3 téléfilms de John Ford
The bamboo cross (1955)
Un général communiste tente de faire avouer à deux nonnes chrétiennes qu'elles ont volontairement tuer les enfants qu'elles soignaient dans leur dispensaire.
Sans doute l'oeuvre la plus mauvaise de John Ford. Et de loin.
L'histoire est tout aussi affligeante que consternante, se vautrant dans les pires clichés et lourdeur des films de propagande anti-coco avec l'officier chinois hystérique, suintant la haine, dégoulinant le mépris, grimaçant, hurlant, soulevant ses sourcils pourtant déjà dessinés en remontant.
Comme si tout cela n'était pas assez insupportable, tout le film (25 minutes) se déroulent dans un seul décor que Ford ne filmera que (platement) d'un seul axe.
Honteux, je ne vois pas d'autre mots.
Seul intérêt (relatif) : celui de retrouver un brouillon à
Frontière chinoise.
The Colter Craven story (1960)
Une caravane qui traverse les Etats-unis recueille un couple dont le chariot vient de perdre une roue. Le mari, Colter Craven, est un médecin alcoolique terrorisé par l'idée de mener une opération chirurgicale.
Tourné pour la série
Wagon Trail, John Ford ré-utilise (habilement) plusieurs plusieurs plans de son
Wagon master comme stock shots, ce qui tombe bien puisque Ward Bond y jour le rôle principal.
Je ne connais pas le reste de la série mais c'est un joli épisode que voilà. L'histoire est très surprenante avec beaucoup de fausses pistes. On pense par exemple que John Carradine va jouer un rôle crucial mais il lancera seulement l'intrigue dans une autre direction qui sera elle aussi un leurre.
Comme le titre indique, c'est donc Colter Craven qui est au cœur du récit. Ou plutôt son traumatisme qui donne une seconde moitié assez forte émotionnellement parlant avec une évocation orale des champs de bataille presque aussi puissante que celle de
sur la piste des Mohawks. Ward Bond y apparaît d'une justesse vraiment émouvante. Son anecdote sur « Sam » est tout aussi curieuse (encore une sous-intrigue) mais sa conclusion est très belle. D'autant plus belle qu'elle déboule sur un caméo de John Wayne qui n’apparaît qu'en silhouette et n'aura qu'une ou deux lignes de dialogues.
Mais ces successions d'histoires dans l'histoire n'ont qu'un but : décrire l'Histoire.
Flashing spikes (1962)
Une ancienne vedette du base-ball, bannie des stades pour un scandal de corruption est réduit à jouer dans des exhibitions sportives où le public lui exprime son mépris avec violence. Il croise un jeune espoir et deviennent amis. Mais un journaliste cynique est à la recherche d'un nouveau scoop sensationnel.
Après
Rookie of the year (assez moyen avec son intrigue qui ne repose sur pas grand chose au finale et ses flash-backs balancés n'importe comment), John Ford renoue avec le base ball dans ce téléfilm de 50 minutes qui s'avère une bonne surprise.
L'histoire, comme la structure, est simple mais bien écrite et surtout bien construite avec des retours en arrière autrement mieux gérés. Surtout, on sent une implication plus évidente d'autant qu'on trouve un James Stewart toujours aussi impeccable et charismatique. Il apporte l'humanité et la dignité à un homme certes brisé par la vie mais qui refuse de pleurer sur son sort. La caméra de Ford est à l'unisson avec son acteur et tous deux ne manquent pas de nous toucher avec une sobriété tout en retenue. Il est cependant regrettable que la figure du journaliste soit trop caricaturale et que la conclusion lève le voile sur l'erreur de jeunesse de Stewart pour un happy-end trop plaqué.
Le nouveau caméo de John Wayne (non crédité) est très réjouissante et on le voit plus que
Colter Craven story.