L’Affaire du Collier de la Reine
(Marcel L’Herbier, 1946)
Trois ans avant le début de la Révolution, Jeanne de la Motte (Viviane Romance) se joue du cardinal Louis de Rohan (Maurice escande) et de la reine de France (Marion Dorian) et arrive, avec une facilité déconcertante, à subtiliser le collier de diamants spécialement assemblé pour Marie-Antoinette...
Il est de bon ton de considérer
Marcel L’Herbier comme une
figure de proue du cinéma français d’avant-garde des années 20, qui, à l’arrivée du parlant, dû se résigner à mettre en scène des films purement commerciaux et généralement sans intérêt (pour ne pas dire médiocres). Commerciaux, peut-être. Sans intérêt et médiocres, sûrement pas^^ En témoigne ce très bon film qu’il tourna en (presque) fin de carrière. Il venait de mettre en scène, quelques mois plus tôt,
Danielle Darrieux et
André Luguet dans
Au Petit Bonheur (1945), et, par la suite, ne tournera plus que trois films -
La Révoltée (1948),
Les Derniers Jours de Pompéi (1950) et
Le Père de Mademoiselle (1953) - avant de se tourner vers la télévision, dont il sera un des pionniers.
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Dans
L’Affaire du Collier de la Reine,
L’Herbier dirige, pour la première fois
Viviane Romance. La superbe et inoubliable
Gina de
La Belle Equipe campe ici une exceptionnelle Jeanne de La Motte, tout à fait crédible, dont le supplice, en fin de film, est un pur régal. Le reste du casting est également d’un très bon niveau, excepté
Marion Dorian qui, dans le rôle de Marie-Antoinette, livre une prestation par trop ampoulée et théâtrale. On a l’impression d’avoir, par moments, des réminiscences du jeu d’
Huguette Duflos dans le diptyque
Rouletabille (1930). Au final, malgré quelques libertés avec l’Histoire, on se retrouve face à une œuvre maîtrisée – même s’il n’y a rien de vraiment transcendant dans la réalisation de
L’Herbier –, qui se suit avec grand intérêt sans que jamais ne pointe l’ennui. Un film qui mériterait les honneurs du DVD (pour le BR ce n’est même pas la peine d’espérer car je crois que c’est l’ami Château qui en possède les droits).