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Critique de film
Le film
Affiche du film

La Blonde explosive

(Will Success Spoil Rock Hunter ?)

L'histoire

Rocky Hunter (Tony Randall) est rédacteur dans une célèbre agence de publicité new-yorkaise. Lorsqu’il apprend qu’il va peut être perdre son poste, il décide de convaincre coûte que coûte la starlette Rita Marlowe (Jayne Mansfield) de bien vouloir participer à une surprenante campagne pour un rouge à lèvres. La plantureuse actrice accepte à condition que Rocky se fasse passer pour son amant auprès des médias. Elle a l’intention de se venger ainsi d’un acteur (Mickey Hargitay) qui a osé se séparer d’elle. Rocky est le premier surpris par les conséquences de cette fausse idylle qui lui apporte immédiatement le succès et la reconnaissance sociale. Par contre, sa fiancée (Betsy Drake) ne juge pas d’un très bon œil de le voir ainsi se pavaner aux pieds de l’explosive Rita.

Analyse et critique

Au Palmarès des dix meilleurs films de l’année 1957, Jean-Luc Godard classe deux comédies de Frank Tashlin respectivement en troisième et quatrième positions : La Blonde explosive et Un vrai cinglé de cinéma. Si le second est une commande, il marquera les esprits notamment comme le dernier volet du tandem Jerry Lewis / Dean Martin. Tashlin avait déjà réalisé avec le duo Artistes et modèles, considéré par Lewis lui-même comme le meilleur film de toute la série. Si le futur réalisateur du Tombeur de ces dames renie un peu vite Un vrai cinglé de cinéma, Godard, pour sa part, vante absolument les mérites d’un auteur qu’il place très haut dans le panthéon des grands inventeurs de la comédie américaine. A son propos d’ailleurs, il finissait sa critique ainsi : "Bref, au lieu de rénover, Frank Tashlin a créé. Et dorénavant, quand vous parlerez d’un film comique, ne dites plus : c’est chaplinesque, mais dites très haut : c’est tashlinesque." Pour ceux qui connaissent encore mal l’œuvre du réalisateur de La Blonde explosive, la formule peut sembler excessive. Comme le rappelait déjà Godard en exergue de la même critique : "Selon Georges Sadoul, Frank Tashlin est un cinéaste de second plan, parce qu’il n’a jamais tourné le remake de Vous ne l’emporterez pas avec vous ou de Cette sacrée vérité." Quand on sait l’opiniâtreté dont firent preuve les Jeunes Turcs pour se positionner contre le cinéma français de studio et la critique institutionnelle, on peut se demander si Godard ne s’est pas entiché de Tashlin par désir de contredire l’avis commun puis de discuter l’opinion d’un aussi éminent spécialiste que l’auteur de la première Histoire du Cinéma Mondiale. Car, il faut bien le reconnaître, si le nom de Tashlin évoque quelques pépites bariolées aux cinéphiles français, et aux fans surtout de Jerry Lewis (ils tournèrent huit films ensemble), il est malheureusement trop souvent absent des anthologies et des histoires officielles qui ne savent lui trouver une juste place. Tout au plus, cite-t-on parfois La Blonde et moi comme l’un des classiques de la comédie des années 50.

L’édition de La Blonde explosive est ainsi l’occasion de mieux redécouvrir la méthode radicale d’un cinéaste qui, comme le remarque Jerry Lewis, fut « un metteur en scène complet, le seul réalisateur important à avoir fait le saut du film d’animation au film en prises de vues réelles. » Ce dont témoigne cette Blonde (très) explosive et que l’on doit au parcours atypique, hors norme, du cinéaste qui a débuté comme auteur de bande dessinée avant de travailler dans l’animation chez Warner Bros., comme scénariste chez Walt Disney puis gagman pour les Marx Brothers, Hal Roach et Bob Hope. Et il est vrai que Tashlin n’a pas son pareil pour fabriquer des gags à une époque où le burlesque satirique survit essentiellement dans les dessins animés de Tex Avery ou de Max Fleischer. Et ainsi, on peut aborder cette Blonde explosive comme une application de l’esprit cartoon dans un film réel.

La Blonde explosive est réalisé un an après le succès de La Blonde et moi, comédie délirante sur les débuts du rock’n’roll avec déjà Jayne Mansfield. Le film qui nous intéresse ici se propose comme une déformation du premier. La métamorphose de l’un à l’autre rend le premier totalement dérisoire. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de caricaturer La Blonde et moi mais bien de comparer les qualités d’un grand succès populaire à un autre film qui lui ressemble apparemment mais paré de nouvelles ambitions dont il faudra, in fine, se moquer également. Le jeu sur les comparaisons, les transformations ne s’appliquera donc pas seulement aux deux films. Il présidera à la mise en scène de La Blonde explosive qui fonctionne comme système permanent de contrastes entre les désirs et les ambitions de ses personnages et le succès de leurs entreprises et la reconnaissance dont ils sont gratifiés. Comme l’affirme un collègue de Rocky Hunter au début du film, alors qu’ils sont menacés d’être virés : « Ce n’est pas difficile de retrouver du boulot quand on a aucun talent. » Plus les aspirations des personnages de ce film sont grandes, plus leurs désirs de succès sont exaucés, plus le dérisoire de leur entreprise apparaît au grand jour et plus le film devient une charge violente à l’encontre de toute vanité humaine.

Le film joue ainsi sur les contrastes, les disproportions, les comparaisons et les disharmonies. En premier lieu, Jayne Mansfield elle-même, à la fois double plus pragmatique que son personnage de La Blonde et moi et caricature outrageuse de Marilyn Monroe. Contrairement à la star de 7 ans de réflexion (dont la pièce originelle avait été écrite par Georges Axelrod, celui-là même qui écrivit le livret de La Blonde explosive), Mansfield expose sans pudeur des formes encore plus avantageuses et suggestives. Elle roule encore mieux de son arrière-train, paraît dans des tenues souvent pauvres en tissu quand elle n’est pas entièrement nue sous une simple serviette. Sa voix ressemble à une imitation de celle de Marilyn et elle pousse, à chacun de ses nombreux enthousiasmes, un cri perçant, aigu, insupportable, censé trahir son idiotie. En fait, son personnage dans le film est bien moins cruche que ce qu’il veut bien montrer. Rita Marlowe joue de sa plastique pour être cataloguée en simple objet sexuel décérébré alors, qu’à l’image du héros, c’est une femme pragmatique, qui sait comment obtenir ce qu’elle désire et qui se sert parfaitement de son image pour des médias dont elle connaît par cœur le fonctionnement. Féru de private jokes, héritée des cartoons où ils sont florilèges, Tashlin fait joujou avec l’image de Jayne Mansfield qui s’amuse également avec sa propre célébrité. Ainsi, comme il est dit dans le film, elle a bien tourné précédemment dans La Blonde et moi et a également interprété un semblable rôle de godiche au coté de Cary Grant dans Embrassez-la pour moi, une comédie acide de Stanley Donen, injustement méconnue. Célèbre alors pour sa relation avec son futur mari, le culturiste Mickey Argitay, celui-ci apparaît dans le film dans le rôle de l’homme-singe Bobo, amant qui la plaqua et qu’elle est bien décidée à rendre jaloux. Ainsi, l’actrice et son compagnon s’amusent à rire de leur statut, à rendre opaque la frontière entre le vrai et le faux tout en adressant des clins d’œil constants aux spectateurs qui, comme tous les personnages du film, n’hésitent pas à se ruer sur la presse à scandales. La Blonde explosive est donc bien à sa manière une critique du succès de cette comédie pas assez sérieuse sur le rock’n’roll qu’était La Blonde et moi.

Bobo est un culturiste sur-musclé et Rocky Hunter un petit publicitaire prêt à tout pour réussir. Afin d’obtenir un gros contrat avec une marque de rouges à lèvres, Rocky n’hésite pas à accepter la combine de Rita qui lui propose de feindre d’être son amant. Sur les noms aussi, Tashlin joue des contrastes : l’homme-singe se prénomme Bobo tandis que le petit employé est Rocky. A partir du moment où Rocky devient l’instrument de la machination ourdie par Rita, il se transforme en Doudou, c’est-à-dire en son jouet. Voulant rivaliser dans la comédie des apparences que maîtrise parfaitement Rita, Rocky endosse les habits de Bobo bien trop grands pour lui. Littéralement, il porte un costume bien trop grand. Paré de ses vêtements d’athlète, Rocky est ridicule comme s’il essayait d’être quelqu’un d’autre sans en avoir forcément l’étoffe. La disharmonie graphique entre ce corps et ses habits provoque une impression de monstruosité comme si le contraste révélait immédiatement le sens caché, profond, du dégoût qu’éprouve Tashlin pour ses personnages. La comédie ici sert bien à révéler la vanité humaine et à dévoiler le jeu des apparences de la comédie sociale. Il réitère cette disharmonie quand la fiancée de Rocky, à son tour, tente de ressembler à Rita. La jeune femme marche sur la pointe des pieds, expose ostensiblement sa poitrine et pousse à chaque pas les exaspérants cris qui sont la signature de Rita / Jayne. D’un coté, le contraste entre la copie et son modèle trahit la vanité et le jeu des apparences sociales et révèle la dimension tragique de la satire, où des individus pour obtenir la reconnaissance ne sont pas seulement forcés d’avoir du succès mais aussi de se parer des oripeaux communément admis de la réussite sociale. Quant aux femmes, elles doivent cesser toute entreprise pour se mouler grotesquement dans les formes d’un simple objet sexuel qui ne doit pas afficher son intellect. Ce travail sur les disharmonies graphiques influencera considérablement Jerry Lewis quand il passera à son tour à la mise en scène. Parmi les premiers films qu’il réalise au début des années 60, et en particulier Le Tombeur de ces dames et Docteur Jerry et Mister Love, le jeu sur les déformations et autres contrastes monstrueux provoquent le même type de malaise que ces quelques séquences de La Blonde explosive. Le comédien reconnaissait d’ailleurs Tashlin comme son mentor. Ainsi, quand Lewis grimace de manière excessive par rapport à une situation, le contraste entre la violence de sa déformation et le sujet provoque un rire teinté de peur qui est la marque même du style comique initié par Lewis cinéaste. Ses grimaces aberrantes révèlent les névroses cachées du personnage. Il y a bien une dimension pornographique dans ce jeu des outrances où tout enfin apparaît sans fards.

Première cible (facile) du film : la télévision. Non que la télé en soit le sujet, c’est le vecteur par lequel simplement se transmet à plus grandes échelles le mensonge qui s’immisce dans la conscience et rend monstrueux ses spectateurs. D’emblée, dès le générique, par le biais de la publicité, Tashlin attaque la petite lucarne. Le film débute par quelques fausses réclames qui s’achèvent toutes par des gags : chacune de ces pubs vante les mérites d’un produit qui s’avère soit inopérant soit doté de défauts. Ainsi une mère veut bien nourrir au petit-déjeuner son enfant pour qu’il puisse plus tard pointer convenablement au chômage. Une autre s’arrache les cheveux après avoir usé de sa lotion capillaire. Mais la plus grosse charge est menée au cours d’un intermède qui a lieu après une heure de projection. Rocky Hunter redevient la star de la télé Tony Randall, et nous explique qu’il interrompt le film parce que désormais les spectateurs sont habitués à des intermèdes publicitaires. Au cours de ce faux entracte, il vante les mérites de la télé en faisant jaillir un poste sur l’immense toile de cinéma. Comme Rocky dans les habits de Bobo, ou Betsy Drake en Jayne Mansfield, le contraste entre la petitesse du média face à l’énormité du cinéma rend la lucarne ridicule, dérisoire. Une astuce dont Tashlin use jusqu’à la corde en parlant de la beauté des images de la télévision et en nous montrant de vieilles émissions en noir et blanc saturées au milieu d’un film en Cinémascope, d’une maestria graphique et colorée indéniable. Encore, une fois, la disproportion sert dans cette comédie à révéler la médiocrité d’une société envahie par les nouveaux médias.

Les héros de La Blonde explosive veulent à tout prix réussir et exposer leur succès. Quand Rocky obtient enfin le poste rêvé à la tête de son entreprise, on lui confie enfin les clés des « lavabos directoriaux ». En ouvrant la porte des toilettes, il ne peut s’empêcher de réprimer un « Que c’est beau ! », nouveau contraste opérant entre son enthousiasme et la fonctionnalité primaire du lieu ainsi vanté. Quant aux termes de ses mésaventures dans l’antichambre du succès et de la reconnaissance, il s’aperçoit du peu d’effort fourni pour y parvenir, c’est comme s’il prenait conscience à son tour, avec le spectateur, de l’aberration du système médiatique en haut duquel il est parvenu. Il se retrouve le roi d’un monde de faux-semblants dérisoires dans lequel on fait d’un carriériste médiocre une star adulée, où l’on fait d’une simple liaison avec une poupée la une de tous les journaux des États-Unis à la Russie en passant par la France. S’il y a traversée du miroir ici pour le spectateur, elle s’avère au bout du chemin bien cruelle puisque le dessein de leur existence est ramené à peu de choses, dans un monde qui a fait de la rumeur et du faux le vrai, exactement à la manière de Tashlin qui joue avec le statut de ses propres acteurs qu’il présente comme des simples produits commerciaux.

Ainsi sur ce jeu de dupes entre le vrai et l’artifice, entre les gags et une histoire sans cesse raillée par Tony Randall qui se fait ici la voix de Tashlin, La Blonde explosive apparaît comme un curieux objet, parfois drôlement agressif. Le film ne cesse tout du long de multiplier les gags avec nonchalance. Une scène parfois ne sert quasiment qu’à préparer un gag à l’avance, dans une séquence suivante. Ainsi Rocky Hunter parle à sa nièce dans un cinéma et lui arrache des mains un paquet de pop-corn. Dans la scène suivante, Jayne Mansfield l’embrasse et au contact de ses lèvres, les friandises éclatent dans sa poche. Le film joue sur différents modes de comique : le gag visuel exubérant (une bière mousse excessivement) et la private joke où l’on s’amuse avec des références communes qui permettent de désamorcer le sérieux du propos et/ou la banalité de l’intrigue. Ainsi, la nièce de Rocky hurle à Rita Monroe qu’elle reverra La Blonde et moi, le précédent film de Tashlin avec Jayne Mansfield. Ce sur quoi, son intendante s’esclaffe : « Cette petite a du courage. » Quand Rocky a enfin obtenu tous les succès du monde, une chanteuse fixe le spectateur, regard caméra, et entonne une mélodie entêtante comme un spot de pub pour affirmer frontalement qu’il a obtenu enfin ce qu’il avait voulu, c’est-à-dire le succès. Elle le répètera si bien comme une litanie que la répétition rendra le terme même de "succès" futile. Tashlin ne fait pas dans la dentelle, il se rit de tout et n’épargne personne, ni même son film. Si bien qu’il serait excessif d’en faire un moraliste parce qu’il attaque les médias et la société du faux. Dans La Blonde explosive, rien n’est sérieux, tout est prétexte à se moquer, à rire du monde, des gens, du film, des employeurs. La Blonde explosive est moins une satire moraliste qu’une bombe à rires qui n’épargne rien et rend vain n’importe quoi, à l’exception de la dérision elle-même.

Dès le générique, Randall joue de la batterie, de la trompette et de la contrebasse par-dessus le logo de la Twentieth Century Fox. La première phrase qu’il prononce est une charge contre les contrats des studios et l’on sait que Tashlin a eu beaucoup de mal au cours de sa carrière pour imposer ses idées face à des producteurs (peu drôles en vérité), comme Hal Wallis, qui n’hésitaient pas à couper là où ils en éprouvaient le désir. Randall, double de Tashlin, divise le film en deux parties, s’exprime de manière omnisciente comme un personnage de dessin animé et résume en deux phrases la pauvre intrigue pour mieux s’en moquer et en montrer les coutures. Une démarche jusqu’au-boutiste, terroriste, qui n’est pas sans rappeler celle d’un Joe Dante qui a toujours dit son admiration pour l’œuvre du réalisateur de Cendrillon aux grands pieds. Les deux cinéastes aiment jouer avec la textualité de l’ensemble et s’amuser des formatages hollywoodiens. Ainsi La Blonde explosive est à La Blonde et moi ce qu’est Gremlins 2 au premier Gremlins : une critique de l’œuvre initiale, un aveu de désarroi face à son succès, l’occasion en offrant aux producteurs ce qu’il désire (répéter la même chose) d’attaquer le système en le dynamitant de l’intérieur par l’avalanche excessif de gags, de clins d’œil qui rendent l’entreprise en elle-même aberrante et futile. Tashlin crache bien ici dans la soupe qui le nourrit. Ca ne fait donc aucune éclaboussure. Ca sert juste à se détendre et à rire de ce qu’on a à dire. Cette manière de créer un cinéma de la dérision constante, du second degré permanent, du clin d’œil, de la private joke doit autant aux cartoons de Tex Avery qu’à ceux de Chuck Jones pour qui Tashlin allait produire The Bear That Wasn’t à la MGM quatre ans plus tard. On retrouve ce même humour parfois aujourd’hui dans les productions Pixar. Mais comme le remarquent justement Tavernier et Coursodon, l’esprit satirique et de dérision permanente qu’a apportés Tashlin à la comédie était encore à l’époque innovant. Malheureusement, ce deuxième degré poussé à l’extrême, où rien n’est jamais pris au sérieux, s’est tant multiplié au point d’avoir contaminé l’esprit même de la comédie ou des émissions de télévision qu’il est difficile aujourd’hui d’évaluer le juste apport du cinéaste.

Inscrit au National Film Registry en 2000, La Blonde explosive est mieux qu’une redécouverte. C’est le sésame pour s’initier à l’œuvre d’un cinéaste qui fit le pont entre deux époques, deux cultures comiques et deux genres cinématographiques à part entière. Si les dessins animés continuent d’user de ficelles tashlinesques (elles-mêmes issues des cartoons), certains cinéastes des années 80 ont perpétué ce style tout en dérision permanente. Au-delà du simple style parfois nonchalant, d’un travail élégant sur la couleur, d’un faux rythme apporté aux gags, il faut souligner la pertinence ici d’une critique radicale de la société toute entière, dévorée par les médias et le règne du faux. L’apport du burlesque et d’une ironie permanente de Tashlin ne sert pas qu’à créer un autre style de comédie, c’est aussi la possibilité d’attaquer bille en tête la société sans s’encombrer de méandres scénaristiques. Tout au long de son film, Frank Tashlin se sera amusé des disproportions entre le succès et la manière d’y arriver, le vrai talent et la reconnaissance superflue, le physique normal et la monstruosité des stars. Film des disproportions et des contrastes, La Blonde explosive est autant une charge burlesque contre la société du spectacle naissante qu’un divertissement haut en couleurs qui se lamente de la vanité de toute entreprise humaine. Ainsi, le film lui-même ne doit surtout pas être pris au sérieux. Le happy-end est si vite expédié, si vite assumé, si vite revendiqué, si vite raillé qu’il n’en apparaît que plus faux. Tout chez Tashlin est ramené à sa dimension la plus futile. C’est peut-être le défaut majeur que l’on peut aujourd’hui trouver à ce film qui, à force de se moquer de tout jusqu’à lui-même, rend caduques toutes les critiques qu’il développe parfois avec pertinence. Au final, La Blonde explosive se dynamite lui-même.

Selon Jerry Lewis, Frank Tashlin était un type direct et « brut de décoffrage ». Une définition qui sied à merveille à cette décapante comédie dont on raconte que les fans comptaient jadis toutes les private jokes. Avec le DVD sous la main, on peut désormais s’amuser aux mêmes enfantillages que nos aînés.

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La fiche IMDb du film

Par Frédéric Mercier - le 28 février 2011