Le Cinéma britannique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

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Le film anglais du vendredi proposé par Justin : La couleur qui tue de Sidney Gilliat.
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Le Justin British du vendredi : Jassy de Bernard Knowles.
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Les indomptables de Colditz de Guy Hamilton (1955)

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La forteresse de Colditz est une prison militaire réputée infranchissable. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont l'idée d'y transférer les rois de l'évasion de toutes les nationalités. Regrouper ainsi des récidivistes de l'évasion se révélera une idée plus dangereuse que lumineuse...

The Colditz Story est un récit s'inscrivant dans le courant du film de guerre anglais des années 50, période qui en contrepoint des films de propagandes produits durant le conflit, s'attache désormais à atténuer le message collectif pour s'attacher aux histoires individuelles. Un des films les plus fameux dans cette veine est L'évadé du camp 1 de Roy Ward Baker (1957), qui osait même adopter le point de vue allemand avec son héros roi de l'évasion incarné par Hardy Krueger. Il est également question d'évasion dans The Colditz Story, adaptation du roman éponyme de Pat Reid (publié en 1952), officier britannique qui y narrait son évasion de la redoutable prison militaire et destination finale des évadés multi récidivistes. Le scénario de Guy Hamilton, Ivan Foxwell et William Douglas-Home assume cependant dès son générique avoir grandement romancé les évènements. Sur le papier le film distille le programme attendu et largement vu dans ce type de film d'évasion en tant de guerre, notamment hollywoodien comme Stalag 17 de Billy Wilder (1953) ou plus tard La Grande évasion de John Sturges (1963).

Le traitement va cependant détonner des habitudes et ce dès la scène d'ouverture ou Pat Reid (John Mills) et son ami Mac (Christopher Rhodes) sont transférés à Colditz. Après avoir été introduit dans leurs quartiers et liés connaissance avec leur compagnon d'infortunes britanniques, la porte de leur cellule est crochetée par des soldats polonais voisins dans une tonalité presque humoristique. C'est une manière d'esquisser la nature cosmopolite de la prison, d'exposer ses personnalités fantasques ayant déjà apprivoisé les lieux en vue de les quitter au plus vite, et de donner l'illusion que Colditz est une geôle dont on pourra s'évader facilement. Les quelques plans d'ensemble montrant les vues intimidantes de cette forteresse située sur les hauteurs d'une colline gelée suffisent à calmer les ardeurs, mais le film ne joue étonnamment pas sur la cinégénie et la topographie de ce fabuleux décor pour développer son suspense. C'est sur ce point que le film dénote du modèle hollywoodien et The Colditz Story préfigure davantage Le Caporal épinglé de Jean Renoir (1962) voire la série télévisée Papa Schultz dans son traitement. Le drame de la guerre n'y est pas traité en comédie (malgré des moments légers) mais le traitement de l'évasion y a quelque chose d'étonnamment trivial, et finalement plus réaliste.

La première raison des échecs des tentatives d'évasion sera donc certes la rigueur de la surveillance de Colditz, mais surtout le manque de concertation entre les différentes nationalités de la prison. Ce ton léger et tendu s'exerce dans les deux premières scènes d'évasion où il y a d’abord interférence temporelle (l'échec d'une évasion française empêchant l'évasion anglaise en cours) puis topographique lorsque les tunnels creusés par les Anglais et les hollandais se croisent et s'effondrent, alertant les Allemands. On assiste donc à une étonnante coopérative de l'évasion, où toutes les nations en place se concertent et s'entraident dans leurs stratégies respectives. Certaines évasions relèvent du stratagème méticuleusement élaboré, et d'autres de la pure et folle improvisation selon les opportunités (ce qui annonce totalement le traitement de Le Caporal épinglé), la vraie tension se disputant à la surprise voire l'hilarité en passant d'un type d'escapade à l'autre. Le protagonistes anglais sont bien sûr les plus développés, avec notamment un excellent John Mills en "coordinateur des évasions", un flegmatique Eric Portman en chef charismatique, Christopher Rhodes en colosse soupe au lait, et quelques autres que l'on a davantage l'habitude de voir dans un registre comique comme Lionel Jeffries ou Ian Carmichael (habitué des rôles d'ahuri chez les frères Boulting). Si aucun personnage ne se détache chez les autres nations, Guy Hamilton les fait exister par le panache dont ils font preuve dans certaines séquences pour les français (l'évasion "acrobatique" totalement improbable d'un officier), du sens de l'honneur chez les polonais (le tribunal mis en œuvre pour juger une taupe) ou l'habileté stratégique des hollandais - une amusante concurrence sur la nation la plus efficace naissant même au sein du camp. Même les Allemands bénéficient d'un traitement subtil, s'incarnant comme des geôliers impitoyables certes, mais aussi des militaires effectuant simplement la tâche qui leur est assignée ce qui les différencient du pur sadisme nazi. C'est abordé sur un registre grave lorsqu'il s'agira d’exfiltrer le prisonnier polonais démasqué comme informateur (et subissant le chantage de la gestapo) ou dans un ton plus léger le commandant du camp (Frederick Valk) ne pouvant s'empêcher de lâcher un petit rire lorsqu’un de ses officiers subit la moquerie des Anglais.

Le film jongle avec brio sur plusieurs registres et reste captivant de bout en bout, notamment dans le dilemme moral posé par l'ultime évasion dont la méthode simple et efficace dénote avec tous les plans complexes qui ont précédemment échoués. Une grande réussite qui sait offrir une proposition détonante dans le registre balisé du film de "camp de prisonniers". Le film sera un immense succès en Angleterre, se plaçant quatrième au box-office de 1955. Le livre bénéficiera d'une seconde adaptation sous forme de série télévisée dans les années 70 à la télévision anglaise.5/6
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Barry Egan
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Barry Egan »

Atlantique Latitude 41° / A Night to Remember

La chronique DVDClassik parle d'emprunts de James Cameron, je vais être plus direct, il a volé purement et simplement les plans, les répliques, la structure même du montage de la deuxième partie de son film, celle qui illustre le naufrage de l'illustre bateau, à cet "Atlantique Latitude 41°". Je m'attendais à voir "le film qui a inspiré", et au final Mr Cameron a plagié la quasi-totalité des éléments de ce film anglais qui arrive à faire aussi spectaculaire et haletant avec certainement beaucoup moins de moyens humains et techniques. A peine a-t-il accéléré le rythme et bénéficié dramaturgiquement de l'inscription du récit bien connu dans une histoire d'amour qui doit beaucoup à l'alchimie de ses deux interprètes, mais pour le reste, tout était déjà là en 1958, comme s'il avait été impossible de raconter autrement, c'est-à-dire avec plus d'efficacité et d'émotion, cette célèbre catastrophe. Grand grand film !
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Le film anglais de vendredi proposé par Justin : L'archet magique de Bernad Knowles.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par villag »

Barry Egan a écrit : 14 oct. 23, 17:22 Atlantique Latitude 41° / A Night to Remember

La chronique DVDClassik parle d'emprunts de James Cameron, je vais être plus direct, il a volé purement et simplement les plans, les répliques, la structure même du montage de la deuxième partie de son film, celle qui illustre le naufrage de l'illustre bateau, à cet "Atlantique Latitude 41°". Je m'attendais à voir "le film qui a inspiré", et au final Mr Cameron a plagié la quasi-totalité des éléments de ce film anglais qui arrive à faire aussi spectaculaire et haletant avec certainement beaucoup moins de moyens humains et techniques. A peine a-t-il accéléré le rythme et bénéficié dramaturgiquement de l'inscription du récit bien connu dans une histoire d'amour qui doit beaucoup à l'alchimie de ses deux interprètes, mais pour le reste, tout était déjà là en 1958, comme s'il avait été impossible de raconter autrement, c'est-à-dire avec plus d'efficacité et d'émotion, cette célèbre catastrophe. Grand grand film !
Superbe ce film et, pour moi, bien meilleur que le Cameron.....!
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Take a Girl Like you de Jonathan Miller : c'est le British du vendredi proposé par Justin.

Hayley Mills :oops:
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit : 24 nov. 23, 07:59 Take a Girl Like you de Jonathan Miller : c'est le British du vendredi proposé par Justin.

Hayley Mills :oops:
Je vois que Justin compare Oliver Reed à un "ours" ! :mrgreen:
Moi, en 2009 (pour le même film, hein), j'avais écrit :
Quel affreux bonhomme, quel gorille !
:mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Odette de Herbert Wilcox (1950)

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Le film relate l'activité d'Odette Sansom, héroïne française du Special Operations Executive, qui fut courrier (agent de liaison) dans le réseau SPINDLE de Peter Churchill actif dans le sud-est de la France, et qui fut arrêtée en avril 1943 avant d'être déportée à Ravensbrück.

Odette est une des productions britanniques qui inaugure ce courant des années 50 s'attachant à dépeindre les figures méconnues, les "petites" histoires et destin individuels héroïques de la Seconde Guerre Mondiale, se différenciant de la célébration pure du collectif dans les films de propagandes produits durant la guerre. Il s'agira ici de célébrer Odette Sansom, française installée en Angleterre qui s'illustra en tant qu'agent de liaison, sous couverture dans le sud de la France. Plus globalement, le film s'inscrit dans la lignée des productions et réalisations initiées par Herbert Wilcox aux côtés de son épouse Anna Neagle. Wilcox rencontre l'actrice en 1932 lorsqu'il la sélectionne pour jouer dans Good Night, Vienna (1932) et tous deux entameront une fructueuse relation professionnelle puis sentimentale (Wilcox divorcera pour épouser Anna Neagle en 1943) les voyant réunis sur de nombreux films. Son statut de producteur influent permet à Wilcox d'imposer Anna Neagle sur de nombreux films importants, surmontant les réticences des décideurs qui ne voient pas en elle leur vision plus étriquée d'une jeune première, dans des œuvres à succès comme The Little Damozel (1933). Dans ce corpus de film en commun, Wilcox s'attache à faire incarner à Anna Neagle de grandes figures féminines comme dans La Reine Victoria (1937) et sa suite Soixante Années de gloire (1938), triomphes au box-office anglais, They Flew Alone (1942) - où elle joue Amy Johnson pionnière de l'aviation - ou encore Edith Cavell (1939) - où elle joue déjà une héroïne de guerre, mais de la Première Guerre Mondiale. Odette est donc un film sur des rails (y compris sur ce registre guerre/espionnage que le duo a déjà tenté dans Yellow Canary (1943), et sans doute un peu trop.

Si l'on a la curiosité d'aller voir la fiche Wikipédia d'Odette Sansom, on est à la fois frappé par le potentiel romanesque de ses aventures et aussi déçu du déroulé chronologique, scolaire et à la virgule près des évènements, sans imagination de la part d'Herbert Wilcox. Tout prête à quelque chose de palpitant, du recrutement atypique d'Odette (la radio anglaise demandant aux ressortissants français d'envoyer des photos de famille à l'armée pour sélectionner les régions dans lesquelles envoyer les agents potentiels), de la réelle romance née entre notre héroïne et son chef de réseau Peter Churchill. Les protagonistes déroutants sont là et comme l'agent allemand joué par Marius Goring et son double-jeu entre les services germaniques et anglais qu'il va trahir, les situations incroyables aussi avec ce saut en parachute désespéré de Peter Churchill d'après un feu de fortune allumé par Odette pour qu'il se repère. Un autre élément incroyable qui sauvera à termes la vie d'Odette, lorsqu'elle se fait passer pour l'épouse de Peter Churchill et affirme aux allemands qu'il a un lien de parenté avec Winston alors qu'il s'agit d'un simple homonyme. Mais aucune idée de narration, de montage ou mise en scène ne vient embellir toutes ces situations qui sont toutes vraies. On ne vibre jamais, tout s'enchaîne mécaniquement et même l'interprétation s'avère assez terne, dont justement Anna Neagle en Odette. On est loin de la puissance émotionnelle de Carve her name with pride de Lewis Gilbert (1958) sur ce même registre de biopic héroïque au féminin. Bien dommage mais il y a là un beau potentiel de remake plus vibrant et haletant. 2,5/6
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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

The Teckman Mystery de Wendy Toye (1954)

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Un biographe qui cherche à écrire un livre sur un pilote mort lors du vol d'essai d'un nouvel avion tombe amoureux de la sœur du pilote. Alors qu'il en découvre davantage sur le vol d'essai, des personnes liées à l'affaire commencent à mourir.

The Teckman Mystery est le premier long-métrage de Wendy Toye, une des rares femmes réalisatrices du cinéma anglais de l'époque (avec une Muriel Box également) et personnalité très intéressante. Elle est à l'origine danseuse de ballet et chorégraphe au début des années 30, période durant laquelle est amenée à travailler avec de futures références du cinéma comme Carol Reed ou Jean Cocteau. Elle travaille justement très vite pour le cinéma, comme actrice sur Dance Pretty Lady d'Anthony Asquith (1931) et Invitation to the Waltz de Paul Merzbach (1935) puis se partagera ensuite entre sa prolifique carrière scénique et des incursions cinématographiques. Son sens visuel et sa capacité à gérer des équipes incitent des amis et producteurs à passer à la réalisation. Son galop d'essai sera le court-métrage The Stranger Left No Card (1952) récompensé au Festival de Cannes, et plus tard On the Twelfth Day… (1955), un autre de ses courts sera nommé à l'Oscar. Entre les deux elle signe donc The Teckman Mystery, qui est l'adaptation de la série télévisée éponyme diffusée en six épisodes sur la BBC en 1953. On décèle beaucoup cette origine dans la narration du film fonctionnant sur autant de rebondissements qui devaient constituer d'haletants cliffhangers dans la série.

Le scénario suit l'écrivain Philip Chance (John Justin), engagé par son éditeur pour écrire la biographie de Martin Teckman, pilote d'essai ayant trouvé une mort tragique durant le vol d'un avion expérimental. Chance s'interroge sur l'intérêt d'écrire sur cet homme et sonde sans conviction certains membres de son entourage, constatant les conditions finalement mystérieuses de sa disparition. Les morts s'accumulent bientôt autour de Chance, qui comprend les accointances douteuses qu'entretenait sans doute le défunt, y compris dans sa propre famille avec sa sœur Helen (Margaret Leighton). Nous sommes clairement sur le modèle du thriller d'espionnage tortueux et nébuleux façon Le Troisième Homme, mais paradoxalement sans le ton paranoïaque ni l'esthétique oppressante de ce dernier. On navigue dans des espaces banaux, de l'appartement cossu de Chance à des restaurants luxueux et des espaces publics et urbains londoniens chatoyants. La mise en scène de Wendy Toye se fait fonctionnelle une bonne partie du film, mais plus le récit avance plus l'on comprend que ce parti-pris de "normalité" est en partie voulu. En effet, le héros Philip Chance nous apparaît d'une rare frivolité, épicurien obsédé par l'argent, l'alcool (le moindre moment de relâche est l'occasion de se jeter un verre de whisky, c'est impressionnant) et les femmes. Il accueille les évènements tragiques qui lui arrivent avec une totale désinvolture, totalement aveugle dans ses jugements (on anticipe plus vite que lui la générosité d'un mécène l'envoyant en reportage à Berlin, la duplicité d'un personnage féminin est très claire sauf pour lui) et semble plus suivre l'enquête que la mener. John Justin fit ses débuts (sur Le Voleur de Bagdad (1940) où Wendy Toye était justement chorégraphe) en tant que jeune premier et là désormais plus mûr apporte une sorte de sophistication stylisée et superficielle qui sied bien au personnage décalé de Philip Chance.

La dernière partie relie enfin la surface banale et la trame criminelle, en confrontant Philip Chance à la terrible vérité. Le passif de chorégraphe de Wendy Toye se ressent à travers une aussi fluide qu'haletante scène de filature (French Connection avant l'heure) dont l'issue invite justement la noirceur de Le Troisième Homme, et la conclusion préfigure carrément le Vertigo d'Alfred Hitchcock dans le fond (un héros manipulé car aveuglé par ses sentiments) et la forme par une scène anticipant vraiment l'ultime confrontation de Vertigo. Un thriller en définitive bien plus intéressant que ses prémisses plan-plan laissaient augurer, et rend plutôt curieux de voir d'autres réalisations de Wendy Toye. 4,5/6
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Jeremy Fox »

Le british du jour proposé par Justin : La Reine des cartes de Thorold Dickinson.
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Manolito »

'La reine des cartes' que j'ai découvert sur Mycanal il y a quelques mois et c'est un film superbe, un classique trop méconnu du fantastique anglais, un de ces multiples trésors cachés du catalogue studiocanal. Bravo à dvdclassik de le mettre en avant ce jour !
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Re: Le Cinéma britannique

Message par El Dadal »

C'est que ça a l'air bien tout ça. Hop, au panier !
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Women of Twilight de Gordon Parry (1952)

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Women of Twilight représente une date marquante pour le cinéma anglais puisqu'il s'agira du premier film local à sortir sous la classification X. Cette première est due à son sujet sulfureux adapté de la pièce de Sylvia Rayman, la première de la jeune dramaturge à être jouée sur scène en 1951. Sylvia Rayman après ses études vécu seule à Manchester puis à Londres où elle effectua divers métiers pénibles (nurse, serveuse...) pour subsister et fut contrainte à habiter parfois des pensions sordides. Cette somme d'expérience transparaît dans Women of Twilight dont l'intrigue se déroule dans une pension constituant l'ultime refuge pour les parias de la société que représentent à l'époque les filles-mères. L'histoire nous introduit plus particulièrement Vivianne ( Rene Ray) et Chris (Lois Maxwell), deux jeunes femmes qui vont être amené à vivre dans un de ces lieux. Vivianne est l'amante de Jerry (Laurence Harvey), star du music-hall arrêtée pour meurtre et la folie médiatique du procès voit toutes chambres d'hôtes être refusé à la femme dont la présence est synonyme d'infamie. Chris est une jeune mère attendant de retrouver le père de son bébé pour se marier et qui va trouver en Vivianne une compagne d'infortune dans la pension de Helen Allistair (Lois Maxwell) qui se fait fort d'accueillir toutes ses femmes que l'ordre moral rejette.

D'emblée il y a une dichotomie entre la chaleur maternelle de l'accueil de Madame Allistair et les conditions de vie, Chris passant du bonheur d'avoir un toit à l'effroi en voyant qu'elle ne dispose pas d'une chambre individuelle, ainsi que la compagnie douteuse des autres pensionnaires. Langage peu châtié des colocataires, décors insalubres et promiscuité glauque donne d'emblée un visage inquiétant au supposé refuge. La censure anglaise rend implicite les éléments les plus crus de la pièce, mais les sous-entend largement malgré l'édulcoration. On soupçonne ainsi certaines de sans doute se prostituer pour arrondir leur fin de mois, d'autres de devoir leur maternité à un viol. Même si l'attention se porte sur Vivianne et Chris, la forme chorale met en valeur toutes les personnalités hautes en couleurs des autres femmes, leur vécu, la gravité ou frivolité de certaines. Gordon Parry laisse progressivement deviner par les dialogues et la mise en scène l'emprise qu'a Madame Allistair sur ses locataires, et à quelles extrémités peut la conduire cet ascendant. Les bébés dont elle a la charge sont sous-alimentés, elle freine toute intervention médicale extérieure si l'un d'entre eux tombe malade, et son ton doucereux se fait brusquement plus menaçant si quiconque ose la contester. Freda Jackson est impressionnante, estompant ses allures de maîtresse d'école inoffensive pour arborer un masque quasi démoniaque laissant entendre les plus sinistres intentions.

La disposition même de la pension traduit l'illusion de cette façade respectable ainsi que la dynamique des pouvoirs en place. La chambre de Madame Allistair est face à l'entrée de la maison et figure une présence avenante à laquelle on peut aller se confier, mais sa porte constamment close exprime finalement tous les noirs desseins de la propriétaire - qui ne propose ses conseils les plus infamant qu'à ceux qu'elle laisse y rentrer et comprennent alors son vrai visage. Les escaliers ou les chambres sont les rares lieux de sororité, à condition que les protagonistes soient en petit comité mais toute dynamique de groupe introduit hypocrisie, conflit et rapport de domination. Le sous-sol s'avère une sorte d'antichambre des enfers dans lequel se feront les terribles révélations, et les actes les plus répréhensible. La photo de Jack Asher (qui fera plus tard les belles heures de la Hammer) accentue cela par ses jeux d'ombres soulignant la dangereuse ambiguïté des personnages, les contre-plongées inattendues donnant presque une aura gothique à ce lieu très domestique. Gordon Parry se défait bien du passif théâtral du récit en dynamisant bien les dialogues tour à tour poignant et manipulateur dans certaines situations conflictuelles. Une belle réussite qui fonctionne aussi bien sur son registre social que celui du suspense, et très osé dans sa violence physique et psychologique - ouvrant la voie à des portraits de femmes cru dans le cinéma anglais comme Turn the key softly de Jack Lee (1953), La Chambre indiscrète de Bryan Forbes (1962).. 4,5/6
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Re: Le Cinéma britannique

Message par Profondo Rosso »

Walk a Tightrope de Frank Nesbitt (1963)

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Après avoir abattu un homme à son domicile, le meurtrier clame avoir été embauché par la femme du mort afin de réaliser ce contrat....

Walk a Tightope est un thriller plutôt habile, qui brille par un postulat de départ déroutant même si pas pleinement exploité. Le scénario de Neil McCallum oscille entre récit social et suspense imprévisible dans une remarquable introduction. Ellen Sheppard (Patricia Owens) est une jeune femme aux abois, ressentant comme la présence d'un homme mystérieux qui la traque dans les ruelles londoniennes. Se réfugiant dans un bar pour échapper à son supposé poursuivant, elle y croit par hasard son mari Jason (Terence Cooper) dont la présence, au lieu de la rassurer amplifie sa terreur. De retour chez eux, le fameux suiveur se manifeste et abat froidement Jason d'un coup de revolver, avant de réclamer son dû à Ellen dont il affirme qu'elle l'a engagé pour ce meurtre.

L'introduction brossant un portrait tendre et désespéré de Lutcher (Dan Duryea), l'assassin, ainsi que de la misère dans laquelle il vit ne nous prépare absolument pas à son acte et suscite plutôt l'empathie avant de comprendre le "boulot" pour lequel il abandonne momentanément sa compagne. D'un autre côté la réaction apeurée voire hystérique d'Ellen se croyant suivie, puis le désarroi sincère face au corps inanimé de son époux sème le doute. Comment cette femme sincèrement accablée peut-elle être la commanditaire du crime. La vulnérabilité de Patricia Owens tout comme la bonhomie de Dan Duryea rendent insoluble la solution pour le spectateur, d'autant que Frank Nesbitt s'y entend pour déployer habilement l'angoisse urbaine et paranoïaque durant la traversée de la ville, puis faire brutalement exploser la violence lors du meurtre. La surprise est totale et impossible d'anticiper ce que la suite nous réserve, avec son tueur pas assez patibulaire et sa commanditaire trop sincère et vulnérable, pas assez femme fatale. Il y a presque trop de possibilités dans les directions que pourrait prendre l'histoire et malheureusement, passé cet sidérante entrée en matière, on retourne sur des rails plus conventionnels.

A une séquence de procès gérant plus ou moins bien l'ambiguïté initiale succède une résolution totalement expédiée, qui ne doit son originalité qu'à cette caractérisation surprenante d'Ellen, mais se montrant d'une platitude absolue au niveau de l'exécution. Reste donc une Patricia Owens très touchante, même lorsque vient l'heure des timides révélations. 3/6
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