Raoul Walsh (1887-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Beule
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Beule »

Dans sa production des années 30, que je connais fort mal également, il y en a un que j'avais apprécié et qu'occulte le recensement fait par Ann Harding : Under pressure. Si le cortège de rivalités (professionnelles, amoureuses) charrié par cette course à la jonction de deux tranchées sous l'East River depuis Brooklyn et Manhattan s'avérait pour le moins convenu, la vigueur des nombreuses séquences investies au creusement du tunnel emportait aisément le morceau. Je garde un souvenir ébloui de certains mouvements d'appareil pour habiter le dédale souterrain. En particulier, un admirable travelling arrière précédant McLaglen dans son exploration d'une veine au début du film, et presque dans la foulée un autre travelling, latéral, raccordant sereinement dans une audacieuse coupe frontale la progression des deux équipes antagonistes.
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The Eye Of Doom
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

J’ai réalisé que je n’avais pas vu ce film, pourtant present dans l’imposant coffret DVD Errol Flynn « Steelbox » c’est le cas de le dire.

They died with theirs boots on
Vie et mort du general Custer, cet heros américain

Il ne faut bien sur ne pas attendre de véracité historique sur la vie de Custer dans ce film à part sa mort à Little Bighorn et ses faits d’armes à quelques batailles célèbres.
Il s’agit d’une de ces nombreuses évocations de la vie de personnages célèbres voulues par les studios, comme base à un recit exaltant la grandeur de la nation américaine.
Accepté ce principe et vu dans ce contexte - ce qui requière une solide prise de distance tout de même- , le film est souvent exemplaire.
Magnifique photo n&b.
Construction en deux phases: d’abord une comedie, puis glissement habile vers le serieux puis le drame.
Mise en scène limpide dans tous les registres. Avec quelques scènes fortes , cf ci dessous.
Et une distribution portée par un Errol Flynn souverain. Quel acteur ! comme un Gary Cooper, aussi à l’aise dans la comedie que le mélodrame. Un charme fou. Il passe ici du role de jeune cretin tête à claque à celui d’heros imbecile sauvé par son intégrité.
Il est remarquablement secondée par sa complice Olivia de Havilland, elle aussi tres bonne.
La scene finale de leur séparation est tres émouvante.
Un chef d’oeuvre.
Où presque ?
….
En effet la facture globale, parfaite, irréprochable, est aussi curieusement une limite du film. Ou plutot du « produit ».
C’est rigolo mais
Spoiler (cliquez pour afficher)
L’évanouissement d’Olivia de Havilland en fin de leur scène de séparation
M’a fait pensé à Sur la piste des Mowaks sorti 2 ans plus tot où Claudette Colbert
Spoiler (cliquez pour afficher)
S’évanouit dans un champ lors du depart d’Henry Fonda
Et là j’ai eu un problème : malgré ses défauts, il y a dans le film de Ford aune intensité dramatique sans commune mesure ( l’incroyable recit de la bataille, quasi improvisée).
Le registe du film est certe différent mais du coup je me suis dit: qu’est ce qui m’aura vraiment marqué / emu dans cet irréprochable Walsh ? …
Dernière modification par The Eye Of Doom le 18 août 23, 20:07, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

The Eye Of Doom a écrit : 18 août 23, 20:03

They died with there boots on

Un chef d’oeuvre.
oui
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Jeremy Fox a écrit : 18 août 23, 20:06
The Eye Of Doom a écrit : 18 août 23, 20:03

They died with there boots on

Un chef d’oeuvre.
oui
Comme indiqué , je m’interroge…
Je crois que j’ai de plus en plus de mal avec ce type de film, où la mécanique de « produit » ,quelquesoit la perfection de la réalisation, m’empêche de rentrer dans le film.
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

The Eye Of Doom a écrit : 18 août 23, 20:12
Jeremy Fox a écrit : 18 août 23, 20:06

oui
Comme indiqué , je m’interroge…
Oui j'avais expressément coupé ta phrase pour redire mon admiration pour ce film. :oops:
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Jeremy Fox a écrit : 19 août 23, 10:47
The Eye Of Doom a écrit : 18 août 23, 20:12
Comme indiqué , je m’interroge…
Oui j'avais expressément coupé ta phrase pour redire mon admiration pour ce film. :oops:
J’avais bien compris. A chacun de rebondir (ou pas) sur ce film. Pour l’occasion, j’ai relu ce que j’avais ecrit sur « Qu’elle etait verte ma vallée », film qui ne pas vraiment interpellé, alors que difficile de ne pas y voir un sommet de l’oeuvre de Ford.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

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Emprunté ce matin à la bibliothèque.
L’enfer est à lui, je suis sur de l’avoir déjà vu (Cagney et sa maman…).
Decouverte pour les deux autres.
A suivre.
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Thaddeus
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Thaddeus »

L’arrivée de Custer à West Point dans l’uniforme chamarré cher à Murat qui est son idole et son idéal, la charge des cadets emportée par le général sabre au clair, le geste d’Errol Flynn arrêtant net son place son cheval qui freine sur place en glissant sur quelques mètres, l’ultime dialogue entre Sharp et Custer ("Où le régument va-t-il ? – En enfer, ou vers la gloire. C’est une question de point de vue…")… Voici quelques éléments contribuant à faire de La Charge Fantastique l’un des plus beaux films de Walsh à mes yeux. La bataille de Honaver, la reprise en main du septième régiment de cavalerie au son de Garryowen, Little Big Horn constituent autant d’épisodes épiques dans la plus belle tradition du grand film d’aventures romanesques. Et Walsh n’oublie pas sa fibre romantique lorsque Custer dit adieu à sa femme avant de partir pour la mort, se contentant de lui murmurer : "Walking through life with you has been a very gracious thing…" On ne dira jamais assez, bien sûr, à quel point le style ingénu et percutant du cinéaste y trouve l’accord parfait avec Errol Flynn, dans une forme éclatante, avant que cigarettes, whisky et p’tites pépées l’aient réduit prématurément à l’état de ce vieux don juan imbibé qui ferraillait encore dans les années cinquante.
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Alexandre Angel
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Alexandre Angel »

Un des sommets pour moi aussi.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Thaddeus a écrit : 19 août 23, 17:44 L’arrivée de Custer à West Point dans l’uniforme chamarré cher à Murat qui est son idole et son idéal, la charge des cadets emportée par le général sabre au clair, le geste d’Errol Flynn arrêtant net son place son cheval qui freine sur place en glissant sur quelques mètres, l’ultime dialogue entre Sharp et Custer ("Où le régument va-t-il ? – En enfer, ou vers la gloire. C’est une question de point de vue…")… Voici quelques éléments contribuant à faire de La Charge Fantastique l’un des plus beaux films de Walsh à mes yeux.
Effectivement.
Ne pas oublier la meute de chiens…
Impressionnant arret à cheval en effet.
Globalement les scènes finales avec Sharp, yc la descente de la bouteille de whisky sont tres bonnes.
Thaddeus a écrit : 19 août 23, 17:44 On ne dira jamais assez, bien sûr, à quel point le style ingénu et percutant du cinéaste y trouve l’accord parfait avec Errol Flynn, dans une forme éclatante, …
C’est une évidence !
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Alexandre Angel
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Alexandre Angel »

The Eye Of Doom a écrit : 19 août 23, 11:57 L’enfer est à lui, je suis sur de l’avoir déjà vu (Cagney et sa maman…).
Decouverte pour les deux autres.
La Fille du désert est un chef d'œuvre, qui ne perd rien pour attendre dans le contexte de ma rétrospective.
L'Entraineuse fatale, moins mais je l'ai tellement redécouvert que dans mes "films du mois", je me suis senti obligé de le placer dans la section "visions". Il y a plusieurs moments d'anthologie dont un échange tendu et remarquablement dialogué entre George Raft et Marlene Dietrich, dans la boîte où elle bosse.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Colorado territory / La fille du desert
Un bandit notoire s’evade grace à un comparse. Il voudrait decrocher mais accepte un dernier coup, forcement foireux.

Western à la tragédie assez classique (le fameux dernier coup avant la retraite), le film est toutefois fort attachant.
Dans la critique dvdclassik, les limites de l’interprétation sont pointées Personnellement j’ai pas trouvé. Au contraire, il y a dans ce film un coté « banal » des personnages qui donne dimension humaine et sensibilité.
J’ai trouvé par exemple particulièrement intéressante la courte scene de présentation du « vieux », cerveau et ancien chef de gang: on decouvre un homme simple, âgé, malade, vivant dans une maison sans intérêt un peu à l’ecart. Qui sont ces femmes mexicaines qui gardent la maison ? Mystere.
L’ensemble de la scène est courte mais tendue comme dans un film noir.
Le film est d’abord peut etre un film d’homme et d’amitié. Amitié entre Wes et le vieux, qui le fait évadé. Amitié aussi et surtout entre Wes et le fermier, fortuite mais finalement profonde liant deux hommes qui n’ont rien en commun sauf une forme de résilience.
Ce personnage du fermier lui est intéressant et particulièrement attachant.
Il y a bien sur la blonde Colorado: objet des convoitises de deux seconds couteaux qui finiront mal.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Plan bref mais tout de même incroyable sur les deux pendus sur le côté du wagon : d’une rare violence j’ai trouvé !
Superbe decors , canyons sauvage, ville abandonnée, peut etre un peu à l’etroit dans ce format 4/3.
A noter, j’en profite, la copie pas terrible du dvd: image un peu terne, manquant de contraste et de définition : à quand un beau bluray chez Warner Archive ?

Walsh réussit de nombreuses scenes. Scènes d’actions impeccables. Scenes plus intimistes. Apparition de la fameuse Colorado. Tout le passage de l’arret dans la fuite chez le fermier, avec extraction de balle. Puis bien sur tout le final.

Ceux qui chercheraient une profonde originalité peuvent passer leur chemin.
Par contre, un beau film, sans emphase mais pas sans émotion.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

White heat / L’enfer est à lui
Cody Jarett, chef de gang tyrannique et psychopathe, est en cavale avec ses sbires apres une attaque de train. Heureusement il peut compter sur sa mère pour le seconder.

Beaucoup a été dit sur ce film majeur.
Film du retour de Cagney chez Warner et sur le genre noir. Tout les talents sont assemblés pour en faire une réussite, et quelle réussite !
Sans grande originalité de ma part, quelques éléments :
Cagney, bien sur, dans son plus grand role.
Margaret Wicherly, incroyable dans le rôle de la mère
Un coté authentique, réaliste, du à une foultitude de details, ycompris les partis pris surprenant comme Virginia Mayo qui ronfle… et la précision des scènes d’actions.
Un final d’enfer dans un décor atypique (pas de grand film noir sans le choix à un moment ou un autre d’un cadre original pour l’action)

Incontournable !

Ps : n’ayant pas vu l’Ennemi Public, il faut que je mette la main sur le Wellman.
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tchi-tcha
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par tchi-tcha »

The Eye Of Doom a écrit : 21 août 23, 12:14 White heat / L’enfer est à lui
...quelle réussite !

Incontournable !
Ouf, pour l'instant ma sélection 0% western fait un sans-faute.
C'est donc confiant que j'attends le verdict sur les quatre (les cinq) autres.

Que de chemin parcouru depuis cet antique message du 12 août 2023, il y a une éternité :
The Eye Of Doom a écrit : 12 août 23, 20:26 Je dois reconnaître, et c’est triste à dire, que Walsh pour moi c’est surtout l’homme du Voleur de Bagdad et de La piste des geants.
:mrgreen:
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Band of angels / L’esclave libre.
La fille d’un riche planteur decouvre au deces de celui-ci qu’elle est illégitime et métisse. La voila vendue comme esclave…

J’ai eu un peu de mal avec ce film. D’abord le charme du sud mythique, meme sérieusement questionné ici, c’est pas trop mon truc.
Autant en emporte le vent, j’ai du essayé 3 ou 4 fois: j’ai tenu max 1/4h…
Ici c’est un avantage car cela m’evite de comparer le Walsh avec le Fleming, ce que tout le monde semble avoir toujours fait.
Donc le coeurs des esclaves acceuillant leur propriétaire ou pleurant sa mort, bof, bof.

Ensuite la guerre de sécession c’est pas non plus ma tasse de thé.

Voili-voilou,
Mais je suis tout de même aller au bout.

Voici ce qui m’a plus :
En premier lieu Yvonne de Carlo. Je connaissais pas cette actrice. Lu quelquepart dans ces pages qu’elle « n’était pas à la hauteur », je cite de memoire.
Moi, je l’ai trouvé tres intéressante dans l’incarnation de ce personnage. L’actrice dégage physiquement une forme de presence, de prestance, qui donne au personnage une forme de beauté et grandeur auxquels j’ai été sensible.
Ensuite, un discours assez violent sur la situation sociale et les motivations des acteurs. Si les planteurs, et leurs sbires, ne sont pas épargnés dans leur cynisme ou leur hypocrisie, les nordistes sont présentés en prennent aussi pour leur grade. Il n’y a pas finalement de prise de position entre Nord et Sud mais une description assez froide des ressorts de cette guerre, de l’absence ou pour le moins la faiblesse des « ideaux »
Spoiler (cliquez pour afficher)
- le brave prêcheur integre jusqu’à la devotion du debut se revelant une crapule sur la fin-
Le commandant nordiste qui negocie prime contre recommandation a la fin
Entre autres…
A part le personnage interprété par Clarke Gable, qui est tres loin d’etre un saint, tout les mecs sont pas clairs.
L’ambiance de la maison de Hamish Bond, sorte de « bulle » protégée dirigée par l’interessant personnage de Michelle , ex maitresse, major d’homme, assistante.

J’ai pas été boulversifié par la mise en scene en tant que telle, dumoins sur les scenes « fortes ». En fait, la couleur pas/peu naturelle m’a génée…

Clark Gable est tres bien. Sydney Poitier fait ce qu’il peut avec un personnage assez limité.
D’ailleurs une question :
Spoiler (cliquez pour afficher)
C’est son fils ? Pas bien saisi le dialogue final.

Donc je regrette pas le temps consacré à ce film mais il ne m’aura pas fondamentalement intéressé.

Sinon Band of Angels , c’est une référence à quoi?
Il me semble de Gable qualifie ainsi la troupe nordiste qui le poursuit…
Merci pour votre aide.

Apres 4 films de Walsh coup sur coup je vais faire une petite pose. J’ai encore des muets de Duvivier qui m’attendent, Folies de femmes, et 2 ou 3 Wellman, sans parler du coffret Tanaka pas encore attaqué ou de La vie d’Oharu, femme galante.

Et puis, il me semblait que plein de gens voulaient voir des Walsh: c’est à vous !
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