Bela Tarr

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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phylute
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Re: Intégrale Bela Tarr

Message par phylute »

Stark a écrit : Je n'ai bien évidemment pas vu le film, et je me garderai donc de porter le moindre jugement sur lui, mais cet extrait résume très exactement ce que je pense des deux films de Bela Tarr que j'ai vu : ces éprouvantes expériences que furent Les Harmonies Werckmeister et, de façon plus radicale, Satantango, films forcément somptueux, nous obligeant à nous courber, à nous infléchir devant leur inhumaine beauté. "Prosternez-vous devant mon Art", ai-je l'impression de me faire hurler à l'oreille.
Pour moi, le cinéaste est le paragon d'un cinéma gonflé de sérieux et de solennité, enivré par la splendeur calculée de sa forme et la gravité cérémonieuse de son fond. Je n'y décèle aucune poésie, tant tout est écrasé par un la monumentalité hiératique. C'est un cinéma qui pèse des tonnes, et qui agit sur moi comme tomberait une grosse brique au fond d'une piscine.

Je sens que je vais me faire descendre à dire ça... Je veux bien croire que ce n'est pas du tout un cinéma pour moi et/ou que je n'ai rien compris.
M'enfin, c'était juste pour dire à quel point j'ai du mal à percevoir comment une oeuvre si ostensiblement obsédée par sa grandeur, si verrouillée sur sa propre importance, hurlée à chaque plan, est aujourd'hui aussi appréciée par des gens pourtant sûrement très intelligentss. :mrgreen: Voir Theo Angelopoulos au même rayon, même combat (c'est un cinéma qui me semble par contre très loin de Weerasethakul, qui lui fuit toute "signification plombante", pour répondre à cinephage).
Je découvre tout juste la mini polémique !
Je trouve tes arguments on ne peut plus recevables et sincères, même si effectivement tu as quelque peu ouvert la porte à la polémique avec un dernier paragraphe par forcément heureux.
Il y a effectivement chez Tarr une obsession de la grandeur. Mais c'est quelque chose qui ne me gêne mais alors absolument pas, bien au contraire !
Tarr (tout comme bien d'autres cinéastes) considère le cinéma comme un art majeur et en tant que metteur en scène il accorde énormément d'importance à son art, ce qui entraîne ce sérieux, cette solennité qui imprègne ses films. Pour lui - comme pour Dumont, Tarkovski, Kawase, Zviaguintsev et bien d'autres encore - le cinéma offre la possibilité d'atteindre une forme de grâce. Et cette recherche de la grâce se fait avec beaucoup, beaucoup de travail, de réflexion et de sérieux. Ca peut donc être un cinéma étouffant, asphyxiant... mais c'est la matière même de son oeuvre !

Pour moi, très clairement, il ne nous hurle pas son génie à chaque plan, il ne nous demande pas de se prosterner devant son grand oeuvre. Tarr n'est pas obsédé par sa grandeur, il est possédé par celle du cinéma, ce qui est bien différent...
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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nobody smith
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Re: Bela Tarr

Message par nobody smith »

Je ne connais absolument pas l’œuvre de Bela Tarr (en faite je connaissais carrément pas son nom avant la sortie de l’homme de londres :oops: ) mais un de mes collègues est un passionné et a pondu un dossier costaud sur le bonhomme. Donc pour ceux qui s’y intéresse :

http://www.courte-focale.fr/cinema/retr ... -la-retro/
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Re: Bela Tarr

Message par gnome »

nobody smith a écrit :Je ne connais absolument pas l’œuvre de Bela Tarr (en faite je connaissais carrément pas son nom avant la sortie de l’homme de londres :oops: ) mais un de mes collègues est un passionné et a pondu un dossier costaud sur le bonhomme. Donc pour ceux qui s’y intéresse :

http://www.courte-focale.fr/cinema/retr ... -la-retro/
Merci !
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Boubakar
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Re: Bela Tarr

Message par Boubakar »

Bela Tarr a été invité pour l'émission Projection privée et ça s'écoute ici :

http://www.franceculture.fr/emission-pr ... 2011-12-03
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Re: Bela Tarr

Message par PhilippeN »

Bela Tarr barre toute éventualité relative à la réalisation d'un nouveau film. Le divorce avec le 7ème art semble définitif. Immenses regrets :cry:
Lien sur interview (en anglais) - Bela Tarr interview: why he won’t return to feature filmmaking : http://www.screendaily.com/news/iffr-be ... 26.article
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Re: Bela Tarr

Message par ballantrae »

Dommage...mais logique.
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Re: Bela Tarr

Message par holst »

Découvert "Satantango" au "Reflet Médicis" rue Champolion ce samedi (les 7h30 d'affilée, avec 2 pauses) . Expérience inoubliable.
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Re: Bela Tarr

Message par gnome »

Des nouvelles de Tarr en BR en France ? Est-ce qu'ils ne devaient pas sortir un coffret ?
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Flol
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Re: Bela Tarr

Message par Flol »

Alors d'après mes informations, ça devrait arriver tôt ou...TARR !!!!
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Re: Bela Tarr

Message par tchi-tcha »

Quand gnome va revenir dans ce topic en espérant y lire une bonne nouvelle, il risque d'être déçu :mrgreen:

2,5/10 pour la vanne
9,5/10 pour le mauvais esprit


(Je crois que James Cameron devait s'en occuper quand il aurait fini la restauration 4K d'Abyss, mais il ne communique pas beaucoup là-dessus sur les réseaux sociaux...)
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gnome
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Re: Bela Tarr

Message par gnome »

tchi-tcha a écrit : 13 déc. 21, 17:54 Quand gnome va revenir dans ce topic en espérant y lire une bonne nouvelle, il risque d'être déçu :mrgreen:

2,5/10 pour la vanne
9,5/10 pour le mauvais esprit


(Je crois que James Cameron devait s'en occuper quand il aurait fini la restauration 4K d'Abyss, mais il ne communique pas beaucoup là-dessus sur les réseaux sociaux...)
:mrgreen:
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Re: Bela Tarr

Message par Jack Carter »

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Au cinéma le 6 avril 2022 en version restaurée
Béla Tarr, le maître du temps
Un cycle en 3 films
Un film de Béla Tarr

La naissance d’un immense cinéaste et d’une vision du monde singulière.
3 films disponibles en version restaurée dont 2 inédits !

Décrit comme un cinéaste radical, réalisant des films métaphysiques dans un noir et blanc charbonneux, Béla Tarr débute sa carrière en 1977 avec Le Nid familial. Pour ce premier film produit par le studio Béla Balázs – qui fait émerger le style dit du réalisme social de « l’école de Budapest » –, le jeune homme de vingt-deux ans filme la réalité telle qu’elle se présente devant ses yeux, au moyen de la fiction. C’est dans cette même veine documentaire, auscultant les espoirs déçus du communisme, qu’il réalise en 1981 L’Outsider, cette fois-ci en couleurs. Premier volet de sa « trilogie démoniaque » réalisé en 1987, Damnation sera le film du renouveau. Fondé sur un formalisme strict, influencé par l’oeuvre d’Andreï Tarkovski et de son compatriote Miklós Jancsó, Béla Tarr y développe une grammaire cinématographique singulière, reconnaissable entre toutes : images sublimes en noir et blanc, maîtrise du plan-séquence, musique planante et hypnotique et refus de la prédominance de la narration.

Ce cycle en 3 films, dont 2 inédits, témoigne de l’incroyable trajet parcouru par ce cinéaste, de la colère des premières oeuvres (Le Nid familial, L’Outsider) à la révolution stylistique de Damnation. Demeure une envie sans cesse renouvelée de témoigner de la vie des gens simples, de faire honneur à la dignité de ces personnes en s’abstenant de tout jugement moral.

Trois oeuvres d’une puissance rare, à découvrir pour la première fois en version restaurée 2K et 4K !


source : Carlotta
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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tchi-tcha
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Re: Bela Tarr

Message par tchi-tcha »

Je demande le bannissement préventif de Flol avant qu'il ne débarque ici avec un "mieux vaut Tarr que jamais", merci.

En des temps très reculés, j'avais vu Le Nid Familial et Damnation (par des moyens détournés), pas forcément la meilleure façon de découvrir le cinéaste.
Si un coffret blu-ray devait suivre cette annonce, j'espère qu'il ne sera pas trop cher en black friday...
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Barry Egan
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Re: Bela Tarr

Message par Barry Egan »

Les Harmonies Werckmeister

Ah, c'est sûr que c'est beau, ce noir et blanc est extraordinaire, il se régale sur les mouvements de caméra, et les acteurs ont une gueule dont on se souvient facile, mais ça a pas grand-chose à dire. L'image n'élève pas le propos. Elle est belle sans être réellement signifiante. Ce qui trahit la minceur du sujet, c'est la musique, très populaire dans sa simplicité mélodique, en décalage avec l'austérité du rythme mais qui aide à l'accepter. Une fois que "l'intrigue" se met en place, le film devient moins intéressant, l'atmosphère ayant déjà fait tout son effet dans la scène dans la remorque avec la baleine. Cela aurait fait un merveilleux moyen métrage de 45 minutes-1 heure, mais 2h20 ça sent la rallonge pas vraiment nécessaire pour étendre un merveilleux moyen métrage en un long épuisant...
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