Serguei Eisenstein (1898-1948)
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Serguei Eisenstein (1898-1948)
On m'a prêté le beau coffret DVD récemment sorti, donc je commence ma cure... Le résultat n'est pas encore très concluant!
La Grêve
A part la scène au milieu des arbres, un film globalement chiant, bordélique, sans grand intérêt actuellement.
2/6
Le Cuirassé Potemkine
Ca devient déjà nettement plus intéressant. La propagande est toujours difficilement supportable (enfin c'est pas le martyr mais c'est un peu gerbant), y a des longueurs, mais il y a des idées de plan extraordinaires, la scène de l'escalier de l'Odessa est effectivement un climax d'anthologie, et Eisenstein réussit à rendre humaines et prenantes les scènes de révolte (enfin surtout celle de la viande). Mais c'est quand même trèèèèès théorique et zéro émotion.
4/6
Octobre
Mitigé. Des moments éclatants (le montage de la scène où les cosaques deviennent amis avec les bolcheviks et se mettent à danser avec un rythme qui va crescendo est fabuleux), à côté de longs passages contemplatifs. Les moyens sont énormes, mais on arrive pas à partager l'enthousiasme et la rage de la foule, c'est trop figé et froid. Niveau montage, il y a quand même des idées ooriginales et c'est très précurseur (le montage parallèle entre Napoléon et les tsaristes, les cut/cut entre le soldat et la mitraillette...), mais ça ne me touche pas pour un rond. Et je trouve, pour l'instant, les films d'Eisenstein très bavards (dans le sens où ils sont bourrés de carton) et bordéliques, ou en tout cas peu limpides.
3/6
La Grêve
A part la scène au milieu des arbres, un film globalement chiant, bordélique, sans grand intérêt actuellement.
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Le Cuirassé Potemkine
Ca devient déjà nettement plus intéressant. La propagande est toujours difficilement supportable (enfin c'est pas le martyr mais c'est un peu gerbant), y a des longueurs, mais il y a des idées de plan extraordinaires, la scène de l'escalier de l'Odessa est effectivement un climax d'anthologie, et Eisenstein réussit à rendre humaines et prenantes les scènes de révolte (enfin surtout celle de la viande). Mais c'est quand même trèèèèès théorique et zéro émotion.
4/6
Octobre
Mitigé. Des moments éclatants (le montage de la scène où les cosaques deviennent amis avec les bolcheviks et se mettent à danser avec un rythme qui va crescendo est fabuleux), à côté de longs passages contemplatifs. Les moyens sont énormes, mais on arrive pas à partager l'enthousiasme et la rage de la foule, c'est trop figé et froid. Niveau montage, il y a quand même des idées ooriginales et c'est très précurseur (le montage parallèle entre Napoléon et les tsaristes, les cut/cut entre le soldat et la mitraillette...), mais ça ne me touche pas pour un rond. Et je trouve, pour l'instant, les films d'Eisenstein très bavards (dans le sens où ils sont bourrés de carton) et bordéliques, ou en tout cas peu limpides.
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- murder on the dance floor
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Alexandre Nevski
Du pur film de propagande tournée dans un contexte de guerre, et donc à prendre en tant que tel comme document d'époque. D'ailleurs à ce propos le carton final sur l'armée fait peur, là on quitte le cinéma de propagande pour se trouver dans la propagande tout court, le message n'est plus adressé par l'intermédiaire d'un personnage, et on imagine ce que peut être la vie dans un régime totalitaire. Flippant. Passons maintenant à la forme, qui a fait la renommée de ce film. On ne peut pas nier en effet que la maitrise d'Eisenstein est impressionnante, mais ça n'a pas suffi à maintenir mon attention. On sent qu'il n'a fait ce film que pour améliorer sa technique, et malgré certains plans inspirés, comme l'ouverture, les morts après la bataille, les travellings lors de l'enterrement des guerriers morts au combat, j'ai trouvé ça terriblement désincarné. Au niveau dramatique, le film est vide, et contrairement à d'autres films formalistes, la forme n'arrive pas à combler ce manque, à apporter l'émotion, comme si après tout Eisenstein s'en foutait, il n'avait que faire de l'effet que le film pouvait avoir sur le spectateur(et c'est mieux comme ça). Résultat, je m'y suis beaucoup ennuyé, et je crois que je ne le reverrai que par fragments pour me concentrer sur la technique.
J'espère que Ivan le terrible est moins creux...
Du pur film de propagande tournée dans un contexte de guerre, et donc à prendre en tant que tel comme document d'époque. D'ailleurs à ce propos le carton final sur l'armée fait peur, là on quitte le cinéma de propagande pour se trouver dans la propagande tout court, le message n'est plus adressé par l'intermédiaire d'un personnage, et on imagine ce que peut être la vie dans un régime totalitaire. Flippant. Passons maintenant à la forme, qui a fait la renommée de ce film. On ne peut pas nier en effet que la maitrise d'Eisenstein est impressionnante, mais ça n'a pas suffi à maintenir mon attention. On sent qu'il n'a fait ce film que pour améliorer sa technique, et malgré certains plans inspirés, comme l'ouverture, les morts après la bataille, les travellings lors de l'enterrement des guerriers morts au combat, j'ai trouvé ça terriblement désincarné. Au niveau dramatique, le film est vide, et contrairement à d'autres films formalistes, la forme n'arrive pas à combler ce manque, à apporter l'émotion, comme si après tout Eisenstein s'en foutait, il n'avait que faire de l'effet que le film pouvait avoir sur le spectateur(et c'est mieux comme ça). Résultat, je m'y suis beaucoup ennuyé, et je crois que je ne le reverrai que par fragments pour me concentrer sur la technique.
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- odelay
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Pour Le cuirassé, il faut aussi voir avec quelle musique on regarde le film. Le DVD actuel en propose trois différentes. Je pense que la plus pertinente (et la plus belle) est celle de Dimitri Shostakovitch.
Sinon je vous trouve un peu sévère avec NEVSKI qui m'avait laissé un très bon souvenir et dont il faut éviter le DVD actuel qui n'est pas la version remastérisée avec la musique (sublime) de Prokofiev réenregistrée en 99 je crois.
Sinon je vous trouve un peu sévère avec NEVSKI qui m'avait laissé un très bon souvenir et dont il faut éviter le DVD actuel qui n'est pas la version remastérisée avec la musique (sublime) de Prokofiev réenregistrée en 99 je crois.
- Watkinssien
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Juste pour vous dire que j'adore Eisenstein, son cinéma et que le côté propagandiste de ses films n'est pas du tout représentatif de l'homme.
Il suffit de regarder la deuxième partie de Ivan Grosnyï (1945) pour contre-carrer tout ce que vous venez de dire sur cette propagande.
En matière d'ennui, de creux, bordélique ou zéro émotion, je ne vous rejoins pas du tout (une question de ressenti et d'admiration), même si dans l'ensemble vous reconnaissez la maîtrise du cinéaste.
De toute façon le topic est intitulé "Daubons sur Eisenstein", je ne ferais pas long feu ici. .
Néanmoins, sachez que je ne cherche aucunement à nuire à vos propos, juste un désaccord poli sur des avis que je respecte.
Il suffit de regarder la deuxième partie de Ivan Grosnyï (1945) pour contre-carrer tout ce que vous venez de dire sur cette propagande.
En matière d'ennui, de creux, bordélique ou zéro émotion, je ne vous rejoins pas du tout (une question de ressenti et d'admiration), même si dans l'ensemble vous reconnaissez la maîtrise du cinéaste.
De toute façon le topic est intitulé "Daubons sur Eisenstein", je ne ferais pas long feu ici. .
Néanmoins, sachez que je ne cherche aucunement à nuire à vos propos, juste un désaccord poli sur des avis que je respecte.
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Oui oui je m'étais renseigné avant et c'était en effet loin d'être un partisan farouche de StalineWatkinssien a écrit :le côté propagandiste de ses films n'est pas du tout représentatif de l'homme.
Je ne vois pas en quoi Ivan le terrible pourrait remettre en cause le côté propagandiste de Alexandre Nevski ou de Octobre.Il suffit de regarder la deuxième partie de Ivan Grosnyï (1945) pour contre-carrer tout ce que vous venez de dire sur cette propagande.
Mais qui a eu l'idée de renommer le topic ainsi? On pourrait pas juste l'appeler topic Eisenstein?De toute façon le topic est intitulé "Daubons sur Eisenstein", je ne ferais pas long feu ici.
J'ai trouvé le DVD très bon. L'image est excellente et le son...ben c'est peut être pas la version réenregistrée mais ça passe quand même très bien.odelay a écrit : Sinon je vous trouve un peu sévère avec NEVSKI qui m'avait laissé un très bon souvenir et dont il faut éviter le DVD actuel qui n'est pas la version remastérisée avec la musique (sublime) de Prokofiev réenregistrée en 99 je crois.
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Tu n'es pas seul sur ce site . Je te conseille de faire un détour par l'excellente chronique de MargoWatkinssien a écrit :Juste pour vous dire que j'adore Eisenstein, son cinéma et que le côté propagandiste de ses films n'est pas du tout représentatif de l'homme.
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Philip Marlowe a écrit :
Pour Oktiabr, il est vrai qu'Eisenstein a fait ce film grâce à une commande de l'Etat soviétique, mais la propagande a été plutôt forcée par Staline. Là ou vous voyez une "simple" propagande, je vois plutôt un "Bon, je lui fais plaisir à ce con parce que sinon je crois que vais vite mourir mais j'en profite pour faire ce que les gens retiendront plus tard" : l'art cinémaographique d'Eisenstein est bien plus important.
Je rajoute que voir un film d'Eisenstein pour une histoire n'est pas très bien recommandé, il faut le voir pour la grande qualité artistique qui s'en dégage. Et ce que Ivan Grosnyï pourrait remettre en cause, c'est qu'Eisenstein a toujours montré dans ses films qu'il n'était pas d'accord avec le culte de la personnalité stalinienne et ses hautes qualités artistiques montrent de quoi il était vraiment intéressé, la conception du montage comme outil élémentaire du dispositif et de l'écriture cinématographiques, l'apothéose étant son chef-d'oeuvre Bronenosets Potiemkin (1925).
Pour le cas de Alexandre Nevski, il faut le voir surtout comme un avertissement lancé à l'Allemagne nazie et son côté envahissant.Citation:
Il suffit de regarder la deuxième partie de Ivan Grosnyï (1945) pour contre-carrer tout ce que vous venez de dire sur cette propagande.
Je ne vois pas en quoi Ivan le terrible pourrait remettre en cause le côté propagandiste de Alexandre Nevski ou de Octobre.
Pour Oktiabr, il est vrai qu'Eisenstein a fait ce film grâce à une commande de l'Etat soviétique, mais la propagande a été plutôt forcée par Staline. Là ou vous voyez une "simple" propagande, je vois plutôt un "Bon, je lui fais plaisir à ce con parce que sinon je crois que vais vite mourir mais j'en profite pour faire ce que les gens retiendront plus tard" : l'art cinémaographique d'Eisenstein est bien plus important.
Je rajoute que voir un film d'Eisenstein pour une histoire n'est pas très bien recommandé, il faut le voir pour la grande qualité artistique qui s'en dégage. Et ce que Ivan Grosnyï pourrait remettre en cause, c'est qu'Eisenstein a toujours montré dans ses films qu'il n'était pas d'accord avec le culte de la personnalité stalinienne et ses hautes qualités artistiques montrent de quoi il était vraiment intéressé, la conception du montage comme outil élémentaire du dispositif et de l'écriture cinématographiques, l'apothéose étant son chef-d'oeuvre Bronenosets Potiemkin (1925).
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Je n'ai apparemment pas été assez clair: en pointant l'aspect propagandiste de Nevski, je ne porte pas un jugement sur Eisenstein l'homme. Maintenant, je sais bien que Nevski est connu pour sa forme plus que pour son fond, et je ne me base pas sur celui-ci pour juger le film. Seulement, avertissement à l'Allemagne ou pas, il s'agit bien d'un film nationaliste produit dans un régime totalitaire, ce qui saute aux yeux quand on compare à la propagande dans les films américains(par exemple) de l'époque. Et cet aspect peut gêner, même si il garde un intérêt comme document historique.
Mais si je n'ai pas accroché au film, c'est juste parce que je n'ai pas été sensible la plupart du temps à la forme, même si celle-ci est bluffante, rien de plus
Mais si je n'ai pas accroché au film, c'est juste parce que je n'ai pas été sensible la plupart du temps à la forme, même si celle-ci est bluffante, rien de plus
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Philip Marlowea écrit :
Ce sentiment de gêne, s'il peut être embarrassant à une première vision, ne doit plus l'être à une seconde, mais ton avis est compris ... et respecté.Je n'ai apparemment pas été assez clair: en pointant l'aspect propagandiste de Nevski, je ne porte pas un jugement sur Eisenstein l'homme. Maintenant, je sais bien que Nevski est connu pour sa forme plus que pour son fond, et je ne me base pas sur celui-ci pour juger le film. Seulement, avertissement à l'Allemagne ou pas, il s'agit bien d'un film nationaliste produit dans un régime totalitaire, ce qui saute aux yeux quand on compare à la propagande dans les films américains(par exemple) de l'époque. Et cet aspect peut gêner, même si il garde un intérêt comme document historique.
Mais si je n'ai pas accroché au film, c'est juste parce que je n'ai pas été sensible la plupart du temps à la forme, même si celle-ci est bluffante, rien de plus
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J'en avais eu exactement les mêmes impressions que toi, en découvrant ce film il y a plus de 2 ans. De belles scènes, une certaine maestria dans la mise en scène, c'est indéniable...mais le message propagandiste m'avait fortement gêné, ainsi que ce côté "désincarné" dont tu parles.Philip Marlowe a écrit :Alexandre Nevski
Du pur film de propagande tournée dans un contexte de guerre, et donc à prendre en tant que tel comme document d'époque. D'ailleurs à ce propos le carton final sur l'armée fait peur, là on quitte le cinéma de propagande pour se trouver dans la propagande tout court, le message n'est plus adressé par l'intermédiaire d'un personnage, et on imagine ce que peut être la vie dans un régime totalitaire. Flippant. Passons maintenant à la forme, qui a fait la renommée de ce film. On ne peut pas nier en effet que la maitrise d'Eisenstein est impressionnante, mais ça n'a pas suffi à maintenir mon attention. On sent qu'il n'a fait ce film que pour améliorer sa technique, et malgré certains plans inspirés, comme l'ouverture, les morts après la bataille, les travellings lors de l'enterrement des guerriers morts au combat, j'ai trouvé ça terriblement désincarné. Au niveau dramatique, le film est vide, et contrairement à d'autres films formalistes, la forme n'arrive pas à combler ce manque, à apporter l'émotion, comme si après tout Eisenstein s'en foutait, il n'avait que faire de l'effet que le film pouvait avoir sur le spectateur(et c'est mieux comme ça). Résultat, je m'y suis beaucoup ennuyé, et je crois que je ne le reverrai que par fragments pour me concentrer sur la technique.
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J'ajouterais même que j'avais trouvé que la musique de Prokofiev sonnait "faux". Je ne sais pas si c'était dû à l'interprétation de l'orchestre (je le pense car, en elle-même, cette musique est énorme), mais l'accompagnement musical m'avait lui aussi gêné.
Donc une lourde déception, pour ma part...
- Watkinssien
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Ivan Le Terrible est un film exceptionnel. A voir toute séance tenante. C'est son aspect théatral, baroque et excessif assumé, très russe, le faisant lorgner par moment vers l'opéra, qui en fait toute sa valeur. Et le côté naïf de Nevski qui peut légitimement irriter y fait place à un fond bien plus ambigu que d'habitude quant à la nature du pouvoir et à ses conséquences.