Suite à une discussion sur un autre fil (les achats d'août 2010) un échange - passionné ? contradictoire ? - a eu lieu à propos de Reds, de Warren Betty.
Pour l'histoire, le film, sa construction, je renvoie au post initial de Jack Griffin (15 octobre 2005), ci-dessus, à peu près à cette heure-ci.
Je serai assez bref, il est tard, je viens de voir un film de plus de trois heures trente... et le premier bonus.
Disons, d'emblée que je suis "
KO debout" !
Je viens de coter à 9 sur IMDB.
Ensuite, j'ai découvert un pan entier de l'histoire américaine et mondiale que j'ignorais; une époque à laquelle je ne m'étais pas intéressé. Des combats qui me parlent certes mais qui m'étaient majoritairement inconnus. Rien sur John Silas Reed, Louise Bryant, "Dix jours qui ébranlèrent le monde" ; c'est dire le niveau abyssal de mon inculture.
Impossible de déterminer la part (éventuelle) de romance (ajoutée ?) mais peu importe.
Que voilà un film qui m'a touché (surpris au départ par les interventions des "
témoins"... mais n'est-ce pas analogue au principe qui sera utilisé 25 ans plus par par Todd Haynes dans une partie de
I'm Not There ?).
J'ai apprécié le jeu de Warren Beatty (et la réalisation) et celui de Diane Keaton - j'ai fondu à l'histoire d'amour, à la quête parfois impossible de Reed par Louise (aussi l'interprétation de Jack Nicholson). Une mention toute spéciale pour Jessie

qui disparait au cours de l'histoire.
Une image et un éclairage superbes.
Certes mon DVD était lu dans un lecteur Blu-ray en upscaling vers un bon vidéoprojecteur mais le rendu était extraordinaire, de toute beauté.
Alors, un film politique ? Oui, certainement au sens propre de la gestion de la "polis", de la cité, des affaires humaines, donc, et d'abord par la parole.
Il faut ici se souvenir des thèses de feu Hannah Arendt, la philosophe juive allemande, notamment dans "La condition de l'homme moderne" qui montre que l'action humaine (à ne pas confondre avec le faire) - et la "parole" est une action humaine - a deux caractéristiques: l'imprévisibilité et l'irréversibilité.
Lorsque des mots on été prononcés (parfois trahis, galvaudés,...) des choses peuvent se mettre en marche: pas de retour en arrière possible, d'une part, et impossible de savoir ce que cela donnera.
Une histoire d'amour ? Certes oui, et oh combien. Un amour impossible, incompris, mais aussi un "conte de fées" (comme pouvait l'être, dans une certaine mesure "Pretty woman"; c'est une analogie, boîteuse, on ne joue ni dans la même cour ni dans le même registre!).
Un mélodrame ? Oui, certainement ? A la hauteur de Sirk ou de Fassbinder ? Qui peut les atteindre ? Je ne sais, mais un mélodrame qui m'a touché, ému et n'est-ce pas ce qu'on demande aux mélodrames ?
Un beau film, un grand film ? Oui, sans réserve.
Alors quoi ? Merci à ceux qui par leurs avis passionnés ou par leurs critiques (parfois dures et acerbes) m'ont incité à me faire ma propre opinion (fragile certes, sujette à caution, subjective... humaine quoi). Et n'est-ce pas là le propre d'un forum?
Charles