
Andy est en âge d'entrer à l'université et doit ranger ses affaires puisqu'il quitte la maison. Cela fait des années qu'il n'a pas touché à ses jouets, qui se trouvent dans un coffre. Andy décide d'emmener Woody à l'université avec lui, et d'entreposer les autres jouets dans le grenier. Woody décide alors d'aller rejoindre ses amis et tous se retrouvent dans une garderie dont le gérant est Lotso, un vieil ours en peluche rose parfumé à la fraise. Cependant, les enfants trop jeunes maltraitent les pauvres jouets ! Il faut donc s'échapper de cette garderie qui s'avère être une vraie forteresse…
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Toy Story 3, quinze ans après le premier opus, c'est dans mon cas personnel comme retrouver de vieux amis. J'avais sept/huit ans en 1995 et étais allé découvrir cette révolution technique - et premier coup de maître - d'un studio dont on allait à coup sûr entendre parler. Autant dire, l'âge idéal : Andy, c'était pratiquement moi ; si mes rêves d'enfant à l'imagination débordante se matérialisaient à ce point à travers ses yeux, c'est parce que Pixar avait touché là avec cette histoire incroyable un nerf fondamental et universel : la beauté de l'enfance, son innocent émerveillement, par le biais de l'imagination stimulée par les jouets que nous avons tous eus. Après
Toy Story, jamais plus je n'ai regardé mes jouets de la même façon. D'ailleurs, pour parachever la mise en abyme, l'on m'avait offert les figurines de Woody et Buzz, et il me prenait souvent de les regarder tendrement et délicatement, scrutant sur eux une fugace ombre de vie que j'espérais du fond du coeur. Puis vint en 1999
Toy Story 2. Encore meilleur : plus délirant, plus drôle, plus émouvant, plus survolté. Et sous l'enrobage totalement déjanté, un film légèrement plus sombre aussi, car laissant poindre l'inéluctabilité du funeste destin des héros : un jouet n'est pas éternel, il est forcément voué à s'éteindre doucement à mesure que son propriétaire grandit. Cette inéluctabilité, qui n'était pas encore le nerf central du fil scénaristique, devient onze ans plus tard la substantifique moëlle de l'entreprise. A l'instar d'Andy et de sa soeur, les spectateurs de la première heure comme moi ont grandi - l'espacement des épisodes est en cela formidable - et possèdent une certaine maturité, un regard différent sur les choses, qui rend cet ultime épisode proprement déchirant et profondément bouleversant (à ce titre, je me demande bien ce que les gosses de cinq ans qui étaient dans la salle de cinéma avec moi ont pu comprendre des messages de ce film...).
Toy Story 3 est placé sous le signe d'une gravité mélancolique que les gags ne parviendront jamais à faire oublier tout à fait. En braves soldats ayant passé des années au charbon, les jouets d'Andy savent que leur mission est terminée - ils le répètent souvent durant le film - et que le grand moment est arrivé. Ils ne peuvent plus rien pour l'en empêcher : la scène du faux coup de fil, juste pour qu'Andy jette un dernier oeil sur eux, est ainsi très poignante. On se rend compte que beaucoup d'anciens personnages (la Bergère, Siffly, Kart...) manquent à l'appel, donnés, ou vendus. La grande famille des jouets d'Andy se retrouve année après année réduite à peau de chagrin, et ils s'en font bon gré mal gré une raison. Seule alternative : une résurrection auprès de jeunes enfants dans une garderie, qui leur permettra de continuer d'exister dans leur fondamentale vocation. L'arrivée sur le grand terrain de jeu qu'est la garderie fait momentanément rentrer
Toy Story 3 dans une solide logique d'aventures et d'humour particulièrement efficaces, dans la grande tradition des deux volets précédents. La durée du film s'étant nettement allongée, Lee Unkrich a le temps de présenter tous les nouveaux personnages - très nombreux - et de proposer une intrigue d'évasion ludique et réjouissante (réhaussée par une mise en scène toujours aussi excellente
made in Pixar) réservant son lot de surprises et de gags imparables : du Ken efféminé accro de la mode au Buzz en mode espagnol, en passant par le singe aux symbales flippant ou un caméo prestigieux qui fera plaisir à Anorya --- cf. capture (attention, ça spoile !)
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les scénaristes s'en donnent à coeur joie et tout juste pourrait-on reprocher quelques légères baisses de rythme. Si l'humour est moins déjanté, c'est à l'évidence parce que l'envie n'y est plus. Film du chagrin, de la séparation, de la perte et de la déchirure,
Toy Story 3 se place en continuité thématique directe avec
Là-Haut (Bob Peterson, 2009). Et cette continuité thématique nous emmène inexorablement vers un finale que l'on pressent déchirant.
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- Deux scènes prennent ainsi vraiment aux tripes : les jouets d'Andy qui se donnent tous la main dans le four à crémation parce qu'ils savent qu'ils vont tous y passer ; et le "passage de flambeau" entre Andy et la petite Molly, lorsqu'Andy joue une dernière fois avec ses jouets et les lègue à une fillette auprès de qui ils pourront continuer d'exister et être heureux. Les yeux embués de larmes, j'ai donc moi aussi fait mes adieux à ces braves jouets, et ne peux que tirer mon chapeau à Lee Unkrich, qui a apporté à la saga Toy Story une admirable conclusion, logique et nécessaire, belle et optimiste. Si je continue de préférer le parfait Toy Story 2, chacun des trois volets de la trilogie constitue un maillon indispensable d'une chaîne d'excellence. Et tandis que Pixar continue de voguer à une altitude stratosphérique, j'ai envie, à l'instar d'Andy, de dire à ces jouets qui m'ont accompagné, d'une certaine façon, depuis 1995 : "Merci, les amis".