Après l’avoir temporairement remplacé (pour Assurance sur la mort) par Raymond Chandler, Billy Wilder retrouva son fidèle co-scénariste, Charles Brackett, pour l’adaptation d’un roman de Charles Jackson qu’il avait dévoré durant un trajet en train : la déchéance d’un écrivain raté, Don Birnam, pour un week-end (perdu) à New York, la bouteille pour seule compagne. Il serait tentant de chercher dans cette histoire les multiples échos personnels rencontrés par les deux auteurs : l’épouse de Charles Brackett était alcoolique, et ce dernier mit beaucoup de lui-même dans la figure du frère de Don, tandis que la figure tourmentée de l’écrivain résonnait d’une manière singulière en chacun d’eux. Plus simplement, Wilder avait surtout apprécié la force psychologique d’un roman extrêmement réaliste dans lequel il avait trouvé l’opportunité de sortir l’ivrogne de ses archétypes : en abordant de front la question de la dépendance à l’alcool, et à travers elle toute la morbidité refoulée et la désespérance ordinaire, Wilder et Brackett récusent en réalité dans Le Poison toute forme de romantisme, décrivant avec minutie le cercle vicieux dans lequel Birnam s’enferme, de ses réserves morales vite abandonnées à ses crises d’angoisse. Un film parfois mésestimé, qui révèle vision après vision, sa richesse et son trouble : à redécouvrir en salles grâce à Swashbuckler !

DANS LES SALLES

New York, un week-end : Don Birnam doit partir en week-end avec son frère Wick et sa fiancée, Helen. Mais à cause d'une bouteille suspendue par la fenêtre, cet écrivain raté ne partira pas... (lire la suite)