Masahiro Shinoda

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Spike a écrit : 7 juin 22, 20:24
Duane Jones a écrit : 7 juin 22, 18:13 En cela, il rejoint, il me semble, ses camarades Oshima et Yoshida. Mais peut-être moins politique que ces derniers car sa vision du Japon est plus sombre, il ne croit pas au lendemain qui chante.
Une ville d'amour et d'espoir et L'Enterrement du soleil (rien que par leurs titres, ironiquement ou au premier degré !) ne respirent pas vraiment "les lendemains qui chantent"...
Oui tu n'as pas tort, je me suis un peu avancé et j'ai même dit une connerie. Va falloir que je révise mon Oshima. Mais il me semble que Shinoda est moins ouvertement politique que ses confrères, ça l'a sûrement desservi dans sa reconnaissance à l'étranger.
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-Kaonashi-
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Re: Masahiro Shinoda

Message par -Kaonashi- »

Rick Blaine a écrit : 7 juin 22, 10:11 Même pas Fleur pâle ? Mon souvenir est lointain, mais j'avais bien aimé, surtout pour son formidable aspect formel.
C'est certainement ce qui m'intrigue le plus dans les avis lus ici : je n'ai littéralement AUCUN souvenir de ce film. Idem pour La guerre des espions. Quelques vagues images d'Assassinat, mais pas mal de choses de Double suicide.
Bref, je vais tenter de revoir Fleur pâle.
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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Captive's Island (1966)
Un homme revient sur l'île de son enfance où il fut martyrisé dans une maison de redressement. D'emblée on est saisit par la mise en scène visuelle et sonore. Shinoda utilise le cinémascope pour montrer un territoire hostile, en l’occurrence celui de 2 îles se faisant face à face. Le vent est incessant et la mer constamment agitée. Cette nature inhospitalière traduit l’inhospitalité des habitants, leur violence, ou bien les tourments intérieurs du personnage principal. Des séquences entièrement à l'épaule correspondent à des moments de violences. Chose classique. Mais elles alternent avec des séquences en plans fixes renforçant ainsi l'impression d'être balloté. Le rythme rapide de la 1ère partie rappelle les premiers films de Shinoda. La dernière partie plus lente confronte l'ancienne victime avec son bourreau, un homme du passé en tenue militaire. Dans la maison de ce dernier, la caméra devient totalement fixe alors qu'elle suivait les personnages depuis le début. Les personnages se déplacent, s'affrontent dans un plan d'ensemble se rapprochant d'une scène théâtrale. Si elle reste passionnante, cette partie m'a néanmoins moins captivée, le changement de rythme m'a été difficile.
Fidèle à lui même, le cinéaste questionne le passé du Japon. Les jeunes vont confronter leurs parents à leur violence passée, à leur couardise. Leurs valeurs sont désuètes. La fin pose une question, où va aller cette jeunesse ? Shima Iwashita, traumatisée par la découverte du passé de son père, reste stoïque et ne sait quoi faire, alors que le héros s'en va en courant. Il va quitter l'île et quitte ainsi ce passé sinistre.

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The Eye Of Doom
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Re: Masahiro Shinoda

Message par The Eye Of Doom »

Fleur Pale
Un yakusa sort de prison, retrouve son clan où rien n’a changé (ou presque…). Il rencontre dans une salle de jeu une jeune bourgoise flambeuse. Une etrange relation se met en place.

2ieme film de Shinoda pour moi, apres un Silence plutot decevant.
On est de suite à un autre niveau….
J’ai trouvé le film plastiquement superbe avec un scope n&b tres travaillé mais sans ostentation.
On pense souvent à Melville dans l’approche « anti dramatique ». Ce sentiment est accentué par le physique et la composition de l’acteur principal, Ryo Ikebe, tres bon, bel homme taciturne à la voix calme.
Il ne se passe quasiment rien , ce qui fait que d’aucun s’ennuient un peu voire beaucoup. J’ai bien apprécié ce rythme lent, répétitif, où les personnages s’emmerdent et tue le temps et l’existence comme ils peuvent. C’est ce qui rapproche les deux personnages: une quete de sensation et de sens.
Le passage de course poursuite entre les deux voitures, celle du couple et celle d’un inconnu en coupé sport est particulièrement reussie. L’inconnu qui finalement a « gagné » s’arrête pour partager son plaisir du jeu avec ceux qui ont bien voulu s’amuser avec lui.
Malheureusement, tout n’est pas si « bon enfant ». La drogue rode, les règlements de compte entre gangs aussi.
La peinture des yakusas est assez fine : à la fois la camaraderie, y compris entre les deux chefs de gangs autrefois ennemis et aujourd’hui alliés, qui ont l’air de deux vieux potes businessman, assez beaufs sur le fond, mais aussi le désœuvrement, rien à faire a part surveiller de loin les « table » de jeu.
Sur ce point, par sa description méticuleuse et repetitive, le film m’a bien sûr rappelé le tres chouette Woman Gambler (que je recommande chaudement) avec la troublante Yumiko Nogawa .
Ici pas de dés mais des cartes…
On voit bien que ca vas finir par craquer…
J’ai adoré le boss qui offre des pastèques à ses troupes avant de demander un volontaire pour un meutre.

Le finale en deux temps est assez bouleversant :
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D’abord cette invitation à venir voir le meurtre d’un homme, geste amoureux incroyable
Ensuite la cloture, sobre, désespérante, En prison.
Que l’on accroche ou pas trop à l’intrigue, c’est remarquablement mis en scene.

Je suis parti pour decouvrir « assassinat » et « Double suicides ».

J’allais oublié : super utilisation de la musique jazzy!
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Arn
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Arn »

Je l'ai découvert tout récemment aussi et beaucoup aimé. Notamment ce final (surtout la première partie) à couper le souffle. Et c'est aussi très bien interprété, les deux personnages principaux dégagent quelque chose de fort et de mélancolique.
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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Fleur pâle est fascinant, il marque une date dans la filmographie de Shinoda. Après ce film, sa carrière deviendra plus ambitieuse et plus personnelle, même si ce qui précède est loin d'être mauvais. Je vais finir mon cycle Shinoda, il me reste quelques films des années 90, puis je reverrai Fleur pâle/i] qui ne cesse de me hanter.
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Arn
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Arn »

Retrospective Shinoda à l'Etrange festival : https://drive.google.com/file/d/1Os80SB ... urw-AaS07s
The Eye Of Doom
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Re: Masahiro Shinoda

Message par The Eye Of Doom »

Arn a écrit : 18 août 22, 14:40 Retrospective Shinoda à l'Etrange festival : https://drive.google.com/file/d/1Os80SB ... urw-AaS07s
Merci pour l’info.
Je vais tenter d’essayer de voir comment aller à une séance le we. Peut etre pour Orine la proscrite.
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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Arn a écrit : 18 août 22, 14:40 Retrospective Shinoda à l'Etrange festival : https://drive.google.com/file/d/1Os80SB ... urw-AaS07s
Excellente nouvelle ! Dans la sélection, je vois du bon et du moins bon. Silence, Himiko, L'étang du démon et La guerre des espions sont loin d'être ses meilleurs. Mon visage embrasé au soleil couchant est une petite perle pop très sympa, j'adore le générique. J'avais aimé Gonza, le lancier, j'y vois une critique acerbe des codes sociaux du Japon, voire des rituels comme la cérémonie du thé. Orine, la proscrite est un beau mélodrame hommage à Mizoguchi. Pour le reste Fleur pâle, Double suicide à Amijima, Sous les cerisiers en fleurs et Assassinat, c'est bien souvent fascinant, particulièrement les 2 premiers.
Si je passe sur Paris, j'essaierais d'en voir un ou deux.
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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Island of the Evil Spirits / Akuryoto (1981)

Shinoda commence la décennie 80 avec un bien mauvais film. Pas grand-chose ne fonctionne dans cette enquête policière dont le suspense est éventé très rapidement. Pour être rapide, un employé de bureau se souvient d'un épisode de sa vie lorsqu'il était hippie. Dans un train, il croise un homme jeune au look improbable (il porte des vêtements traditionnels tout en arborant une superbe permanente...). Ils se retrouveront sur une bien étrange île, l'homme se révélera être une sorte d'inspecteur de police. Comme à son habitude, le réalisateur livre une réflexion, voire une critique, des traditions et coutumes du Japon en les confrontant à la modernité des années 70. Si le propos est toujours intéressant, notamment le thème de la gémellité, le reste n'est pas à l'avenant. Le film ne trouve jamais son rythme, ni son ton. La plupart des acteurs sont mauvais, particulièrement les jeunes (au look atroce). La musique est moche et l'utilisation de 2 reprises des Beatles assez risible (particulièrement le Let it Be de fin). Reste néanmoins la sublime Shima Iwashita, toujours aussi fascinante et sensuelle. Elle sauve le film du naufrage. Shinoda semble se réveiller dès que sa femme apparaît à l'écran... hélas elle est peu présente malgré l'importance de son rôle. Je ne vais pas m'étendre sur cette grosse déception, Shinoda fera bien mieux dans les années 80 avec Les Enfants de Mac Arthur et Gonza le lancier (actuellement à L’Étrange Festival).

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Beule
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Beule »

Duane Jones a écrit : 12 sept. 22, 09:58 La musique est moche et l'utilisation de 2 reprises des Beatles assez risible (particulièrement le Let it Be de fin).
Je ne trouve pas l'utilisation du Let it be pré-générique de fin si risible, loin s'en faut. Même si bien entendu il y a probablement très peu de Lennon et beaucoup plus de McCartney dans le processus créatif de ce titre alors que c'est pourtant bien l'onde de choc provoquée par l'annonce de l'assassinat de Lennon en 1980 qui ranime les souvenirs de Gorô. Je crois malgré tout qu'il faut l'entendre, sinon uniquement mais avant tout (puisque c'est probablement, pour le grand public, le titre le plus évocateur de leur dernier album) comme le chant du cygne du groupe. Et qu'en se sens, au terme de l'évocation en flash-back de l'enquête de Kindaichi, 10 ans plus tôt sur cette île de la mer intérieure de Seto sanctuaire de croyances que réfutait alors un jeune hippie nourri de son dialogue intime avec les Beattles, ce Let it be referme littéralement la boucle. Il sonne le glas d'une époque : les Beattles ont disparu et avec eux, plus ou moins la fin d'un mode de contestation. Mais ce titre de trois mots ravive aussi cette profession de foi héritée du groupe à l'époque par Gorô, et qu'il énonçait par le menu à l'ouverture du film: refuse le conformisme, sois toujours en mouvement, que le jeune homme appréhendait sans doute alors de façon biaisée. Puisqu'il est question de mouvement perpétuel et de marche en avant, c'est ironiquement celle de Kôsuke Kindaichi, dépositaire apparent des oripeaux les plus conservateurs du Japon, que la chanson finit par accompagner, tandis qu'il fraie son chemin à travers la grouillante modernité urbaine. C'est lui l'anticonformiste, le vrai, quand Gorô apparaît aujourd'hui docilement rangé.
D'après ce que j'ai compris, le métrage a longtemps été expurgé des deux titres (Get back et Let it be donc), pour des raisons de droit apparemment. Tu aurais peut-être plus goûté à ce montage, qui sait.
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Beule a écrit : 12 sept. 22, 15:11 D'après ce que j'ai compris, le métrage a longtemps été expurgé des deux titres (Get back et Let it be donc), pour des raisons de droit apparemment. Tu aurais peut-être plus goûté à ce montage, qui sait.
Ton analyse de l'utilisation de la musique des Beatles est très pertinente et juste, je suis tout à fait d'accord. Possible que sans ces morceaux, le film serait mieux passé. Là, je trouve leur utilisation assez lourde surtout Let it Be, je ne trouve pas ça très finaud. Les films de Shinoda me semblent très réfléchis et éminemment personnels, ce qui en fait un réalisateur passionnant toujours fidèle à ses thèmes de prédilection tout en ayant une filmographie très diversifiée. Mais là, malgré l'intelligence du propos (comme toujours), je trouve que peu de choses fonctionnent. Tout sonne faux et paraît surjoué.
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Beule
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Beule »

Duane Jones a écrit : 13 sept. 22, 09:14 Ton analyse de l'utilisation de la musique des Beatles est très pertinente et juste, je suis tout à fait d'accord. Possible que sans ces morceaux, le film serait mieux passé. Là, je trouve leur utilisation assez lourde surtout Let it Be, je ne trouve pas ça très finaud. Les films de Shinoda me semblent très réfléchis et éminemment personnels, ce qui en fait un réalisateur passionnant toujours fidèle à ses thèmes de prédilection tout en ayant une filmographie très diversifiée. Mais là, malgré l'intelligence du propos (comme toujours), je trouve que peu de choses fonctionnent. Tout sonne faux et paraît surjoué.
Oui, parce que de mémoire on n'entend que quelques secondes de Get back dans un mixage très sourd via sa diffusion par le poste de radio miniature que Gorô a glissé dans la poche arrière de son jean. A moins que j'ai oublié un autre moment où le titre occuperait plus ostensiblement la scène sonore ?

C'est un film que j'apprécie sans réserve pour ma part. Certainement pas le plus personnel des Shinoda, mais l'un de ceux que je préfère sur la poignée d'adaptations de Yokomizo que j'ai pu voir jusqu'ici (mais assez loin derrière le Village aux huit tombes de Nomura quand même). Et je trouve l'interprétation quasi parfaite: Shima Iwashita bien sûr, mais tout autant Shin Saburi, Jûzô Itami ou Hideo Murota, épatant inspecteur Isokawa. Et pas loin de voir en Takeshi Kaga l'incarnation idéale du fameux Kôsuke Kindaichi. Comme quoi... :wink:
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Duane Jones
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Re: Masahiro Shinoda

Message par Duane Jones »

Oui c'est vrai que Get Back est juste en fond sonore, c'est plus l'utilisation de Let it be qui me pose problème. Bon bon... je me replongerai dans ce film dans quelques temps. :wink:
Je ne connais pas du tout l'écrivain Yokomizo, je vais me pencher sur son œuvre. :D
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gnome
Iiiiiiil est des nôôôôtres
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Himiko

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Himiko (1974)

Dans un Japon primitif (pas très éloignée celui du Profond désir des dieux), Himiko, chamane du Dieu Soleil jouit d'un pouvoir important. Ses visions sont le fondement des croyances et de la politique de son peuple jusqu'au jour où reviens Takehiko, son demi-frère dont elle tombe amoureuse. Cette relation avec un étranger venu du peuple des Dieux de la Terre va mettre à mal son autorité.
Basé sur un personnage à priori historique ayant régné dans les années 200, ce film de Shinoda déroute autant qu'il fascine. Plastiquement sublime (la photographie est superbe, les décors stylisés fantastiques...) certains de ses aspects théâtraux risquent de rebuter certains, d'autant que le final surprenant suggérant peut-être que le Japon n'a peut-être pas tant évolué que ça risque d'en décontenancer plus d'un. Mais ceux qui se laisseront emporter ne regretteront pas l'expérience...
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