Il a effectivement toujours été à la limite de l'hyperactivité (en plus d'être un éternel angoissé), et dans toutes ses interviews, quelque soit la décennie, il parle extrêmement vite.Watkinssien a écrit :Il l'a toujours été. Son débit était toujours curieusement frénétique.
Claude Sautet (1924-2000)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
- cinéfile
- Assistant opérateur
- Messages : 2270
- Inscription : 19 avr. 10, 00:33
- Localisation : Bourges
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Je viens de découvrir un des derniers Sautet qu'ils me restaient à voir : Garçon !
"Un des derniers" parce que j'avais toujours été échaudé par sa réputation très moyenne, celle d'un film de fin de cycle et qui annoncera une petite traversée du désert pour ce cher Claude.
Et bien, cette réputation me semble relativement exagérée. Je dois même avouer que j'ai vraiment bien aimé.
Certes, Montand est un peu vieux pour le rôle et ces relations avec les "jeunettes" (Nicole Garcia, Dominique Laffin), de presque 30 ans plus jeunes que lui, peuvent apparaître moyennement crédibles. Cela dit, il fut un temps où cela relevait quasi d'une convention de cinéma. Comme déjà évoqué précédemment dans ces pages, cela confère une dimension d'autant plus pathétique au personnage principal. En fait, il s'agit d'un véritable muffle !!! Voir comme il s'y prend pour "extorquer" de l'argent auprès de son ex-amante (Rosy Varte). On hésite entre le fou rire et le malaise. Il n'y a que Sautet pour réussir à sauver in-extremis un personnage pareil... (A la fin, j'en suis venu à espérer qu'il se fasse écraser par un de ses tourniquets ). Son projet fou (ouvrir un parc de loisirs sur l'île de Noirmoutier) se déroule presque sans aucune embûche, c'est assez étrange. Il me semble avoir lu que cette partie de l'intrigue avait été plus ou moins imposée par l'acteur vedette et que Sautet avait préféré se concentrer sur les scènes de brasserie. Le final collectif sous la pluie rappelle tout de même la petite troupe de Mado embourbée sous le déluge quelques années avant.
Ces quelques scories évacuées, la film reste d'une tenue tout à fait recommandable. La scène d'ouverture, constituée d'une série de plans séquences dans la brasserie, pose magnifiquement l'étude de caractères (chaque personnage y est présenté en quelques plans, en pleine activité, sans recours à des tunnels de dialogues). Certains personnages, relativement secondaires, acquièrent cependant une belle épaisseur par l'acuité sociologique du script. Ainsi le personnage de Rosy Varte (peu épargnée par les retouches de Sautet qui ne cessa de remonter ce film qu'il n'aimait pas), finalement très peu présente à l'écran, n'en demeure pas moins d'une tristesse extrêmement poignante. Les seconds rôles masculins sont tous magnifiques. En particulier Jacques Villeret, dont c'est clairement un des plus grands rôles sur grand écran. Le duo improbable qu'il compose avec Montand offre quelques uns des meilleurs scènes du film. On aura reproché l'omniprésence de Montand, mais l'équilibre est toujours maintenu par la belle direction d'acteurs.
L'ensemble renferme un charme indescriptible, sur le fil du rasoir entre le rire et la douleur, les jeux de l'amour et la douleur des sentiments, l'étude de moeurs et le parfum romanesque.
Qu'importe que Sautet ait fait mieux, cela reste très chouette.
"Un des derniers" parce que j'avais toujours été échaudé par sa réputation très moyenne, celle d'un film de fin de cycle et qui annoncera une petite traversée du désert pour ce cher Claude.
Et bien, cette réputation me semble relativement exagérée. Je dois même avouer que j'ai vraiment bien aimé.
Certes, Montand est un peu vieux pour le rôle et ces relations avec les "jeunettes" (Nicole Garcia, Dominique Laffin), de presque 30 ans plus jeunes que lui, peuvent apparaître moyennement crédibles. Cela dit, il fut un temps où cela relevait quasi d'une convention de cinéma. Comme déjà évoqué précédemment dans ces pages, cela confère une dimension d'autant plus pathétique au personnage principal. En fait, il s'agit d'un véritable muffle !!! Voir comme il s'y prend pour "extorquer" de l'argent auprès de son ex-amante (Rosy Varte). On hésite entre le fou rire et le malaise. Il n'y a que Sautet pour réussir à sauver in-extremis un personnage pareil... (A la fin, j'en suis venu à espérer qu'il se fasse écraser par un de ses tourniquets ). Son projet fou (ouvrir un parc de loisirs sur l'île de Noirmoutier) se déroule presque sans aucune embûche, c'est assez étrange. Il me semble avoir lu que cette partie de l'intrigue avait été plus ou moins imposée par l'acteur vedette et que Sautet avait préféré se concentrer sur les scènes de brasserie. Le final collectif sous la pluie rappelle tout de même la petite troupe de Mado embourbée sous le déluge quelques années avant.
Ces quelques scories évacuées, la film reste d'une tenue tout à fait recommandable. La scène d'ouverture, constituée d'une série de plans séquences dans la brasserie, pose magnifiquement l'étude de caractères (chaque personnage y est présenté en quelques plans, en pleine activité, sans recours à des tunnels de dialogues). Certains personnages, relativement secondaires, acquièrent cependant une belle épaisseur par l'acuité sociologique du script. Ainsi le personnage de Rosy Varte (peu épargnée par les retouches de Sautet qui ne cessa de remonter ce film qu'il n'aimait pas), finalement très peu présente à l'écran, n'en demeure pas moins d'une tristesse extrêmement poignante. Les seconds rôles masculins sont tous magnifiques. En particulier Jacques Villeret, dont c'est clairement un des plus grands rôles sur grand écran. Le duo improbable qu'il compose avec Montand offre quelques uns des meilleurs scènes du film. On aura reproché l'omniprésence de Montand, mais l'équilibre est toujours maintenu par la belle direction d'acteurs.
L'ensemble renferme un charme indescriptible, sur le fil du rasoir entre le rire et la douleur, les jeux de l'amour et la douleur des sentiments, l'étude de moeurs et le parfum romanesque.
Qu'importe que Sautet ait fait mieux, cela reste très chouette.
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22223
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Tu sais, dans Tout feu tout flamme, Montand escroquait ses propres enfants. Un véritable scandale!
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22223
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Dans Garçon, film de 1983, les scènes d’intérieur de voiture sont tournées “à la Hitchcock”, en surimpression, c’est assez surprenant.
- odelay
- David O. Selznick
- Messages : 13148
- Inscription : 19 avr. 03, 09:21
- Localisation : A Fraggle Rock
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Ah oui, j'ai le BR et ça m'avait surpris tellement c'était voyant alors que c'est vrai que ça se faisait beaucoup moins durant les 80s (alors que maintenant ils ne font que ça). D'ailleurs que j'ai zappé sur f5 il y a qq instants, je me suis dit à tiens c'est le Sautet avec les transparences un peu pourries.
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Mais Sautet a toujours fait comme ça, non ?Supfiction a écrit :Dans Garçon, film de 1983, les scènes d’intérieur de voiture sont tournées “à la Hitchcock”, en surimpression, c’est assez surprenant.
D'ailleurs, Kiyoshi Kurosawa le fait lui aussi très régulièrement.
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22223
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Possible. Dans un film en noir et blanc comme Classe tout risque, ça ne choquerait pas mais pour un film « récent » de 1983, c’est très surprenant.Flol a écrit :Mais Sautet a toujours fait comme ça, non ?Supfiction a écrit :Dans Garçon, film de 1983, les scènes d’intérieur de voiture sont tournées “à la Hitchcock”, en surimpression, c’est assez surprenant.
D'ailleurs, Kiyoshi Kurosawa le fait lui aussi très régulièrement.
- Commissaire Juve
- Charles Foster Kane
- Messages : 24564
- Inscription : 13 avr. 03, 13:27
- Localisation : Aux trousses de Fantômas !
- Contact :
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Remarque en passant...
En revisionnant Une histoire simple (1978), hier, j'ai été effaré par le nombre de cigarettes allumées ou fumées en cours de film. Chez Sautet, ce n'est pas nouveau, mais... oh lala. A un moment, je me suis dit qu'on pourrait faire l'inventaire des films les plus "cancérigènes". C'est une boutade, bien sûr, mais je me comprends.
EDIT : j'avais d'ailleurs commencé dans le topic Le Petit Soldat (Godard).
Petit rappel : ça fait quatre ans que je suis enfumé comme un renard par un abominable voisin et, quand je vois une cigarette dans un film, il me vient des envies de sortir mon revolver.
En revisionnant Une histoire simple (1978), hier, j'ai été effaré par le nombre de cigarettes allumées ou fumées en cours de film. Chez Sautet, ce n'est pas nouveau, mais... oh lala. A un moment, je me suis dit qu'on pourrait faire l'inventaire des films les plus "cancérigènes". C'est une boutade, bien sûr, mais je me comprends.
EDIT : j'avais d'ailleurs commencé dans le topic Le Petit Soldat (Godard).
Petit rappel : ça fait quatre ans que je suis enfumé comme un renard par un abominable voisin et, quand je vois une cigarette dans un film, il me vient des envies de sortir mon revolver.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 169
- Inscription : 8 nov. 07, 08:35
Re: Claude Sautet (1924-2000)
En plus des cigarettes, une autre constante dans les films de Sautet: les bistrots et les résidences secondaires à la campagne....... dans tous ses films !!!!!
-
- Accessoiriste
- Messages : 1580
- Inscription : 22 avr. 11, 00:38
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Très beau portrait de Claude Sautet dans ce doc inédit, Claude Sautet, le calme et La dissonance:
https://www.arte.tv/fr/videos/095158-00 ... dissonance/
Pas de grandes révélations, mais un beau portrait intimiste de l'homme à Travers ses oeuvres, des archives personnelles et des enregistrements sonores inédits.
Très Beau doc, porté par la Belle voix off de Charles Berling.
https://www.arte.tv/fr/videos/095158-00 ... dissonance/
Pas de grandes révélations, mais un beau portrait intimiste de l'homme à Travers ses oeuvres, des archives personnelles et des enregistrements sonores inédits.
Très Beau doc, porté par la Belle voix off de Charles Berling.
- Houdini
- Stagiaire
- Messages : 38
- Inscription : 8 mai 19, 19:19
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Avons nous un espoir de voir "Mado" en bluray quelque part ou les droits sont-ils bloqués?
- Kevin95
- Footix Ier
- Messages : 18368
- Inscription : 24 oct. 04, 16:51
- Localisation : Devine !
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Bloqué (le film est chez Artedis).
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
-
- Décorateur
- Messages : 3771
- Inscription : 1 avr. 09, 20:38
- Localisation : Arcadia 234
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Pourtant le film a été diffusé avec un masterHD
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
- Kevin95
- Footix Ier
- Messages : 18368
- Inscription : 24 oct. 04, 16:51
- Localisation : Devine !
Re: Claude Sautet (1924-2000)
Oui oui, mais je parlais de l'exploitation de cette copie en BR.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99643
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet