Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Message par Music Man »

Merci pour cette photo avec Leslie Caron, Devenquest!
Depuis tant d'années que je me balade dans les rues de Paris, à part Miou Miou (vraiment charmante), Francis Huster et Jean-Pierre Cassel, j'ai rarement rencontré des célébrités...ah, si, Danièle Gilbert.... :uhuh:
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Avec une telle somme de connaissances, distillées fort plaisamment, Music Man ne devrait pas rester stagiaire bien longtemps.
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francesco
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Re: Mitzi Gaynor

Message par francesco »

Music Man a écrit :En 1958, Mitzi décroche le rôle féminin principal si convoité dans l’adaptation au cinéma de l’opérette South Pacific, qui a fait un malheur à Broadway. Elle fut préférée à la créatrice à la scène Mary Martin, à Doris Day et Judy Garland. Ce gros succès commercial (aux USA) est souvent décrié par la critique, et l’utilisation de filtres colorés par le réalisateur Joshua Logan jugée abusive. Et bien moi, j’ai adoré cette opérette, les chansons sont superbes, et certains passages (la romance de John Kerr avec une jeune polynésienne sur l’île de Bali Hai) sont magnifiques. Dans le rôle peu sympathique d’une femme raciste outrée de constater que l’homme qu’elle aime a eu des enfants avec une polynésienne, Mitzi se sort bien et forme un couple romantique avec Rossano Brazzi.
Entièrement d'accord avec tout ce que tu viens d'écrire. Je viens juste de découvrir cette oeuvre qui vient d'être réédité et c'est incomparablement moins mauvais qu'on ne l'a dit. Je regrette juste qu'il n'y est pas de place faite à la danse, mais si j'ai bien compris c'était déjà le cas de la version scénique. J'ai trouvé Gaynor remarquable.
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Message par Music Man »

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Peu d’artistes de comédies musicales peuvent comme la chanteuse argentine Libertad Lamarque se venter d’avoir tenu la tête d’affiche pendant plusieurs décennies. De 1929 à 1978, Libertad Lamarque, que l’on surnommait la fiancée de l’Amérique latine, sera en effet sans discontinuer la vedette de films musicaux en Argentine puis au Mexique. Si l’on tient compte ensuite de sa participation à des (lamentables) télénovélas (toujours dans des rôles importants), on peut dire que sa carrière artistique s’étale sur plus de 70 ans !
Née en 1908, d’un père d’origine française, artiste de cirque un peu anarchiste, et d’une maman douée pour la chanson, elle se découvre très tôt une vocation artistique. Encouragée par sa mère, elle abandonne l’école pour le théâtre. De simple choriste, elle devient rapidement chanteuse en solo. Son répertoire est essentiellement composé de tangos, musique issue des bas fonds de Buenos-Aires, à laquelle la voix vibrante de Carlos Gardel a apporté ses lettres de noblesse.
A priori la voix aiguë de Libertad se prêtre mal à ce genre de chansons, néanmoins l’impact dramatique qu’elle parvient à leur insuffler est remarquable et donne toute la force à ses interprétations. A la fin des années 20, Libertad est déjà une chanteuse populaire (elle a enregistré son premier 78 tours en 1926) et entame sa carrière au cinéma dès 1929.
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Elle joue dans le premier film parlant du cinéma argentin, Tango (1933) qui réunit (sauf Carlos Gardel) les vedettes les plus importantes du genre (Mercedes Simone, Tita Merello). Si au cinéma, Libertad commence à se enchaîner de rocambolesques mélos musicaux (dans lesquels elle joue souvent le rôle d’une pauvre chanteuse des rues, qui s’éprend du fils d’une riche famille bourgeoise qui la rejette- le tango avait encore à l’époque un goût de souffre), sa vie réelle aurait également pu inspirer un mélo, notamment quand le mari de Libertad dont elle est séparée depuis longtemps kidnappe sa fille, en prétextant que sa femme est trop instable psychologiquement (elle aurait fait une tentative de suicide, en se jetant par la fenêtre) pour s’en occuper. Finalement, l’affaire se terminera bien : la chanteuse récupérera sa fille et divorcera pour épouser le musicien avec lequel elle vit en ménage depuis des années.
Que dire des films argentins dans lesquels Libertad va jouer jusqu’en 1947 ? Ils sont souvent maladroitement filmés, et n’évitent aucun ressort mélodramatique (la chanteuse qui perd la vue dans un incendie, puis la recouvre à la fin…). En revanche, la partie musicale ne manque pas d’intérêt, et Libertad y chante les plus grands succès du tango (parfois empruntés à Gardel, décédé accidentellement en 1935). En outre, c’est une bonne comédienne.
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La fin de la nuit (1944) se détache du lot par son originalité : D’une part, le film est fort bien réalisé. En outre,l’action se déroule dans une France occupée par les nazis, et Libertad joue le rôle d’une chanteuse qui s’éprend d’un résistant. Au générique, on reconnaît Florence Marly et Paul Misraki exilés en Argentine. L’atmosphère du Paris occupé est bien rendue et Libertad, très en beauté, arborant le look des françaises des années noires chante une superbe version du classique « uno », dans un cabaret enfumé. Dans un autre genre, on peut citer Romance musical (1947) une comédie qui sera refaite à Hollywood (Romance à Rio avec Doris Day). Sur le tournage de la parade du cirque (1945), Libertad Lamarque se dispute avec sa collègue Eva Duarte qui tient le second rôle féminin. Que s’est il réellement passé entre les deux comédiennes ? Etaient elles toutes les deux amoureuses du dictateur Juan Peron comme on l’a dit (ce que Libertad a formellement démenti) ? Libertad reprochait elle à Eva son manque de professionnalisme et son arrogance ? En sont elles venues aux mains ? En tous les cas, à peine Eva deviendra Mme Peron, que Libertad sera obligée de faire ses valises pour s’établir au Mexique.
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Dans un film avec son ennemie Eva Perron

Son premier film mexicain est dirigé par le grand Bunuel, qui embarrassé par cette oeuvre de commande dira « on m’a demandé de réaliser un film avec deux grandes vedettes de la chanson (Libertad et Jorge Negrete, un mythe de la chanson folklorique mexicaine), alors je leur ai laissé faire ce qu’il savaient le mieux : chanter. »
Avec son opiniâtreté, Libertad va réussir à devenir au Mexique une star aussi légendaire qu’elle le fut en Argentine. Les films sont très mélodramatiques (dans Ansiedad (1951), elle joue le rôle d’une pauvre femme, contrainte de donner un de ses fils à une riche famille pour lui assurer un avenir décent), mais souvent de qualité un peu supérieure à ceux qu’elle a tourné dans son pays. Bien évidemment, les scénarii les plus larmoyants lui laissent toujours l’occasion de caser plusieurs chansons. Elle joue également dans des films revues, le plus souvent avec l’excellent chanteur Pedro Infante, qui a remplacé Jorge Negrete dans le cœur des mexicains (et qui mourra tragiquement lui aussi).
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Pour plaire aux mexicains, Libertad ajoute des boléros et des airs ranchéras à son répertoire.
Dans Histoire d’un amour (1955) elle entonne la chanson titre qui remportera un succès international (reprise en France par Gloria Lasso et Dalida, et dans la BO de gazon Maudit). Les années passant, Libertad endosse à présent des rôles de maman, souvent en conflit avec ses enfants. Dans « mon ami Joselito » film espagnol de 1961, elle donne la réplique au jeune prodige Joselito et chante avec lui plusieurs morceaux dont un air qui sera repris plus tard par Julio Iglésias. C’est un film larmoyant et nul comme la plupart tourné par le jeune garçon (ils eurent pourtant un succès certain chez nous). Les modes changent : le yéyé et le rock pointent leur nez : Libertad est toujours là, immuable, face à Enrique Guzman, Cesar Costa et les autres jeunes chanteurs de la nouvelle vague qui partagent l’affiche avec elle. Cela dit, elle ne se risque pas à interpréter des chansons rock qu’elle laisse aux nouveaux arrivants.
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Vaguement inspiré de « Mirages de la vie », « Roses blanches pour ma sœur noire » (1969) est une sorte d’apothéose du mélo (il fut exploité en vidéo chez nous avec le slogan "préparez vos mouchoirs… »). Dans cet incroyable film, précurseur des feuilletons à l’eau de rose de l’après midi, Libertad joue le rôle d’une femme dont la meilleure amie est noire. Cela ne l’empêche pas d’être raciste et de refuser avec rage que sa fille épouse un jeune docteur noir. Il en résulte une grave brouille entre les deux amies. La pauvre fille de Libertad tombe gravement malade : il lui faut une transplantation cardiaque de toute urgence ! Or la fille de son amie noire vient de se suicider et son coeur est disponible. Encore faudra t’il que Libertad puisse convaincre la maman qui, inévitablement, lui réplique « tu acceptes donc le cœur d’une jeune femme noire ? ». On frise souvent le ridicule, pourtant Libertad et l’actrice black Eusébia Cosme parviennent à être crédibles et même à rendre certaines scènes particulièrement émouvantes, ce qui prouve leur talent.
Il est vrai qu’aussi bien dans la chanson que dans ses rôles, Libertad n’a jamais lésiné sur l’émotion. De temps à autres, Libertad renoue avec le cinéma argentin : dans la sonrisa des mama (1972) elle partage l’affiche avec Palito Ortega, l’auteur compositeur le plus en vogue du moment. C’est encore un mélo : elle y joue le rôle d’une femme atteinte d’un cancer qui tente de cacher la gravité de son état à ses proches.
Le déclin du cinéma mexicain populaire (qui se spécialise désormais dans les comédies érotiques), mettra fin à la longue carrière cinématographique de Libertad qui est immédiatement récupérée par la télévision. Elle va enchaîner, jusqu’à sa mort, les télés novellas les plus affligeantes, dans lesquels elle joue souvent des rôles de bonne soeur. Ces séries télé à l’eau de rose, similaires aux « feux de l’amour » ont rarement été diffusées chez nous, mais par contre remportent un franc succès dans les DOM COM (où le doublage ridicule ne fait qu’accentuer la nullité de l’ensemble).
En dépit de la qualité discutable de la plupart de ses films, force est de constater que Libertad Lamarque avait beaucoup de classe et qu’elle bénéficiait d’un réel charisme et d’un sens du pathos qui lui ont permis de mener à bien une carrière d’une longévité exceptionnelle. Elle est décédée en l’an 2000.
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Libertad Lamarque : a media luz...

Dernière modification par Music Man le 10 août 08, 08:25, modifié 5 fois.
Music Man
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Message par Music Man »

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Vera-Ellen fut probablement une des danseuses les plus talentueuses de toute l’histoire de la comédie musicale. Partenaire des plus grands (Fred Astaire, Gene Kelly, Donald O’Connor), elle a incontestablement participé à l’écriture des plus belles pages du musical hollywoodien. Née en 1921, la petite fille est contrainte de prendre des cours de danse pour soigner des problèmes de dos. Elle révèle rapidement d’étonnantes possibilités. Très vite, elle participe à des spectacles de danse des night-clubs. Repérée par le producteur Sam Goldwyn (qui peuplait toujours ses films musicaux d’une escouade de jolies filles), elle débute au coté du grand Danny Kaye dans le joyeux phénomène(1945). Si le film est inférieur au délirant « fou s’en va-t’en guerre » qui a lancé Danny l’année précédente, Vera Ellen effectue de superbes débuts dans un long numéro de tap-dance acrobatique des plus endiablés. Elle participe aux cotés de June Haver et de Vivian Blaine à une énième version de three blind mices (Trois jeunes filles en bleu). Dans ce film,Vera Ellen, qui semble un peu potelée, a des faux airs de Shirley Temple. Dans une séquence rêvée très rose bonbon, sur l’air de « you make me feel so young » dont Sinatra fera plus tard un tube, elle danse dans une fête foraine bariolée au milieu de curieux personnages de foire. C’est très mignon et frais.
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Si elle n’est guère mise en valeur dans la chasse au trésor (1949) le dernier films des Marx Brothers , en revanche elle fait sensation dans le numéro final de Ma vie est une chanson(1948). D’une grande originalité de ton, ce numéro splendide a probablement fait beaucoup pour l’évolution du ciné musical. Certes, peut être qu’une danseuse plus sexy et sensuelle comme Cyd Charisse ou Mitzi Gaynor aurait mieux convenu pour ce numéro, (les rôles d’ingénues fraîches et spontanées collent davantage à sa personnalité) mais techniquement Vera-Ellen est parfaite.
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Quel bonheur ce fut pour Gene Kelly (dans le génial Un jour à New York1949) ou Fred Astaire (dans Trois petits mots 1950 et
la belle de New York 1952) de danser avec une partenaire à leur hauteur, qui leur permettait de se surpasser et de donner le meilleur d’eux-mêmes dans de magnifiques numéros. Très versatile, Vera-Ellen est aussi à l’aise dans les numéros acrobatiques, que dans les grands ballets romantiques (à son duo avec Fred sur l’air de thinking of you !) ou des numéros inclassables qui procurent la joie de vivre, tout simplement comme OOPs de la belle de New York . Ce film fut mal reçu par la critique (et le public), qui le jugea trop léger. Ce à quoi Fred Astaire répliqua qu’il faudrait réaliser spécialement des films obèses pour critiques obèses. En effet, la belle de New York est un petit bijou qui donne des ailes aux spectateurs, et peu importe si l’intrigue est un peu mince : les numéros musicaux sont franchement emballants. En 1953, Vera Ellen est au top de sa forme dans la charmante adaptation de Call me Madame (1953), et son style convient parfaitement à celui de son partenaire Donald O’Connor.
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Noël Blanc , en 1954, remporte un gros succès commercial. Les numéros de danse de Vera-Ellen (avec les chantés de Bing Crosby et Rosemary Clooney) sont sans conteste les meilleurs moments du film. Vera-Ellen est réellement éblouissante dans cette production. Pourtant, sa carrière s’achemine déjà vers la fin. En effet, la jolie danseuse souffre de graves problèmes d’anoréxie, maladie fort peu connue et médiatisée à l’époque. Il est vrai que Vera Ellen semble franchement maigrichonne dans Noël blanc. On peur remarquer que dans ce film, son cou est toujours caché par un col ou un foulard car elle commence déjà à beaucoup se rider à cet endroit en raison de sa maigreur. Il est possible que Vera-Ellen soit tombée dans cette spirale autodestructrice, par la faute des producteurs qui la trouvaient trop ronde à ses débuts. Sa vie privée n’était pas non plus très heureuse : mariée trop jeune (à 16 ans !), elle divorce. Ensuite, la presse de l’époque va lui prêter une romance, durant 3 ans, avec un débutant nommé Rock Hudson. Il s’agissait bien évidemment d’une idylle purement publicitaire montée de toute pièce par le producteur de Rock pour masquer l’homosexualité de ce dernier.
Après avoir participé en 1956 à un show télé de son ami Perry Como, Vera-Ellen tourne son dernier film en Angleterre avec le crooner Tony Martin (le mari de Cyd Charisse). Elle y parait vieillissante.
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Juste après, elle abandonne le cinéma et les mondanités. Remariée avec un millionnaire, elle aura la douleur de perdre sa fille unique, du syndrome de la mort subite du nourrisson. Très éprouvée, elle divorce puis se réfugie dans l’anonymat. On sait juste qu’elle avait été contrainte de reprendre des cours de danses pour soigner les crises d’arthrite dont elle souffrait. Contrairement aux autres vedettes de films musicaux américains, Vera-Ellen ne donnera plus aucune interview, et refusera toute apparition dans les shows télé, ou autres feuilletons. Elle est décédée d’un cancer en 1981.

Merveilleuse Vera Ellen dans Ma vie est une chanson avec Gene Kelly :
Dernière modification par Music Man le 2 mai 08, 22:58, modifié 2 fois.
francesco
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Message par francesco »

oh ? Est-ce que tu nous a déjà fait des portraits de June Allysson et de Doris Day Music Man, toi qui semble tout connaître :lol: ?
Sailor G.Kelly
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Message par Sailor G.Kelly »

francesco a écrit :oh ? Est-ce que tu nous a déjà fait des portraits de June Allysson et de Doris Day Music Man, toi qui semble tout connaître :lol: ?
Il y a eu un topic récemment sur Doris Day :wink:
Et il y en a un également sur June Allyson.
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francesco
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Message par francesco »

merci beaucoup ... je m'en vais rechercher ça !
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Message par Music Man »

francesco a écrit :oh ? Est-ce que tu nous a déjà fait des portraits de June Allysson et de Doris Day Music Man, toi qui semble tout connaître :lol: ?
Bonsoir Francesco! :
Tu sais, je ne connais pas tout en matière de comédie musicale et tant mieux d'ailleurs : j'ai encore plein de choses à découvrir! :P
Comme le précise Sailor, des portraits de Doris et June Alyson ont été faits par d'autres internautes . Mais peut être rajouterai-je dans ce topo des portraits de ces deux charmantes artistes, que j'aime beaucoup, plus focalisés sur leur carrière dans le musical.
La semaine dernière, j'ai vu un show télé de 1971 avec Doris Day et Perry Como ( DVD zone 1 commandé aux States), et j'ai passé un moment fort agréable : Doris avait vraiment une très belle voix: son interprétation d'it's magic est magique, en effet!
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Message par Music Man »

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Née en 1917, June Allyson est issue d’une famille très pauvre. Victime d’un grave accident (suite à la chute d’un arbre), la jeune fille est contrainte de prendre des cours de natation, gymnastique et de danse pour sa rééducation. Elle débute dans de petits rôles à Broadway en 1938, mais ne se fait vraiment remarquer qu’en 1941 dans l’opérette « Best food forward ». Impressionné par les jeunes talents figurant dans le spectacle, le producteur Arthur Freed (le roi de la comédie musicale) décide de les embaucher presque tous pour la version filmée (sauf une actrice, qui de dépit, se suicidera). Ce musical moyen dont la vedette est Lucille Ball connaîtra également le succès à l’écran. June fait aussi une courte apparition dans Girl Crazy(1943) dont la vedette est Judy Garland, qui deviendra une de ses meilleures amies. De son étrange voix rauque et enrouée, elle braille une chanson comique, dans un style fortement inspiré de Betty Hutton fort populaire à l’époque. Toujours produite par Freed, l’insignifiant musical Meet the people provoquera quelques remous, certains critiques y discernant des arrières pensées politiques pro communistes. C’est lors du tournage de ce film que June tombera amoureuse de Dick Powell, grande star des comédies musicales de la Warner des années 30, et mari de Joan Blondell, qui divorcera pour épouser June.
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Dans son roman autobiographique à clés, Joan Blondell décrira plus tard avec beaucoup d’amertume et d’acidité June comme une voleuse de mari, fausse et hypocrite sous ses airs bon enfant. Atteinte par ses attaques, June répliquera dans sa biographie que lors de sa rencontre avec Dick, ce dernier était déjà séparé de Joan.
Alors que sa vie sentimentale lui sourit, June rencontre également un gros succès populaire dans le musical « 2 jeunes filles et un marin ». La MGM misait à l’origine à fond sur la co-vedette Gloria de Haven, plus jolie et meilleure chanteuse, et pourtant c’est June qui récoltera les marrons du feu. Sa personnalité chaleureuse et attachante, sa voix parlée rauque et tendre si particulière, son interprétation déchaînée du « young man with a horn », et son coté simple et naturel plaisent immédiatement au public. Après un autre musical avec la petite Margaret O’Brien, Tendre Symphonie (1945), la MGM va donner plus de latitude à la carrière de June en la distribuant avec un égal bonheur dans des comédies avec Van Johnson, à l’époque la coqueluche des adolescentes ou des mélos (June s’avère très douée pour les scènes de larmes !). Il s’agit toujours de films familiaux où June incarne invariablement l’américaine moyenne, qui lutte contre l’adversité, sourit à travers ses larmes, et finit par gagner. Elle est souvent très convaincante, en tous les cas terriblement attachante.
Evidement, on lui réserve aussi quelques apparitions dans des grandes productions musicales comme la pluie qui chante (son numéro est un des plus charmants du film) ou ma vie est une chanson(1948).
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En dépit de sa réticence à jouer des rôles en costumes pour lesquels elle se juge peu crédible, June obtient un franc succès en interprétant la douce Constance Bonacieux de la picaresque et très réussie version des trois Mousquetaires de George Sidney (1948) avec Gene Kelly (ce que j’ai pu adorer ce film et tout particulièrement June Allyson quand je l’ai vu pour la première fois à la télé !).
A la même époque, June Allyson a l’immense chance de se voir confier le rôle principal de Vive l’amour (1947) un des grands classiques du film musical. Bouillant de rythme et de joie de vivre, ce film est un régal que je recommande tout particulièrement. Le numéro final « varsity drag » dansé par June et Peter Lawford est tout simplement extra. Et dire qu’elle a failli refuser le rôle au motif que le chorégraphe Charles Walters n’avait jamais réalisé un film avant !
June Allyson est également excellente dans le rôle du garçon manqué de la plus célèbre version des 4 filles du Dr March(1949).
Prévue à l’origine pour jouer face à Fred Astaire dans Mariage royal (1951), elle doit renoncer au rôle quand elle découvre qu’elle attend un bébé (dommage, on aurait bien aimé la voir sur « how could you believe me » bien que sa remplaçante Jane Powell s’en tire très bien).
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En 1954, elle joue le rôle de l’épouse de Glenn Miller dans la célèbre et très réussie biographie musicale du fameux chef d’orchestre auteur des immortels « in the mood » et « moonlight serenade ». Elle était évidemment toute désignée et parfaite pour interpréter la jeune femme simple, dévouée et attentionnée pour son mari, (pourtant certains critiques, fatigués de ce genre de rôles ultra conventionnels et démagogiques finissent par la trouver agaçante). Le mystère plane toujours sur les réelles raisons du décès de Glenn Miller, mais évidemment le film n’en parle pas.
June Alyson a également l’occasion de faire valoir ses qualités de comédienne dans le décevant remake de « Femmes » et d’ailleurs, les critiques noteront à l’époque que dans la distribution (pourtant prestigieuse) elle est la seule actrice peut être meilleure que dans la version de 1939 (jouée par Norma Shearer). Elle y reprend son fameux « young man with a horn » qui l’avait rendue si populaire en 1944.
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Les changements de mode vont progressivement mettre sur la touche June Allyson, et ses rôles d’épouse dévouée (ce qu’elle n’était peut être pas tout à fait dans la vie réelle car sa liaison passionnée avec Alan Ladd a bien failli briser son couple). En 1963, se vie bascule quand Dick Powell son mari décède d’un cancer. Ce dernier avait eu le malheur de produire quelques années auparavant un film dans un désert dans lequel avaient été testées des bombes atomiques. Les comédiens du film, John Wayne, Susan Hayward, Agnes Moorehead mourront tous d’un cancer dans les années qui suivent.
June, abattue, se réfugie dans l’alcool. Invitée par sa copine Judy dans son show télé, elle donne une curieuse prestation. La chanteur et producteur Mel Torme laissera entendre que les deux femmes étaient ivres à l’antenne. Incapable de supporter la solitude, elle se remarie 3 mois après le décès de son mari, avec un homme très riche, avec lequel elle fréquente la jet set de Capri au Cap d’Antibes.
Par la suite, on la retrouvera de temps à autres dans des téléfilms sans grand intérêt, ou des séries télé produites par Aaron Spelling. Remariée à un dentiste depuis 1976, elle a consacré une partie de son immense fortune à une fondation pour aider les personnes souffrant d’incontinence urinaire. June Alyson est décédée d'un cancer en 2006.
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June chante the young man with a horn accompagnée par Harry James
Dernière modification par Music Man le 17 juin 08, 22:10, modifié 3 fois.
Sailor G.Kelly
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Message par Sailor G.Kelly »

Merci pour ce nouveau topic :)
Music Man a écrit : En 1963, se vie bascule quand Dick Powell son mari décède d’un cancer. Ce dernier avait eu le malheur de produire quelques années auparavant un film dans un désert dans lequel avaient été testées des bombes atomiques. Les comédiens du film, John Wayne, Susan Hayward, Agnes Moorehead mourront tous d’un cancer dans les années qui suivent.
:o Et bien...C'est étonnant. Quel est ce film?
elle coule des jours heureux et consacre une partie de son immense fortune à une fondation pour aider les personnes souffrant d’incontinence urinaire.
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Message par Music Man »

Ce film s'appelle "les conquérants" 1956.
D'après IMDB, cette production a été filmée dans le désert près de l'emplacement d'essais nucléaires . En outre, après les tournages en extérieur, des caisses entières de sable radioactif ont été ramenées dans les studios afin de finir le film en studio avec un désert de la même couleur (June Allyson précise aussi cette anédocte dans sa bio) Un certain nombre de comédiens du film sont morts du cancer ou des problèmes liés au cancer dont John Wayne (cancer généralisé), Susan Hayward(cancer du cerveau), Pedro Armendáriz (qui s'est suicidé en apprenant qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale), Agnes Moorehead, Thomas Gomez, et le directeur Dick Powell(cancer de la lymphe).
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Message par Sailor G.Kelly »

Music Man a écrit :Ce film s'appelle "les conquérants" 1956.
D'après IMDB, cette production a été filmée dans le désert près de l'emplacement d'essais nucléaires . En outre, après les tournages en extérieur, des caisses entières de sable radioactif ont été ramenées dans les studios afin de finir le film en studio avec un désert de la même couleur (June Allyson précise aussi cette anédocte dans sa bio) Un certain nombre de comédiens du film sont morts du cancer ou des problèmes liés au cancer dont John Wayne (cancer généralisé), Susan Hayward(cancer du cerveau), Pedro Armendáriz (qui s'est suicidé en apprenant qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale), Agnes Moorehead, Thomas Gomez, et le directeur Dick Powell(cancer de la lymphe).
Merci pour ces indications :wink:
C'est étonnant comme anectode.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Sailor G.Kelly a écrit :
Music Man a écrit :Ce film s'appelle "les conquérants" 1956.
D'après IMDB, cette production a été filmée dans le désert près de l'emplacement d'essais nucléaires . En outre, après les tournages en extérieur, des caisses entières de sable radioactif ont été ramenées dans les studios afin de finir le film en studio avec un désert de la même couleur (June Allyson précise aussi cette anédocte dans sa bio) Un certain nombre de comédiens du film sont morts du cancer ou des problèmes liés au cancer dont John Wayne (cancer généralisé), Susan Hayward(cancer du cerveau), Pedro Armendáriz (qui s'est suicidé en apprenant qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale), Agnes Moorehead, Thomas Gomez, et le directeur Dick Powell(cancer de la lymphe).
Merci pour ces indications :wink:
C'est étonnant comme anectode.
Le film s'appelle en fait Le conquérant et conte l'histoire de Gengis Khan avant qu'il prenne ce nom de 'guerre' justement. John Wayne joue le rôle de Genghis Khan et le film est sorti en DVD dans un coffret consacré à l'acteur. L'anecdote est bien réelle et le film n'est pas aussi mauvais qu'on a bien voulu le dire même si assez anodin.
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Ce lundi soir, 20h30 à la Cinémathèque : projection de Brigadoon.
Séance présentée par Jean Douchet, en présence de Cyd Charisse.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
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