Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

julien
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Message par julien »

Music Man a écrit :D'accord avec toi, Serafin.
Outre ses talents comiques, Martha Raye chantait très bien. Melancholy mood en 1939 fut son plus grand succès dans le domaine de la chanson. L'orchestre qui l'accompagnait sur ce titre était celui de son mari du moment, David Rose qui peu après allait divorcer pour épouser Judy Garland (qui elle aussi changeait facilement de mari).

David Rose, le compositeur du fameux thème de La Petite Maison dans la Prairie ?
isabelle
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betty Grable

Message par isabelle »

J'ai vu Pin up girl avec etty Grable c'est un film amusant avec quelques numéros sympas. La pin up de Tex avery me semble inspirée directement de Betty grable même démarche, mêmes gestes. Voir un ou 2 films de Betty Grable, oui mais elle fait bcp plus démodée que les pin up de la mgm.
Isabelle
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Message par Music Man »

Bonsoir Isabelle et bonne année.
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Mis à part deux ou trois numéros musicaux (comme Once too often), Pin Up girl n'est pas un bon film à mon avis. Betty Grable a tourné dans de meilleures productions vers la fin de sa carrière au début des années 50, notamment "meet me after the show", "three for the show" qui comportent tous les deux de belles chorégraphies ou même "the farmer takes a wife", avec des numéros dansés dans des décors naturels (comme celui où les protagonistes dansent dans la rivière).
Je sais qu'elle n'est pas appréciée par certains historiens du cinéma qui la trouvaient "aussi fade qu'un jus de carotte".Pourtant ses mimiques, son coté canaille lui confèrent un charme certain et j'ai toujours plaisir à la revoir.
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Message par Music Man »

julien a écrit : David Rose, le compositeur du fameux thème de La Petite Maison dans la Prairie ?
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Oui, c'est bien lui. Il a aussi composé le générique de Bonanza.
julien
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Message par julien »

Marrant, je n'aurais pas cru... Et il a aussi composé la musique du western Hombre de Martin Ritt que j'aime bien.
serafin
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Message par serafin »

Music Man a écrit : Mis à part deux ou trois numéros musicaux (comme Once too often), Pin Up girl n'est pas un bon film à mon avis. Betty Grable a tourné dans de meilleures productions vers la fin de sa carrière au début des années 50, notamment "meet me after the show", "three for the show" qui comportent tous les deux de belles chorégraphies ou même "the farmer takes a wife", avec des numéros dansés dans des décors naturels (comme celui où les protagonistes dansent dans la rivière).
Je sais qu'elle n'est pas appréciée par certains historiens du cinéma qui la trouvaient "aussi fade qu'un jus de carotte".Pourtant ses mimiques, son coté canaille lui confèrent un charme certain et j'ai toujours plaisir à la revoir.
Bonne annèe.Pour moi aussi "pin up girl" n'est pas bon,l'unique chose vraiment importante a mon avis c'est le grand tap des condos brothers;et je suis d'accord surtout sur "three for the show",que c'est le meilleur musical de betty grable comme chanteuse;elle c'est mûrie et surprende,en surmontant beaucoup de collegues;quant a "the farmer takes a wife",pour moi les danses ont le défaut de la brièveté,sont presque des demi numeros.Mais le meilleur musical de betty grable,pour moi c'est moon over miami,grace aussi a la presènce des grands condos brothers et a les choregraphies de hermes pan,qui danse lui meme(!) avec betty,et c'est le meilleur numero de danse en absolu de la grable,le delicieux,charmant "kindergarten conga" Image
Music Man
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Message par Music Man »

Oui, Serafin, ce "Soirs à Miami" est un film charmant, et dans cette kindergarten, l'espiègle Betty, avec ses regards à droite, à gauche, fait vraiment songer aux pin up des dessins animés.
Music Man
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Message par Music Man »

Si en France, on se souvient d’elle comme d’une chanteuse exotique des fifties dans la mouvance des Dalida et Gloria Lasso, on oublie que la chanteuse Caterina Valente a connu une carrière internationale remarquable. Peu d’artistes peuvent se venter d’avoir chanté en tant de langues différentes, et surtout d’avoir remporté un égal succès en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, avec un répertoire adapté pour chaque pays. Au faîte de son succès, Caterina Valente s’est illustrée aussi dans quelques comédies musicales germaniques, où elle pu faire valoir non seulement ses talents de chanteuse, mais aussi de danseuse, fantaisiste et imitatrice.
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Caterina Valente est née à Paris en 1931 au hasard des pérégrinations de ses parents, artistes de cirque (son père est un accordéoniste italien, sa maman un clown très réputé d’origine russe). Après des cours de danse russe de Paris, elle participe très jeune à des tournées dans toute l’Europe avec ses parents : premier tour de chant à Stuttgart en 1937, première télé en Italie dès 1939( !). Les voyages forment la jeunesse et aussi le goût pour les langues : Caterina en maîtrise très bien une dizaine. Pendant la guerre, elle et sa famille sont déportés en camp de concentration, en raison de ses origines juives (ce qu’elle cachera longtemps à son public, car elle détestait qu’on s’apitoie sur son sort, et tant tout état de cause, cela ne se disait pas dans les années 50). Après la guerre et son mariage avec un jongleur allemand, elle tente de voler de ses propres ailes, sans grand succès dans un premier temps.
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Elle explose en Allemagne à l’occasion d’un festival de jazz en 1953 où l’on remarque notamment son habilité à scater avec des sons suraigus. Cependant c’est avec des chansons populaires, à l’exotisme kitsch qu’elle va faire un tabac outre Rhin et créer les bases de ce qu’on appelle la bas le « schlager », c'est-à-dire une chanson populaire, au rythme basique, très facile à retenir. En 1955, lors d’un passage aux USA dans le show de Gordon Mac Rae, elle fait sensation et arrive à placer son « breeze and I » dans les charts US et au top ten, ce qu’aucune artiste européenne non britannique n’avait réussi à faire avant elle (et que fort peu réussiront après).
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A cette époque, on tourne beaucoup de comédies musicales en Allemagne, car le public est très friand de ce genre de divertissement. Après avoir figuré en guest-star dans Grossestarparade (1954), remake réussi de Nous irons à paris, et Bal au Savoy (où en dépit de sa courte apparition, on ne voit qu’elle sur l’affiche du film), Caterina devient star de cinéma dans Amour, danse et 1000 surprises (1955). C’est une plaisante comédie dans lequel elle interprète une chanteuse qui se fait passer pour une enfant prodige pour attirer l’attention : les chansons sont sympas, son numéro de claquettes avec son frère Silvio très correct, et l’alchimie avec son partenaire Peter Alexander parfaite. Du coup, on retrouve le joyeux duo dans Bonjour Cathrin (1956). Cependant les exigences salariales de miss Valente et de Peter Alexander (managés d’une main de fer par leurs époux respectifs) sont telles qu’ils ne tourneront plus ensemble, malgré le triomphe du film.
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Ses films (dans lesquels elle joue toujours le rôle d'une jeune française avec un solide accent français) ne sont pas extras et ne valent pas les productions hollywoodiennes de la même époque, c’est une évidence. Pourtant, dans les scénarii stéréotypés de ses productions, elle arrive à caser des numéros dignes d’intérêt, comme le strip-tease de la momie dans la reine du Music hall (séquence coupée en Espagne car jugée trop hot !), les imitations de Chevalier et Elvis Presley dans ce soir à la Scala ou un excellent numéro de claquettes (dans le même film) qui laisse songeur : on se dit qu’avec un tel potentiel, et un égal talent pour le chant et la danse, Hollywood en aurait sûrement fait quelque chose.
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En 1957, alors qu’elle triomphe en Italie avec sa chanson personnality, elle tourne son seul film français, Casino de Paris, d’André Hunebelle avec Gilbert Bécaud, le chanteur le plus populaire du moment. Un film pas terrible dont on retiendra l’amusante séquence où Caterina copie le look d’Audrey Hepburn, Sophia Loren et Marilyn. Si malgré l’appui de son ami Coquatrix, son premier passage à l’Olympia n’est pas un succès, en raison de la concurrence des chanteuses exotiques Dalida, Gloria Lasso et Maria Candido, elle décroche enfin un tube en France en 1958 avec la version française de Fever.
Imageavec Perry Como
Dans J’y suis j’y reste (1959), elle chante en duo avec Bill Haley, le célèbre interprète de Rock around the clock Tu es merveilleux, tourné la même année est probablement son meilleur film : l’intrigue est sympathique et les chansons entraînantes. Le déclin du film musical en Allemagne et l’internationalisation de la carrière de Valente vont mettre fin à sa carrière cinématographique. Soucieuse de confirmer son succès aux Etats-Unis, elle s’y installe et se fait beaucoup remarquer au Perry Como show (en hommage à sa chanteuse préférée, Perry Como interprètera une chanson intitulée « Caterina » qui sera un tube aux USA en 1962). Ses duos avec Bing Crosby, Sammy Davis, Dean Martin, Tony Martin, Nat King Cole, Sinatra et d’autres achèvent d’en faire une grande vedette de la chanson aux USA. On lui propose son propre show qui sera couronné par des grammy awards. Elle impose en Allemagne et évidemment aux States, « et maintenant » la chanson de son ami Gilbert Bécaud, qu’elle est la première à avoir chanté là-bas (mais pas la dernière, car la chanson deviendra un standard des plus repris).
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Sur la quantité d’albums enregistrés, l’excellence de certains (surtout aux USA) tranche avec la nullité de certains 45T destinés au public germanique ou elle s’enlise dans les schlagers les plus nuls (flamanco tcha tcha, madison à Mexico…). En 1970, son triomphal passage à l’Olympia avec Michel Legrand marque sans nul doute le sommet de sa carrière sur un plan qualitatif. Puis, elle dégringole lentement dans les années 70 (quelques succès en Grande Bretagne, d’ultimes grosses ventes en Allemagne). Elle a publié ses mémoires dans les années 80 et depuis fait très peu parler d’elle, même en Allemagne et en Italie, seuls pays où elle ressort un disque – pas terrible- de temps en temps. Elle envisageait en 2000 de faire un come-back à l’Olympia, cependant malgré le soutien de amies Paulette et Patricia Coquatrix et de Michel Drucker, les producteurs n’oseront pas miser au début de ce nouveau siècle leur argent sur une artiste plutôt oubliée chez nous.
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Sur Youtube, Caterina danse le madison avec Harold Nicholas, des Nicholas brothers !
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 23:45, modifié 1 fois.
serafin
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Message par serafin »

Music Man a écrit : Si en France,on se souvient d’elle comme d’une chanteuse exotique des fifties dans la mouvance des Dalida et Gloria Lasso,on oublie que la chanteuse Caterina Valente... =


ciao,j'ai depuis beaucoup d'annèes l'antenne sur le satellite ASTRA,ou il y a les tv allemandes qui ont fait dizaines et dizaines de comedies musicales allemandes,mais etrangement jamais "bonjour kathrin",avec justement caterina valente et les nicholas brothers,qui je voulais voir;tu l'as vue?Quoi font les nicholas?
Music Man
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Message par Music Man »

Bonjour Serafin.
J'ai vu la plupart des films de Caterina Valente, sauf bonjour Kathrin (1956) et Blanche neige et les 7 saltimbanques (1962).
Le seul passage de Bonjour Kathrin que j'ai pu voir est celui où elle danse avec Silvio Francesco, son frère et Peter Alexander.
Il semble que les Nicholas brothers apparaissent seulement en guest star pour un seul numéro dansé.
Les grands artistes noirs américains acceptaient volontiers de faire une apparition dans les films allemands (par ex Louis Armstrong dans la paloma (1959) ou En piste Marika (1959) ;) car en Europe on les traitait avec plus d'égards qu'aux USA.
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Caterina Valente avec Danny Kaye et Louis Armstrong
serafin
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Message par serafin »

Oui,alors il y a des problèmes sur les droits d'auteur
Music Man
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Message par Music Man »

Lors des portraits consacrés à Bill Robinson et à Lena Horne, nous avons eu déjà l’occasion d’évoquer les difficultés des artistes noirs américains à Hollywood qui les confinait à des rôles secondaires. En abordant la carrière de la chanteuse Diahann Carroll, on pourra constater l’évolution des mœurs aux USA au cours des années 60-70 et la lente ouverture des studios de cinéma aux acteurs blacks.
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Née en 1935 dans le Bronx, Diahann a la chance de grandir dans une famille aux conditions certes très modestes (son père est conducteur de métro, sa mère domestique), mais toujours aux petits soins pour leur fille : Elle assiste ainsi à de nombreux spectacles de Broadway dont « Anny get your gun » avec Ethel Merman, dont elle garde un souvenir ébloui. Tout en entamant des études à la « high school of performing arts » de Manhattan (immortalisée par le film et la série Fame), la jeune fille gagne son argent de poche en vendant des chapeaux, posant pour des magazines de mode pour les noirs comme Ebony, en participant à des concours de beauté et en chantant dans des night clubs.
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Après avoir remporté un concours à la télévision, elle est immédiatement remarquée par un attaché de presse qui va très vite devenir « son mentor, sa seconde famille, son ami ». La même année, il lui trouve un premier rôle dans une opérette de Broadway dont la musique est du grand Harold Arlen (l’auteur d’over the rainbow, stormy weather…) et un rôle secondaire au cinéma dans Carmen Jones d’Otto Preminger : une chance inouïe pour une jeune artiste noire. Avouons qu’elle ne se fait guère remarquer dans ce film, horriblement attifée et coiffée, dans le rôle de la protégée de Pearl Bailey. Elle garde néanmoins un bon souvenir du tournage et n’aura pas à souffrir de l’autoritaire réalisateur, compte tenu de la modicité de son rôle.
Après son mariage avec le directeur de casting de l’opérette « House of flowers », Diahann poursuit sa carrière dans la chanson. Moulée dans de superbes robes de haute couture, elle interprète avec une voix puissante et de façon jazzy les grands standards de la chanson américaine (Cole Porter, Harold Arlen) dans un style très inspiré par Léna Horne.
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En 1959, elle accepte à contrecoeur de jouer dans la version filmée de Porgy and Bess, l’opéra de Gershwin, toujours sous la houlette d’Otto Preminger. Certes, les chansons sont magnifiques, mais le réalisateur exige qu’elle soit doublée par une chanteuse d’opéra (pour se venger, elle enregistrera de son coté un 33 T avec les chansons, arrangées par André Prévin, dans son propre style de chanteuse de cabaret). En outre, l’histoire est bourrée de stéréotypes racistes. Cela dit, les chances pour une actrice noire de trouver un rôle sont fort réduites à l’époque : la preuve, la vedette du film, Dorothy Dandridge n’a pas vraiment profité du succès de Carmen Jones, 5 ans avant.
Lors du tournage, Diahann tombe amoureuse de l’acteur Sidney Poitier. Leur liaison houleuse durera quelques années. Elle joue à ses cotés dans Paris blues (1961), une comédie dramatique, sur fond de jazz (avec aussi Paul Newman) et chante brièvement dans Aimez vous Brahms (1961).
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En 1962, Diahann est chosie par Richard Rodgers (sans Hammerstein) pour jouer dans son opérette « no string ». A la lecture du scénario, la brève histoire d’amour des personnages principaux n’a rien de bien original mais le casting l’est davantage : le rôle principal est confié à un acteur blanc, Richard Kiley : il s’agit donc d’une union interraciale, ce qui est révolutionnaire pour l’époque. Le show et sa chanson (the sweetest thing) seront couronnés de succès. La Warner Bros songe alors à adapter le film, mais sans Diahann Carroll. On lui préfère l’actrice d’origine eurasienne Nancy Kwan. Diahann sera particulièrement vexée, constatant qu’il n’était pas encore possible à Hollywood de parler de l’union d’un blanc et d’une noire (au final, le film ne se fera pas).
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Pendant les années 60, Diahann enregistre plusieurs 33 T et est invitée régulièrement dans de nombreux shows télés où elle partage des duos avec Judy Garland, Sinatra…Cheveux décrêpés, faux cils interminables, robes design, elle offre une image incroyablement sophistiquée. Néanmoins, ce n’est pas une grosse vendeuse de disques et son succès n’égalera jamais celui de Shirley Bassey (plus charismatique), Eydie Gormé (dont la voix est plus puissante), Connie Francis (plus versatile), ni même de Vikki Carr, (dont elle est pourtant très proche vocalement) autres chanteuses à voix de « pop classique » de cette période.
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Après un rôle de vamp dans un polar haletant « le crime, c’est notre business » avec Jim Brown, Diahann est engagée dans une série TV, Julia (1968). C’est la première fois qu’une artiste black est le personnage central d’un feuilleton (Bill Cosby n’était que co-vedette dans les espions). Cette petite sitcom, qui durera plusieurs saisons sera un très gros succès populaire. Une poupée Barbie (la première black) sera même créée à son effigie. Difficile de juger Julia, qui n’a jamais été diffusé chez nous. A force de vouloir être consensuel, il semble que ce feuilleton loupait souvent sa cible et n’était pas du tout réaliste. Dans un épisode, Julia découvre le racisme pour la première fois quand elle se rend compte que personne ne veut danser avec elle au bal…On a peine à croire que dans l’Amérique de l’époque, elle n’ait pas pris conscience du racisme avant !!! Très contrariée par l’image déformée et naïve que « Julia » donne de la communauté noire, Diahann finira par abandonner la série.
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En 1974, John Berry, le fameux réalisateur de films noirs, victime du maccarthysme, propose à Diahann, un rôle à contre emploi. Enlaidie pour l’occasion, elle incarne Claudine, une femme seule élevant tant bien que mal ses 6 enfants dans un quartier pauvre de Harlem (sa fille de 15 ans est enceinte, l’un de ses fils vient d’être renvoyé de l’école) et qui refait sa vie avec un éboueur.
C’est un beau film, émouvant, très bien joué par Diahann, qui lui vaudra une nomination aux oscars (la première pour une actrice black dans un premier rôle).
Nous sommes alors en pleine vague « blacksploitation » et l’on peut constater sur les écrans les résultats des mouvements anti-racistes des années 60, avec l’apparition de nombreux acteurs blacks.
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Dans les années 80, le producteur de télévision Aaron Spelling décide d’introduire pour la première fois dans un soap-opéra diffusé en prime time une artiste black : Toujours là pour essuyer les plâtres, Diahann Carroll est engagée pour jouer dans le feuilleton Dynasty, un succès mondial (un peu moins en France). On est à 1000 lieux de Claudine dans cet univers tape à l’œil. L’intrigue rocambolesque fait plus que frôler le ridicule (ah, cet épisode où Fallon est kidnappée par des extra terrestres…), mais il est sûr que pour beaucoup de gens, Diahann Carroll n’est connue que pour son rôle de l’arrogante Dominique Devereaux, l’ennemie jurée de Joan Collins. En outre, l’image ultra sophistiquée qu’elle avait développée dans les shows télé et les night clubs colle bien avec la série (dans laquelle, elle chante de temps en temps).
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Depuis, Diahann Carroll a beaucoup joué dans des feuilletons (Grey’s Anatomy…) et des téléfilms, ainsi que dans des comédies musicales sur scène comme Sunset Boulevard d’Andrew Lloyd Weber, où elle reprend le rôle de Gloria Swanson.
Après de gros soucis de santé (cancer du sein) et des problèmes sentimentaux (plusieurs mariages dont un avec le talentueux crooner Vic Damone (l’étranger au paradis, Athena…)), tout semble aller pour le mieux pour elle. Elle soutient un site internet destiné à aider les victimes du cancer du sein et multiplie les apparitions sur le petit écran.
Comme l’a si bien dit Halle Berry, en recevant son oscar en 2002, Diahann de même que Lena Horne et Dorothy Dandridge (et chez les hommes Paul Robeson et Sydney Poitier) ont pavé la voie des artistes noirs actuels et permis à Whoopi Goldberg, Denzel Washington, Eddy Murphy, Angela Bassett et Lawrence Fishburne de pouvoir briller sur nos écrans.
Une belle artiste à redécouvrir aussi sur CDs (c’est en effet une excellente chanteuse) et sur youtube :
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Music Man
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Message par Music Man »

Liza Minnelli est sans aucun doute une légende vivante du music hall et du cinéma. Pourtant en dépit de sa présence incroyable, la fille de Judy Garland a joué dans beaucoup moins de films que sa mère. Devenue célèbre alors que le temps des grandes comédies musicales et des grands studios était déjà révolu, celle-ci a eu moins d’opportunités de faire valoir son immense talent à l’écran. Si l’on peut dire que toutes les fées se sont penchées sur le berceau de la petite princesse d’Hollywood, force est de constater que sa vie a rapidement viré au cauchemar : grandeur et décadence de Liza Minnelli.
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Dès sa naissance en 1946, Liza Minnelli fit la une des journaux. Fille de Judy Garland, la plus populaire vedette de comédies musicales et de Vicente Minnelli, un des réalisateurs les plus brillants des années 40-50, Liza grandit dans l’univers doré d’Hollywood et fait sa première apparition à l’écran en 1949 dans in the good old summertime aux cotés de sa maman. Une usine à rêve qui cache aussi bien des mesquineries et des drames. Minée par de graves problèmes de dépression, Judy Garland fait une tentative de suicide en 1951 et divorce la même année.
Liza vivra la moitié de l’année chez son père et l’autre chez sa mère. Toute jeune, elle participe à un show télé avec Gene Kelly en reprenant un passage de « for me and my gal » puis joue dans quelques comédies musicales à Broadway et enregistre un premier 33 T dès 1964. Sa voix est certes puissante mais encore mal maîtrisée et ne possède pas encore la chaleur de celle de sa mère.
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En 1965, Judy Garland, dont la côte a fortement décliné et dont la tournée en Australie s’est révélée catastrophique, cherche une idée pour regagner la faveur du public. Sans prévenir sa fille, elle annonce publiquement que cette dernière chantera à ses cotés lors de deux soirées au palladium de Londres. Liza, qui aurait sans doute préféré voler de ses propres ailes est bien obligée d’accepter le challenge. Galvanisée sans doute par la confrontation, Judy donnera une meilleure prestation que sa fille pas encore assez expérimentée face à un tel monstre sacré.
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L’année suivante, elle joue dans son premier film (en dépit de la réticence du studio Universal qui ne la trouve pas jolie), Charlie Bubbles, une production britannique d’Albert Finney.
Le comédien conseillera à la jeune vedette de jouer son rôle avec beaucoup de retenue « elle a un visage si expressif, qu’il ne faut surtout pas qu’elle en fasse trop ». Sage recommandation. En effet, comme le dira Bruno Coquatrix, le patron de l’Olympia, Liza est une « excessive » dont il n’est pas toujours facile de canaliser le talent et la forte personnalité.
Après deux autres comédies (the sterile cukoo de Pakula et Junie Moon d’Otto Preminger), Liza explose en 1972 dans le magnifique Cabaret, magistrale adaptation d’un spectacle de Broadway. Ce film, situé dans le Berlin des années 30, est certainement une des plus grandes réussites de l’histoire de la comédie musicale (quelle honte qu’il n’existe pas encore de vrai DVD collector digne de ce nom !). Quant à Liza, elle est extraordinaire dans le rôle de Sally Bowles, artiste immature et complètement paumée. Une composition sans doute pas très éloignée de la personnalité de l’artiste qui lui vaudra un oscar amplement mérité et sur laquelle repose en grande partie sa légende.
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Dans la foulée, Liza enchaînera sur une tournée « Liza with a Z »en reprenant entre autres les chansons du film : ce spectacle de grande qualité est ressorti en DVD dans une version soit disant remasterisée mais dont l’image est si floue qu’on est obligé de se frotter les yeux en la visionnant !
Si Liza savoure son succès et une gloire égale à celle de sa mère (ses shows à Broadway lui valent également des récompenses prestigieuses), sa vie privée est hélas aussi chaotique que celle de Judy. Après un mariage raté avec un ami de sa mère, le chanteur Peter Allen (le compositeur de Je vais à Rio de Claude François), un homosexuel notoire (qui décèdera du sida dans les années 90), elle cumule les liaisons avec de nombreux artistes de l’époque dont Peter Sellers, Charles Aznavour, Bob Fosse, Baryshnikov, Ben Vereen, Desi Arnaz Jr. Très instable, elle semble incapable de trouver son équilibre. Comme Judy aussi, elle s’enfonce très rapidement dans l’enfer de l’alcool et de la drogue.
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Elle a également quelques difficultés pour retrouver un rôle digne de cabaret. Son jeu excessif dans Lucky lady (1975) est vivement critiqué, et Nina (1976), le film conçu avec amour par son père est hué lors de sa première. Les superbes décors ne parviennent pas à rattraper l’indigence du scénario et le laisser aller du cinéaste, même si l’on ressent de manière palpable tout l’amour et l’admiration qu’il pouvait ressentir pour sa fille.
L’autre triomphe de Liza, c’est évidemment New York New York (1977), l’excellent film de Scorsese, non pas inspirée de la vie de Judy Garland, mais de Doris Day. Cependant
, inévitablement, en voyant Liza arborer le look des années 40, on ne peut s’empêcher de penser à la grande Judy. Les magnifiques interprétations de Robert de Niro, en musicien de jazz psychotique et de Liza sont probablement les meilleurs ingrédients du film, avec les chansons dont l’inusable « New York New York » qui deviendra la chanson phare de Liza. Cela dit, à sa sortie, le film ne fera pas un tabac et sera curieusement moins bien accueilli que
L’insignifiante comédie Arthur (1981) dans laquelle elle joue la petite amie de Dudley Moore. Liza y semble complètement perdue : peu après le film, elle entame une cure de désintoxication. Hélas, ce n’est le début que d’une longue série, car la grande chanteuse, incapable de se défaire de ses vieux démons va souvent replonger.
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Comme sa copine Elizabeth Taylor, on l’aperçoit tantôt radieuse et ragaillardie (comme lors de ses magnifiques prestations au Carnegie Hall en 1986 (ah ! son splendide « but the world goes round » !, ou sa tournée mondiale avec Sinatra et Sammy Davis Jr), tantôt complètement bouffie et déprimée.
Après un succès discographique au début des années 90 avec un album dance des Pet Shop Boys (qui venaient déjà de ressusciter Dusty Springfield) et un « losing my mind » classé au top 50 (notons au passage qu’elle a elle-même réalisé le clip vidéo), Liza tourne à nouveau une comédie musicale. Stepping Out n’aura aucun succès et les critiques ne manqueront pas de souligner la pauvreté des numéros musicaux par rapport à ceux de la grande époque. Pourtant, j’ai trouvé à l’époque ce film charmant : une petite comédie attachante, qui brosse avec justesse quelques portraits de femmes. La chanson composée par les fidèles Ebb et Kander est en outre tout à fait digne de leurs plus grandes réussites (Cabaret, New York…). Elle est également bien émouvante dans un téléfilm « Cœurs en sursis » en maman d’un jeune garçon atteint de mucoviscidose.
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Après un passage réussi avec son vieux copain Aznavour à Paris (j’ai eu la chance de voir ce spectacle et en conserve un excellent souvenir), et une série de shows éblouissants à Las Vegas, la carrière de Liza sera désormais davantage jalonnée de bas que de hauts : toujours des problèmes de drogues et d’alcools, des scandales (quand notamment son garde du corps l’accuse de l’avoir violé ( !)) et aussi des gros problèmes de santé (opérations de la hanche).
Son mariage clinquant avec son producteur en 2002, sous l’œil bienveillant de Michael Jackson et de Liz Taylor a vraiment des allures de grotesque musée de cire. L’union ne durera guère et se soldera par un divorce des plus trash qui fera la joie de la presse pour caniveau (le mari de Liza accusera cette dernière de l’avoir trompée, battue et de choses encore plus infames).
Comme Francis Lalanne en France, elle envisagera même d’être filmée 24 H sur 24 H dans une émission de télé réalité…avant de se rétracter dans une soudaine lueur de lucidité.
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Liza Minnelli (que l’on a pu voir chanter en 2005 dans la star academy) envisage d’enregistrer un album consacré à Kay Thompson en 2007 et de donner une tournée en Scandinavie. Elle reste une légende, et même si ces interprétations n’ont plus la puissance et la splendeur de ses shows des années 80, elles sont toujours blindées d’émotion. Une artiste majeure, extrêmement attachante qu’on aimerait bien revoir à Paris.
Sur youtube, Liza en 1989 au sommet de son talent et de sa beauté, dans mon morceau préféré : génial :
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serafin
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Message par serafin »

Music Man a écrit : Sur youtube, Liza en 1989 au sommet de son talent et de sa beauté, dans mon morceau préféré : génial :
Ciao,"but the world goes round" c'est aussi mon morceau préféré de liza!
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Comme d'hab, bravo Music Man pour ce survol biographique finalement un peu pathétique de cette femme épatante.



J'en profite pour te demander ce que vaut le film auquel tu dois ton pseudo et ton avatar. Je n'en avais jamais entendu parler et je suis tombé l'autre jour sur le DVD, découvrant que le génial Robert Preston y tenait la vedette. Du coup, ça m'intrigue. :)
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