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Luis Buñuel, Un Souffle de Liberté

Carlotta sort aujourd’hui six des derniers films du génie surréaliste aragonais, tous (à l’exception notable de Tristana) et tournés en France et scénarisés par Jean-Claude Carrière : Le Journal d’une femme de chambre, La Voie Lactée, Le Charme discret de la bourgeoisie, Le Fantôme de la liberté, Cet Obscur objet du désir. Un souffle de liberté... En un sens, le titre de cette rétrospective porte la trace d’une ironie bien buñuelienne. Buñuel n’a de cesse de se demander dans ses derniers films quelle est la marge de liberté humaine. Sa réponse paraît être : très faible. Ses propres films, cependant, portent la marque d’une grande liberté intérieure. Le cinéaste ne se soumet à rien : famille, Etat, bourgeoisie, religion y sont descendus avec une allégresse non dissimulée. Carrière, tout aussi fasciné que lui par la bêtise, l’accompagne dans une jubilatoire exploration de la comédie humaine. Soumis par leur éducation à des chimères, les personnages se retrouvent désemparés quand ils sont saisis par des forces qui les dépassent. Puissance du désir, violence de l’arbitraire (le hasard joue ici un rôle proche de celui que les croyants attribuent à Dieu), mettent les prétentions au tapis, ramènent à une condition contingente, animale. Cinéma de l’instinct, accompli par un vieil homme qui n’a plus rien à perdre... et qui n’a certainement pas perdu son sens de l’humour.

DVDClassik présente aujourd’hui la critique de La Voie Lactée, qui sera suivie dans les semaines à venir de celles de Tristana et du Fantôme de la liberté. En attendant, ne manquez pas de voir ou revoir ces joyaux du cinéma mondial. « Je crois que Buñuel pense que les gens sont des imbéciles mais que la vie est amusante ; il nous dit cela avec une grande douceur et pas directement, mais il le dit et ceci se dégage, en tout cas d’une grande partie de ses films. (…) Il a su, avec une très grande habileté, contourner les notions de personnages sympathiques et antipathiques et brouiller les cartes du jeu psychologique tout en tenant un discours parfaitement clair et logique. » (François Truffaut, Les Films de ma vie)