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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Voleur de Bagdad

BLU-RAY - Région All
Cohen Media Group
Parution : 19 février 2013

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The Thief of bagdad n’en est pas à ses débuts en édition numérique, loin s’en faut. D’une part le film est dans le domaine public, ce qui explique l'existence d'une flopée d’éditions plus ou moins regardables. De plus, il y a eu, aux Etats-Unis, deux versions en DVD chez Kino, et en zone 2 française une édition chez Arte (qui était en fait une "traduction" de la première édition américaine produite par David Shepard). C’était en tous les cas la même version du film que celle qui nous est montrée ici, dont le transfert a été effectué d’après la version détenue en son temps par Raymond Rohauer. Le rendu est remarquable, donnant enfin à voir le film dans d’excellentes conditions, en rendant justice à la photo d’Arthur Edeson, destinée à être vue sur un grand écran, qui nous montre des personnages évoluant dans d’impressionnants décors. Les teintes ont été créées numériquement, puisqu’il n’existe aucune copie teintée d’origine pour référence : le film doit être vu avec ses teintes, qui sont intégrées de façon essentielle, comme en témoigne un plan montrant le passage du jour (teinte ambrée) vers la nuit (teinte bleue) ; sur une copie en noir et blanc, on serait obligé de déduire le passage à la nuit par la présence de la lune... Enfin les teintes jouent aussi un rôle dans les passages durant lesquels Douglas Fairbanks parcourt la terre, de « vallée des monstres » en « vallée de feu » : les teintes accompagnent les changements de lieu, vert pour la vallée des monstres et les fond de l’océan, doré pour le palais de cristal des sirènes, et bien sur rouge pour la « vallée du feu ». Une fois admis que la présentation du film est la meilleure que la vidéo nous ait offerte, on sait qu’une restauration physique du film, donc sur support pellicule, serait dans les cartons. On n’a peut-être encore rien vu...

Son

Le film est disponible avec un seul accompagnement musical, la fameuse partition de Carl Davis créée pour la série Thames Silents de Kevin Brownlow et David Gill en 1987. C’était déjà la partition qui accompagnait la sortie du film en laserdisc, mais aussi en cassette vidéo dans les années 90. C’est une évidence : si le film était présenté pour les grandes occasions en 1924 avec une partition originelle de Mortimer Wilson (qui n’a pas été utilisée à ma connaissance sur la moindre édition), la version que nous avons en main est la partition la plus adaptée au film. Les liens entre la musique de Rimsky-Korsakov (notamment "Scheherazade") et le film avaient déjà été rappelés par l’édition en 2004 d’une version accompagnée d’une partition inspirée des suggestions d’accompagnement d’époque, qui citaient déjà abondamment le compositeur Russe et ses fantaisies orientales. Mais ici, avec en plus le souffle inimitable de Carl Davis, on ne peut imaginer de score qui accompagne mieux le film. Du reste, cette version fait tout bonnement l’unanimité et ce à juste titre.

Si un seul accompagnement est disponible, on a le choix entre une piste DTS-HD et une option stéréo. Pas de surprise, bien sûr : la première option rend particulièrement justice au dynamisme de la superbe partition.

Suppléments

Outre un petit livret qui resitue modestement le film dans son contexte, le Blu-ray est accompagné de trois bonus :

Une bande-annonce (2 min 25) anachronique de la version restaurée en 2012. Involontairement amusante, elle fait l’inventaire des moments forts du film comme s’il s’agissait d’une nouvelle version du Seigneur des Anneaux avec une musique emphatique.

Un court module (17min) dans lequel Jeffrey Vance commente, via des textes, des photos de production assez fascinantes et assez rares, pour autant que je puisse en juger.

Un commentaire audio, du même Jeffrey Vance, qui développe certaines idées déjà esquissées dans le module indiqué précédemment, et dont il nous prévient dès le départ qu’il sera principalement effectué sur le ton de la conversation. Il nous donne des anecdotes intéressantes avec l’autorité d’un biographe et historien tout autant que celle d’un amoureux du film. Mais il reste un peu court sur bien des points, essentiellement motivé par l’affirmation du génie d’un film, de son auteur. Nous ne sommes pas obligés de le suivre en tous points : il range Walsh au rang des collaborateurs du film, et le répète plusieurs fois, tout en reconnaissant l’importance historique du bonhomme. Pour ma part, j’ai déjà dit que la comparaison entre les films de Fairbanks tendait à démontrer l’importance de ce film et de ce metteur en scène... Il commet même une erreur en attribuant un rôle important à Sojin Kamiyama, ici prince Mongol, dans Les Sept Samouraïs de Kurosawa : le grand acteur y fait en effet une apparition, mais sur une seule scène, et cette contribution ne dure que quelques secondes. Si le commentaire a ses limites, il est quand même une source valide d’informations... à prendre donc avec prudence.

Si on veut comparer avec ce qui est comparable, l’édition américaine précédente (Kino, en 2004) possédait un bonus intéressant qui n’est pas repris ici : les chutes de tournage dont on sait, grâce à Jeffrey Vance et son commentaire audio, qu’il en a été préservé pour de nombreux films de Fairbanks. C’est une petite réserve au regard du fait que cette édition Blu-ray, visible sur les lecteurs de toutes régions, est incontournable... à condition bien sur que l’on soit anglophone, que l’on connaisse suffisamment l’anglais, ou tout simplement que l’on connaisse le film par cœur !

Par François Massarelli - le 26 mars 2013