posté par joe-ernst le 29 août 2006
The Last Command, de Josef von Sternberg.
Ce film muet de 1928, avec notamment Emil Jannings, Evelyn Brent et William Powell, nous raconte la vie d'un cousin du dernier tsar, le grand-duc Serge Alexander, incarné par Jannings, au moment de la Révolution et en 1928. Commandant des armées suprêmes de la Russie impériale, il croise la route de deux comédiens révolutionnaires, incarnés par Brent et Powell, et des années plus tard, en exil en Amérique, déchu et ruiné, il se voit réduit à jouer le rôle d'un figurant dans un film dirigé par... Powell. Grande prestation de Jannings et remarquable composition de Brent. 7/10.
posté par Ann Harding le 3 juin 2008
J'ai découvert récemment trois films muets de Joseph von Sternberg. Attention, chef d'oeuvres!!!

Quand Hawks faisait des films muets poussifs et sans caractères, Sternberg inventait le film de gangster et le 'film dans le film'. Tous les trois sont des productions Paramount.
The Docks of New York (Les damnés de l'océan, 1928)
A regard fascinant sur les égarés du port de New York où Bill Roberts (George Bancroft) rencontre une paumée Mae (Betty Compson).
Superbe cinématographie de Harold Rosson qui offre quelques plans torrides de Betty Compson.
Underworld (Les Nuits de Chicago, 1927)
Comme son titre fançais l'indique nous sommes dans l'univers de la pègre de Chicago. On suit la trajectoire de 'Bull' Weed (George Bancroft), un gangster sans foi ni loi qui attaque banques et bijouteries sans la moindre appréhension. Il donne quelque argent à son ami 'Rolls Royce' (Clive Brook qui pour une fois n'est pas du tout figé!

) qui est devenu un clochard et un alcoolique. (Attention!!! il y a une séquence avec un billet jeté dans un crachoir qui rappelle violemment un certain
Rio Bravo 
. Mr Hawks devait étudier les muets de Sternberg!) Rolls Royce retrouve visage humain et commence à être attiré par la poule de Bull, la très voluptueuse Feathers (Evelyn Brent superbe)... Le final est encore plus époustouflant que celui de
Scarface (tiens..tiens encore un Hawks!

).
The Last Command (Crépuscule de gloire, 1928)
Un chef d'oeuvre absolu de bout en bout.

Le grand duc Sergei Alexander (Emil Jannings émouvant comme jamais) est devenu après la révolution de 1917, un simple figurant à Hollywood où il est traité comme du bétail ainsi que les autre figurants. Il se souvient de son passé. Dans les premières heures de la révolution, il a jeté en prison un activiste Lev Andreiev (William Powell) qui se retrouve maintenant son metteur en scène à Hollywood. Il se remémore sa rencontre avec la belle espionne Natalia Drabova (Evelyn Brent, déjà un parfait sosie de Dietrich!) qui l'aida à s'échapper de Russie....
Sternberg réussit à mélanger la fiction et la réalité comme je ne l'avait jamais vu faire à l'écran. Jannings subit humiliation après humiliation et crée un personnage inoubliable. A voir absolument!!!
Ballin Mundson a écrit :Ann Harding a écrit :
The Last Command (Crépuscule de gloire, 1928)

tu l'as vu où? ça fait des années que je voudrais le voir
posté par The Eye of Doom le 1er juillet 2008
Cher(e) Ann Harding, tres heureux de voir ma fascination pour ces films partagée: voir ce que j'en disais page 17 de ce topic (il y a 4 ans GASP !!!)
The Eye Of Doom a écrit :
J’ai parcouru tous les posts de ce sujet et à ma grande surprise, pas une seule fois le nom de Sternberg n’est mentionné !
Aucun de vous n’a vu les chefs d’oeuvres que sont « Salvation Hunters », « Docks of New Yorks », « Underworld » et « Last command » ?
Sternberg n’a pas attendu de découvrir Marlene pour devenir un cineaste de génie.
De son premier film « Salvation hunters », on trouve une mise en scène exceptionnelle (les scènes de la grue qui charrie sans fin la boue du port où les personnages traînent leurs désespérance et leur misère sur la moitié du film. la scène où la jeune femme se prépare à se prostituer en utilisant une allumette grillée pour se maquiller les yeux, …)
« Underworld » est considéré comme le premier film de gangsters. Scénarisé par Ben Hecht, on y retrouve les deux acteurs fétiches de Sternberg a cette époque : Georges Bancroft et Evelyn Brent (« prototype » de ce que sera Marlene quelques années plus tard ). Magnifique scène de fête avec forêts de serpentins (que Sternberg reprendra dans X27 et La femme et le pantin) et à la fin une scène d’assaut par les flics de l’appartement où sont réfugiés les «heros » particulièrement étonnante. Comme toujours chez Sternberg , une grande subtilité dans les scènes intimistes et dans le développement de l’intrigue.
« Last command » : que dire ? Une vision d’une violence stupéfiante du petit monde des figurants d’hollywood. Une intrigue extravagante : un ancien révolutionnaire russe, devenu cinéaste renommé à Hollywood, embauche l’ex commandant en chef du tsar, devenu figurant, pour jouer son propre role dans un film sur la revolution d’octobre. Les deux hommes se sont connus avant la révolution, ils se sont combattus et ont aimé la même femme.
Tout est génial : les scènes de préparation des figurants, les visions de la Russie en déroute, la longue scène du train et de la tentative de lynchage du général (E. Jamming), le sacrifice de la femme, le jeux des flashs backs, …
Enfin, last but not least, « Dock of New York » , peut etre le film le plus beau de Sternberg. Un machiniste d’un bateau au long cours fait escale pour une nuit à terre. Il finit dans un bouge où, afin de pouvoir coucher avec elle, il épouse une jeune femme. Au matin il la laisse tomber mais finalement reviendra à terre pour la sauver d’une accusation de vol.
La encore, tout est fabuleux : la brume portuaire, les scènes de fete, la scène du mariage, le parallèle entre l’histoire du machiniste et celle de son chef d’équipe qui lui aussi s’est marié dans les mêmes conditions mais à abandonner sa femme après une seul nuit, les scènes dans la chaufferie du bateau, … Un film d’une intensité et d’une subtilité rare. Une photographie magnifique (comme les autres films d'ailleurs).
Il te reste plus qu'a decouvrir Salvation Hunter qui s'il n'a pas la perfection de Docks of New York ou Last Command est un premier film passionnant.
Et a pleurer la perte de The Sea Gull le film qu'il a réalisé pour Chaplin et que ce dernier a fait detruire apres une unique projection. D'une beauté quasi surhumaine selon John Gierson, cité par Pascal Merigeau " c'est quelques chose d'etrangement beau et vide - peut etre ce que j'ai vu de plus beau - sur les arabesques de filets , les mouvements de la mer et les cheuveux dans le vent..." Au vu des films réalisés avant et apres, jusqu'à Anatahan, on a du mal a penser que Sternberg est réalisé une oeuvre purement esthétique. Enfin tous cela n'est que conjectures...
Ann Harding a écrit :J'ai déjà ma copie de
Salvation Hunters qui m'attend.

Je ne l'ai pas encore regardé: pas le temps! Mais, J'ai été vraiment étonnée de voir que le film a été produit par George K. Arthur que je ne connaissais que pour ses rôles comiques (et il est vraiment excellent dans nombres de comédies muettes). Il faut que je regarde cela rapidement.
