L'Inconnu du 3ème étage

Si elle n’est pas parfaite, loin de là, cette édition est à classer parmi les bonnes copies proposées par les Editions Montparnasse dans leur collection Pocket. Globalement propre malgré quelques rayures, assez nette, plutôt bien contrastée (et c’était là une priorité), elle restitue le film de manière correcte. Tout juste déplorera-t-on - scorie récurrente de cette collection - un réel défaut de compression faisant apparaître de l’effet de peigne dans les mouvements des protagonistes.

Peu à signaler de ce point de vue ; si la bande-son d’époque présente une usure compréhensible (notamment quelques crépitements), elle ne gâche absolument pas la vision du film, offrant une clarté suffisante entre les dialogues (ou la voix-off) et les musiques, et permettant notamment d’apprécier la diction si particulière, susurrée, de Peter Lorre.

La rituelle Introduction de Serge Bromberg (2’49’’) relativise l’appartenance du film au genre « film noir » pour insister avant tout sur la réussite de sa séquence expressionniste du cauchemar. Sont ensuite évoquées la silhouette de Peter Lorre ou la carrière d’Elisha Cook Jr. Enfin, Bromberg resitue le film dans un contexte plus social, en l’envisageant comme le pessimiste annonciateur de dépressions à venir...

A toute fin utile, rappelons que si l’envie nous étreint parfois de déplorer un si maigre contenu éditorial, l’historien américain Eddie Robson regrettait lui, il y a peu (dans un ouvrage sur le film noir publié en 2005), qu’un tel film (au sens qualitatif comme historique) ne soit disponible nulle part dans le monde, sous quel support que ce soit (une VHS éditée au début des années 80 étant depuis longtemps épuisée, et revendue à prix d’or sur des sites d’occasions). Il convient donc d’apprécier avec la gratitude et l’indulgence requises la possibilité de pouvoir désormais le découvrir dans des conditions aussi appréciables.