est magistral et porte le film avec un extraordinaire charisme. J'aime beaucoup la manière qu'à Melville de filmer les endroits de Paris connus ou inconnus, sa photographie métallique et, malgré l'austérité de l'ensemble, le film se suit sans ennui. Néanmoins, même si j'aime beaucoup et que c'est probablement mon film préféré du réalisateur avec Le Deuxième souffle, je suis désormais certain que l'univers de Melville est quand même assez éloigné de moi. Le tout reste quand même bien trop glacial à mon goût malgré aussi la superbe musique de François de Roubaix.
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Re: Le Samouraï (Jean-Pierre Melville - 1967)
Bonjour,
Pour ceux qui aiment Le Samouraï et que l'oeuvre de Melville passionne, je vous convie à l'exploration de mon projet Melville, Delon & Co en prévision de l'anniversaire de ses 100 ans l'année prochaine : http://melvilledelon.blogspot.fr
Retour sur l'univers du cinéaste avec photos, objets et images diverses ...
Et n'hésitez pas à cliquer sur les onglets pour lire, par exemple, le texte sur le projet.
Bonne découverte à tous.
Y.
Pour ceux qui aiment Le Samouraï et que l'oeuvre de Melville passionne, je vous convie à l'exploration de mon projet Melville, Delon & Co en prévision de l'anniversaire de ses 100 ans l'année prochaine : http://melvilledelon.blogspot.fr
Retour sur l'univers du cinéaste avec photos, objets et images diverses ...
Et n'hésitez pas à cliquer sur les onglets pour lire, par exemple, le texte sur le projet.
Bonne découverte à tous.
Y.