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Test blu-ray
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Mystery Men

BLU-RAY - Région All
L'Atelier d'images
Parution : 21 juillet 2020

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Une fois n’est pas coutume, commençons par retracer l’historique partiel de cette édition Blu-ray de Mystery Men par L’Atelier d’images : évoquée dès le printemps 2018, elle avait été plusieurs fois repoussée, puis fait l’objet d’une campagne Kiss Kiss Bank Bank accomplie en février 2020 pour une sortie au printemps. Période de confinement oblige, c’est finalement durant l’été qu’elle sort enfin… quelques semaines après l’édition Haute-Définition britannique sortie chez 88 films.

La seule édition HD était jusqu’alors l’édition américaine sortie en 2012, qui avait quelques défauts et ne représentait qu’une amélioration modeste des éditions SD antérieures - en France, la dernière édition DVD Universal datait de 2004.

On peut le constater, l’échelle chronologique est ici assez ample, et le premier constat qu’il faut ici dresser est que toutes ces éditions partent sans aucun doute du même master, dont les imperfections déjà anciennes ne sont dès lors devenues que plus flagrantes. Le comparatif ci-dessous, entre une édition HD de 2020 et une édition SD de 2004, est assez édifiant, et va inévitablement amener ceux qui possèdent déjà une édition du film à se poser la question d’un upgrade qui n’en est qu'à peine un.

Comparatif 1                Comparatif 2 

Pour un film ouvertement pop, reposant sur un univers visuel bariolé et excessif, le rendu est ainsi parfois assez fade, en tout cas bien moins chatoyant qu’il ne pourrait (devrait) l’être. Les séquences nocturnes paraissent parfois sous-éclairées, avec des noirs un peu bouchés -è ceci étant, sur la question du contraste ou de la colorimétrie, cette édition française fait mieux que l’édition américaine, dont c’était un défaut majeur.

Autre conséquence de ce master daté, la définition manque de finesse, pour un résultat peu naturel, sentiment accentué par le recours (discret mais classique pour un master américain de 2012) à du lissage numérique ou des effets de sur-contour.  

Avouons enfin être assez surpris de constater que, sur un BD50, seuls 34,8 Gb sont occupés, et parmi eux à peine 18,5 consacrés au film, avec un Bitrate moyen de 20,24 Mbps. Dans l’absolu, il aurait donc probablement été possible d’éviter les défauts liés à la surcompression (blocs de compression, défauts de bruit vidéo ou de stabilité...) en encodant le film à un débit plus élevé. On peut imaginer trouver des éléments d’explication dans la manière dont cette édition a été finalisée : pour être sûr de trouver de la place pour les suppléments repris dans l'urgence de l’édition britannique, il a fallu prévoir large, ce qui s’est fait au détriment du film principal.

Son

On peut être moins sévère avec la bande-son originale, qui manque parfois de dynamique ou de relief, mais séduit par la variété de ses effets énergiques. La bande-son française nous a semblé un peu plus plate, avec une mise en avant des dialogues au détriment parfois des ambiances sonores ou musicales.

Suppléments

La campagne Kiss Kiss Bank Bank insistait sur cet aspect plutôt que sur un éventuel master actualisé (on aurait dû se méfier) mais force est de reconnaître que le contenant a de quoi séduire : l'illustration de Paul Shipper sur le boîtier steelbook est fort belle, et les suppléments sont dans l'ensemble pertinents.

Ceux-ci sont à diviser en deux catégories : ceux qui figuraient déjà sur les éditions antérieures (y compris SD) et ceux repris de l'édition britannique de 88 films.

Passons rapidement sur les premiers : on peut y entendre le commentaire audio (désormais ancien, donc) de Kinka Usher (son interview récente, voir plus bas, est plus intéressante) ou y voir un module sur Les coulisses du tournage (17'39'' - 1080i upscalé) très conventionnel dans lequel les acteurs, principalement, parlent de leurs personnages.

Outre la bande-annonce originale (2'25'' - 1080i upscalé), on peut (re)découvrir plusieurs scènes coupées (19'42'' - 1080i upscalé) : Kinka Usher avait tourné, selon ses propres aveux, de quoi faire un film de 4h, il a donc fallu couper dans le lard. Si la plupart des séquences s'avèrent en effet dispensables, on remarquera une jolie confrontation entre Mr Furious et The Shoveler sur le lieu de travail de ce dernier ; ou une scène dans un restaurant, avec le sympathique Luis Guzman, qui donne une petite justification à l'arrivée du Sphinx (Wes Studi sans masque !) parmi la bande des Mystery Men.

Concernant les nouveaux suppléments, commençons par We're the other guys : dans les coulisses de Mystery Men (23'31'' - 1080p). Avec le recul de quelques décennies, Kinka Usher se livre un peu sur le film, évoquant son propre parcours avant d'arriver sur le projet, le cast décisif de Geoffrey Rush (sur lequel il ne tarit pas d'éloges), le script beaucoup trop volumineux qui l'obligea à de nombreuses coupes au montage ou sa fierté d'avoir tourné "à l'ancienne", en studio et en dur, avant le règne des CGI. Moins lisse que le discours des featurettes de tournage, le propos laisse poindre quelques regrets sur la manière dont ce film selon lui "authentique" aura été sacrifié par Universal.

Deux modules, I'm a super hero mother, les Costumes de Marilyn Vance (11'56'' - 1080p) et Inside Champion City, les Effets Spéciaux de Mystery Men (9'22''), laissent la paroles à des collaborateurs du film, en l'occurrence Marilyn Vance, costumière, et Todd Tucker, responsable des effets visuels. Tous deux parlent, avec recul, de leur fierté d'avoir travaillé sur le film, et on peut notamment apprécier un certain nombre de dessins préparatoires, par exemple sur les tenues, de toute beauté.

Dans Disco is life, la musique de Mystery Men (8'28'' - 1080p), l'historien de la musique de films Daniel Schweiger revient sur les "deux scores" de ce "Watchmen for losers" : celui de Stephen Warbeck (alors tout juste lauréat d'un Oscar pour Shakespeare in Love) qui aura travaillé sur le côté "décalé" des sonorités associés aux différents personnages (les valses est-européennes pour Casanova Frankenstein, l'harmonica pour The Shoveler, etc.) et celui de Shirley Walker, arrivée au mixage, qui aura re-"super-héroïsé" l'ensemble avec des thèmes plus grandiloquents ou parodiques.

La présentation du film par Quentin Durand (11'19'' - 1080p) entreprend d'expliquer la spécificité de ce film à la fois "précurseur et déjà obsolète". Avec une érudition geek indéniable mais un vocabulaire pas toujours précis ("du grand n'importe quoi", "un gros what-the-fuck", "un film qui pousse les potards à fond", etc.) qui rend parfois sa pensée peu claire (où veut-il en venir, finalement, quand il évoque, en mêlant indifféremment exemples et contrexemples, les backstories des différents méchants du cinéma antérieur ou postérieur à Mystery Men ?), Quentin Durand entreprend d'expliquer en quoi le film représente l'apogée du film "méta des années 90", une date à partir de laquelle le cinéma américain se tournera vers des héros plus sombres et des questionnements plus introspectifs. Un parallèle finit par laisser comprendre (sans que ce soit explicitement formulé) que Mystery Men serait au film de super-héros ce que Meurs un autre jour serait à la saga James Bond.

Signalons enfin quatre bandes-annonces de films "de genre" déjà édités par L'Atelier d'images (Jack Burton, Darkman, Evil Dead, Rollerball) - et la sympathique bande-annonce de la campagne Kiss Kiss Bank Bank, en supplément caché qu'on vous laisse découvrir.

En savoir plus

Taille du disque: 34,810,165,248 bytes
Protection: AACS(v76)
Taille du film: 18,417,205,248 bytes
Durée: 2:01:18.062
Total Bitrate: 20.24 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Sous-titres: French 

Par Antoine Royer - le 20 juillet 2020