Le règne du feu (Rob Bowman - 2002).

Ne vous fiez pas à l'affiche, il n'y a pas de bataille bourrine au dessus de Londres. Mais c'est alléchant néanmoins, non ?
Londres, début du XXIe siècle. Lors de travaux souterrains, Quinn, jeune aventurier d'une douzaine d'années, pénètre une galerie pour réveiller accidentellement une immense créature cracheuse de feu. Dès lors, ce qui n'était que légende devient réalité : les dragons envahissent le monde et celui-ci sombre lentement en poussières et cendres. Plus d'une vingtaine d'années plus tard, on retrouve Quinn (Christian Bale) à la tête d'une petite communauté dans un château réquisitionné comme lieu de résistance face aux créature. Mais, dans ce monde transformé en cendres constantes, les ressources se font rares. Les quelques humains restants, comme les dragons, ont faim, perpétuellement faim. Dans ce contexte où les premiers cherchent à survivre aux seconds, un américain, Van Zan (Matthew McConaughey), débarque avec toute sa troupe et déclare qu'il est un "tueur de dragons"...
Le réveil du Dragon...
Voilà de la bonne série B qui hélas, passe encore inaperçue. Je me souviens que, l'ayant vu au cinéma, je l'avais tout de suite adoré et porté plus ou moins aux nues. Evidemment ce n'est pas un grand film et l'on peut déplorer un manque d'ambition et une fin peut-être trop vite expédiée (d'autant plus que c'est trop court, arg). Mais voilà, si il y a deux choses fabuleuses qui font pleinement pour la réussite de ce film, c'est bien dans la retranscription d'un monde quasi-apocalyptique (et ce, avec peu de décors --un vieux château, des couloirs...-- ou souvent de grandes étendues vides, chapeau) avec bien sûr les dragons.
Ceux-ci, en plus de bénéficier d'un design sublime (ne chipotons pas, ce sont les plus beaux dragons vu au cinéma avec celui du Dragonslayer de chez Disney et ptêt Dragonheart. Mais là j'aime plus parce que voix de Philippe Noiret (VF)/Sean Connery (V.O)) sont plus que particulièrement traités puisqu'on ne les verra quasiment en détail que vers la fin avec le duel final. Tout le reste du film, les bêtes sont vicieuses, rapides, implacables et furtives, crédibilisant à fond l'inquiétude évidente qu'elles peuvent faire ressentir aux personnages comme au spectateur. Et pour couronner le tout, les créatures sont diantrement rusées et coriaces, mettant constamment à mal l'être humain. L'une des meilleures scènes du film, une course poursuite en chute libre (toujours aussi bien foutue) ne fera qu'appuyer l'aspect retors de la créature.

Espérance de vie ? 17 secondes selon les statistiques.
Pour porter le film, il fallait des comédiens qui en aient. Et il en ont. Sévèrement burnés, ils ont pour nom Christian Bale et Matthew McConaughey. A la fois opposés et alliés dans une lutte qui les fait se rejoindre, les deux personnages, tous deux chefs de leurs clans respectifs (ce qui donne lieu d'ailleurs à une savoureuse opposition entre les américains "gardiens du monde" et la prudence et l'expérience posée du vieux monde) et de leurs Hommes (et femmes) sont tous deux charismatiques, éclipsant les seconds rôles pourtant très bons (Izabella Scorupco ou le charme des blondes pas lavées et poussièreuses

, Gerard "
this is madness" Butler ou Alice Krige qui passe en coup de vent mais on lui pardonne, du moins moi car elle m'a toujours fasciné cette dame là, tout comme Rampling et Swinton).

Apocalypses now.
Qui plus est, le film contient des séquences plus qu'impressionnantes et marquantes (le réveil du dragon qui fait un peu penser au réveil du T-rex dans
Le petit dinosaure, la chute libre, le final), des clins d'oeils parfois très drôles (dont une parodie de Star Wars et du fameux duel Luke / Dark Vador pour le jeune public

), une imagerie formidable et une partition très bien foutue. Malgré les petits défauts mentionnés plus haut, ce serait dommage de bouder plus encore son plaisir.
4,5/6.