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Test dvd
Image de la jaquette

La Randonnée

DVD - Région 2
Potemkine
Parution : 2 septembre 2008

Image

L’image est belle, incontestablement, et le traitement très particulier de Nicholas Roeg sur les couleurs s’y trouve bien mis en valeur. On regrettera cependant un léger manque de netteté sur les contours, ainsi qu’un contraste de qualité sur certains plans « naturalistes ». Le film est proposé dans un 16/9 respectant le format original du film.

Son

L’un des points forts du film est son travail sonore, qui contribue à l’élaboration d’une atmosphère propre. On peut donc regretter de ne devoir se contenter que d’une piste mono d’origine, même si celle-ci offre un rendu globalement suffisant. A noter par ailleurs que seule la version originale du film est proposée, avec des sous-titres français qu’il est possible de désactiver.

Suppléments

L’effort éditorial des Editions Potemkine est une nouvelle fois à saluer, puisque le dvd propose trois suppléments qui, loin d’une vocation de remplissage, font preuve d’une réelle pertinence (même si Nicholas Roeg est absent, contrairement à l’édition Critérion Z1 sur laquelle il se livrait à l’exercice du commentaire audio).

Le plus conséquent de ces suppléments est le remarquable documentaire de Darlene Johnson, One Red Blood (environ 52 minutes), consacré à David Gulpilil, l’emblématique et charismatique comédien aborigène. Mêlant extraits de film, prestigieux intervenants, archives documentaires et reportage immersif au sein de la « tribu Gulpilil », le film propose, outre un panorama survolant une carrière fournie (de La dernière vague de Peter Weir à Australia de Baz Luhrmann, en passant par L’Etoffe des héros, The proposition, Crocodile Dundee ou 10 canoës, 150 lances et 3 épouses…), l’atypique portrait d’un homme en marge du système commercial, qui continue de vivre selon des préceptes culturels aborigènes d’écoute et de communion avec la nature. Personnage passionnant aux multiples facettes, Gulpilil semble tour à tour totalement spontané et résolument conscient du mystère qu’il dégage (et avec lequel il semble jouer) – conteur né, il opère d’ailleurs une distinction quasi métaphysique entre le fait de « jouer un rôle » et le fait de « partager une histoire ». Par ailleurs, sa manière de relativiser la difficulté du métier d’acteur pour ensuite aller pêcher en plongeant dans l’eau a quelque chose de parfaitement rafraîchissant. La diversité des intervenants permet au documentaire de ne pas se limiter à un concours d’éloges, et concernant Walkabout, on voit notamment le professeure Marcia Langton émettre des réserves sur le film à cause de « son esthétique anglaise assez choquante ».

On trouve également sur le dvd un entretien exclusif avec l’actrice Jenny Agutter réalisé le 10 juillet 2008 à Londres par Aurélie Bois et Benoît Dalle. Plus de 35 ans après le tournage, l’actrice se prête à l’exercice avec distinction et intelligence, évoquant tout d’abord les circonstances de son casting puis analysant avec pertinence les thématiques du film (selon elle, le cœur en est la perte de l’innocence du personnage qu’elle incarne), ses rapports avec le jeune David Gulpilil (passionnant malgré quelques incompréhensions culturelles), sa fameuse scène de nudité ou le suicide final du personnage de l’aborigène. Durant la vingtaine de minutes du module, monté avec des extraits choisis du film, la comédienne demeure passionnante, parlant avec cœur du film sans tomber dans le verbiage angélisant.

Enfin, cette édition propose le regard croisé sur le film de deux personnalités, l’anthropologue Jessica Largy-Healy et le président du festival Cinema des Antipodes de Saint-Tropez, Bernard Bories. Assez complémentaires du fait de leurs spécialités respectives, leurs commentaires reviennent sur un certain nombre de points déjà évoqués de manière différente dans les autres suppléments. Walkabout y est ainsi évoqué comme initiateur d’un certain renouveau du cinéma australien ou comme un film écologique avant l’heure, le romantisme en moins. Plusieurs séquences sont analysées (la scène de chasse des blancs, la tension sexuelle entre la jeune fille et l’aborigène, le suicide de ce dernier…) avec les regards spécifiques des intervenants. La figure du pisteur aborigène dans le cinéma australien est également mentionnée, ainsi que le futur du cinéma aborigène au travers de jeunes cinéastes sur le point d’émerger (Ivan Sen, Rachel Perkins y sont entre autres évoqués). Ou comment aborder avec clarté, et par des approches variées, l’essentiel du film et au-delà en à peine 22 minutes.

Par Antoine Royer - le 1 novembre 2008