JESSE JAMES, LE BRIGAND BIEN AIME (1939)
En attendant la énième version de l'histoire de Jesse James à sortir bientôt - THE ASSASSINATION OF JESSE JAMES BY THE COWARD ROBERT FORD avec Brad Pitt - j'ai redonné une chance au western d'Henry King que j'avais déjà vu il n'y a pas si longtemps (23 février 2006) et que je n'avais pas apprecié à l'époque. Voici ce que j'en pensais...
Tout est dans le titre: le personnage principal n'est pas un bandit hargneux et assoiffé de sang, mais un héros de l'Amérique. Ainsi on explique pourquoi un fermier sans histoires devient un hors-la-loi célèbre. Je ne sais pas le degrès d'authenticité, mais j'ai au moins appris quelquechose. Malheureusement ça ne suffit pas: on voit, en fait, assez peu Jesse James, au moins dans la 1ere moitié, on se concentre plus sur sa romance que sur ses braquages. On est ici plus dans le drame que dans le western. Et je ne me suis pas beaucoup intéressé à cette histoire dont le héros n'est pas souvent-là (je pense que c'est la raison). Une fois qu'il est là en permancence c'est trop tard. Ajoutons un ton théatral (mention à Nancy Kelly), qui en profite parfois (histoire de ses justifier par rapports aux évènements réels?) pour évoquer l'état d'esprit du héros qui devient, apparemment, de plus en plus sadique et meurtrier. Il faudra pour s'en convaincre consulter des livres d'histoire...
Décevant d'autant plus qu'il y avait de la matière.
Revu aujourd'hui, plus motivé, et même si je ne m'enthousiasme pas aveuglément, j'ai beaucoup plus accroché.
Ce qui m'avait rebuté la première fois est mieux passé ici: en fait de simplicité, de schématisation des évènements, le scénario s'intéresse en fait à la légende Jesse James et à son aspect populaire (cf le titre français "brigand bien aimé"). C'est un simple fermier qui est poussé vers le crime malgré lui. On insiste ainsi sur le rôle très important de la compagnie ferroviaire qui, au début, exproprie de force les fermiers de leurs terres et qui sera, ensuite, la cible de James et sa bande qui volent les passagers des trains, et qui nous fait considérer ces actions comme une vengeance basique - d'ailleurs soutenue par les fermiers locaux.
Seulement James se prend trop au jeu et prend goût à ses hold-up. Il a beau s'être marié, sa vie de bandit de grand chemin populaire s'éloigne de son foyer (et symboliquement de la morale et du bon chemin à prendre). Il renie ainsi son enfant qui va naitre, oubliant la voie qu'il aurait pu prendre pour se consacrer exclusivement à ses méfaits.
Lorsqu'il sera blessé et qu'il reviendra dans son pays natal, il retrouve sa femme et, en voyant son fils, semble avoir un choc intérieur, semble comprendre l'erreur qu'il a faite en s'éloignant d'eux pour risquer sa vie dans ses hold up. Dès lors il veut se ranger, quitter la région pour recommencer honnêtement sa vie, mais il sera trop tard...
Cette partie du personnage de James, plus sombre et moins reluisante, est traitée de façon éloignée. On suit partiellement les faits, et avec beaucoup d'ellipses. Le scénario, toujours motivé par une représentation sinon héroique en tout cas souvent positive, ne laisse pas le portrait se ternir.
Niveau acteurs, j'ai toujours énormément de mal avec Nancy Kelly (le personnage de Zee, la femme de Jesse James) qui surjoue comme pas possible. Son jeu est d'autant plus appuyé, daté, que ses partenaires principaux, Fonda et Power, restent toujours frais et convaincants, modernes.
Dommage que le master soit si mauvais. Voici ce que j'en disais l'an passé. Cela n'a pas changé.
Décevant aussi est le master du dvd Fox. Même si les problèmes se raréfient dans la 2e moitié, ce n'est quand même pas un luxe de supporter cette qualité très très moyenne. Tout est aléatoire: la définition va de passable à correcte. Les points blancs sont innombrables. Et surtout la colorimétrie, déjà instable, est à l'ouest (c'est le cas de le dire

): teintes légèrement vertes ou roses en tout cas image aux couleurs délavée (mais où est passé le technicolor?), quand ce n'est pas un même plan qui, dans un champ-contre champ, change légèrement d'étalonnage. C'est vraisemblablement un très vieux master vidéo, qui fait bien pâle figure face aux restaurations récentes d'un certain éditeur dont le nom commence par W...