Fernando Trueba

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Profondo Rosso
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Re: Fernando Trueba

Message par Profondo Rosso »

Profondo Rosso a écrit : 30 janv. 22, 14:24 Belle Epoque de Fernando Trueba (1992)

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En 1931, un déserteur espagnol se réfugie dans une ferme isolée. Les quatre filles de l'agriculteur ont tôt fait de s'intéresser au jeune militaire qui ne peut s'empêcher de tomber amoureux de chacune d'elles.

Belle Epoque est pour Fernando Trueba une œuvre qui vient confirmer la reconnaissance critique et commerciale amorcée avec son film précédent Le Rêve du singe fou (1989). Belle Epoque est la pièce centrale d’une trilogie historique se situant dans les années 30, suivant Manolo (1986) et précédant La Fille de tes rêves (1998). Le film se situe en 1931, moment crucial dans l’histoire espagnole. Le pays se situe dans une période intermédiaire entre la chute du régime royal des Bourbons et l’avènement de la Seconde République, effective le 14 avril 1931. La population est ainsi déchirée entre ces deux possibilités de pouvoir, ainsi qu’avec les idéologies qui s’y rattachent. Laïcité, fin des inégalités, liberté de la presse notamment pour la République tandis que le poids de la tradition, l’influence de la religion restent encore un héritage de la royauté. Belle Epoque scrute précisément ces contradictions, mais sous un angle surprenant de satire légère et lumineuse. Cela n’empêche pas le film de s’ouvrir sous une couche de comédie noire. Fernando (Jorge Sanz), jeune déserteur est capturé par deux soldats de l’armée monarchique. Le plus âgés des deux, conscient des jours comptés du régime préfère libérer le prisonnier quand son compagnon (qui s’évérera être son beau-fils) est bien plus fanatisé et préfèrera abattre son collègue avant de se suicider à son tour. Tout l’absurde de la situation du pays est illustré dans cette entrée en matière, mais Fernando Trueba préfèrera l’exprimer dans une approche intimiste et tendre. Fernando va trouver refuge auprès de Manolo (Fernando Fernández Gómez) un vieux républicain vivant seul dans sa ferme avec lequel il va se lier d’amitié. Comme tous les étés celui-ci s’apprête à accueillir ses quatre filles, Clara (Miriam Díaz Aroca), Rocio (Maribel Verdú), Violeta (Ariadna Gil) et la cadette Luz (Penelope Cruz). Fernando va tomber amoureux et avoir une aventure avec chacune des filles qui chacune représentent une contradiction sociale et/ou morale reflétant le clivage du pays.

L’histoire se déroule dans un cadre rural et se propose de montrer un microcosme amusé de cette situation. Point de grand discours cependant, l’approche tendre et légère de Fernando Trueba est entièrement au service des personnages plutôt que d’une démonstration politique. Le joyeux marivaudage déroute par sa totale absence de manichéisme, les protagonistes étant toujours hésitant entre la logique d’un système, d’une éducation qu’il suivent ou renient au gré de leurs désirs. La crise d’identité est de mise pour Violeta élevée et considérée comme un homme par sa famille et qui mène littéralement la danse lors de sa grande scène d’amour avec Fernando, où Trueba renverse tous les codes. Le prétexte d’un carnaval la voit revêtir un uniforme militaire tandis que Fernando est déguisé en soubrette, un tango endiablé puis une étreinte renverse les codes homme/femme ou supposé dominant/dominé avec une inventivité et modernité confondante. Rocio hésite à s’unir avec Juanito (Gabino Diego) son fiancé étouffé par une mère royaliste et bercée de mœurs traditionnalistes. Rocio en devient une figure hésitante et malicieuse, tour à tour sur le recul puis provocante, propageant cette schizophrénie à son fiancé fou de désir passant de républicain à royaliste au gré des sursaut de sa libido. L’aîné Clara est une jeune veuve supposée se chercher un parti honorable mais également tiraillé par la solitude sans se résoudre à céder à des prétendants vieillissants. Fernando n’est pas l’objet d’une rivalité amoureuse entre les sœurs, mais plutôt le catalyseur de ce tiraillement social et intime qui les agitent - c'est un peu Les Proies de Don Siegel dans un versant positif. Dès lors l’acte est assez vite consommé avec les trois aînées dans des situations aussi cocasses que sensuelle, que Fernando Trueba sait mettre en valeur au gré de chaque caractère, chacune des formes de beauté des actrices. L’inconséquence de Fernando à tomber amoureux à celle qui lui cède ou l’assaille est aussi aussi par ce cœur d’artichaut une métaphore des élans contradictoires espagnols. Seule la cadette Luz, la plus timide et sincèrement amoureuse, est exclue de ce marivaudage : par ses aînées l’éloignant dès que les confidences se font plus croustillante, et par Fernando ne sachant pas lire dans son propre cœur alors que dès l’ouverture nous devinons que son cœur penche vers elle.

La dimension libertaire de cette petite famille n’est jamais questionnée ni jugée, et le contexte rural constitue une sorte de bulle où chacun est libre de suivre la norme où se perdre à sa guise. L’arrière-plan politique est un fil rouge dont les personnages sont tenus au courant, et les quelques anicroches directes qu’il suscite sont plutôt source de comédie. Fernando Trueba trouve ainsi un équilibre assez étonnant en signant un film qui est à la fois très léger, conscient et profond quant à la période charnière dans laquelle il se situe. La dernière partie atteint des sommets dans ce mélange de tradition et d’hédonisme avec l’apparition de la figure détonante de la mère Amalia (Mary Carmen Ramírez), mais l’on ressent malgré la victoire Républicaine un sentiment de paradis perdu. A la fin de l’été, toutes et tous retournent à leur quotidien, certains quittent même le pays, et le spectateur sait bien que les heures sombres du Franquisme sont en ligne de mire quelques années plus tard. C’est cette mélancolie qui domine en voyant le vieux Manolo retourner à sa solitude. Cette parenthèse enchantée restera cependant inoubliable et sera un immense succès, saluée par 9 Goya et l’Oscar du meilleur film étranger. 5/6
Arte diffuse Belle Epoque dimanche 6 août à 22h50 https://www.programme-television.org/fi ... 1274366622
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tchi-tcha
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Re: Fernando Trueba

Message par tchi-tcha »

... et Belle époque est ensuite disponible en replay jusqu'au 4 septembre ici :

https://www.arte.tv/fr/videos/025127-00 ... le-epoque/

(deux nœuds au mouchoir vallent mieux qu'un)
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manuma
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Re: Fernando Trueba

Message par manuma »

cinephage a écrit : 1 sept. 23, 09:30
Bon, ça aura été Belle Epoque, effectivement, un film assez charmant, tournant autour d'un séminariste défroqué et de quatre jeunes filles, et là, alors, il faut saluer le casting, qu'elles étaient belles, ces quatre jeunes femmes. Ou bien elle sont très joliment filmées, ce qui est un peu le propos du film. Penélope Cruz, Miriam Díaz-Aroca, Ariadna Gil et Maribel Verdu forment un quatuor de soeurs assez incroyable. En tout cas, j'ai passé une bonne soirée. :mrgreen: :oops:
Découvert également via Arte. Trueba a fait plus ambitieux, mais cela reste un très joli film en effet, avec côté interprétation une petite préférence pour Maribel Verdu en ce qui me concerne. Marrant aussi de retrouver Galabru là-dedans...
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cinéfile
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Re: Fernando Trueba

Message par cinéfile »

manuma a écrit : 1 sept. 23, 09:58
cinephage a écrit : 1 sept. 23, 09:30
Bon, ça aura été Belle Epoque, effectivement, un film assez charmant, tournant autour d'un séminariste défroqué et de quatre jeunes filles, et là, alors, il faut saluer le casting, qu'elles étaient belles, ces quatre jeunes femmes. Ou bien elle sont très joliment filmées, ce qui est un peu le propos du film. Penélope Cruz, Miriam Díaz-Aroca, Ariadna Gil et Maribel Verdu forment un quatuor de soeurs assez incroyable. En tout cas, j'ai passé une bonne soirée. :mrgreen: :oops:
Découvert également via Arte. Trueba a fait plus ambitieux, mais cela reste un très joli film en effet, avec côté interprétation une petite préférence pour Maribel Verdu en ce qui me concerne. Marrant aussi de retrouver Galabru là-dedans...
Je vais le revoir ce weekend avant sa disparition du replay.
Dans mon souvenir, Trueba a fait mieux en effet malgré l'oscar du meilleur film étranger (battant au passage Adieu ma concubine*)

Je remets ici la captation de la masterclass du réalisateur donnée à Nantes l'an dernier (super moment, impression partagée par tous les présents je pense) :


*(anecdote donnée lors de cette même masterclass par Trueba) Rendant visite à Billy Wilder peu avant la cérémonie, il lui fait part des pronostics qui donne le film de Kaige vainqueur haut-la-main. Ce à quoi le maitre autrichien rassurant son padawan répond : "one-hour too long !".

@cinéphage : ne laisse pas tomber Amants d'Aranda pour autant ;) C'est un must.
Surtout si tu aimes Maribel Verdu, c'est sans doute un de ses plus beaux rôles ! Elle tient largement la comparaison avec Abril, qui avait gagnée l'Ours d'argent à Berlin de la meilleure actrice pour le film alors que l'ensemble du casting aurait probablement mérité la récompense.
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cinephage
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Re: Fernando Trueba

Message par cinephage »

cinéfile a écrit : 1 sept. 23, 13:00 @cinéphage : ne laisse pas tomber Amants d'Aranda pour autant ;) C'est un must.
Surtout si tu aimes Maribel Verdu, c'est sans doute un de ses plus beaux rôles ! Elle tient largement la comparaison avec Abril, qui avait gagnée l'Ours d'argent à Berlin de la meilleure actrice pour le film alors que l'ensemble du casting aurait probablement mérité la récompense.
Tu as des arguments qui me touchent... :oops:
Je vais me lancer dans l'aventure, du coup.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Beule
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Re: Fernando Trueba

Message par Beule »

manuma a écrit : 1 sept. 23, 09:58
Découvert également via Arte. Trueba a fait plus ambitieux(...)
Pour quels projets ?
Je suis curieux parce que sur les 5 films que j'ai vus de lui récemment, c'est celui où l'ambition - et l'originalité - du propos m'ont paru les plus manifestes. Derrière le marivaudage incessant et charmant, sous la patine de sensualité enivrante et solaire, s'expriment en autant de petites touches impressionnistes des miniatures vraiment très fines et pertinentes de la mutation des valeurs de cette époque charnière, du moins pour le peu que j'en connais. Là où, malgré des moyens affichés de façon plus spectaculaire, un film comme La Fille de tes rêves peine à tracer un sillon vraiment personnel, à se démarquer de ses influences hollywoodiennes, parfois encombrantes.
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manuma
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Re: Fernando Trueba

Message par manuma »

Beule a écrit : 1 sept. 23, 16:53 Pour quels projets ?
Vu seulement 4 films de Trueba à ce jour, de mon côté, et, pour le moment, j'en reste encore à son Rêve du singe fou. Loin d'être le plus abouti du lot, c'est pourtant celui que j'ai trouvé le plus audacieux, qui m'a le plus marqué au bout du compte. Belle époque est, d'une certaine façon, plus satisfaisant car tout fonctionne idéalement dans ce mélange d'intrigues amoureuses coquines et de considérations politico-historiques - j'ajouterai également à la réussite de l’œuvre l'excellente partition musicale d'Antoine Duhamel - mais j'avoue que, au-delà du plaisir pris, rien ne m'a vraiment étonné ici. Par ailleurs, La Fille de tes rêves ne m'avait pas entièrement convaincu non plus. Quelques beaux élans romanesques, une radieuse Penelope Cruz, une précieuse contribution musicale de Duhamel, mais également une exubérance forcée parfois un brin indigeste.
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Beule
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Re: Fernando Trueba

Message par Beule »

manuma a écrit : 2 sept. 23, 06:30
Beule a écrit : 1 sept. 23, 16:53 Pour quels projets ?
Vu seulement 4 films de Trueba à ce jour, de mon côté, et, pour le moment, j'en reste encore à son Rêve du singe fou. Loin d'être le plus abouti du lot, c'est pourtant celui que j'ai trouvé le plus audacieux, qui m'a le plus marqué au bout du compte.
Merci.
Pas vu ce Rêve du singe fou qui vous divisaient, toi et cinéfile d'un côté et Profondo Rosso de l'autre. Je tenterai si l'occasion se présente.
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cinéfile
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Re: Fernando Trueba

Message par cinéfile »

cinéfile a écrit : 1 sept. 23, 13:00 Je vais le revoir ce weekend avant sa disparition du replay.
Bien m'en a pris car c'est nettement supérieur à mon (vieux) souvenir - une redécouverte presque totale en fait !

C'est le film dans lequel la veine comique de Trueba me semble trouver un véritable accomplissement, de par sa solidité générale, son originalité plus forte, plus maitrisée qu'auparavant. C'est bien plus réussi que Manolo/El Año de las luces, qui ne m'avait guère convaincu bien qu'il annonce clairement Belle Epoque, plus personnel que Sé Infiel y no mires con quien (que j'avais vraiment bien aimé mais qui se devait de composer avec les contraintes du matériau de départ et de son dispositif, film sur lequel Trueba se montre très sévère avec lui-même aujourd'hui d'ailleurs). Comme l'écrit Beule plus haut, les influences hollywodiennes (screwball comedy etc) sont mieux digérées, incorporées à des éléments espagnols sur un fond historique précis, très intelligemment reconstitué.

Derrière la comédie enlevée et étourdissante, ce petit village de 1931 donne tout autant l'effet d'être une bulle temporelle et spatiale où s'entrecroisent les vicissitudes sentimentales des personnages, qu'un réceptacle des incertitudes et des tensions de toute une société, dont on sait qu'elles conduiront au pire. Le personnage du curé (joué par Agustín González, second rôle stakhanoviste du ciné espagnol) en offre une sorte de synthèse exemplaire : figure récurrente du cinéma comique, à la bonhommie sereine en apparence, pris dans un dilemme intérieur prêt à éclater. Le tout appuyé par la référence à Unamuno, qui personnifia à cette époque la question des contradictions morales et du choix d'un camp, dont certains changent comme de chemises au cours du film. Le couple mère-fils formé par Chus Lempreave et Gabino Diego est d'ailleurs hilarant de bout en bout et illuminent le film autant que les quatre actrices principales.

Je devrais me programmer Le Sortilège de Shanghai (El embrujo de Shanghai) pour bientôt. Surtout après la sortie du dernier Erice (qui devait faire le film au départ).
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Profondo Rosso
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Re: Fernando Trueba

Message par Profondo Rosso »

Opera Prima (1980)

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Matias est un journaliste divorcé de 25 ans qui essaie d'écrire un roman policier. Violeta, sa cousine, a 18 ans et étudie le violon. Tout les sépare mais ils tombent pourtant amoureux l'un de l'autre.

Premier long-métrage de Fernando Trueba, Opera Prima témoigne déjà de l'appétence du réalisateur pour la comédie américaine. Mais alors qu'il ira piocher ses influences dans le Hollywood classique et la screwball comedy dans ses œuvres suivantes, Opera Prima est lui lourdement marqué par l'ombre plus contemporaine de Woody Allen. Le personnage de Matias (Óscar Ladoire), tout en logorrhée angoissée noyant ses névroses sous les tics et les références culturelles est clairement un pendant latin de la figure emblématique créée par Woody Allen. L'intrigue rappelle plus spécifiquement Manhattan à travers la romance avec Violeta (Paula Molina), cousine plus jeune que Matias retrouve adulte à Madrid après avoir été son premier amant lorsqu'elle avait 15 ans. Matias souffre aussi des mêmes frustrations que le Woody de Manhattan par sa carrière d'écrivain qui piétine et ses relations difficiles avec son ex-femme (Kiti Mánver). Trueba a clairement du mal à s'extirper de cette influence écrasante et ce jusque dans sa conclusion une nouvelle fois variation de celle de Manhattan.

Le charme opère par intermittence lorsque le Trueba parvient à instaurer quelques situations plus spécifiquement associées au contexte espagnol. Sous les peurs et l'insécurité amoureuse de Matias transparait aussi celle de l'homme espagnol confronté à une nouvelle génération de jeunes femmes indépendantes et émancipées, les dissensions venant ici de l'amitié de Violeta avec un collègue musicien, et d'un voyage au Pérou qu'elle envisage avec lui sans l'assentiment de Matias. Il y a aussi le contexte provoquant de la Malavida en germe qui se profile en arrière-plan durant les hilarantes scènes d'interview d'artiste de Matias, qui expérimente les éructations d'un simili Bukowski ou la nymphomanie d'une réalisatrice (Marisa Paredes) férue d'érotisme. Le couple vedette dégage un charme certain, en particulier les scènes de séduction qui précèdent l'officialisation de la relation. La scène d'ouverture muette où Violeta suit longuement Matias dans la rue est irrésistible, tout comme la tension érotique lorsqu'elle se change devant lui dans son appartement, grâce à la répétition de ce moment pour une issue différente. La réussite n'est cependant pas totale à cause d'un rythme incertain et des réminiscences alleniennes déjà évoquées. Tout comme dans son Sé infiel y no mires con quién (1985) à venir et certes plus réussi, les contextes contemporains rendent boiteux ce mélange avec la comédie américaine chez Trueba, alors que dès qu'il l'associera à un fond historique plus consistant sous la légèreté, les films gagneront en profondeur dans son cycle autour de la Guerre Civile avec Manolo (1986), Belle Epoque (1992) et La Fille de tes rêves (1998). Encore bancal donc mais pas désagréable, le meilleur était à venir. 3/6
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Re: Fernando Trueba

Message par Profondo Rosso »

Un nouveau Fernando Trueba en salle cette semaine, film d'animation (avec le vieux complice Jeff Goldblum au doublage)

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Re: Fernando Trueba

Message par Profondo Rosso »

Zelda Zonk a écrit : 6 févr. 24, 21:42 They shot the Piano Player : 6/10

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Un sujet qui me passionne (le jazz, la bossa nova, le piano, le Brésil des années 60-70) conjugué à une enquête intéressante sur la disparition mystérieuse d'une étoile filante de la musique brésilienne.
Une forme audacieuse et inédite (un documentaire politico-musical en images animées, perso je n'avais jamais vu ça), où se mêlent un graphisme chatoyant (dans l'esprit de Rita et Chico pour ceux qui l'ont vu) et une bande originale réjouissante pour tout amateur de bossa nova et de jazz. Je reste néanmoins sur ma faim en raison d'une construction scénaristique trop linéaire et laborieuse, qui se contente trop souvent de restituer les nombreux entretiens avec les différents protagonistes de l'affaire. On a l'impression que beaucoup de séquences ont été tournées en images réelles et simplement converties ensuite au format animation en gardant la prise de son de l'interviewé. Au final, c'est parfois trop bavard ou redondant et ça manque de musicalité à mon goût. Dommage, car les scènes d'expression musicale sont de loin les plus réussies.
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Zelda Zonk
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Re: Fernando Trueba

Message par Zelda Zonk »

Profondo Rosso a écrit : 31 janv. 24, 14:09 Un nouveau Fernando Trueba en salle cette semaine, film d'animation (avec le vieux complice Jeff Goldblum au doublage)
Lui-même excellent pianiste. :wink:
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Alexandre Angel
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Re: Fernando Trueba

Message par Alexandre Angel »

Film que je veux voir absolument.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Mama Grande!
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Re: Fernando Trueba

Message par Mama Grande! »

THEY SHOT THE PIANO PLAYER

Très déçu pour ma part.
Je m'intéresse au Brésil, à son Histoire et à sa musique, sans être toutefois expert. Je me suis ainsi perdu dans une suite décousue et interminable d'interviews qui peinent à intéresser le novice. J'ai l'impression que Trueba s'est concentré sur l'aspect visuel en sacrifiant la narration, élément tout aussi important en documentaire qu'en fiction.
Tant pis, il me reste l'ambiance brésilienne rétro... et en fait même pas. Car, et je suis surpris de ne le lire dans aucune critique, l'animation est tout bonnement infecte. Et que l'on ne me dise pas "forcément, c'est un film indépendant, ils ont pas le budget de Disney ou Ghibli". Des films d'animation indépendants joliment animés, il y en a (les magnifiques Josep et Nayola par exemple). Ici, les mouvements laids et saccadés des personnages, à se demander si on ne regarde pas une vidéo youtube avec un 56K, font mal aux yeux et, dans mon cas, ont complètement empêché l'immersion dans cet univers qui à la base m'attirait tant.

Ces deux éléments combinés, et voyant ma soirée défiler, j'ai préféré sortir avant la fin (et c'est la première fois que ça m'arrive :shock: ).
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