Toy Story 3 (Lee Unkrich - 2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Borislehachoir
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Toy Story 3 (Lee Unkrich - 2010)

Message par Borislehachoir »

Après le visionnage d'un Shrek 4 aux gags aussi téléphonés que ratés, il est plaisant de constater que le niveau reste toujours aussi constant chez Pixar. Troisième volet d'une saga initiée il y a déja 15 ans, Toy story 3 voit Andy grandir et ses jouets, Woody excepté, partir à la poubelle par erreur. En s'échappant, Buzz et les autres parviennent à atteindre une garderie ou les jouets sont commandés par le nounous Lotso, apparament bienveillant. Il appert néanmoins très vite que la garderie est un véritable enfer ou les jouets se font massacrer par des gamins en bas âge, tandis que Lotso et sa police restent tranquillement dans une pièce avec des enfants plus agés. Pendant ce temps, Woody tombe entre les mains de la jeune Bonnie, et se pose la question de la nécessité de son retour chez Andy, dans la mesure ou celui-ci, entrant à l'université, n'a plus réellement besoin de jouets ( on remarque d'ailleurs l'absence de plusieurs jouets des épisodes précédents, comme la Bergère ou la voiture téléguidée, vraissemblablement donnés ).

Mise en scène et animation toujours aussi réussies avec des scènes d'action superbes, nouveaux personnages hilarants ( les jouets de Bonnie qui se prennent pour l'Actor's studio, Ken qui est la risée de ses camarades le prennant pour un jouet de fillette, Barbie qui lancera un appel à l'autogestion communautaire :shock: ), structure narrative reprenant à la fois au film d'évasion et au film catastrophe, running-gags inspirés par rapport aux premiers épisodes ( les aliens et le grappiiiiin, Buzz réinitialisé et acquérant une personnalité assez... innatendue, des scénarios complètement improbables quand les enfants jouent avec les jouets ) et surtout force dramatique encore plus forte que dans les deux premiers épisodes, avec une troupe de jouets plus soudés que jamais abandonnés après des années de bons et loyaux services, et un Woody restant le dernier à croire en un avenir possible pour eux. Comme Jessie et le prospecteur offraient une alternative à Woody dans le deuxième épisode, à savoir devenir immortel en demeurant avec eux dans un musée, Lotso offre quand à lui un véritable système politique dictatorial dans la garderie, ou seuls les jouets les plus forts ont droit à la parole et ou les masses sont condamnées à être rapidement cassées. Il est d'ailleurs permis à Buzz de rejoindre l'élite avant que, devant son refus, la manière forte soit pratiquée.

Si je ne suis pas à 100 % convaincu par la 3D ( qui donne toutefois un supplément de corps au jouet ) ni par quelques facilités narratives, j'ai pris un tel plaisir à retrouver Rex, Bayonne, le couple Patate ( " c'est surréaliste " :mrgreen: ) dans ce troisième épisode ou les interractions avec l'environnement sont toujours aussi jouissives ( Monsieur Patate affrontant un pigeon, Woody en hommage à Tom Cruise dans Mission Impossible, le passage dans la benne à ordures ) avec, toutefois, une question qui m'obsède depuis son visionnage il y a trois jours : quelle idée dans la VF que de faire slammer Grand Corps Malade, doublant un jouet clown dépressif ? :uhuh: :|
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Flol
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Flol »

Pas grand chose à rajouter à l'avis de Boris : une nouvelle fois, Pixar fait étalage de toute sa classe dans ce divertissement quasi sans faille (je dis "quasi" car le mécanisme du film - évasion, infiltration - est finalement un peu répétitif), dont les qualités techniques sont telles, que cela ne vaut même plus la peine de s'y attarder (même si, encore une fois, on a le sentiment que Pixar a passé une nouvelle étape tant ça fourmille de détails...le climax dans la décharge est un régal pour les yeux).
Et une nouvelle fois, ils parviennent à faire naître l'émotion, aussi bien dans les péripéties en elles-mêmes (le climax dans la décharge again) que dans la thématique (de la même façon que dans Up, il est question ici du temps qui passe et de l'inéluctabilité de la mort).
Bref, du grand art.

8/10
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Flol
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Flol »

Borislehachoir a écrit :quelle idée dans la VF que de faire slammer Grand Corps Malade, doublant un jouet clown dépressif ? :uhuh: :|
What the f... !? :shock:
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Borislehachoir »

Ratatouille a écrit :
Borislehachoir a écrit :quelle idée dans la VF que de faire slammer Grand Corps Malade, doublant un jouet clown dépressif ? :uhuh: :|
What the f... !? :shock:
D'abord, je précise que je n'ai pas eu le choix, dans mon coin natal, y a un ciné pour tout le département et pas question d'entendre parler de VO.

C'est la séquence en flashback avec le clown, le bébé et l'ours en peluche, racontée par le clown. La VF est vraiment un slam ou le clown raconte des trucs du genre " Lotso nous a amené au fond de la garderie/Mais je n'étais pas utile désormais pour lui ". :shock: :lol:
Ca ne dure que ce passage là car le personnages n'a pas d'autres dialogues dans le film mais ça m'a surpris au visionnage. La VO est-elle aussi " slammée " ?
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Flol
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Flol »

Borislehachoir a écrit :Ca ne dure que ce passage là car le personnages n'a pas d'autres dialogues dans le film mais ça m'a surpris au visionnage. La VO est-elle aussi " slammée " ?
Non justement, elle est dialoguée normalement.
Mais ce que tu dis ne m'étonne même plus, on a déjà vu tant de n'importe quoi dans le domaine des versions françaises (Lorie, Nagui, etc...). M'enfin c'est vrai que là quand même, ils font très fort...:shock:
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Demi-Lune »

Ratatouille a écrit :On a déjà vu tant de n'importe quoi dans le domaine des versions françaises (Lorie, Nagui, etc...). M'enfin c'est vrai que là quand même, ils font très fort...:shock:
Personnellement, j'ai toujours trouvé les doublages français des Pixar de grande qualité. Lorie, qui avait participé aux Indestructibles, ne m'était pas parue à côté de la plaque (par contre, je ne vois pas dans quel film d'animation Nagui a pu prêter sa voix). Après, c'est sûr que cette touche de slam - surtout si elle ne rend pas compte d'une idée existant en VO - n'a pas l'air des plus renversantes, mais moi qui ai tant de tendresse pour mes bonnes vieilles voix françaises de Woody et Buzz, ça ne gâchera pas mon plaisir. Vivement ce week-end.
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Boubakar
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Boubakar »

Ratatouille a écrit :Bref, du grand art.

8/10
Là, il y a un truc que je ne comprends pas.
A part cette fameuse "répétition", qu'est- ce que tu lui reproches d'autre ?
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Flol
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :Personnellement, j'ai toujours trouvé les doublages français des Pixar de grande qualité.
Bien que n'ayant vu aucun Pixar en VF, il me semble aussi que les VF soient de bonne qualité.
Mais mon "coup de gueule" n'était pas uniquement axé sur les VF des Pixar, plutôt sur les VF en général et leurs castings de stars parfois ridicules (Cauet dans Garfield, Lorie dans Stuart Little 2, Nagui dans Super Noël....bon ok, que des chefs-d'oeuvre).
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Flol »

Boubakar a écrit :
Ratatouille a écrit :Bref, du grand art.

8/10
Là, il y a un truc que je ne comprends pas.
A part cette fameuse "répétition", qu'est- ce que tu lui reproches d'autre ?
Pas grand chose. Mais comme le faisait remarquer Cinephage à Watkinssien dans un autre topic, cet épisode n'est pas non plus très surprenant ; on sent qu'ils naviguent ici en terrain connu (mais attention : le terrain en question est suffisamment fertile pour que ça fonctionne pleinement).
Ca fait très longtemps que je ne l'ai pas revu, mais dans mon souvenir, le second opus lui reste tout de même supérieur.
Et puis bon, 8/10 c'est quand même une sacrée note ! :o
Dernière modification par Flol le 17 juil. 10, 21:45, modifié 1 fois.
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Boubakar
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Boubakar »

Bien que ça soit un des Pixar les plus "faibles", c'est quand même du très haut niveau. Le système à base d'infiltration puis évasion est encore une fois utilisé, et le potentiel comique du personnage de Ken me parait trop peu exploité (à part la scène d'essayage sur fond de "Le freak"). Mais il y a quand même suffisament de scènes fortes pour passer un excellent moment, comme le passage du Buzz "espagnol" ou la décharge.
Mais, encore une fois, ce que je retiens d'un film Pixar, c'est la forte émotion qui s'en dégage, et ce parce que c'est quelque chose qui nous "touche" plus à l'âge qu'a Andy :
Spoiler (cliquez pour afficher)
j'ai déjà vécu la scène où le jeune homme donne ses jouets à une petite fille, conscient que son enfance est derrière lui :oops:
. Comme souvent, on a ainsi droit au thème de la perte (qu'elle soit abstraite ou concrète), et Pixar touche mille fois au but, tout en ayant un petit pincement au coeur qu'on ne reverra certainement plus ces personnages si réels. :(
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Boubakar
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par Boubakar »

Comme certains cinoches ne diffusent pas le court-métrage diffusé avant Toy story 3 ( comme UGC, notamment), le voilà en ligne :

http://www.gamaniak.com/video-5484-day- ... pixar.html
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Re: Toy Story 3 ( Lee Unkrich, 2010 )

Message par monk »

Boubakar a écrit :Comme certains cinoches ne diffusent pas le court-métrage diffusé avant Toy story 3 ( comme UGC, notamment), le voilà en ligne :

http://www.gamaniak.com/video-5484-day- ... pixar.html
bon à savoir, merci !
vivement la semaine prochaine (en ce qui concerne mon petit cinéma...)
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Re: Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010)

Message par Watkinssien »

Outre le fait que Toy Story 3 continue d'être une fable populaire astucieuse, doublée d'un récit d'aventures toujours aussi réjouissant, je ne peux m'empêcher de penser que le film demeure grâce à ses vingt dernières minutes, le plus émouvant et bouleversant de cette année.

Ce qui m'a vraiment surpris, alors que cela suit un déroulement logique, c'est la manière dont Lee Unkrich arrive à filmer ces jouets lorsqu'ils ne bougent pas. Des travellings et des panoramiques très étudiés pour créer une émotion immédiate, une identification totale, la perception qu'a le spectateur de voir que des sentiments puissants couvent dans cette immobilité forcée.

Ce troisième volet est une merveille, de poésie, de drôlerie, de rythme et d'insondable tristesse, avec une mise en scène toujours aussi inventive, posée quand il faut, sachant être suprêmement efficace et intime.
Spoiler (cliquez pour afficher)
J'ai vraiment pleuré comme une madeleine lors de deux séquences très fortes : la séquence du trajet des ordures dont la soumission des protagonistes est déchirante et la séquence où Andy donne les jouets à la jeune fille, sublime moment où beaucoup de choses se passent. Ce moment d'anthologie culmine lorsqu'Andy dit ce dernier mot : Thanks, guys !, enlevant les mots de la bouche à la fois du spectateur mais aussi des créateurs de Pixar, qui doivent beaucoup à Woody, Buzz et Cie.
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Re: Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010)

Message par nobody smith »

J’ai beaucoup lu que ce troisième opus était bon mais manquait de surprise. Je dois dire que plaindre que ce toy story 3 manque de surprise n’a selon moi pas de grand sens. Ce troisième opus ne fait en effet que poursuivre la technique initiée par le second film. Ce dernier reprenait en effet tous les éléments du précédent opus mais les rendait plus fort, plus grand, plus puissant pour déboucher sur un formidable roller-coaster (et plus simplement le chef d’œuvre du studio). Ce troisième épisode joue sur le même processus de réinvention des structures, concepts et plus largement séquences de l’opus initial. Le film les réexplore, leur donne un nouveau sens et plus le clin d’œil face aux gimmicks y fait naître de toutes nouvelles émotions. Une volonté de se réapproprier un univers connu en le transcendant qui je trouve donne un tour psychanalytique à l’affaire.

Ça n’a en soit rien d’étonnant puisque c’était déjà un peu le cas du premier toy story (l’antagonisme Buzz/Woody pouvait synthétiser les rapports entre l’animation 2D et l’animation 3D) et Lasseter a tendance à favoriser ce type d’approche (tous les films qu’il a supervisé pour Walt Disney Animation Studios prennent le pouls du studio). On le sait à la base toy story 3 devait se faire sans Pixar sur une histoire à la madagascar (si je me souviens bien, ça donnait : un défaut de fabrication renvoyait Buzz à l’usine et les autres jouets le suivait). Heureusement, Disney et Pixar ont revu leurs engagements et la société de John Lasseter a pu récupérer le projet. Du coup, on a l’impression de retrouver un peu de réflexion sur cette période houleuse. Ça se ressent notamment au niveau des personnages s’interrogeant constamment sur leurs avenirs et les bonnes décisions à prendre à la croisée des chemins. On le retrouve également dans le système politique mise en place par Lotso cherchant à profiter vilement des enfants en leurs servant que ce qu’il a bien envi de leur servir et sans se soucier des conséquences. J’ai même limite envi de voir un gros bras d’honneur fait à Disney dans le spectaculaire climax de la décharge, version gigantesque de celui du the brave little toaster, projet que monta Lasseter à ses débuts mais qui fut abandonné faute du soutien de Disney (le film verra le jour quelques années plus tard mais sans Lasseter bien sur).

En réinvestissant on peut le soupçonner une dernière fois sa franchise (en tout cas c’est ce que le final laisse entendre), Pixar livre un film de la transition où il offre la définition ultime de ce que constitue leur cinéma. Bien sûr, tout ça, c’est de la surinterprétation et le film peut juste se savourer comme un excellent divertissement drôle, émouvant, palpitant et peuplé de personnages fabuleux (avec notamment un caméo des plus prestigieux). Le premier véritable monument cinématographique de l’année.
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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Re: Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010)

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Andy est en âge d'entrer à l'université et doit ranger ses affaires puisqu'il quitte la maison. Cela fait des années qu'il n'a pas touché à ses jouets, qui se trouvent dans un coffre. Andy décide d'emmener Woody à l'université avec lui, et d'entreposer les autres jouets dans le grenier. Woody décide alors d'aller rejoindre ses amis et tous se retrouvent dans une garderie dont le gérant est Lotso, un vieil ours en peluche rose parfumé à la fraise. Cependant, les enfants trop jeunes maltraitent les pauvres jouets ! Il faut donc s'échapper de cette garderie qui s'avère être une vraie forteresse…

Aller voir Toy Story 3, quinze ans après le premier opus, c'est dans mon cas personnel comme retrouver de vieux amis. J'avais sept/huit ans en 1995 et étais allé découvrir cette révolution technique - et premier coup de maître - d'un studio dont on allait à coup sûr entendre parler. Autant dire, l'âge idéal : Andy, c'était pratiquement moi ; si mes rêves d'enfant à l'imagination débordante se matérialisaient à ce point à travers ses yeux, c'est parce que Pixar avait touché là avec cette histoire incroyable un nerf fondamental et universel : la beauté de l'enfance, son innocent émerveillement, par le biais de l'imagination stimulée par les jouets que nous avons tous eus. Après Toy Story, jamais plus je n'ai regardé mes jouets de la même façon. D'ailleurs, pour parachever la mise en abyme, l'on m'avait offert les figurines de Woody et Buzz, et il me prenait souvent de les regarder tendrement et délicatement, scrutant sur eux une fugace ombre de vie que j'espérais du fond du coeur. Puis vint en 1999 Toy Story 2. Encore meilleur : plus délirant, plus drôle, plus émouvant, plus survolté. Et sous l'enrobage totalement déjanté, un film légèrement plus sombre aussi, car laissant poindre l'inéluctabilité du funeste destin des héros : un jouet n'est pas éternel, il est forcément voué à s'éteindre doucement à mesure que son propriétaire grandit. Cette inéluctabilité, qui n'était pas encore le nerf central du fil scénaristique, devient onze ans plus tard la substantifique moëlle de l'entreprise. A l'instar d'Andy et de sa soeur, les spectateurs de la première heure comme moi ont grandi - l'espacement des épisodes est en cela formidable - et possèdent une certaine maturité, un regard différent sur les choses, qui rend cet ultime épisode proprement déchirant et profondément bouleversant (à ce titre, je me demande bien ce que les gosses de cinq ans qui étaient dans la salle de cinéma avec moi ont pu comprendre des messages de ce film...). Toy Story 3 est placé sous le signe d'une gravité mélancolique que les gags ne parviendront jamais à faire oublier tout à fait. En braves soldats ayant passé des années au charbon, les jouets d'Andy savent que leur mission est terminée - ils le répètent souvent durant le film - et que le grand moment est arrivé. Ils ne peuvent plus rien pour l'en empêcher : la scène du faux coup de fil, juste pour qu'Andy jette un dernier oeil sur eux, est ainsi très poignante. On se rend compte que beaucoup d'anciens personnages (la Bergère, Siffly, Kart...) manquent à l'appel, donnés, ou vendus. La grande famille des jouets d'Andy se retrouve année après année réduite à peau de chagrin, et ils s'en font bon gré mal gré une raison. Seule alternative : une résurrection auprès de jeunes enfants dans une garderie, qui leur permettra de continuer d'exister dans leur fondamentale vocation. L'arrivée sur le grand terrain de jeu qu'est la garderie fait momentanément rentrer Toy Story 3 dans une solide logique d'aventures et d'humour particulièrement efficaces, dans la grande tradition des deux volets précédents. La durée du film s'étant nettement allongée, Lee Unkrich a le temps de présenter tous les nouveaux personnages - très nombreux - et de proposer une intrigue d'évasion ludique et réjouissante (réhaussée par une mise en scène toujours aussi excellente made in Pixar) réservant son lot de surprises et de gags imparables : du Ken efféminé accro de la mode au Buzz en mode espagnol, en passant par le singe aux symbales flippant ou un caméo prestigieux qui fera plaisir à Anorya --- cf. capture (attention, ça spoile !)
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les scénaristes s'en donnent à coeur joie et tout juste pourrait-on reprocher quelques légères baisses de rythme. Si l'humour est moins déjanté, c'est à l'évidence parce que l'envie n'y est plus. Film du chagrin, de la séparation, de la perte et de la déchirure, Toy Story 3 se place en continuité thématique directe avec Là-Haut (Bob Peterson, 2009). Et cette continuité thématique nous emmène inexorablement vers un finale que l'on pressent déchirant.
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Deux scènes prennent ainsi vraiment aux tripes : les jouets d'Andy qui se donnent tous la main dans le four à crémation parce qu'ils savent qu'ils vont tous y passer ; et le "passage de flambeau" entre Andy et la petite Molly, lorsqu'Andy joue une dernière fois avec ses jouets et les lègue à une fillette auprès de qui ils pourront continuer d'exister et être heureux. Les yeux embués de larmes, j'ai donc moi aussi fait mes adieux à ces braves jouets, et ne peux que tirer mon chapeau à Lee Unkrich, qui a apporté à la saga Toy Story une admirable conclusion, logique et nécessaire, belle et optimiste. Si je continue de préférer le parfait Toy Story 2, chacun des trois volets de la trilogie constitue un maillon indispensable d'une chaîne d'excellence. Et tandis que Pixar continue de voguer à une altitude stratosphérique, j'ai envie, à l'instar d'Andy, de dire à ces jouets qui m'ont accompagné, d'une certaine façon, depuis 1995 : "Merci, les amis".
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