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Actualités - Cinéma

Le Fanfaron

Splendor Films nous invite à redécouvrir en salle Le Fanfaron de Dino Risi, phénoménal succès de la comédie italienne. Succès surprise car suite au désistement d’Alberto Sordi, le rôle de Bruno avait été confié à un Vittorio Gassmann en perte de notoriété, et le tournage débuta alors même que le rôle de Roberto n’avait pas encore trouvé d’interprète. Après des débuts laborieux (la critique, pas tendre à la sortie, ne révisa son jugement que bien des années plus tard), le bouche-à-oreille aidant, le film devient un triomphe, véritable phénomène de société en Italie et au-delà des frontières (le titre original, Il sorpasso, qui désigne au départ celui qui double sur la route, devenant dans les pays hispanophones un synonyme de fanfaron), et l’alchimie de circonstances entre un Vittorio Gassmann, grand, brun, gouailleur et prétentieux, et un Jean-Louis Trintignant plus chétif, blond, discret et humble contribue incontestablement à la réussite du film.

On considère parfois Le Fanfaron comme l’un des manifestes de la comédie à l’italienne, un film emblématique de ce mélange si particulier au cinéma transalpin, qui voit des personnages exubérants, parfois au bord de la caricature, évoluer dans une société mesquine et impitoyable. Mais grâce à la finesse de Risi (qui avait fait des études de psychologie), Le Fanfaron dépasse la caricature pour devenir une étude de mœurs cruelle et émouvante. Les personnages n’y sont jamais simplistes, que ce soit Roberto tiraillé entre son modèle petit-bourgeois de réussite besogneuse et le courant d’air libertaire que représente pour lui Bruno, ou la fille de ce dernier, interprétée par la délicieuse Catherine Spaak, forcée d’opposer à l’inconséquence de son père une lucidité sociale teintée de dépit. Même le fanfaron du titre français voit sa façade badine fissurée par les blessures et les regrets... Ainsi, le film ne se pose pas uniquement en comédie sociale, mais propose, via une mise en scène symbolique et discrète, un témoignage sur l’Italie du début des années 60, qu’un indéniable aspect documentaire vient renforcer. Enfin, le film s’affranchit de sa dimension purement satirique en décrivant une véritable fuite (Le Fanfaron peut être vu comme l’un des premiers road movies de l’histoire du cinéma, et Dennis Hopper avouera s’en être inspiré pour Easy Rider) vers un obscur ailleurs, conférant à la virée des deux hommes une indéniable dimension tragique. Nul doute que cet aspect, marquant, aura joué dans l’impact durable que le film aura eu sur plusieurs générations de spectateurs, divertis mais remués par une œuvre enjouée mais profondément amère.

DANS LES SALLES

lE FANFARON
UN FILM DE DINO RISI (1962)

DISTRIBUTEUR : SPLENDOR FILMS
DATE DE SORTIE : 3 OCTOBRE 2018

La Chronique du film

À Rome, le jour férié du quinze août, la ville est déserte. Bruno Cortona (Vittorio Gassman), la quarantaine vigoureuse, amateur de conduite sportive et de jolies femmes, déambule en voiture, une Lancia Aurelia B24, à la recherche d’un paquet de cigarettes et d’un téléphone public. Roberto Mariani (Jean-Louis Trintignant), un étudiant en droit resté en ville pour préparer des examens, l’accueille chez lui. Sous l’impulsion de l’exubérance et du sans-gêne de Cortona, ils entreprennent un voyage en voiture qui les emmènera vers des destinations toujours plus lointaines... (Lire la suite)

Par Antoine Royer - le 3 octobre 2018

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