Imitation of Life, version John Stahl et Douglas Sirk

Il est intéressant de comparer ces deux films, naturellement le film de Douglas Sirk est un remake de celui de John Stahl, mais le traitement en est fort différent. La fin est différente dans le second, la mère "blanche" ne se sacrifiera pas totalement pour sa fille, si le personnage de la mère "noire" est traitée de manère identique, la fille ne l'est pas de la même façon, plus rebelle dans le premier, plus filiale finalement dans le second, on montre aussi plus dans le second, le mal-être de cette jeune fille avec son tabassage par son petit ami quand il apprend qu'elle est une "nègre". Il est aussi curieux de constater que dans le premier film, Claudette Colbert réussit grâce à la recette fournie par la jeune femme noire, alors que dans le deuxième, je suppose que la moralité est passée par là, la jeune femme noire n'est qu'une "bonne" et une confidente, et Lana Turner arrive au sommet seule, sans profiter d'une subalterne. Naturellement les liens entre les deux femmes semblent aussi forts, même si on sent plus de complicité dans la première version. Si dans le premier, les relations entre les fillettes arrivent à être tendues, il y a une forme de racisme, alors que dans le second, au contraire on insiste sur le côté lien du sang. Elle veut voir si le sang noir est identique, mais il n'y a pas la même force de racisme, cela est montré comme un anodin jeu d'enfants, alors que dans le premier, la méchanceté est plus cachée. Le traitement est aussi différent, bien que la première version soit un mélodrame, c'est dans le second qu'il y a vraiment cette notion de mélo flamboyant, avec la manière dont on montre la fille d'Annie. Natuellement certaines scènes sont totalement identiques, comme notamment la fin. John Gavin a bien plus de charme que Warren William et on comprend par contre l'attitude de Lana Turner.
Il est vraiment très intéressant de comparer ces deux films si semblables et si différents finalement dans leur traitement, leur sentimentalité, finalement bien représentatif d'une époque 1934 pour le premier 1959 pour le second.
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Magnificent Obsession - Versions John Stahl et Douglas Sirk
Curieusement, dans
le Secret Magnifique, s'il y a des différences de traitement dans la forme, l'histoire y est rigoureusement identique et nous n'avons pas affaire à deux films où la moralité semble différente. Dans les deux films les héroines n'ont pas le même nom, mais le héros a le même nom de base. Naturellement Douglas Sirk insiste sur les relations humaines, les sentiments sont plus développés comme dans Mirage de la vie. Dans la première version, nous sommes dans une relation plus basique. Ici la fin est totalement identique jusque dans les répliques. Mais il y a un développement des scènes, comme la description d'une scène de folklore suisse dans le deuxième, la ballade dans Paris du premier semble anodine. La force du film réside aussi dans le fait que jamais on ne voit le mari "mort", l'émotion surgit de celles produites par les actrices dans les deux versions, pas de corps, pas de larmoiement sur un cadavre, tout passe dans des répliques. Irene Dunne a quand même plus de charme que Jane Wyman, Rock Hudson semble par contre plus à l'aise dans la peau du débauché Bob Merrick que Robert Taylor plus à l'aise dans la respectabilité du Docteur qu'il devient.
Ceci étant ces quatre films sont de vraies perles du mélo et de son traitement Hollywoodien. On remarquera la flamboyance des décors, des couleurs chez Sirk, surtout dans The Magnificent Obsession, même dans les reconstitutions en studio, une composition des plans sans doute plus recherchée également, mais les films de John Stahl sont de superbes mélodrames. Les copies sont superbes sauf pour la première version de The Magnificent Obsession, mais cela fait l'objet d'une note de la part de Carlotta.