Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Music Man a écrit :S’agissant de Miss Bremer, on en parle un peu dans la bio consacrée à Arthur Freed, qui est excellente et comporte des renseignements précieux sur l’envers du décor des films musicaux de la MGM.
S'agit-il de ce livre-ci ?

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L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Bouquin indispensable et richement documenté sur le sujet, traduit en français sous le titre faussement généraliste La Comédie musicale américaine (Ramsay)
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Music Man
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Message par Music Man »

C'est bien ce livre, en effet.
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Message par Music Man »

Cathy a écrit :Marge Champion avec son mari Gower :) ! Elle joue notamment dans Show Boat, Lovely to look at où elle interprète avec son mari "I won't dance" qui sera immortalisé par Frank Sinatra !
Bravo Cathy !
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Dans une « dernière séance » à l’occasion de la diffusion du film « donnez lui une chance », Eddy Mitchell surnomma Marge et Gower Champion, le couple vedette du film, les « Paulette Merval et Marcel Merkes » de la comédie musicale hollywoodienne, comparaison peu judicieuse, tant les ballets énergiques et la vivacité qui émanait du couple de danseur tranchait avec la ringardise des deux chanteurs d’opérette.
Fille d’un professeur de danse très en vue à Hollywood (qui donna des cours aux vedettes du muet comme Vilma Banky), Marge a évidemment appris la danse dès son plus jeune âge. Engagée, grâce à son papa, par les studios Disney, elle sert de modèle aux dessinateurs pour les mouvements des personnages de Blanche-neige , la fée bleue de Pinocchio et les scènes de danse de Fantasia (pour une bouchée de pain, car on était fort mal payé chez Disney).
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C’est là qu’elle rencontre Art Babbitt, l’animateur créateur de Goofy et du grand méchant loup qui va devenir son premier mari (à l’âge de 17 ans !ce qui est un peu jeune) : Résultat : à 20 ans, elle est déjà divorcée. Elle fait aussi de la figuration dans quelques films comme « la grande farandole »1939. Au début des années 40, Marge se tourne vers la scène et parait dans plusieurs spectacles musicaux sans trop se faire remarquer. En 1947, la jolie danseuse apprend par son impresario que le séduisant et talentueux danseur Gower Champion recherche une nouvelle partenaire pour ses spectacles. En mai, ils donnent leur premier spectacle ensemble, en octobre ils se marient. La complicité et le talent du jeune couple de danseur remportent un succès immédiat, qui les mènera à la télévision puis au cinéma.

Après une apparition dans Mr Music (1950) avec Bing Crosby et Peggy Lee, le couple se fait remarquer dans la célèbre adaptation de l’opérette de Jérôme Kern Showboat, aussi bien par l’allégresse et l’énergie de leurs ballets, que par le charme et la sympathie qu’ils dégagent. Avec la poignante interprétation d’une Ava Gardner, sublimement belle, le duo Marge et Gower est le meilleur atout de ce classique du film musical américain.
On retrouve, le couple, toujours dans des seconds rôles aux cotés d’Howard Keel et Kathryn Grayson dans le remake de Roberta (film dans lequel Fred et Ginger avaient brillé jadis) »les rois de la couture »1952. Il est vraiment difficile de comparer le duo magique et charismatique formé par Fred et Ginger et l’énergique tandem Marge et Gower : autant comparer le génie de Fred Astaire avec celui de Gene Kelly. Leur ballet sur « I won’t dance » est tout simplement euphorisant, et dégage la même pêche et la même modernité que les numéros dansés par Gene Kelly dans ses meilleurs films. C’est un vrai bonheur que de les voir danser et un bon antidote contre la morosité!
Il était inévitable, après de telles prestations, que le couple se retrouve tête d’affiche : si l’on en croit les critiques, pourtant « mon amour t’appelle », qui raconte tout bêtement la vie d’un couple de danseurs n’est pas terrible (j’aimerais bien le voir pour me faire une idée).
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En 1953, Marge et Gower tournent leur meilleur film « Donnez lui une chance »1953 de Stanley Donen, un petit bijou, reconnu par tous les fans du genre. Quel dynamisme et quel entrain dans les numéros musicaux, tous parfaitement intégrés à l’intrigue, notamment celui où Marge et Gower dansent sur les toits : à voir et à revoir ! (A quand le DVD?)
En 1954, on retrouve le couple dans l’injustement méconnu « tout le plaisir est pour moi » avec une Betty Grable, un peu trop potelée, en fin de règne. Ce remake de « too many husbands » est en fait une très bonne surprise. Bâti sur une intrigue très drôle qui a fait ses preuves (Betty Grable dont le mari, Gower Champion est porté disparu à la guerre depuis plus de 10 ans se remarie avec Jack Lemmon, et bien sûr l’ex-mari réapparaît), et des airs sublimes de Gershwin, il comporte de fort bonnes scènes de danse aussi bien pour Betty que pour les Champion en super forme. Néanmoins, c’est déjà la fin de la grande période des films musicaux :
Le monumental échec de la chérie de Jupiter (1955), péplum musical pas désagréable, mais pas très bien ficelé, et parfois balourd sera fatal à la carrière de tous les participants du film (Esther Williams, Howard Keel, Marge et Gower Champion ): ils seront tous renvoyés par la MGM! Dans ce curieux film dans lequel Howard incarnait Hannibal, on voyait Marge et Gower, en toge, danser avec des éléphants multicolores.
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Le couple se tourne alors vers les night clubs et la télévision. En 1960, Marge se retire pour mieux s’occuper de leurs 2 enfants. Gower se tourne alors vers la mise en scène de spectacles à Broadway. Son perfectionnisme et sa sévérité lui vaudront alors d’être comparé à Erich Von Stroheim ! Son exigence portera pourtant ses fruits et il mènera au triomphe plusieurs « musicals » Broadway dans les années 60 (Hello Dolly notamment).
A la fin des années 60, on retrouve une Marge empâtée et vieillie dans « the swimmer » avec Burt Lancaster et l’irrésistible « party », le classique de Blake Edwards.
Le couple Marge et Gower se sépare en 1971, tout en restant en bons termes. Gower continuera à avoir de gros succès sur scène. Le plus grand sera le dernier : une adaptation sur les planches de 42ème rue, qui tiendra l’affiche des années : hélas, épuisé par l’élaboration du spectacle, il décédera juste avant la première.
Marge, quant à elle, a longtemps participé au comité des « tony « awards (équivalent des oscars pour les spectacles musicaux sur scène aux USA). Elle fréquente encore les thé dansant avec Donald Saddler, ancien chorégraphe de Doris Day, et continue à donner des conférences dans des universités pour parle des comédies musicales… Et si on partait tous en stage avec Marge ?
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Blanche-neige, retrouve ses amis les nains près de 70 ans après…

Les essais de Marge pour Blanche Neige :
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:23, modifié 1 fois.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Music Man a écrit :Et si on partait tous en stage avec Marge ?
D'acc ! :D
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Message par francesco »

Je réagis en retard sur quelques posts ...
Juste pour dire que je me demande si on peut dire que Moira Shearer est une actrice de "comédies musicales" ?
Est-ce que les deux films auxquels elle a participé ressortent du genre ? :?: :?: :?: :?: :?:
Et puis ce n'est pas une inconnue : si on sort du cinéma c'est quand même une des plus célèbres ballerines du siècle !!!!
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Message par Music Man »

Je trouve que c'est tout à fait l'endroit pour évoquer Moira Shearer, la lumineuse héroïne des chaussons rouges, des contes d'Hoffman et des collants noirs.
Il existe de nombreux types différents de films musicaux de par le monde: du film ballet à l'opérette , en passant par les rumberas mexicains, schlagerfilme allemands, mélos avec des chansons, opéras rock,etc..
Les artistes qui se sont illustrés dans ses genres ont tous leur place ici: soyons ouverts! :lol:
Le fait que Moira fut également et avant tout une grande danseuse classique ne nous empêche pas de parler de ses mémorables apparitions au cinéma : on a déjà évoqué ici les immenses chanteuses que furent Edith Piaf et Rosemary Clooney dont les apparitions au cinéma ne furent qu'une parenthèse dans leur prestigieuse carrière.
On pourrait parler aussi de Ludmilla Tcherina ou Zizi Jeanmaire.
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Message par Music Man »

A la fin des années 50, la chanson italienne va connaître dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis une incroyable popularité. Des airs comme volare, bambino, romantica, souvent lancés par le très médiatique festival de San Remo seront sur toutes les lèvres. Evidemment le cinéma italien va s’emparer du phénomène et mettre en boite de nombreux films dont le seul prétexte est de proposer aux spectateurs un large choix des airs à la mode et des artistes en vogue, comme la chanteuse Mina.
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Née en 1940, celle qu’on surnommera la « tigresse de Cremona » débute par hasard dans la chanson en s’inscrivant dans un concours de chant pour épater des copines. Très vite, elle enregistre diverses chansons à la mode en anglais sous le pseudonyme de baby Gate. Mais c’est sous le diminutif de Mina, et avec un répertoire en langue italienne (notamment Le twist « tintarella de Luna » (qu’on entend dans Rocco et ses frères) et le beau slow « il cielo in una stanza ») qu’elle va devenir extrêmement célèbre en fort peu de temps. Elle fait partie de cette nouvelle vague d’interprète qu’on baptise les « hurleurs » (des précurseurs de Lara Fabian et toutes les chanteuses actuelles?). Le cinéma s’empare tout de suite du phénomène et en 3 ans, Mina va jouer dans 8 films, tantôt en guest star venue interpréter son dernier tube, tantôt en vedette. Son personnage de grande bringue un peu farfelue plait. Coté look, elle semble à l’époque s’inspirer de Monica Vitti. (Elle chante d’ailleurs un vilain twist dans l’Eclipse d’Antonioni).Que dire de ses films ? Ils n’ont d’intérêt que pour les amateurs de chansons !
En 1962, Mina remporte un fulgurant et inattendu succès en Allemagne suite à son apparition dans un show de Peter Kraus (Heisser sand sera le plus gros succès de 1962 outre Rhin). Du coup, elle paraît dans « les filles aiment ça » un schlagerfilm avec Peter (1962).
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En 1963, Mina chante encore dans un film à chansons :Canzoni nel mondo. La différence est que l’affiche est très internationale : Dean Martin, Marpessa Dawn, Juliette Gréco, Rika Zaraï ! Une vraie curiosité ! Puis, c’est le scandale : Mina s’éprend de l’acteur Corrado Pani, et donne naissance à un bébé alors que Pani est marié avec une autre ! Pendant des mois, Mina sera bannie de la télévision. Néanmoins, l’énorme succès de Citta vuota (de Mort Schuman) et d’un anno d’amore (un tube jusqu’au Japon et en Espagne, repris par Luz Casal dans Talons aiguilles) la relance et la Rai finit par lui rouvrir les bras. Dans son show studio une (1965) elle accueille et chante en duo avec la crème du cinéma italien (Toto, Mastroianni, Sordi, Brazzi…). Elle triomphe en animant Canzonissima (1968) avec l’acteur Walter Chiari, son compagnon de l’époque. Les numéros musicaux du show télé sont de grand calibre : en effet, la Rai n’a pas hésité à engager Hermes Pan pour la chorégraphie ! Se prêtant à tous les styles musicaux (rock, pop, opérette…) et vestimentaires, Mina y révèle une incroyable versatilité qui fera dire à Louis Armstrong qu’elle est la plus grande artiste blanche de la chanson ! Si malheureusement la quantité des disques qu'elle a enregistré l'a parfois emporté sur la qualité, force est de constater que Mina "la femme aux 100 voix" possédait d'incroyables possibilités. Son improvisation sur in the mood , colorée de scats et d’envolées suraiguës, est en effet assez ébouriffante. En 1967, Mina fait une apparition dans une version musicale d’Aladin et la lampe merveilleuse dont Gianni Morandi est la vedette. Son passage, qui met bien en valeur l’aspect fantasque et inclassable du personnage est vraiment réussi. Hélas, sa carrière au cinéma s’arrêtera là.
Dans les années 70, Mina va connaître encore de très gros succès dans la chanson (Never never never, repris par Shirley Bassey puis Celine Dion, parole parole, repris en France par Dalida, questione di feeling avec Cocciante.
En 1978, au sommet de sa gloire, Mina abandonne la scène et décide de ne plus se montrer au public (on murmure alors qu’elle souffre de gros problèmes de santé). Elle va continuer pourtant et continue toujours d’enregistrer très régulièrement des disques (elle a même repris Billie Jean de Michael Jackson, into the groove de Madonna, ou des airs du Rocky horror picture show) qui seront tous des succès (parmi les plus étonnants, un CD de chants liturgiques, qui vaut le détour). C’est donc un phénomène « un monument » pour reprendre les mots de Richard Cocciante, qui à l’égal de Johnny Hallyday en France, connaît un succès ininterrompu depuis plus de 45 ans.
Deux films de Mina sont ressortis en DVDs en Italie, pour les amateurs de chanson italienne de la grande époque de San Remo.
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Mina et Nino Manfredi

Sur youtube, un clip récent de Mina, habilement composé de vieux extraits télé :
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:25, modifié 1 fois.
Music Man
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Message par Music Man »

Les espagnols ont toujours raffolés des enfants chanteurs et acteurs. Chacun se souvient de Josélito, l’enfant à la voix d’or qui connut un succès fulgurant même en France à la fin des années 50. Il y eut également Pablito Calvo, le petit acteur de Marcelino, pain et vin et beaucoup plus récemment Maria Isabel qui a remporté en 2004 le concours eurovision junior de la chanson.
Et bien évidemment, Marisol
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Née en 1948, la petite Pepa Flores est remarquée à l’âge de 10 ans par le producteur Manuel Goyanes alors qu’elle danse avec une troupe de danseur à Malaga, sa ville natale. Le producteur, désireux de trouver un équivalent féminin au petit chanteur Josélito (découvert par Luis Mariano) qui triomphe au cinéma depuis 1956, pense avoir déniché l’oiseau rare : il fait signer un contrat d’exclusivité aux parents de la gamine, et l’installe chez lui (sans ses parents !!) et la rebaptise Marisol.
Son premier film, Un rayon de soleil (1960) possède tous les ingrédients des mélos de Josélito : c’est culcul et lacrymal à souhait : Marisol y tient le rôle d’une petite fille qui a perdu son père et que sa mère, une chanteuse de cabaret a confié à une pension. A la fin du film, elle arrive à attendrir et émouvoir son grand père paternel, bougon et sévère en chantant le flamenco, les yeux pleins de larmes, en regardant le portrait de son défunt papa….
Goyanes avait vu juste. Apparemment, c’était exactement le genre de film que le public espagnol attendait. La voix puissante et étrangement mure de la petite fille, sa blondeur et ses yeux en amande font fondre le public. Marisol devient une star du jour au lendemain : on décline son image sur des livres à colorier, poupées, etc…
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Son deuxième film est une excellente surprise : un ange nommé Marisol (1961) toujours de Luis Lucia est une comédie fort sympathique, dans laquelle Marisol a davantage l’occasion de démontrer l’étendue de ses talents de chanteuse, de traditionnels flamenco à des airs plus modernes. Cela dit, le film qui reste le plus attaché à son souvenir en Espagne et dans toute l’Amérique latine reste Tombola (1962), dans lequel elle chante un twist endiablé.
En douceur, Manuel Goyanes, va parvenir à faire passer à la gamine le stade de l’adolescence, tout en gardant son succès intact. Sans être des chefs d’œuvres, les comédies musicales qu’elle interprète (notamment rumbo à Rio 1963 où elle joue un double rôle et chante une bossa-nova des plus endiablées avec beaucoup de dynamisme) se laissent voir avec plaisir et rappellent un peu les films que Jane Powell ou Deanna Durbin ont tourné aux USA.
Compte tenu de l’énorme succès de la jeune chanteuse dans tous les pays de langue espagnole, Goyanes mise à présent sur les USA et engage le réalisateur américain George Sherman et l’acteur de télé Robert Conrad (les mystères de l’ouest) pour la nueva cenicienta (le rossignol de castille)1964. C’est à mon avis, le meilleur film de Marisol. Les ballets chorégraphiés par Antonio, qu’ils s’agissent de flamenco ou de numéros plus modernes, sont impeccablement réglés. Si Marisol est un peu mal à l’aise dans les grandes scènes de danse, elle chante en revanche remarquablement. A défaut de faire un tabac aux USA, le film fera un malheur au Japon (plus grand succès de l’année 1964 dans ce pays !).(Ce film est sorti en DVD en Espagne, et je le recommande). En 1965, c’est l’acteur Mel Ferrer qui dirige Marisol dans Cabriola (qui lorgne également sur le marché USA). En jeune apprentie toréador, Marisol apparaît encore à son avantage (la première scène, où Marisol, cheveux coupés très courts, remonte à cheval les rues de Madrid la nuit tombée en chantant Cabriola est particulièrement jolie).
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Alors que sa concurrente Rocio Durcal, connaît un succès croissant et passe sans aucun problème le cap de l’âge adulte grâce aux bons films qu’elle tourne avec Luis césar Amadori, Marisol a plus de mal : les 7 fiancés de Marisol (avec Jean-Claude Pascal), solo los dos (un film qui tourne autour de la tauromachie, sauvé par des titres pop très modernes composés par le chanteur Junior, le fiancé de Marisol, qui seront surtout des succès en Amérique du Sud) connaissent un succès décroissant.
Dans Carola de jour et de nuit (1968), on ressent vraiment un malaise : on a l’impression que le producteur Goyanes ne sait plus comment exploiter le talent de la jeune femme et essaie tous les styles : chanteuse de flamenco, chanteuse de cabaret à la Juliette Gréco, vedette pop…L’intrigue est en plus bien mal ficelée.
Marisol abandonne quelques années le cinéma pour se tourner vers la chanson, et se marie avec le fils de son producteur, Carlos J Goyanes (son ex fiancé Junior épousera Rocio Durcal !).
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En 1972, elle divorce. Sans doute, meurtrie par ses années d’enfance et d’adolescence passées loin de ses parents, par le fait que sa carrière, ses faits et gestes aient été manipulés et dirigés pendant plus de 10 ans par Goyanes, la jeune vedette va alors prendre un malin plaisir à piétiner le personnage angélique et préfabriqué de Marisol, avec lequel le public a tendance à la confondre.
Dans le film d’horreur « terreur aveugle »1973 de Bardem, elle joue le rôle d’une fille déséquilibrée sous l’emprise d’une femme possessive et ambiguë (Jean Seberg). Les amateurs de gore et de grand guignol apprécieront la scène finale où Marisol tue son amant d’innombrables coups de couteau. Dans la fille du moulin rouge (1973), tourné en langue anglaise, avec Mel Ferrer, elle incarne une strip-teaseuse dans un cabaret sordide : inutile de dire que c’est 1000 fois moins bien que Cabaret de Bob Fosse dont le film semble s’inspirer.
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Dans le pouvoir du désir (1975) avec Murray Head, Marisol montre sa poitrine. L’année suivante, elle pose nue dans Interviu puis adhère au parti communiste. Proche de Fidel Castro (qui sera le témoin de son mariage !), qu’elle a rencontré par l’intermédiaire de son nouveau mari, le merveilleux danseur Antonio Gades, il va sans dire que Marisol fait jaser dans les chaumières espagnoles qui ne reconnaîssent plus la souriante gamine du cinéma corseté de l’époque franquiste.
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En 1977, alors qu’elle connaît un dernier tube dans la chanson (hablame del mar, marinero), la chanteuse quitte son pseudo et reprend son nom de Pépa Flores, comme pour mettre à mort une fois pour toute le personnage de « Marisol » avec « lequel toute ressemblance n’a pu être que coïncidence » pour reprendre les termes de l’artiste.
Cela dit, la nouvelle carrière de Pepa Flores ne sera guère florissante : elle tourne quelques téléfilms, apparaît dans une courte séquence du Carmen de Carlos Saura (1982) avec son mari. Depuis plus de 20 ans, Marisol a totalement abandonné le métier. Séparée de Antonio Gades (avec lequel elle a eu 3 enfants), elle s’est réfugiée dans l’anonymat et refuse de participer aux festivals et autres émissions de télé consacrées au cinéma d’autrefois.
La plupart de ses films sont disponibles en DVD en Espagne, sans sous titres (du moins, ceux de la première période). Que les cinéphiles allergiques à Josélito et aux acteurs enfants ne fuient pas en se pinçant le nez : Marisol avait davantage de talent, une présence réelle, et beaucoup de charme, et ses films (du moins Ha llegado un ángel, La nueva Cenicienta, Búsqueme a esa chica, Cabriola) sont susceptibles de plaire aux nostalgiques des comédies musicales.
Sur youtube, un extrait de Trouvez moi cette fille, où une Marisol, en pleine vague yéyé, chante « mi pequena estrellita » :


Pour plus d'infos sur la seconde partie de la carrière de Marisol, se rendre aux pages 33 et 34 de ce topic. Merci encore à Lutetios de Buenos Aires pour ses compléments d'information et les photos!
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... &start=495
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:26, modifié 1 fois.
julien
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Message par julien »

Les débuts de Margaret O'Brien dans la chanson n'étaient pas mal non plus. (Under the Bamboo Tree).

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Margaret O’Brien and Judy Garland. “Meet Me in St. Louis”
julien
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Message par julien »

Music Man a écrit :Il existe de nombreux types différents de films musicaux de par le monde: du film ballet à l'opérette , en passant par les rumberas mexicains, schlagerfilme allemands, mélos avec des chansons, opéras rock,etc..
Les artistes qui se sont illustrés dans ses genres ont tous leur place ici: soyons ouverts! :lol:
EXACTEMENT Music Man.

Et à ce propos...

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A quand une biographie sur Twiggy Lawson ?
julien
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Message par julien »

Et sur Joséphine Baker ?

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Message par Music Man »

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C’est vrai que le mannequin filiforme Twiggy, qui fut la première à porter la minijupe, personnifie tout comme la chanteuse Sandie Shaw, non seulement la mode de la fin des années 60, mais également toute l’époque du pop art et du flower power.
Bien avant Claudia Shiffer et Cindy Crawford, elle fut l’un des premiers mannequins à acquérir une popularité égale à celle d’une star de cinéma, et il était inévitable qu’elle fasse un jour du cinéma.
Ken Russell lui confie le rôle principal de l’adaptation cinématographique du Boy friend (1971), opérette jadis jouée par Julie Andrews en 1953, et achetée par la MGM qui comptait en faire un film avec Debbie Reynolds avant d’abandonner le projet pendant de longues années. La transposition au cinéma se double d’un hommage à Busby Berkeley et aux films musicaux du début des années 30. Ce n’est pas une vraie réussite, néanmoins, le film n’est pas désagréable (sais tu Julien, s’il est ressorti en DVD, car je l’ai en VHS achetée en GB dans les années 90 ?). Quant à Twiggy, elle fut jugée « désarmante de maladresse ».
Comme Ruby Keeler dans les films de Berkeley, son charme ingénu l’emporte de loin sur ses talents de danseuse et chanteuse.
Comme le film ne sera pas un grand succès, on verra assez peu Twiggy au cinéma par la suite. Notons qu’elle chantait dans la BO du dessin animé « Butterfly ball », qui eut tant de succès vers 1975 (souvenez vous de love is all par Roger Glover, qui passait souvent en bouche-trou sur TF1 ?). Elle a joué aussi dans Mme Sousatzka avec Mc Laine, fait une apparition dans les blues brothers (1982) et sur scène dans My fair lady. Toujours aussi belle, elle continue de faire le mannequin à l’occasion.

Twiggy danse :
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:28, modifié 1 fois.
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Message par Music Man »

Et si on évoquait à présent l'opérette américaine et particulièrement Shirley Jones, la délicieuse ingénue des productions Rodgers et Hammerstein.
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Née en 1934, la très jolie Shirley remporte un concours de beauté en 1951 (Miss Pittsburg). Si l’on croit sa biographie (mais j’ai vraiment du mal à le croire !) c’est en touriste qu’elle s’est présentée à une audition d’un théâtre de Broadway pour obtenir un rôle dans South Pacific. La comédienne prétend en effet qu’elle s’était rendue à New York juste pour saluer un ami qui lui a conseillé de passer cette audition, à tout hasard. Le grand compositeur Richard Rodgers, qui en pince pour elle (ce qui n’est pas réciproque), apprécie sa voix fraîche et naturelle, et l’engage sur le champ. Quand ce dernier décide de transposer à l’écran son opérette « Oklahoma », qui triomphe depuis 10 ans, c’est naturellement à Shirley, qu’il confie le rôle principal. Le reste de la distribution étant composée d’acteurs de cinéma. A condition de ne pas être allergique aux opérettes, c’est un film à gros budget de bonne facture. Il sera très fraîchement accueilli en France, amputé de certains passages musicaux. Shirley Jones et Gordon Mac Rae seront comparés par la presse à des perroquets incolores, n’arrivant pas à la cheville de Jeanette McDonald et Nelson Eddy.
Il est certain que malgré son charme gracile et son délicieux sourire, Shirley n’a pas encore l’étoffe, le piquant et l’intelligence de jeu de la grande Jeanette MacDonald ! Néanmoins, ce n’est pas ce qu’on lui demande : son rôle est celui d’une ingénue, et elle le joue à merveille.
Lors d’une tournée promotionnelle, elle rencontre et épouse l’acteur Jack Cassidy (avec lequel elle aura 3 enfants qui feront tous carrière dans le show business). Compte tenu de la personnalité mégalomane et égocentrique de ce grand comédien, leur union sera des plus houleuses.
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En 1956, Rodgers et Hammerstein confient à Shirley et Frank Sinatra les rôles principaux de Carousel, adaptation musicale d’une histoire de Ferenc Molnar déjà tournée en France par Fritz Lang avec Charles Boyer (Liliom). Après avoir tenté au passage de draguer Shirley, Sinatra, dont la voix magique de crooner colle mal à la partition de l’opérette finit par abandonner le film. A la demande expresse de Shirley, c’est Gordon Mac Rae qui reprend le rôle du mauvais garçon qui séduit une fille naïve un soir de fête. Les chansons sont superbes, mais pour apprécier ce film (je pense ne particulier au soliloque somptueusement chanté par Gordon MacRae), il faut avoir un fort goût pour l’opérette.
Grâce à ces deux triomphes, Shirley est devenue une vedette de cinéma et à son grand regret, on va d’abord la cantonner à de douces comédies musicales, comme la foire aux amoureux (1957) avec Pat Boone, le gentil rocker de bonne famille (qui pour une brève période sera aussi populaire qu’Elvis). C’est lénifiant comme la chanson titre, qui sera un gros succès commercial. En 1959, elle partage la vedette avec James Cagney pour Tous les coups sont permis, un musical qu’elle estime complètement raté (à vérifier…). Pepe (1960), malgré son gros budgets, et le nombre important de guest stars n’est pas une réussite : on n’en retiendra que la chanson titre, une petite ritournelle sympa gazouillée par Shirley que reprendront en France Dalida et Jacqueline Boyer.
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En 1960, Richard Brooks a l’idée excellente de confier à Shirley un contre emploi dans le magnifique « Elmer Gantry le charlatan » (que je recommande chaudement à ceux qui ne l’auraient pas encore vu). Son étonnante interprétation d’une prostituée vaudra un oscar à Shirley. Puis c’est le retour à des rôles plus classiques dans des comédies dites « sophistiquées » dont la meilleure est probablement « il faut marier Papa » de Minnelli.
Le charme juvénil et le coté très naturel de Shirley conviennent tout à fait à ce type de films.
Le grand regret de Shirley sera de ne pas tourner avec Franck Capra : elle sera évincée de « milliardaire pour un jour » (1961) par Glenn Ford qui ne veut que sa copine du moment, Hope Lange, comme partenaire.
Elle aura par contre la chance d’apparaître encore dans un superbe musical : l’adaptation fort réussie de l’opérette Music Man , dominée avec un Robert Preston exceptionnel, qui va sauver tout un village de la morosité du quotidien.
Au cours des années 60, la popularité de Shirley décline : on la retrouve en 1968 dans un musical espagnol « el golfo » dont la vedette est Raphael (pas l’interprète de caravane mais l’un des plus populaires chanteurs espagnols). En fait, c’est un vrai show Raphaël, qui chante (fort bien) une bonne douzaine de chansons, mais il n’y a pas beaucoup de place pour Shirley, qui joue une célibataire blasée qui cherche l’amour à Acapulco.
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Comme beaucoup de comédiens délaissés par le cinéma, Shirley se tourne vers la télé. La nullissime série « the Partridge family » dans laquelle elle joue le rôle d’une mère de famille aux cotés de David Cassidy (fils de Jack, né d’un précédent mariage) va remporter un succès incroyable auprès des adolescents. Cette sitcom, du même tonneau qu’Hélène et les garçons ramène Shirley au sommet de l’actualité et fait de David Cassidy l’idole du moment.
On parle alors beaucoup dans la presse à scandales des frasques de Jack Cassidy (maniaco-dépressif, il décédera dans un incendie), puis du divorce de Shirley et de son remariage avec l’acteur comique Marty Ingels (Mardi c’est donc la Belgique). L’union entre « la princesse et la grenouille » (pour reprendre les termes peu flatteurs des journalistes à scandales) dure toujours, en dépit des gros problèmes rencontrés entre Marty Ingels et les fils Cassidy.
Shirley continue toujours sa carrière en alternant des films insignifiants, de nombreuses séries TV (Melrose place…) et des tournées dans des opérettes de ces mentors Rodgers et Hammerstein (le Roi et moi…). Son fan club et son site internet sont bien rodés : elle y vend des robes portées dans des téléfilms, à une époque elle proposait même des bonbons : c’est un vrai business. Elle répond aussi systématiquement et très rapidement aux demandes d’autographe. Dommage que je n’ai pas de scanner, sinon, j’aurais posté celui qu’elle m’a adressé !
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Shirley nous offre une adorable version d'It might as well be spring de State Fair :
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:31, modifié 1 fois.
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Merci pour tes infos sur Marisol. Je me suis pas mal intéressé à cette période du cinéma franquiste avec ses enfants stars (surtout Joselito en fait).
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