John Ford aura affirmé toute sa vie durant que ses films ne devaient pas être trop commentés ou analysés, que seuls le spectacle et le divertissement l'intéressaient. Heureusement que personne ne l'a pris au mot - de toute façon, ce cabochard génial mettait tout ce qu'il avait à dire dans ses films, il était inutile d'écouter ses rodomontades. A mesure que le cinéaste prenait de l'âge, ses films - et surtout ses westerns - atteignaient une complexité et une ampleur sidérantes. Chargées de noirceur, enclines à interroger le genre même qu'elles investissent, ses oeuvres impressionnent par leur aspect testamentaire, par leur lucidité mêlée de cruauté, et cela sans jamais se départir de leur grandeur d'âme et de leur capacité à émouvoir. Ainsi L'Homme qui tua Liberty Valance, qui bénéficie d'un scénario riche en thèmes et d'une interprétation magistrale (James Stewart, John Wayne sont à leur sommet), propose une réflexion sur la réalité et la légende, sur la construction d'une nation basée sur des mythes nécessaires, sur la place de la vérité dans l'identité d'une communauté de destin, et enfin sur les espoirs déçus d'individus en quête de bonheur et de stabilité au sein d'un univers en plein changement et confronté à la modernité (sur un plan moral, social et politique). Bref, beaucoup de choses dans ce western mythique qui n'a jamais laissé aucun spectateur indifférent. Le distributeur Swashbuckler Films ressort L'Homme qui tua Liberty Valance en salles en ce mois d'août, autant dire qu'il n'y a pas une seule seconde à hésiter !

dans les salles