The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

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Allez, on va faire comme tchi-tcha en mettant plein de vidéos Youtube pour contextualiser. :D

Un petit Q&A avec l'équipe du film :


La chanson absolument géniale qui m'a fait craquer au bout de 8mn de film :


Et ma petite review à moi (en attendant que j'aille choper toutes les autres dans le topic des notes) :

Je ne vais pas être original en disant comme tout le monde : c’est évidemment une version fucked up de Alice au Pays des Merveilles.
Ou plutôt Alice au Pays des Weirdos, où une jeune fille (pas si naïve) découvre un monde interlope peuplé de gens tous à peu près dingues, et qui donnent le la à un film protéiforme (qu’attendre d’autre de la part de ce génie de l’image et du travail sur les formes qu’est Sean Price Williams ?), bourré ras-la-gueule d’idées incroyables (le massacre sur le plateau de tournage m’a fait littéralement hurler de rire), n’hésitant pas à sortir des plans mêlant de l’animation à l’ancienne, des maquettes, des matte-paintings joliment désuets, le tout sur une musique richissime passant d’une partition éthérée à des passages plus bruitistes et agressifs, quand on n’a pas carrément droit à de l’Eurodance sortie de l’année 1995 (sur laquelle dansent des islamistes visiblement gays), du Enigma (pour illustrer un plan absolument incroyable), et même carrément une reprise lofi du fantastique thème de Morricone pour Giù la Testa.

Un film complètement fou, drôle et inquiétant à la fois, multipliant les changements de tons (la dernière séquence limite anxiogène, qui vrille d’un coup juste au détour d’un regard final), dont je suis ressorti repu et avec l’impression d’avoir vu 12 films en 1.
Et la sensation d’avoir assisté à l’éclosion d’un bien joli papillon en la personne de Talia Ryder (elle a quasi 22 ans, ça passe si je dis que je suis un peu tombé amoureux ?).
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Flol
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par Flol »

Karras a écrit : 13 mars 24, 20:12 The sweet east (5/10) : Casting et énergie punk compensent un scénario sans substance.
nunu a écrit : 24 mars 24, 19:10 The sweet East : 8.5/10

Porté par son actrice principale Talia Ryder qui illumine l'écran ( je suis sous le charme), ce voyage initiatique dans l'Amérique moderne avec ses préjugés et ses problèmes est une franche réussite. Et la chanson du film est absolument géniale je l'écoute en boucle depuis la sortie du ciné
vic a écrit : 9 avr. 24, 11:34 The Sweet East : 5/10
Vraiment pas ma tasse de thé : filmage en gros plan quasi constant agaçant, mise en scène ras des paquerettes, satire facile des groupuscules actifs dans la guerre civile culturelle... Pas l'ennui total grâce à la beauté des images et l'excellence de l'interprétation. Ca me donne l'impression que Williams a besoin d'un vrai co-scènariste capable de construire une histoire, pas juste d'aligner des péripéties.
Pas trouvé d'autres. :|
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murphy
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par murphy »

Flol a écrit : 12 avr. 24, 16:02 Pas trouvé d'autres. :|
MJ en a fait son film du mois.
MJ a écrit : 8 mars 24, 11:26
vic a écrit : 8 mars 24, 03:57Tu pourrais nous en dire plus ? Je suis fort intrigué.
Comme il ne sortira pas en salles en Suisse, je le vois un peu avant votre propre sortie dans ces lieux. Je suis un admirateur de Sean Price Williams depuis des années et il se conclut peut-être là qqch qui a commencé avec Frownland. Je serais pas surpris que ça boucle une époque - paradoxalement par un film d'intervention, volontairement irresponsable et c'est bien là sa valeur : celle d'un manifeste pour la liberté de création. Comme si le Godard de la fin des années 60, le Bunuel du Fantôme de la Liberté, même le Makavejev de W.R ou le Korine de Gummo, prenaient comme sujet le catalogage des différents fanatismes insulaires présents dans des Etats-Unis sur le déclin.


Je me suis un peu renseigné sur Nick Pinkerton, le scénariste du film, qui travaille à une biographie critique de Jean Eustache à côté d'un boulot au Metrograph. La liste des modérateurs pour la tournée promo (entre autres Adam Friedland, Dasha Nekrasova, Chloë Sevigny, Sean Baker, Eugene Kotlyarenko : https://nickpinkerton.substack.com/p/sh ... -1-ive-got ) évoque une certaine culture Dimes Square pas décidée à se laisser intimider par la nouvelle police de l'art (la formule est de James Gray, dans un entretien intéressant avec lui : https://metrograph.com/armageddon-time/ ).

Pour être moins nerdy, j'y ai éclaté de rires à de nombreuse reprises.
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tchi-tcha
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par tchi-tcha »

Flol a écrit : 12 avr. 24, 15:58
Allez, on va faire comme tchi-tcha en mettant plein de vidéos Youtube pour contextualiser. :D
Pas de synopsis, pas d'anecdotes ni d'infos complémentaires, pas d'affiche du film ni de photo du réalisateur sur le tournage, pas de sondage et un multi-quote de feignasse... Je ne suis pas fier de toi.

Flol a écrit : 12 avr. 24, 16:02 Pas trouvé d'autres. :|
Bah comment dire... Y'a ça (au hasard) :
Alibabass a écrit : 12 avr. 24, 11:11 ...Pas "avant-gardiste", plutôt un manifeste. Pour anecdote, j'ai discuté avec une spectatrice après Le Mal n'existe pas et on a parlé de The Sweet East (qu'elle a vu et adoré). Elle a vécu 4 mois au États-Unis (une région assez démocrate) et l'esprit en mode récupération, appropriation culturel et vision de l’extrême en terme d'idéologie elle l'a ressentie vivement en discutant ici et là. Et pour une européenne c'est assez drôle mais au final assez flippant. The Sweet East joue une satire, déforme le miroir, joue la distance avec ses personnages de son pays mais apporte une angoisse palpable.
:fiou:

Flol a écrit : 12 avr. 24, 15:54 ...le 3.5/10 de mannhunter (que n'importe qui aurait pu prévoir), c'est sans doute la seule note réellement négative que j'ai vu jusqu'à présent
Bah comment dire... Y'a ça (au hasard) :
G.T.O a écrit : 6 avr. 24, 23:49 The Sweet East: 3/10
:mrgreen:
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par Flol »

tchi-tcha a écrit : 12 avr. 24, 16:27
Flol a écrit : 12 avr. 24, 15:58
Allez, on va faire comme tchi-tcha en mettant plein de vidéos Youtube pour contextualiser. :D
Pas de synopsis, pas d'anecdotes ni d'infos complémentaires, pas d'affiche du film ni de photo du réalisateur sur le tournage, pas de sondage et un multi-quote de feignasse... Je ne suis pas fier de toi.
Oh hey je vais pas tout faire hein, le classikien il peut se bouger tout seul et aller se chercher les infos par lui-même. :o
tchi-tcha a écrit : 12 avr. 24, 16:27Bah comment dire... Y'a ça (au hasard) :
G.T.O a écrit : 6 avr. 24, 23:49 The Sweet East: 3/10
:mrgreen:
Mmmhhhh...non ça valait pas le coup, pour celle-là.
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par vic »

Flol, merci pour la centralisation et ton avis argumenté.
Pour la scène qui t'a fait hurler de rire, je la voyais arriver de tellement loin, que je me suis dis "bon, séquence "jeu de massacre", comme dans Parasite", sans que ça soit plus passionnant.
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par G.T.O »

Je vais quand même remettre mon avis d’ailleurs, ici, histoire de compléter ma note:
La somme des parties très inégales n'égale ni ne produit la moindre unité. Evidemment assumée, cette plongée disjointe irritante au pays des zinzins, filmée au ras de la peau, des visages déformés, lasse par son surréalisme granuleux et forcené, l'aspect sketch qui encapsule chaque aventure de l'héroïne, n'a d'unique but, et donc de limite évidente, que de moquer la déraison; fut-elle troussée d'apparats variés. Qu'une pareille fantaisie littérale qui établit un lien entre délire mondain et intériorité, puisse être hissé au rang de modèle en dit peut être moins sur l'état d'une certaine critique que sur l'avenir dudit cinéma qui, faisant de la marge et de la folie, son unique centre d'intérêt, redonne des gages à tout une imagerie vieillotte. Comme quoi faire oeuvre de belles références cinématographiques ne signifie pas faire du bon cinéma.
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par Flol »

vic a écrit : 12 avr. 24, 20:15 Flol, merci pour la centralisation et ton avis argumenté.
Pour la scène qui t'a fait hurler de rire, je la voyais arriver de tellement loin, que je me suis dis "bon, séquence "jeu de massacre", comme dans Parasite", sans que ça soit plus passionnant.
Marrant. J'ai pourtant vu un paquet de films dans ma vie, mais j'avoue que cette séquence, je ne l'ai vraiment pas vue venir. :mrgreen:
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par MJ »

vic a écrit : 9 avr. 24, 11:34 The Sweet East : 5/10
Vraiment pas ma tasse de thé : filmage en gros plan quasi constant agaçant, mise en scène ras des paquerettes, satire facile des groupuscules actifs dans la guerre civile culturelle... Pas l'ennui total grâce à la beauté des images et l'excellence de l'interprétation. Ca me donne l'impression que Williams a besoin d'un vrai co-scènariste capable de construire une histoire, pas juste d'aligner des péripéties.
Je comprends pour l'aspect décousu (ou le rejet du gros plan aussi systématique) mais je nuancerais pour la facilité de la satire, je trouve que c'est souvent assez retors.
Il y a bien sûr le fait que parmi sa galerie de freaks seul un suprémaciste blanc a l'air d'y tenir un discours construit - vu qu'on est en terres parfois assez bunueliennes, j'ai pensé à ce moment à la remarque de Truffaut à son sujet comme quoi celui-ci aimait écrire des personnages masculins qui tiennent à la fois des propos qui sont les siens (ici ce pourraient être ceux sur le cliché de l'Amérique comme une démocratie jeune, ou l'observation sur l'époque où il suffisait d'un seul revenu pour faire vivre une famille et s'acheter une maison) et d'autres qu'il juge parfaitement stupides. Mais le reste aussi peut déjouer des attendus : l'attaque du gender goblin QAnon - rien que d'avoir mélangé ces deux stéréotypes...- qui mène à un tunnel où se trame possiblement quelque chose de bel et bien sordide ; le groupe d'hommes qui cumule tous les signes de l'islamisme sans qu'il soit jamais avéré qu'ils soient réellement des terroristes ; le moine finalement assez sympathique dans son rapport sybillin au sarcasme... Même le couple de cinéastes woke n'est pas pris sous l'angle le plus attendu (du genre auto-censure constante parce que tout est "problématique") mais par son envers qui est comme l'autre face de la même pièce : la capacité à s'enthousiasmer de toutes ses propres idées sans la moindre pensée critique.
Il est sûr que ça part à chaque fois d'un gros trait et surtout qu'on peut trouver ce genre de retournement systématique des attendus assez gratuit, mais c'est une gratuité que je trouve bienvenue en l'occurence!
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par Mama Grande! »

Karras a écrit : 13 mars 24, 20:12 The sweet east (5/10) : Casting et énergie punk compensent un scénario sans substance.

Plutôt d'accord. J'ai regardé tout ça avec plaisir et certains passages m'ont amusé (les cinéastes woke, le camp de fondamentalistes incels...), mais au final tout ceci est bien inconséquent. Tout le monde est taré, mais comme son héroïne qui traverse tout cela sans le moindre affect, on finit par regarder ce freak show vendu comme un instantané de l'Amérique post Trump avec une indifférence totale. Comme si le but était de s'en foutre au fond: vu que le monde est irrattrapable, autant fumer des clopes en attendant que le monde s'effondre pour de bon. Ok, pourquoi pas. C'est même une attitude que je peux avoir dans la vie, je l'admets. Mais devant un film, ça ne donne pas un point de vue intéressant à mon sens. A force de ne se positionner sur rien, que ce soit l'élite intellectuelle woke, l'alt right, ou l'islamisme, on finit avec aucun point de vue, et rien à raconter, rien à penser. Déçu par rapport à l'enthousiasme suscité ici et là du coup.
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Re: The Sweet East (Sean Price Williams - 2023)

Message par vic »

MJ a écrit : 12 avr. 24, 23:00
vic a écrit : 9 avr. 24, 11:34 The Sweet East : 5/10
Vraiment pas ma tasse de thé : filmage en gros plan quasi constant agaçant, mise en scène ras des paquerettes, satire facile des groupuscules actifs dans la guerre civile culturelle... Pas l'ennui total grâce à la beauté des images et l'excellence de l'interprétation. Ca me donne l'impression que Williams a besoin d'un vrai co-scènariste capable de construire une histoire, pas juste d'aligner des péripéties.
Je comprends pour l'aspect décousu (ou le rejet du gros plan aussi systématique) mais je nuancerais pour la facilité de la satire, je trouve que c'est souvent assez retors.
Il y a bien sûr le fait que parmi sa galerie de freaks seul un suprémaciste blanc a l'air d'y tenir un discours construit - vu qu'on est en terres parfois assez bunueliennes, j'ai pensé à ce moment à la remarque de Truffaut à son sujet comme quoi celui-ci aimait écrire des personnages masculins qui tiennent à la fois des propos qui sont les siens (ici ce pourraient être ceux sur le cliché de l'Amérique comme une démocratie jeune, ou l'observation sur l'époque où il suffisait d'un seul revenu pour faire vivre une famille et s'acheter une maison) et d'autres qu'il juge parfaitement stupides. Mais le reste aussi peut déjouer des attendus : l'attaque du gender goblin QAnon - rien que d'avoir mélangé ces deux stéréotypes...- qui mène à un tunnel où se trame possiblement quelque chose de bel et bien sordide ; le groupe d'hommes qui cumule tous les signes de l'islamisme sans qu'il soit jamais avéré qu'ils soient réellement des terroristes ; le moine finalement assez sympathique dans son rapport sybillin au sarcasme... Même le couple de cinéastes woke n'est pas pris sous l'angle le plus attendu (du genre auto-censure constante parce que tout est "problématique") mais par son envers qui est comme l'autre face de la même pièce : la capacité à s'enthousiasmer de toutes ses propres idées sans la moindre pensée critique.
Il est sûr que ça part à chaque fois d'un gros trait et surtout qu'on peut trouver ce genre de retournement systématique des attendus assez gratuit, mais c'est une gratuité que je trouve bienvenue en l'occurence!
Relativement d'accord en fait, même si, comme tout le reste, on en voit vite les limites. Je me rends compete aussi que j'ai déjà beaucoup oublié, ou plutôt pas tout imprimé, je ne sais déjà plus qui est QAnon. :oops: :uhuh:
Pour moi, le plus intéressant se situe vers la fin, il y une excellente scène de comédie lorsque l'héroïne baratine le chef des islamistes et reçoit le cd en cadeau, j'y trouve enfin mon compte en terme d'humour et d'irrévérence. Et les dernières minutes du film semble peut-être le plus intrigant (ou intéressant) lorsqu'elle réintégre sa famille et qu'apparait SP Willams dans le rôle de l'oncle. Ce sont ce genre séquence que j'aurais aimé voir développées. Mais tout ça est une question de goût et et d'affinités (rien de plus peresonnel que l'humour) et je conçoit très bien qu'on soit plus sensible que moi, d'où le décalage flagrant entre ton ressenti ou celui de Flol et le mien.
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