Civil War (Alex Garland - 2024)

[Pomponazzo]

Alex Garland a toujours excité ma curiosité, mais m'a souvent déçu. Merci Flol d'avoir évoqué Les Fils de l'Homme, ça m'a donné envie de le revoir, et c'était à la fois une bonne et une mauvaise idée, tellement Cuarón pulvérise le petit Anglais à tous égards.

Le truc de Garland, c'est d'en faire trop en n'en faisant pas assez. Je ris encore de Men, son film précédent, qui commence pas trop mal mais au final tellement outrancier que la question de la parodie ou du pamphlet se pose, sans que je puisse y répondre, ce qui est rarement bon signe. Les meilleurs films de Garland sont ceux qu'il s'est contenté d'écrire il y a déjà un bon moment (28 jours, Sunshine ou Never let Me Go). Comme réalisateur il a une trop haute idée de lui-même sans en avoir vraiment les moyens, et ça donne des trucs prétentieux et creux, certes parsemés de vrai cinoche, il faut le reconnaître. Mais sans point de vue ni idée.

Ici il passe complètement à côté non seulement de son sujet (le journalisme), mais de son contexte pourtant sulfureux, et accumule les clichetons éculés en se donnant des airs supérieurs. Un film vain dont je suis sorti avec le sentiment de m'être fait rouler.

[Supfiction]

ne me parlez des 30 secondes avec Jesse

Ce sont les 3 minutes qui m’ont enfin réveillé effectivement, avant cela c’était l’ennui absolu. La suite, soit le dernier tiers je pense, n’est pas du même niveau de tension mais tout de même plus palpitant que ce qui précédait.
Le même film avec des auteurs (ou plutôt des producteurs) qui se seraient mouillés un peu pour exploiter un vrai contexte politique aurait donner quelque chose de cent fois mieux. Mais il aurait fallu pour ça s’aliéner une partie du public.

[Supfiction]

ne me parlez des 30 secondes avec Jesse

Ce sont les 3 minutes qui m’ont enfin réveillé effectivement, avant cela c’était l’ennui absolu. La suite, soit le dernier tiers je pense, n’est pas du même niveau de tension mais tout de même plus palpitant que ce qui précédait.
Le même film avec des auteurs (ou plutôt des producteurs) qui se seraient mouillés un peu pour exploiter un vrai contexte politique aurait donner quelque chose de cent fois mieux. Mais il aurait fallu pour ça s’aliéner une partie du public américain.

[Spongebob]

ne me parlez des 30 secondes avec Jesse

Ce sont les 3 minutes qui m’ont enfin réveillé effectivement, avant cela c’était l’ennui absolu. La suite, soit le dernier tiers je pense, n’est pas du même niveau de tension mais tout de même plus palpitant que ce qui précédait.
Le même film avec des auteurs (ou plutôt des producteurs) qui se seraient mouillés un peu pour exploiter un vrai contexte politique aurait donner quelque chose de cent fois mieux. Mais il aurait fallu pour ça s’aliéner une partie du public.

C'est marrant parce que moi qui ait la fâcheuse tendance à m'endormir au cinéma je n'ai absolument pas somnolé devant celui-là. Pourtant j'avais peu dormi la nuit précédente donc le risque était grand. Et j'ai envie de dire c'est plutôt bon signe. Cela veut dire que le film m'a captivé de bout en bout, notamment grâce à une tension presque constante qui explose dans la dernière séquence. J'ai aussi été séduit par l'aspect visuel et en particulier par la relation image-musique qui fait des merveilles à quelques reprises. Je pense en particulier à un magnifique plan d'hélicoptères sur fond de lever de soleil. Gros travail également sur la partie son qui rend les scènes de bataille vraiment prenantes et éprouvantes. Alors oui au final j'ai eu quelques difficultés à voir où Garland voulait en venir, mis à part enfoncer quelques portes ouvertes sur la guerre et sur le travail des journalistes, mais ça ne m'a pas empêché d'être totalement embarqué dans le voyage. Et pour moi c'est trop rare pour ne pas être noté.

[Nikolai]

Le film a quelques qualités formelles, on peut voir notamment de beaux décors apocalyptiques comme sur l'autoroute avec toutes les voitures défoncées (rien de bien original néanmoins). Garland sait plutôt bien filmer les charniers (les corps qui tombent de la benne), il y a quelques beaux plans sur des morts (celui sur la route qui se fait rouler dessus), il y a aussi un bel effort sur le son pour rendre crédible les guérillas urbaines. Le film a ce côté palpable dans le rendu d'un potentiel affrontement dans une ville moderne, on ne peut pas trop lui enlever ça.
Ça rend le film du coup d'autant plus frustrant, parce que de ce rendu crédible il n'en fait rien, ne raconte que peu de choses. La seule chose qui est racontée ici c'est jusqu'à quel point on est prêt en tant que reporter de guerre à prendre des risques pour photographier quelque chose "d'important" pour témoigner de ce que l'on voit.
C'est une vision globalement assez réduite du journalisme à mon sens, puisque que Garland ne cherche même pas à questionner la nature même des images et de leur sens en mettant ça en perspective dans un conflit probablement complexe. Tout est réduit à l'indignation ou non de ce qu'on voit "d'horrible", et si on est prêt à passer outre pour pouvoir faire un travail de qualité.
Je vois pas vraiment d'autres thématiques hormis l'arc de la gamine qui va devenir plus forte à la fin pour réussir à affronter le chaos du monde.
C'est vraiment hyper léger pour que ça touche émotionnellement quelque chose de fort si on a vu plus de 2 films dans sa vie sur l'absurdité de la guerre.
Très décevant qu'un cinéaste comme Garland pousse pas un minimum le curseur un peu plus loin pour nous secouer plus..... surtout sur un tel sujet brûlant.

[AtCloseRange]

Le film a quelques qualités formelles, on peut voir notamment de beaux décors apocalyptiques comme sur l'autoroute avec toutes les voitures défoncées (rien de bien original néanmoins).

Vu dans à peu près tous les épisodes de The Walking Dead.

[Nikolai]

Pour ça que je précise que ça n'a rien d'original, malgré tout ça a plus de gueule que Walking dead.

[Supfiction]

Pour ça que je précise que ça n'a rien d'original, malgré tout ça a plus de gueule que Walking dead.

La photo peut-être mais pour le reste je me disais justement pendant le film que ça avait des airs de Walking dead (me suis arrêté à l’arrivée de Negan), la tension dramatique en moins.

[G.T.O]

Je vais me retrouver seul sur ce coup là mais j’ai envie de défendre le mal aimé Civil War, attaqué de toutes parts pour sa prétendue superficialité, absence de contextualisation de la guerre, doté d’enjeux insignifiants.
Faut dire que le film se présente de manière classique, on y rentre directement, peu d’explications sont avancées, très vite, on se met à suivre un groupe de journalistes qui, voulant se rendre à Washington pour interviewer le président reclus, doivent traverser des zones de guerre, et le front. Au cours du voyage, de nombreux enjeux éthiques sont posés (photographier la mort, la frôler) et, à la ruine de chacune des photographes, répond le conflit nébuleux dont la familiarité avec d’autres conflits vus ailleurs, crée un effet de sidération. C’est aussi dans ce refus de ce qu’il n’est pas (film d’action), et dans sa suprême assurance de balade funeste et nonchalente, comme suspendu, que réside l’étrange beauté du film. Onirique et contemplatif tout étant sardonique, doté de performances superbes (jamais vu Kristen Dunst comme ça) Civil War est un film à la fois opaque et transparent, languissant et ramassé, qui se referme en laissant surgir le mystère d’une guerre, et d’un métier pour qui, photographier la mort, et plus largement, la tendance voyeuriste, est frappé de stupeur: dangereux et contagieux. L’image finale de la passation comme de celle qui voit l’exécution du président scelle le même pacte de propagation du mal. Après la Zone d’intérêt, autre film sur la déshumanisation et le familier inquiétant visant un présent, Civil War en choisissant de traiter d’un futur immédiat, suggère quant à lui, un passé immémorial; aux racines violentes d’une nation.

7/10

[mannhunter]

C’est aussi dans ce refus de ce qu’il n’est pas (film d’action)

Il y a quand même la dernière partie, et quelques scènes avant, qui s'inscrivent dans le genre.

[G.T.O]

C’est aussi dans ce refus de ce qu’il n’est pas (film d’action)

Il y a quand même la dernière partie, et quelques scènes avant, qui s'inscrivent dans le genre.

Quelques scènes peuvent l'évoquer mais autant que d'autres lorgnent vers le road movie, la chronique journalistique...Ce que je veux dire, c'est qu'il ne s'agit pas d'un film d'action à proprement parler, qui cherche à divertir avec des scènes d'action. Voilà, la précision que je souhaitais souligner, et c'est un élément important permettant de comprendre la déception de certains, venus là, je grossis le trait, pour du bourrinage.

[AtCloseRange]

Il y a quand même la dernière partie, et quelques scènes avant, qui s'inscrivent dans le genre.

Quelques scènes peuvent l'évoquer mais autant que d'autres lorgnent vers le road movie, la chronique journalistique...Ce que je veux dire, c'est qu'il ne s'agit pas d'un film d'action à proprement parler, qui cherche à divertir avec des scènes d'action. Voilà, la précision que je souhaitais souligner, et c'est un élément important permettant de comprendre la déception de certains, venus là, je grossis le trait, pour du bourrinage.

Tu remarqueras que ça n'est aucunement reproché dans ce topic. Juste une lâcheté condamnable de refuser de se confronter à son sujet.

[mannhunter]

Juste une lâcheté condamnable de refuser de se confronter à son sujet.

Censure d'A24 ou autocensure de la part de Garland, c'est la question!

[tchi-tcha]

Censure d'A24 ou autocensure de la part de Garland, c'est la question!

J'ai entendu ça plusieurs fois, mais je n'y crois pas trop. Je pense qu'il n'y a ni censure ni auto-censure, Garland n'a pas voulu réaliser un "simple" brûlot politique en résonance avec le trumpisme et l'ère des fake news (c'est son cadre mais ce n'est pas son sujet profond). Il a voulu faire "autre chose" et a délibérément pris ses distances avec le pamphlet politique qu'un tel pitch nous laisserait attendre.

(ce qui ne m'empêche pas de penser qu'il s'est royalement planté à l'arrivée quand même avec son road trip journalistique nébuleux qui se termine par un assaut tout droit sorti de La chute de la Maison-Blanche - version Emmerich ou Fuqua au choix )

[Flol]

c'est un élément important permettant de comprendre la déception de certains, venus là, je grossis le trait, pour du bourrinage.

Oui, ton trait est effectivement à peine grossi.
Comme l'a dit tchi-tcha, il me semble que strictement personne ici n'a reproché à Garland de ne pas avoir fait de film de guerre bourrin.
En revanche, à en croire la campagne promo de A24, eux ont clairement envie de le vendre comme tel (et c'est effectivement une erreur, voire carrément un mensonge éhonté, et pas seulement parce que ces images auraient été créés intégralement grâce à de l'IA).