Voici ma critique de We Blew It : "Thoret est très ambitieux, presque trop même tant l'ensemble peut sembler un peu fouillis parfois. Mais formellement, c'est sublime."
tenia a écrit :Même en sachant ce que c'est (un fan du ciné US 70s décide de le contextualiser dans l'Amérique en général et d'utiliser cela pour parler de l'Amérique d'aujourd'hui), We Blew It est quand même particulièrement indulgent dans sa longueur, dont le plan final, certes très beau, m'a semble aussi extrêmement exagéré. L'esthétisme pour l'esthétisme peut avoir son charme, mais ça peut aussi laisser un paquet de monde sur le carreau, surtout après 2h10 déjà très longues et qui semblent contenir un bon tiers de rien. Ca commence plutôt bien, et je dirais que les 2 1ers tiers sont les mieux maîtrisés, les plus remplis, et donc les plus à mêmes d'intéresser et de proposer cette analyse de l'Amérique (ou au moins ce questionnement). Puis plouf : l'étirement fait son effet, tout semble de plus en plus vide, de plus en plus poseur, comme basculant de l'analyse vers l'objet théorique.
Ca ne m'empêche pas d'avoir un avis, au final, plutôt positif sur le film, mais d'avoir aussi l'impression d'un aspect raté et mal dégrossi, ce qui est problématique pour un film se voulant aussi un objet formel (en tout cas, on dirait).
Flol a écrit :"Thoret est très ambitieux, presque trop même tant l'ensemble peut sembler un peu fouillis parfois.
C'est une façon positive de formuler ce que je reprochais, à savoir que Thoret me semble dépassé par un sujet trop vaste.
Je ne sais pas s'il est dépassé, mais je pense qu'il a été trop indulgent avec lui-même et s'est laissé aller à un montage plus lâche et des plans plus poseurs que de raison. Pas une question de fond, de contenu, mais vraiment de forme.
tenia a écrit :Je ne sais pas s'il est dépassé, mais je pense qu'il a été trop indulgent avec lui-même et s'est laissé aller à un montage plus lâche et des plans plus poseurs que de raison. Pas une question de fond, de contenu, mais vraiment de forme.
Accessoirement d'ailleurs, le monteur du film a préféré être crédité sous un pseudo...
Je ne sais plus si ça a déjà été posté ici ou ailleurs, mais Thoret avait été invité l'an dernier par l'excellent podcast "Le cinéma est mort" pour y parler cinéma et cinéphilie.
Et comme d'hab avec lui, ça s'avère passionnant :
Où l’on apprend que Phenomena est censé se passer dans un monde où les Nazis auraient gagné la guerre. Un doc qui est surtout une belle rencontre avec Dario, qui se livre plus qu’il ne dévoile les mystères de ses films mais qui du coup en éclaire bien des aspects. La 2e partie, magnifiquement mise en scène dans un somptueux scope noir et blanc, prouve que Thoret est un authentique cinéaste en plus d’être le meilleur analyste de l’œuvre du bonhomme : on y voit Dario il y a quelques mois, vieilli et un peu voûté mais toujours enthousiaste, se rendre sur les lieux de tournage de certains de ses films (et, parfois, découvrir qu’ils sont en ruines), visiter la bibliothèque romaine où sont enfermés les ouvrages interdits par l’Inquisition et consulter un traité de démonologie aux illustrations mémorables, s’extasier sur la beauté et le calme d’un parc arboré... Le tout est complété, chose rare et précieuse, par des images dû maestro au travail.
Ma seule réserve, c’est que le film est peut-être un peu trop long et qu’il n’y a pas assez de voix-off de l’auteur (le peu qu’on entend tient de la poésie pure). Mais sa plus grande qualité est de donner furieusement envie de revoir les films de Dario, même ceux qu’on connaît par cœur et ceux qu’on a trouvé ratés. Bref, merci Jb Thoret, maintenant il s’agit de coller ça en bonus avec une éventuelle édition du Syndrome de Stendhal dans ta collection Make My Day !
tenia a écrit :Pour Phenomena, je ne sais plus qui mentionnait déjà cela dans le livret inclus dans l'édition limitée Arrow.
Il me semble qu'Argento l'évoquait aussi dans son autobiographie, dans le documentaire de Thoret il y a d'autres anecdotes déjà lues ou entendues ailleurs.
Rencontre avec Jean-Baptiste Thoret, dont la collection DVD Make My Day reflète ses goûts éclectiques pour un cinéma au-delà des clivages entre films de genre et films d’auteurs.
Merci intéressante mais assez pessimiste interview.
Je ne partage pas totalement son avis assez idéalisé du passé du cinéma. Si je suis d'accord sur un certains appauvrissement culturel plus ou moins récent, je doute que le large public était pour autant spécialiste de Murnau ou Lang dans les 70s.
Même sa vision film / série je la trouve biaisé / idéalisé, quand bien même je suis assez critique de la production globale des séries.