Tàr (Todd Field - 2022)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Wulfa
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Tàr (Todd Field - 2022)

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Synopsis
Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

Bande-annonce


Quelques notes et remarques :
G.T.O a écrit : 2 janv. 23, 08:00 Tár: 3/10
Vic Vega a écrit : 20 janv. 23, 13:04 TÁR de Todd Field 4/10
Karras a écrit : 20 janv. 23, 14:12 Tar (7/10) : Pour la prestation de Cate Blanchett.
santiago a écrit : 21 janv. 23, 17:50 Tár : 7,5/10
zemat a écrit : 26 janv. 23, 09:56 TAR : 4/10
C'était l'une de mes grosses attentes de ce mois, j'ai vite déchanté. Trooooooooooooop long et trop référencé en musique classique (où je dois reconnaître mon manque total de connaissances), il n'y a guère que la dernière 1/2h qui a relevé mon intérêt. Bon, Cate est très bien comme d'hab', mais ça ne fait pas le film. Le film dure 30min de moins que Babylon mais m'a paru faire deux fois plus de temps...
nobody smith a écrit : 28 janv. 23, 17:30 Tar 9/10
Spongebob a écrit : 29 janv. 23, 12:27 Tár : 7/10
Tina Quintero a écrit : 30 janv. 23, 00:17 Tár 10/10
poet77 a écrit : 30 janv. 23, 14:18 Tar: 7/10
Lohmann a écrit : 31 janv. 23, 13:40 Tár 6/10
Wulfa a écrit : 1 févr. 23, 18:57 Tàr, Todd Field : 7,5/10.
Un film avec de nombreuses qualités, mais j'ai rarement été autant trompé par une bande-annonce.
Nestor Almendros a écrit : 4 févr. 23, 18:27 Tar : 6/10
Un film peu aimable qui repose presque entièrement sur les épaules de Cate Blanchett.
-Kaonashi Yupa- a écrit : 6 févr. 23, 12:00 Tár : 9
El Dadal a écrit : 6 févr. 23, 19:25 TÁR : 7/10
Flol a écrit : 8 févr. 23, 09:55 TÁR : 6.5/10
origan42 a écrit : 8 févr. 23, 12:13 Tár : 8,5/10
Heliurl a écrit : 8 févr. 23, 16:34 TÁR : 6/10
douane eddy a écrit : 19 févr. 23, 16:24 Tar : 8.5/10
Roilo Pintu a écrit : 19 févr. 23, 20:35 Tár - Todd Field : 4/10
Ballard73 a écrit : 9 mars 23, 23:11 Tar 9 / 10
Vu seulement 48h après le Spielberg...Eh ben on est sur une autre galaxie, celle du 9/10 à 10/10, celle d'un film exigeant mais d'une puissance incroyable. A partir d'un sujet à priori pointu (un morceau de la vie d'une grande chef d'orchestre), le film se donne pour ambition de traiter d'un sujet universel : la conquête du pouvoir. BO aux petits oignons, photographie en cohérence avec l'esprit froid de Lydia Tar, justesse de l'interprétation, contenance des personnages secondaires, ce fut 2h30 de régal, en plus dans des conditions idéales (la grande salle du Pathé, avec 4 personnes à l'intérieur) !
Demi-Lune a écrit : 22 avr. 23, 20:13 TÁR (Todd Field) : 7/10


D'autres remarques :
Tina Quintero a écrit : 5 févr. 23, 14:18
Spongebob a écrit : 5 févr. 23, 08:14 J'ai moins aimé quand le film m'a pris pour un doctorant en musicologie.
J'avoue que j'ai eu peur de ne pas accrocher au début, et j'ai vu quelques spectateurs quitter la salle... Mais c'est volontaire, ça concerne au final peu de scènes, et ne gêne aucunement la compréhension du film. Télérama écrit très justement :
Le recours au jargon musical — « Très punkt kontrapunkt » ! — risque à chaque instant la pédanterie, mais crée un effet de réel rare, tant, ailleurs, le cinéma regarde souvent le travail de loin, en arrière-plan flou.
Dernière modification par Wulfa le 23 avr. 23, 10:57, modifié 7 fois.
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tchi-tcha
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par tchi-tcha »

Nestor Almendros a écrit : 5 févr. 23, 17:58 C'est un film peu aimable parce qu'il ne prend pas le spectateur par la main et qu'il demande une certaine exigence, surtout qu'il n'y a pas d'intrigue forte. J'ai été captivé en quelque sorte grâce à Cate Blanchett qui porte le récit, apprécié l'aspect documentaire de la première partie, mais je reste trop circonspect au final.
ballantrae a écrit : 5 févr. 23, 20:06 Complexe, pas forcément immédiatement aimable, Tar de Todd Field est un film fort dont le sujet principal semble être la musique puis le pouvoir mais pourrait bien être encore ailleurs... j'y reviendrai sur le topic.
Le scénario est d'une intelligence rare, l'un des mieux pensés de ces dernières années. La mise en scène et le travail sur le son sont au cordeau.
Le discours sur la musique est fort heureusement dénué de la moindre volonté de simplification outrancière et irréaliste: si je vois un film qui se déroule dans cet endroit là, ce serait anormal que les personnages ne soient pas des initiés et je capte ce que je peux, pas grave du moment que je saisis l'essentiel. Je pense que c'est l'un des films les plus exigeants que je connaisse sur la musique, l'équivalent du Edvard Munch de Watkins pour la peinture
Le personnage de Tar n'est pas a priori aimable mais bien moins détestable que ceux qui l'entourent à commencer par l'assistante chouineuse et transie amoureuse ( utilisation très pertinente et un peu retorse d'une actrice proche de C Sciamma compte tenu du thème) ou le jeune musicien qui refuse Bach pour des raisons d'une connerie abyssale.
Ce qui arrive à Tar est terrifiant et caractérise bien les errances de notre époque lamentable qui joue la médiocrité contre l'art.
K Blanchett est certainement la plus grande actrice américaine en activité avec M Streep dans ses meilleurs jours: elle est tout simplement prodigieuse!
Même si elle porte le film à son point d'incandescence, ce n'est que l'un des remarquables ingrédients du film qui en comporte de nombreux.Todd Field un nom à retenir et que j'avais oublié alors que Little children m'avait déjà plu lors d'un visionnage TV mais il me faudrait le revoir.
Un film passionnant qu'il ne faut surtout pas manquer!
J'ai failli passer mon chemin en voyant la BA , heureusement des amis me l'ont conseillé et m'ont dit qu'il ne fallait pas s'y fier.
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Tina Quintero
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par Tina Quintero »

ballantrae a écrit : 5 févr. 23, 20:06 Utilisation très pertinente et un peu retorse d'une actrice proche de C Sciamma compte tenu du thème
Hi hi, je n'y avait pas pensé mais c'est vrai que ça colle ! Sinon tout à fait d'accord avec ce que tu écris, hâte de lire la lecture supplémentaire que tu envisages.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Peut-être la piste fantastique à partir de la silhouette du chien dans le squat d'Olga ?
C'est en tout cas un chef-d'œuvre, pas seulement pour l'interprétation majuscule de Blanchett : un mille-feuille par un grand cuisinier, dont les différentes couches s'épaississent au fur et à mesure qu'on y repense. Plusieurs scènes d'anthologie, dont celle que tu cites avec l'étudiant, filmée en plan-séquence
Spoiler (cliquez pour afficher)
pour mieux contraster avec l'idiot montage qui en sera fait plus tard...
Une question : est-ce que dans tous les cinémas les lumières s'allument brutalement au moment de la dernière image ? J'ai trouvé ça génial, les spectateurs nous regardions ébahis avec les yeux pas encore habitués à la lumière. J'imagine que c'est une consigne du réalisateur ?
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Alexandre Angel
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par Alexandre Angel »

Se souvient-on (je pense que oui mais comme je n'en "entends" pas spécialement parler), à toutes fins utiles, que Todd Field est le pianiste mondain qui branche Tom Cruise sur l'orgie d'Eyes Wide Shut?
Mes excuses si tout le monde le sait :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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tenia
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par tenia »

Peu convaincu par le film, plastiquement bien ficelé et fort bien habité, mais très long pour ce qui reste, finalement, des atermoiements assez peu passionnants sur une élite imbue d'elle-même et qui se rend compte que non, l'intégralité de la population n'est pas transie d'admiration pour elle, et que karma is (presque) a bitch. Sur ce dernier point, il y aurait d'ailleurs sûrement à dire sur le secteur choisi pour symboliser ce qui est perçu comme une rétrogadation, notamment sur s'il est censé représenter cela pour Tar ou pour Field.

Au final, le petit orgueil de Lydia Tar en prendra un coup, semblant de rédemption/rétrogradation moins concrète que vague, puisqu'au final, tout cela ne l'empêchera pas bien longtemps de reprendre sa carrière, avec juste un accroc dans sa progression à mettre en perspective avec l'idée que Le Grand Art et Le Grand Talent se conjuguent forcément avec un mental d'égocentrique élitiste opportuniste et gentiment toxique (sachant que le film ne montre jamais vraiment Tar à l'œuvre, uniquement lors de répétition, donc ne montre jamais dans le champ son talent, on n'en aura que l'aura, ce que les gens en disent, faisant d'elle presque une personne célèbre d'être célèbre), si possible en s'assurant de garder le grand public à bonne distance de cet entre-soi érudit dont l'imperméabilité serait une force.

2h40 pour ça, c'est quand même bien indulgent, et le film a fini par me sembler moins intéressant pour ce qu'il est que les quelques réflexions qu'on peut en tirer (ce qui est déjà bien, remarquez).

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El Dadal
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par El Dadal »

Tina Quintero a écrit : 5 févr. 23, 20:47 Une question : est-ce que dans tous les cinémas les lumières s'allument brutalement au moment de la dernière image ? J'ai trouvé ça génial, les spectateurs nous regardions ébahis avec les yeux pas encore habitués à la lumière. J'imagine que c'est une consigne du réalisateur ?
J'y ai eu droit aussi, mais comme on y a droit quasiment à chaque fois qu'on a le malheur de s'aventurer dans un multiplexe en fin de compte. À mes yeux, ça n'a rien de génial, c'est une tactique commerciale simple pour vider la salle le plus rapidement possible. D'ailleurs, tant que j'en suis aux remarques techniques, j'ai trouvé le DCP très laid, associé à un écran de projection plus du tout aux normes pour 2023 (à Châtelet, salle 4 pour les intéressés). Je n'arriverai évidemment pas à reproduire l'ambiance sonore chez moi, mais la future projection que je me ferai de l'UHD ne dépareillera pas.

Sinon...
ballantrae a écrit : 5 févr. 23, 20:06 Ce qui arrive à Tar est terrifiant et caractérise bien les errances de notre époque lamentable qui joue la médiocrité contre l'art.
Autant j'aime les nombreuses zones grises du film, autant je trouve qu'elle a bien cherché ce qui lui arrive. Elle est tout de même parfaitement hypocrite et dans le conflit d'intérêt constant. Je ne serai pas surpris qu'il s'agisse même plutôt d'une situation qu'elle cherche à créer inconsciemment car elle ne peut pas se défaire de son monde, de son confort, de sa cour. Une sorte de masochisme teinté de culpabilité judéo-chrétienne avancée. Mais ce n'est qu'une interprétation...
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par Barry Egan »

Mon commentaire du 19 novembre dernier :
TÁR : 5,5/10

Premier film du DG Universe inspiré par les livres de Norman Lebrecht, avec une Cate Blanchett en mode élitiste et des easter eggs pour les connaisseurs - quand elle cogne sur son punching ball, c'est "La petite musique de nuit" qui sourd de ses coups. Un produit qui plaira aux cultivés exigeants de la même façon que le premier "Iron Man" comblait les amateurs de comics. A chacun son industrie, à chacun sa consommation. Perso, ça m'a laissé froid sur la fin, franchement décevante, où l'auteur fait dans la déviation pour la déviation, tout en voulant sauver son personnage si passionnant... Avant ça, c'était plutôt intéressant et le suspense fonctionnait bien. Bref, j'attends le deuxième film de la série pour voir si ça s'améliore.
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Wulfa
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par Wulfa »

El Dadal a écrit : 6 févr. 23, 19:38 Autant j'aime les nombreuses zones grises du film, autant je trouve qu'elle a bien cherché ce qui lui arrive. Elle est tout de même parfaitement hypocrite et dans le conflit d'intérêt constant. Je ne serai pas surpris qu'il s'agisse même plutôt d'une situation qu'elle cherche à créer inconsciemment car elle ne peut pas se défaire de son monde, de son confort, de sa cour. Une sorte de masochisme teinté de culpabilité judéo-chrétienne avancée. Mais ce n'est qu'une interprétation...
Je suis tout à fait d'accord avec cette idée que Lydia Tàr l'a quand même bien cherché. Au-delà de sa vision de l'art tout à fait respectable et par moments très salutaire, elle demeure un personnage profondément toxique qui ne recule devant aucune manipulation pour parvenir à ses fins. C'est d'ailleurs le sujet d'une de ses dernières conversations avec sa femme Sharon : Lydia Tàr conçoit ses relations avec les autres uniquement comme des transactions. Pour moi, l'intérêt du personnage réside justement dans cette ambiguïté constante, d'une scène sur l'autre, on l'aime, puis on la déteste, on veut la voir s'en sortir, puis la voir couler. Todd Field ne réinvente rien en construisant son personnage de la sorte, mais il le fait très bien, et encore maintenant, j'ai toujours de l'attachement pour ce personnage dont la carrière a surtout été brisée par son orgueil démesuré.

En revanche ce que je peux reprocher au film, c'est sa froideur, son manque de prise de risque. Il manque un grain de folie, un dérèglement des sens vraiment bouleversants, en dehors des quelques scènes oniriques ou cauchemardesques disséminées çà et là.
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par -Kaonashi- »

Alexandre Angel a écrit : 6 févr. 23, 09:53 Se souvient-on (je pense que oui mais comme je n'en "entends" pas spécialement parler), à toutes fins utiles, que Todd Field est le pianiste mondain qui branche Tom Cruise sur l'orgie d'Eyes Wide Shut?
Mes excuses si tout le monde le sait :mrgreen:
Se souvient-on aussi que dans le même film, la voix de la femme-mystère, celle qui guide puis sauve Tom Cruise lors du "bal masqué", est celle de Cate Blanchett ? :mrgreen: Révélation assez récente de Leon Vitali, il y a 3-4 ans.
El Dadal a écrit : 6 févr. 23, 19:38
Tina Quintero a écrit : 5 févr. 23, 20:47 Une question : est-ce que dans tous les cinémas les lumières s'allument brutalement au moment de la dernière image ? J'ai trouvé ça génial, les spectateurs nous regardions ébahis avec les yeux pas encore habitués à la lumière. J'imagine que c'est une consigne du réalisateur ?
J'y ai eu droit aussi, mais comme on y a droit quasiment à chaque fois qu'on a le malheur de s'aventurer dans un multiplexe en fin de compte. À mes yeux, ça n'a rien de génial, c'est une tactique commerciale simple pour vider la salle le plus rapidement possible. D'ailleurs, tant que j'en suis aux remarques techniques, j'ai trouvé le DCP très laid, associé à un écran de projection plus du tout aux normes pour 2023 (à Châtelet, salle 4 pour les intéressés).
Rien de tout cela à l'Arlequin : lumières rallumés doucement tard pendant le générique de fin, très bon son. Donc ça ne vient ni d'indication du réal (c'est pas Kubrick :mrgreen:), ni du DCP.
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par G.T.O »

Je remets ici mon petit avis:

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Mais que se passe t’il au juste dans ce film pour expliquer pareille hallucination critique ?
Cette froideur au carré, qui tient à la fois du cadre de vie (Berlin, glaciale, forcément) et du destin d’une ambition personnelle, Cate Blanchett en cheffe d’orchestre robotisée, frappée d’excellence mais lesbienne malheureuse ou de ces personnages zombifiés pris au piège d’affaires n’intéressant qu’eux mêmes. Ou serait-ce le programme mollement kubrickien du dérèglement, vu cent fois ailleurs et en mieux, du fameux vernis bourgeois qui se craquèle par désir ? Reste que plus de 2h passe (sur 2h38), sans que cette trajectoire de vie ne dévie, excepté, tardivement, l'espace d'un un court moment pour y faire l’aveu insignifiant sinon dérisoire suivant: et si tout ceci n'était au fond qu’un jeu de pouvoir aphrodisiaque. Inutile de dire que l’on reste perplexe face à ce qui, pour reprendre la définition livrée par Léonard Bernstein de la musique, et qu’ambitionne le film sans jamais l’atteindre: intentionnalité de mouvements des sentiments.

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Alexandre Angel
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par Alexandre Angel »

-Kaonashi Yupa- a écrit : 7 févr. 23, 10:16 Se souvient-on aussi que dans le même film, la voix de la femme-mystère, celle qui guide puis sauve Tom Cruise lors du "bal masqué", est celle de Cate Blanchett ? :mrgreen: Révélation assez récente de Leon Vitali, il y a 3-4 ans.
Ah non je ne savais pas. Coïncidence (?) très kubrickienne .
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par G.T.O »

Alexandre Angel a écrit : 7 févr. 23, 10:45
-Kaonashi Yupa- a écrit : 7 févr. 23, 10:16 Se souvient-on aussi que dans le même film, la voix de la femme-mystère, celle qui guide puis sauve Tom Cruise lors du "bal masqué", est celle de Cate Blanchett ? :mrgreen: Révélation assez récente de Leon Vitali, il y a 3-4 ans.
Ah non je ne savais pas. Coïncidence (?) très kubrickienne .
Non, pas de coïncidence, juste un film et un réalisateur très conscient et volontariste dans sa demande de filiation kubrickienne. La voix-off distinguée et ironique de Little Children, déjà, rappelait le procédé narratif de Barry Lyndon.
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Message par mannhunter »

Au menu du dernier Positif

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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Alexandre Angel a écrit : 7 févr. 23, 10:45Ah non je ne savais pas. Coïncidence (?) très kubrickienne .
Leon Vitali en aurait d'abord parlé en interview en 2017-18 avec Axel Cadieux, qui préparait son livre sur Eyes Wide Shut, puis à un autre journaliste qui a fait l'article sur Vulture publié en juin 2019, quelques mois avant la sortie du livre qui contenait la "révélation". Quand je revois les passages du film en question, impossible de comprendre pourquoi personne ne l'avait remarqué depuis. Et à ma connaissance, Cate Blanchett n'en a jamais parlé en interview jusqu'à aujourd'hui (mais je me trompe peut-être.
GTO a écrit :Non, pas de coïncidence, juste un film et un réalisateur très conscient et volontariste dans sa demande de filiation kubrickienne. La voix-off distinguée et ironique de Little Children, déjà, rappelait le procédé narratif de Barry Lyndon.
En même temps, imagine : jeune acteur, il joue dans un film de Kubrick, donc le voit l'oeuvre pendant plusieurs semaines... ça peut inflluencer !
Mais ce n'est certainement pas aussi conscient que tu le prétends. Quand tu parles voix off dans un film, Barry Lyndon fait toujours partie des exemples cités en premiers.
mannhunter a écrit :Au menu du dernier Positif
Interview très intéressante de Todd Field, bon article sur Cate Blanchett, mais critique du film écrite un peu n'importe comment.
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Re: Tàr (Todd Field - 2023)

Message par El Dadal »

G.T.O a écrit : 7 févr. 23, 10:40 Mais que se passe t’il au juste dans ce film pour expliquer pareille hallucination critique ?
Cette froideur au carré, qui tient à la fois du cadre de vie (Berlin, glaciale, forcément) et du destin d’une ambition personnelle, Cate Blanchett en cheffe d’orchestre robotisée, frappée d’excellence mais lesbienne malheureuse ou de ces personnages zombifiés pris au piège d’affaires n’intéressant qu’eux mêmes. Ou serait-ce le programme mollement kubrickien du dérèglement, vu cent fois ailleurs et en mieux, du fameux vernis bourgeois qui se craquèle par désir ? Reste que plus de 2h passe (sur 2h38), sans que cette trajectoire de vie ne dévie, excepté, tardivement, l'espace d'un un court moment pour y faire l’aveu insignifiant sinon dérisoire suivant: et si tout ceci n'était au fond qu’un jeu de pouvoir aphrodisiaque. Inutile de dire que l’on reste perplexe face à ce qui, pour reprendre la définition livrée par Léonard Bernstein de la musique, et qu’ambitionne le film sans jamais l’atteindre: intentionnalité de mouvements des sentiments.
Dommage GTO de balayer le contenu du film d'un revers de la main. Qu'on apprécie ou pas, il me semble pourtant assez évident que Field prend bien soin de creuser suffisamment de pistes différentes, et de jouer avec de nombreux sous-textes, pour qu'on puisse lui autoriser des interprétations un peu moins cadenassées.

J'en profite pour faire suivre un lien (anglais seulement, désolé, et attention spoilers) assez bien fait, qui explore la facette hantée de Tár et permet de rabattre un certain nombre de cartes : https://slate.com/culture/2022/12/tar-c ... ftGe32atO0.
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