Francis Ford Coppola

[Rockatansky]

Il a fini par le financer lui-même, a rassemblé ses acteurs, l'a tourné et monté entre 2019 et 2023.

120 millions il a les reins solides. Il a sa propre entreprise de production ?
Avec ce que ça implique en équipes, materiels, gestion des ressources.
D’ailleurs, sait-on où il a tourné ? Il est forcément adossé à un studio dont c’est le travail de gérer tout ces « départements ».

Oui il a toujours eu une société de production et il a liquidé de nombreuses possessions pour financer son film. A priori le film sera proposé en séance exceptionnelle à Cannes, je ne doutes pas une seule seconde qu'il trouve des distributeurs qui sortiront le film.

[G.T.O]

Le même jour, je lis que Coppola cherche des distributeurs pour Megalopolis et que Lynch cherche sans succès des financements pour produire un nouveau long-métrage (d'animation, après un refus de Netflix). Pas évident de garder la foi après ça

C'est désormais le lot de tous les réalisateurs ambitieux, de ne pas trouver de financement ou de partenariat de distribution. La liste est considérable. Peter Weir avant son départ à la retraite forcée s'est vu incapable de monter plusieurs projets, Richard Kelly qui traine pas moins d'une dizaine de scénarios prêts à être tournés, John Waters a peu près autant, Bennett Miller, Frank Darabont déclarant forfait au vu du contexte, De Palma finito, John Mc Tiernan et ses scripts qui ne verront jamais le jour...et j'en oublie.

[Shin Cyberlapinou]

Il y a plusieurs cas de figure différents dans ta liste GTO, principalement la question des cinéastes vieillissants qui n'ont plus la confiance des studios car supposés hors du coup (et ce n'est pas nouveau, de mettons Arthur Penn à Claude Zidi), même Spielberg se mange des bides (mais il peut se le permettre) et je sens venir une décennie difficile pour un Michael Bay, bientôt 60 ans. Ensuite il y a les cinéastes visant un public dit adulte, cible qui va de moins en moins au cinéma, en particulier aux USA. Puis il y a les tricardisés, Richard Kelly qui s'est grillé à vie via Southland Tales et McTiernan qui sera toujours regardé bizarrement par les producteurs suite à l'affaire des écoutes (sans parler des gros flops qui ont émaillé sa carrière).

Coppola cumule en cela qu'il a 85 ans, que son dernier relatif succès remonte à Jack (Jack...) et que son projet ne se veut vraiment pas user friendly. Les studios ne cherchent pas de bons films, ils cherchent des films vendables, et je veux bien croire que Metropolis ne coche aucune des cases recherchées en 2024. Je ne fais pas de soucis pour une distribution salles en France, pour le reste du monde ce n'est pas dans la poche, je pense que le film va laisser une belle ardoise, même si c'est un chef d'oeuvre.

[Alexandre Angel]

et je veux bien croire que Metropolis ne coche aucune des cases recherchées en 2024.

Non, mais en 1927, ça le faisait.

[Shin Cyberlapinou]

Même pas, le film de Lang fut un bide en son temps. Quand ça veut pas...

[mannhunter]

Je ne fais pas de soucis pour une distribution salles en France

ça dépendra si Amazon (ou Netflix?) met plus d'argent que les distributeurs pour le sortir en direct to video Et les précédents Coppola comme "Twixt" et "l'homme sans âge" n'ont pas fait beaucoup d'entrées en salles, ce qui n'encourage pas forcément à sortir son nouveau film au cinéma.

la question des cinéastes vieillissants qui n'ont plus la confiance des studios car supposés hors du coup (et ce n'est pas nouveau, de mettons Arthur Penn à Claude Zidi)

Oui, Stuart Gordon en parlait il y a quelques années dans un entretien pour So Film, après "Stuck" sorti en 2007, il avait encore plein de projets mais à Hollywood à 60 ans il était jugé trop âgé et pas assez rentable, donc il n'a plus rien tourné jusqu"à sa mort. Pareil pour Alan Rudolph qui n'a rien réalisé entre 2002 et 2017, car jugé plus assez rentable par les studios.

Darabont déclarant forfait au vu du contexte

Comme John Landis (qui n'a pas tourné depuis "Cadavres à la pelle" en 2010) et John Carpenter qui ont pris leur retraite à cause des conditions de travail jugées cauchemardesques du Hollywood actuel..

Coppola cumule en cela qu'il a 85 ans, que son dernier relatif succès remonte à Jack (Jack...) et que son projet ne se veut vraiment pas user friendly.

Coppola avait d'ailleurs déclaré à la sortie de "Twixt" en 2012 que ses trois dernier films ("Twixt", "Tetro" et "l'homme sans âge") étaient ses plus personnels, au contraire des "Parrain", qu'il les avait réalisés d'abord pour lui, et pas pour les studios et le public..

[Alexandre Angel]

Même pas, le film de Lang fut un bide en son temps.

[Vic Vega]

Sinon, ça a peut-être été dit déjà mais le pitch de Megalopolis me fait automatiquement penser au Rebelle (The Fountainhead, 1949), de King Vidor, que je vais revoir car je ne me souviens plus de ce que j'en pensais réellement.

Certains retours sur le film ayant mentionné Ayn Rand, ce ne serait pas surprenant. Sur le King Vidor, mon point de vue est raccord à 120% de celui de la rédaction de classik.

A priori le film sera proposé en séance exceptionnelle à Cannes, je ne doutes pas une seule seconde qu'il trouve des distributeurs qui sortiront le film.

Le problème serait apparemment que Coppola exigerait que les ou les distributeurs consacrent un budget conséquent à la promo mondiale du film (plus de 100 millions).

Le même jour, je lis que Coppola cherche des distributeurs pour Megalopolis et que Lynch cherche sans succès des financements pour produire un nouveau long-métrage (d'animation, après un refus de Netflix). Pas évident de garder la foi après ça

C'est désormais le lot de tous les réalisateurs ambitieux, de ne pas trouver de financement ou de partenariat de distribution.

Au vu de l'article des Inrocks expliquant pourquoi on ne voyait pas de nouveau Lynch en salles, le cas du réalisateur de Mulholland Drive est très particulier. Studio Canal lui avait permis de tourner Inland Empire sans annoncer de pitch, sans qu'un producteur puisse rentrer dans la table de montage. Lorsqu'ils ont vu le résultat final, ils étaient atterrés. Selon Alain Sarde, qui a travaillé avec Lynch, il y aurait eu ces dernières années des financeurs pour un nouveau film... mais à un budget nettement inférieur à celui demandé par le cinéaste. Il faut se souvenir que, déjà, Mulholland Drive était un pilote de série destiné à finir à la poubelle avant que Studio Canal ne propose de le transformer en long métrage. Et que Twin Peaks: Fire Walk with Me et Lost Highway étaient coproduits par Francis Bouygues (Ciby 2000) qui avait adoré Sailor et Lula.

[Alphonse Tram]

Oui il a toujours eu une société de production et il a liquidé de nombreuses possessions pour financer son film. A priori le film sera proposé en séance exceptionnelle à Cannes, je ne doutes pas une seule seconde qu'il trouve des distributeurs qui sortiront le film.

Les héritiers seront heureux : liquider des actifs pour financer un projet aléatoire. Merci papy

[douane eddy]

Le problèmes des studios est qu'ils recrutent les commerciaux les plus nases de la planète qui ne savent pas vendre un film alors que c'est leur principale tâche. Conséquence directe de leur incompétence : on se tape des franchises et non des films.

[tchi-tcha]

Les héritiers seront heureux : liquider des actifs pour financer un projet aléatoire. Merci papy

Bah, depuis Apocalypse Now ils doivent être habitués

Ce qui me surprend davantage, c'est l'audace du geste : tout investir pour tourner, et seulement ensuite se soucier des distributeurs en pensant qu'ils ne pourront pas refuser son film.

[Demi-Lune]

Ce qui me surprend davantage, c'est l'audace du geste : tout investir pour tourner, et seulement ensuite se soucier des distributeurs en pensant qu'ils ne pourront pas refuser son film.

Je pense que c'est crédible parce que justement venant de Coppola. On retrouve vraiment là le côté Napoléon du cinéma, il jette les dés, pousse sa chance au maximum, bluffe, quitte à tout perdre. L'historique de certains de ses films regorge de coups de poker pareils. Le mec a des couilles en acier, rien que pour ça je lui vouerai toujours un culte.

Je me souviens d'une anecdote dans le bouquin de Biskind sur le Nouvel Hollywood selon laquelle Coppola assistait, beaucoup plus jeune (avant Le parrain) à la remise d'un Oscar d'honneur à je ne sais plus quelle légende fanée et que la profession avait longtemps toisée (je me demande si ce n'est pas Charlie Chaplin, que Coppola admirait). Biskind rapportait qu'il se serait juré ce soir-là que jamais de la vie, la profession ne lui décernerait une telle récompense ; qu'il la forcerait à lui témoigner du respect bien avant ça. Eh bien en 2024, rien n'a fondamentalement changé : il veut forcer les studios à lui témoigner du respect. Il veut tuer le game, il accule quelque part les grands pontes sur le plan médiatique en les mettant au pied du mur avec son film dont tout le monde parle. Je croise sincèrement les doigts pour qu'il parvienne à remporter le combat. Tous mes espoirs reposent sur toi, Francis!

[El Dadal]

Magnifiquement dit, Demi-Lune.
En fait, c'est plutôt simple : je crois qu'avec ce film, Coppola porte mes derniers espoirs d'une grande œuvre finale du "cinéma d'avant", avant qu'on ne change définitivement de paradigme.

[Demi-Lune]

Magnifiquement dit, Demi-Lune.
En fait, c'est plutôt simple : je crois qu'avec ce film, Coppola porte mes derniers espoirs d'une grande œuvre finale du "cinéma d'avant", avant qu'on ne change définitivement de paradigme.

Ne pas oublier la fresque en plusieurs films Horizon de Costner portée également tout seul (grâce à la résurrection financière de Yellowstone) mais oui, je vois très bien ce que tu veux dire. Depuis le projet de Megalopolis s'est concrétisé, ça a le goût de la "Der des der", et les derniers rebondissements renforcent le sentiment du baroud d'honneur du Nouvel Hollywood (et pas n'importe qui, son Parrain, celui qui a ouvert la voie) contre le système dégénéré actuel. Il se joue là sans doute quelque chose d'essentiel pour l'avenir du cinéma US. Et ce serait mieux si le film était bon.

[Dunn]

Sacré coup de poker.